La ballade des Féeriques

Sous les ormes majestueux,
La naïade à forme parfaite,
Le lutin, l'elfe impétueux
Le farfadet et sa fadette,
Le nain, le troll et la nymphette,
C'est, en atours les plus fringants,
La "Gentry" qui part en goguette
A la fête des korrigans.

En équipage somptueux
Vient Mélusine, guillerette ;
Devant ses dragons sinueux
Le kobold fait la pirouette,
Le faune flûte une ariette
En lançant des regards brigands
Vers la dryade qui le guette
A la fête des korrigans.

La fée illumine les cieux
De clairs joyaux, valse baguette !
L'hydromel coule et, dans les yeux,
Luit comme une trouble paillette ;
Pour ma sirène si coquette
J'ai mis mon panache et mes gants,
Mais qui n'a de folie en tête
A la fête des korrigans ?

Envoi :

Amis, ne lancez nulle quête
Pour trouver ces gens élégants ;
Je vous en dirai la cachette...
A la fête des korrigans !

Joli et léger ! Primesautier ? Bien sûr !

On y danserait !

J'ai adoré!!!!!!!
Texte bien ficelé, poétique à souhait, qui m'a fait rêver le temps de sa lecture!!! j'ai immédiatement imaginé la scène! J'adore ce mélange de personnages issus de l'imaginaire! Encore!
Ps : tu as un facebook?
ça t'embête si je partage ton texte en ton nom sur mon blog et sur facebook? merciiiiii

Doumé a écrit:On y danserait !

Mais complètement! Un rythme vient naturellement quand on lit! Ça me fait penser aux chansons bretonnes (les joyeuses, hein, pas celles où on pleure les marins partis en mer et jamais revenus). Je suis fan. Jack, tu montes un groupe et tu nous montres La Ballade des féeriques en musique.

Encore mieux... un film!!! je vois bien un film démarrant comme ça!!! en lisant je voyais une ambiance automnale avec des couleurs marrons, des petits êtres qui dansent... des arbres, une forêt, des lucioles...

Heureux si cette petite ballade vous a plus, les filles ! (et à toi aussi, Doumé)

Je ne suis ni sur tweet, ni sur facebook, mais prenez ce qui vous plaît et faites-en ce que vous voulez, vous avez ma bénédiction.

Cela vous amusera peut-être de savoir que j'avais déjà mis cette ballade en musique, jadis : un petit air tout simple et entraînant sur trois accords. Je l'ai même chanté une fois en public, à la guitare folk, pour une soirée bénévole au profit de l'association "Perce-neige", une expérience amusante mais sans lendemain.
Ceci dit, je ne sais pas écrire la musique, aussi, si cela vous tente, mettez-y les notes qui vous chantent. C'est moi qui serai flatté.

Celui-ci, en hommage à Nerval est-il un peu primesautier ?

Tout est vivant ! 1990


Eh quoi ! Tout est vivant !

Le souffle de la vie
Je sens de toutes parts
Et mon cœur saigne, hagard,
Ne pouvoir le dire au passant.

C'est le mur qui sourit.
Et l'esprit de la pierre
Sous les rochers ouverts
M'observe et puis m'envie...

Moi, dans les soirs d'été,
Au coin d'un chêne plein
Et levant bien les mains,
J'ai vu les nains chanter.

Moi, dans les champs de blé,
Parfumés de pétales
Au souffle du Mistral,
J'ai vu les fées danser.

Venez, venez, nous monterons !
Sous les arbres et dans les senteurs
Nous verrons le soleil chanteur
Versant moult liqueur de jonc.

Mais n'ayons point notre âme morte,
Car sinon les feux de l'enfer,
En des petits bonhommes verts,
viendront brûler à notre porte...

Chassons, chassons les idées noires
Qui possèderaient notre vie
Si le mental de nous s'enfuit;
Eh quoi ! Il y a aussi le monde noir !

Et je dis que tout est vivant,
Des démons aux sylphes des cieux,
Des ondins aux esprits de feu
Qui parlent à nos cœurs d'enfants.

Comprendront les êtres d'amour :
Ils ont la lumière dans ce cœur,
Et leurs yeux, lorgnant la laideur,
Ont la sagesse pour toujours...

Eh quoi ! Tout est vivant ! Tout !!!

Hé ! Voilà une facette de Doumé que je ne connaissais pas mais qui me plaît beaucoup.
En te lisant, je songeais plus à Ronsard qu'au Nerval d'Aurélia ou des Filles du feu, mais peu importe.
Lorsque, comme toi ou moi, on traîne à longueur de temps des montagnes de points d'interrogation, il est bon parfois de faire une pause, de regarder un bébé rire sur une balançoire et, en songeant aux milliards d'années d'évolution qu'il a fallu pour qu'un tel miracle voie le jour, se contenter d'accepter, juste accepter et dire merci (même si l'on sait déjà que ces foutues questions ne pourront pas s'empêcher de revenir nous harceler).
La vérité est un concept à géométrie variable. Quelle que soit la rigueur des argumentations, la marge entre ce qu'on sait vraiment et ce qu'on s'imagine savoir échappera toujours au microscope. Plus jeune, j'en éprouvais de la frustration. Aujourd'hui, je me dis que c'est peut-être une chance...

En fait non, Jack, je pensais aux vers dorés de Nerval :

Vers dorés


Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
"Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
A la matière même un verbe est attaché ...
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !