La reine des abeilles

Clémentine pénétra dans le salon à l’invitation de David. Elle avait rencontré l’homme dans un bar, plus tôt dans la soirée. Plus au moins au centre de la pièce une magnifique cheminée mariant le cuivre et le verre attirait le regard. Sur la droite, un ensemble de canapés et fauteuils invitaient à la détente. Un énorme bar acajou occupait le mur adjacent. Quelques sculptures tout aussi monumentales que la cheminée occupaient tout le côté gauche de la pièce.
— Je t’en prie, assieds-toi. Puis-je te servir quelque chose ?
— Je… C’est… Un jus de fruits si tu as. Cette pièce est très belle et plutôt impressionnante.
— Merci. Voyons ce que j’ai : orange, pamplemousse, ananas, pommes ?
— Jus de pommes, alors. Que fais-tu comme métier ?
— Je suis analyste financier pour un grand groupe d’assurances et comme cela me laisse du temps, je suis aussi sculpteur.
— Oh, ce sont tes œuvres ! Quelle imagination extraordinaire et surtout quel talent de parvenir à marier ainsi des formes abstraites à de l’art figuratif. Les poupées sur cette arche sont parfaites dans chaque détail, on s’attend presque à les voir bouger. Est-ce toi qui les a sculptées ? Dans quelle matière ? On ne dirait pas du plastique.
— C’est un peu compliqué à expliquer maintenant. Je conçois les modèles et forme le métal. Pour tout avouer j’ai commencé avec la cheminée. Je te montrerai mon atelier, tu comprendras mieux comment je travaille. Tiens, viens voir celle-ci. Je l’ai appelée « La reine des abeilles » mais il manque encore la reine sur le trône. Elle sera bientôt terminée. Qu’en penses-tu ?
— Je ne m’y connais pas vraiment en art mais elle est vraiment extraordinaire. Le mariage du cuivre et du verre semble parfaitement équilibré et l’ensemble évoque réellement une ruche dans laquelle chacune des poupées accomplit une tâche. Il me tarde de la voir complète. Dis, c’est rare pour un artiste d’exposer des œuvres inachevées.
— Dans la mesure où elles sont chez moi, cela ne me gêne pas. Pour tout dire, tant qu’elles sont là, que je continue à les peaufiner je suis heureux. Mais dès qu’elles sont terminées je dois m’en séparer au bout d’un mois ou deux. Je crois que je les détruirais sinon. Sans compter que la dernière que j’ai vendue m’a presque fait lâcher mon métier. Je commence à être un artiste côté apparemment.

David et Clémentine terminèrent le tour des sculptures avant de se diriger vers l’atelier. La jeune femme commençait à se sentir fatiguée et elle espérait qu’ils ne tarderaient pas trop à aller se coucher sinon elle risquait de s’endormir à peine au lit ce qui risquait surement de décevoir son compagnon. Étrange, elle se sentait pourtant en pleine forme à son arrivée.
L’antre de l’artiste surprit Clémentine. Certes il y avait du matériel pour créer les formes de métal et de verre qui servaient de support aux figurines mais la majeure partie de la pièce était occupée par une imposante structure, à priori gourmande en électricité vu la taille du câble qui en sortait. Un panneau de contrôle et une trappe étaient les deux seuls éléments qui se distinguaient sur l’immense et mystérieux cube noir.
— Qu’est-ce que c’est ? Clémentine réprima un bâillement.
— C’est avec cette machine que je fabrique mes poupées. Tu as l’air fatiguée, donne-moi ton verre puisque tu l’as terminé. C’est une sorte de photocopieur très perfectionné de mon invention. Il ouvrit la trappe en fit coulisser un brancard, avant de poursuivre. Un modèle ou une amie entre dans la machine en s’allongeant sur cette couchette. La machine en crée une copie à une échelle que je détermine et voilà. Veux-tu que je te montre ? En fait, plus j’y pense, plus je me dis que tu ferais une reine des abeilles idéale.
— Oh oui, mais j’ai peur de m’endormir, répondit la jeune femme en réprimant un autre bâillement. Je ne sais pas ce que j’ai.
— Ce n’est pas grave. Cela est même préférable car l’intérieur est totalement noir.
Clémentine s’installa sur la couchette coulissante curieuse de découvrir la poupée miniature à son effigie. Elle se sentait fière que l’artiste l’ait choisie pour l’intégrer à une de ses œuvres. Le brancard entra doucement dans le cœur de la machine et la jeune femme entendit un léger déclic avant que la trappe ne se referme. Un noir absolu l’entoura. Elle tâta les parois de l’étroit tunnel dans lequel elle se trouvait. Après quelques secondes, elle entendit-ressentit un léger bourdonnement qui alla en s’amplifiant devenant petit à petit pénible puis douloureux. D’abord elle se contint pour ne pas défigurer la poupée, pensant que cela allait passer puis elle se mit à crier et enfin hurler pour que David ouvre la porte. Il n’avait pas parlé de douleur, il avait même laissé entendre qu’elle pourrait s’endormir. Brusquement tout s’arrêta et Clémentine passa machinalement sa main sur le revêtement de la couchette. Il était devenu rugueux alors qu’il était lisse, les parois semblaient avoir tant reculé qu’elle ne pouvait plus les toucher. Dieu, qu’elle était épuisée. Elle céda à sa fatigue avec le sentiment qu’elle n’était pas naturelle. Qu’importe, elle y repenserait à son réveil.

Quelques secondes plus tard David ouvrit la trappe et sortit la couchette de son logement. À la place de la jeune femme se tenait à présent une poupée, parfaite miniature de Clémentine. Il la prit avec délicatesse avant de l’apporter à son emplacement sur la sculpture achevant ainsi « La reine des abeilles ».

Toutefois et c'est le gros bémol pour moi, la chute de ta nouvelle s'avère trop prévisible. En principe, ce n'est pas un problème pour moi. Je ne suis pas forcément un type à dire : il faut une chute à une histoire ! Ce qu'il faut avant une chute, c'est une histoire et tu en tiens une, pas de problème. En matière de nouvelles, je pense que le voyage est souvent plus intéressant que la destination. Toutefois, comme l'a dit Paladin sur le texte de l'un(e) des participant(e)s, sur les textes courts, il est bon de surprendre le lecteur. Surtout, dans le cadre de ton texte, j'ai trouvé la fin si téléphonée, que j'en étais presque à dire à Clémentine "N'y va pas ! Rentre pas dans cette putain de machine". D'une certaine manière cela m'a rappelé les films d'horreurs des années 80/90 (les meilleurs à mes yeux) où on a l'impression que les victimes cherchent absolument à y rester. Pour moi le problème est là en fait. Dans les dernières phrases. Il aurait suffit de très peu de chose (un retournement de situation par exemple) pour transformer l'impression générale. C'est d'autant plus rageant qu'hormis une coquille au début, tu as réussi à me prendre dans tes filets au tout début de ton texte.

Concernant la fin, j’avais deux options puisque deux personnages, et l’une étant droguée, un retournement de situation me semblait compliquée mais si tu as des suggestions je suis preneuse.

avec les statues de cire qui en fait cachent des cadavres, on voit ça dans plusieurs films.

qu'au dernier moment ce soit David qui se fasse avoir, reste à trouver comment, mais voilà qui serait un retournement !

Commencer par le moment où Clémentine se sent fatiguée, puis la rencontre avec la machine (on ne sait pas encore la passion de David) et pendant qu'elle divague, qu'elle se sent fatiguée, David la place sur la couchette de la machine. Là, elle se remémore la visite à l'atelier, la ruche et trop tard, il enclenche le processus...