Gore des Alpes
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Paladin
Sangore
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Gore des Alpes
La collection Gore des Alpes est éditée par la petite structure indépendante du même nom. C'est de la littérature horrifique qui nous vient donc de Suisse. On entend peu parler de ce pays dans ce domaine, du coup ça vaut d'autant plus la peine d'en parler.
Voici la petite présentation faite par l'éditeur lui-même :
Belle initiative, que l'on ne peut que saluer !
Les titres parus à ce jour sont les suivants :
01 – LA CHIENNE DU TZAIN-BERNARD de Gabriel Bender
02 – LA ROBE DE BETON de Philippe Battaglia
03 – LES INTOXIQUES d'Olive
04 – L’EVENTREUSE de Stéphanie Glassey
05 – VENZEANCE de François Maret
06 – TANTINE CHEVROTINE de Jordi Gabioud
07 – VIPERES VORACES de Joël Jenzer
08 – LA FÊTE DE LA VICIEUSE de Philippe Battaglia
09 – LES DEMONS DU PIERRIER de Jean-François Fournier
Les couvertures :
Le site internet de l'éditeur : https://goredesalpes.ch/
La page Facebook : https://www.facebook.com/goredesalpes/
Voici la petite présentation faite par l'éditeur lui-même :
Le Gore des Alpes, c’est de l’horreur, du macabre, du funeste. C’est le verso de la carte postale idyllique que tu envoies à tes grands-parents quand tu pars en vacances. Le Gore des Alpes, c’est aussi du sexe, douleur et plaisir, fluides corporels mélangés. Le Gore des Alpes, c’est de l’humour. Noir, cynique, qui fait mouche à chaque fois.
C’est un hommage à la littérature pulp des 50’s, dans son imagerie et dans ses codes. Ce sont des références à tout un pan cinématographique, aux monstres du passé et à ceux, plus vicieux encore, d’aujourd’hui. Sorcières et animaux anthropophages, mafieux toxicomanes et fascistes cannibales, clergé décadent et cadavres revenus du royaume des morts. C’est tout ça et bien plus encore: un sabbat au milieu d’une clairière, un carnotzet aux parfums de l’enfer, des hurlements lugubres dans les ténèbres. Ouvrir un livre comme on ouvre une porte sur une autre dimension, égrainer les pages comme on se rapproche de la tombe.
Prenez place à notre table et dégustez une belle tranche de Terreur du Terroir.
Belle initiative, que l'on ne peut que saluer !
Les titres parus à ce jour sont les suivants :
01 – LA CHIENNE DU TZAIN-BERNARD de Gabriel Bender
02 – LA ROBE DE BETON de Philippe Battaglia
03 – LES INTOXIQUES d'Olive
04 – L’EVENTREUSE de Stéphanie Glassey
05 – VENZEANCE de François Maret
06 – TANTINE CHEVROTINE de Jordi Gabioud
07 – VIPERES VORACES de Joël Jenzer
08 – LA FÊTE DE LA VICIEUSE de Philippe Battaglia
09 – LES DEMONS DU PIERRIER de Jean-François Fournier
Les couvertures :
Le site internet de l'éditeur : https://goredesalpes.ch/
La page Facebook : https://www.facebook.com/goredesalpes/
Re: Gore des Alpes
Ça à l’air intéressant !
Mais «Gore des Alpes », ça sonne bizarrement, quand même !
Mais «Gore des Alpes », ça sonne bizarrement, quand même !
Re: Gore des Alpes
C'est chouette qu'ils aient engagé le même illustrateur pour les couvertures de toute la série. Ça donne une belle unité, et j'adore le côté rétro. Si je devais me baser uniquement sur les images, je dirais que c'est Les Démons du pierrier que je suis le plus curieux de lire…
Re: Gore des Alpes
Ça m'intéresserait bien, ça a l'air sympa, mais pas pour tout de suite .
Et je ne vois pas la première et la sixième image (mais si je clique dessus, je les vois dans un nouvel onglet).
Et je ne vois pas la première et la sixième image (mais si je clique dessus, je les vois dans un nouvel onglet).
Re: Gore des Alpes
Le site est là, on voit tout bien https://goredesalpes.ch/. Je me disais aussi que "Gore des Alpes" sonnait bizarrement
Re: Gore des Alpes
Ah ouais, pas mal en effet !
Je me posé la question avant d'ouvrir le thread, de savoir si ces éditions venaient de chez moi et de comment j'aurais pu passer à côté si c'était le cas... mais en fait, ouf, c'est pas les Alpes de mon côté, l'honneur est sauf ! (nous ici, on a les éditions du Fournel, qui font à peu près tout, sauf les genres qui nous intéressent lol).
Pareil, c'est pas la bonne période pour moi non plus, mais je vais quand même ajouter la page à mes fav., ça pourrait fort m'intéresser !
Je me posé la question avant d'ouvrir le thread, de savoir si ces éditions venaient de chez moi et de comment j'aurais pu passer à côté si c'était le cas... mais en fait, ouf, c'est pas les Alpes de mon côté, l'honneur est sauf ! (nous ici, on a les éditions du Fournel, qui font à peu près tout, sauf les genres qui nous intéressent lol).
Pareil, c'est pas la bonne période pour moi non plus, mais je vais quand même ajouter la page à mes fav., ça pourrait fort m'intéresser !
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
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Re: Gore des Alpes
J'y vois un jeu de mot avec "cor des Alpes", instrument emblématique de là-bas, pour souligner le côté "du terroir".Paladin a écrit:Mais «Gore des Alpes », ça sonne bizarrement, quand même !
Il y a effectivement 2 images qui ne veulent pas apparaître, peut-être une forme de censure ?
Re: Gore des Alpes
LA CHIENNE DU TZAIN-BERNARD de Gabriel BENDER
La collection GORE DES ALPES propose des petits romans trash atypiques dont l’une des particularités est d’être ancrés dans le terroir suisse. Il faut d’ailleurs s’habituer aux quelques petites spécificités du français de là-bas. Pour donner un exemple très concret, « 80 » ne se dit pas quatre-vingt, mais bien octante (ce qui est d’ailleurs bien plus cohérent, ceci dit en passant). Et, pour accentuer ce côté « patois », l’auteur du présent récit, Gabriel Bender, s’est amusé à déformer la graphie des noms propres afin de mieux coller à l’accent régional (Saint-Bernard devient Tzain-Bernard, les Savoyards deviennent les Tzavoyards, et ainsi de suite). De la littérature locale, donc, qui n’a pas pour vocation de se plier aux modes actuelles et qui, par l’iconographie de ses couvertures, cligne de l’œil aux pulps des années 50.
La Chienne du Tzain-Bernard se déroule au tout début du XIXe siècle dans le Valais. Le narrateur est un nain au service de Maître Jacques, notable véreux appartenant à la famille la plus influente de la région. Au début, on ne sait pas trop où l’auteur veut en venir, car le narrateur fait des parenthèses dans son récit, mais, après ces tergiversations, on se dirige vers une histoire mêlant couvent, élevage de chiens, manigances fortement immorales, sexe et massacres. Une grande partie de la saveur de ce roman vient du style utilisé. Un style « à l’ancienne », plein de truculence, à l’image des principaux personnages du récit. Maître Jacques saute sur tout ce qui a des seins et un vagin, ce y compris les femmes de sa famille. Sa sœur, l’abbesse de l’hospice du Tzain-Bernard cultive les vices, ne rechignant pas à coucher avec son frère, à faire torturer ceux qui la contrarient ou, carrément, à ordonner la mise à mort de certains. Le titre du livre peut donc faire référence à la fois à la supérieure débauchée et au toutou femelle qui va mettre le souk dans les environs. Au rayon personnages folkloriques, on y croise même le géant saint Christophe et Satan en personne ! Ça t’en bouche un coin, hein ?
On est face à un roman qui rappelle à certains égards l’univers des Contes de Canterbury ou du Decameron de Pasolini. Volontiers paillard, trash par moments, non dénué d’humour (noir), il ne répond pas aux canons des collections spécialisées telles que Gore, Trash ou encore Karnage, car le gore y est moins omniprésent. Ça ne veut pas dire que la dimension horrifico-gore en soit absente pour autant, mais elle est plus disséminée, plus ponctuelle. Bref, c’est assez surprenant, surtout de nos jours. Rafraîchissant, pour tout dire.
La collection GORE DES ALPES propose des petits romans trash atypiques dont l’une des particularités est d’être ancrés dans le terroir suisse. Il faut d’ailleurs s’habituer aux quelques petites spécificités du français de là-bas. Pour donner un exemple très concret, « 80 » ne se dit pas quatre-vingt, mais bien octante (ce qui est d’ailleurs bien plus cohérent, ceci dit en passant). Et, pour accentuer ce côté « patois », l’auteur du présent récit, Gabriel Bender, s’est amusé à déformer la graphie des noms propres afin de mieux coller à l’accent régional (Saint-Bernard devient Tzain-Bernard, les Savoyards deviennent les Tzavoyards, et ainsi de suite). De la littérature locale, donc, qui n’a pas pour vocation de se plier aux modes actuelles et qui, par l’iconographie de ses couvertures, cligne de l’œil aux pulps des années 50.
La Chienne du Tzain-Bernard se déroule au tout début du XIXe siècle dans le Valais. Le narrateur est un nain au service de Maître Jacques, notable véreux appartenant à la famille la plus influente de la région. Au début, on ne sait pas trop où l’auteur veut en venir, car le narrateur fait des parenthèses dans son récit, mais, après ces tergiversations, on se dirige vers une histoire mêlant couvent, élevage de chiens, manigances fortement immorales, sexe et massacres. Une grande partie de la saveur de ce roman vient du style utilisé. Un style « à l’ancienne », plein de truculence, à l’image des principaux personnages du récit. Maître Jacques saute sur tout ce qui a des seins et un vagin, ce y compris les femmes de sa famille. Sa sœur, l’abbesse de l’hospice du Tzain-Bernard cultive les vices, ne rechignant pas à coucher avec son frère, à faire torturer ceux qui la contrarient ou, carrément, à ordonner la mise à mort de certains. Le titre du livre peut donc faire référence à la fois à la supérieure débauchée et au toutou femelle qui va mettre le souk dans les environs. Au rayon personnages folkloriques, on y croise même le géant saint Christophe et Satan en personne ! Ça t’en bouche un coin, hein ?
On est face à un roman qui rappelle à certains égards l’univers des Contes de Canterbury ou du Decameron de Pasolini. Volontiers paillard, trash par moments, non dénué d’humour (noir), il ne répond pas aux canons des collections spécialisées telles que Gore, Trash ou encore Karnage, car le gore y est moins omniprésent. Ça ne veut pas dire que la dimension horrifico-gore en soit absente pour autant, mais elle est plus disséminée, plus ponctuelle. Bref, c’est assez surprenant, surtout de nos jours. Rafraîchissant, pour tout dire.
Re: Gore des Alpes
LA ROBE DE BÉTON de Philippe BATTAGLIA
Le titre de ce deuxième « GORE DES ALPES » renvoie au barrage de la Grande-Dixence, en Suisse romande, qui est la construction de ce style la plus massive d’Europe. Vu le chantier titanesque qu’il a demandé, on imagine sans peine, même sans connaître son histoire, les conditions de travail très pénibles et les accidents qu’il a dû engendrer. Construction qui a nécessité une main-d’œuvre bon marché, constituée notamment d’immigrés italiens. Entre parenthèses, on pourrait par exemple imaginer une version minière de cette histoire se déroulant dans le Borinage. Les cinéphiles savent peut-être que Jean-Luc Godard a réalisé en 1953 un court documentaire à la gloire de la construction de cet immense barrage : « Opération Béton ». Philippe Battaglia, auteur suisse d’origine italienne qui dirige la collection GORE DES ALPES, pose un regard bien plus critique sur ce grand chantier avec le présent roman.
La Robe de béton est divisé en deux parties principales. Dans la première partie, on n’est pas loin du roman réaliste à connotation sociale avec ce jeune personnage principal attachant venu d’Italie pour travailler à la Grande-Dixence dans le but de faire vivre son humble famille restée au pays. Il connaîtra la rudesse de la vie d’ouvrier d’alors, deviendra le petit protégé d’un collègue qui a de la bouteille et se fera un ennemi peu commode… Le fan de gore venu à ce livre uniquement pour la tripaille risque de se demander où il a mis les pieds, ou plutôt les yeux, mais en même temps, c’est ce qui fait la spécificité de ce roman. Cette première partie se termine sur un épisode fantastique, avec sorcière et malédiction, qui est le point qui fait basculer le récit dans l’horreur. La seconde partie, un peu plus convenue, se passe de nos jours, soit plusieurs décennies plus tard. Elle voit les morts se relever et s’extraire de leur gangue de béton pour aller accomplir la malédiction jetée jadis. Pour aller vite, on pourrait parler d’un The Fog à la montagne. Voici un petit extrait, pour montrer qu’on n’est pas dans du « Martine à la montagne » :
« Celle qui fut Joséphine, prostituée presque centenaire ayant, semble-t-il, baisé la Mort elle-même, porta à sa bouche cabossée les vertèbres fraîchement arrachées et aspira avec avidité la moelle encore tiède, le gras dégoulinant sur son menton. Puis elle déchira violemment ses vieux habits » (pp. 82-83).
Mêlant réalité sociale et horreur plus « bis » et frontale, La Robe de béton a également pour originalité de faire parler le barrage monstrueux lui-même, qui en devient un personnage à part entière, et nous achemine vers un final apocalyptique. Il vient confirmer l’aspect atypique de la collection GORE DES ALPES qu’on avait déjà perçu avec La Chienne du Tzain-Bernard.
Le titre de ce deuxième « GORE DES ALPES » renvoie au barrage de la Grande-Dixence, en Suisse romande, qui est la construction de ce style la plus massive d’Europe. Vu le chantier titanesque qu’il a demandé, on imagine sans peine, même sans connaître son histoire, les conditions de travail très pénibles et les accidents qu’il a dû engendrer. Construction qui a nécessité une main-d’œuvre bon marché, constituée notamment d’immigrés italiens. Entre parenthèses, on pourrait par exemple imaginer une version minière de cette histoire se déroulant dans le Borinage. Les cinéphiles savent peut-être que Jean-Luc Godard a réalisé en 1953 un court documentaire à la gloire de la construction de cet immense barrage : « Opération Béton ». Philippe Battaglia, auteur suisse d’origine italienne qui dirige la collection GORE DES ALPES, pose un regard bien plus critique sur ce grand chantier avec le présent roman.
La Robe de béton est divisé en deux parties principales. Dans la première partie, on n’est pas loin du roman réaliste à connotation sociale avec ce jeune personnage principal attachant venu d’Italie pour travailler à la Grande-Dixence dans le but de faire vivre son humble famille restée au pays. Il connaîtra la rudesse de la vie d’ouvrier d’alors, deviendra le petit protégé d’un collègue qui a de la bouteille et se fera un ennemi peu commode… Le fan de gore venu à ce livre uniquement pour la tripaille risque de se demander où il a mis les pieds, ou plutôt les yeux, mais en même temps, c’est ce qui fait la spécificité de ce roman. Cette première partie se termine sur un épisode fantastique, avec sorcière et malédiction, qui est le point qui fait basculer le récit dans l’horreur. La seconde partie, un peu plus convenue, se passe de nos jours, soit plusieurs décennies plus tard. Elle voit les morts se relever et s’extraire de leur gangue de béton pour aller accomplir la malédiction jetée jadis. Pour aller vite, on pourrait parler d’un The Fog à la montagne. Voici un petit extrait, pour montrer qu’on n’est pas dans du « Martine à la montagne » :
« Celle qui fut Joséphine, prostituée presque centenaire ayant, semble-t-il, baisé la Mort elle-même, porta à sa bouche cabossée les vertèbres fraîchement arrachées et aspira avec avidité la moelle encore tiède, le gras dégoulinant sur son menton. Puis elle déchira violemment ses vieux habits » (pp. 82-83).
Mêlant réalité sociale et horreur plus « bis » et frontale, La Robe de béton a également pour originalité de faire parler le barrage monstrueux lui-même, qui en devient un personnage à part entière, et nous achemine vers un final apocalyptique. Il vient confirmer l’aspect atypique de la collection GORE DES ALPES qu’on avait déjà perçu avec La Chienne du Tzain-Bernard.
Re: Gore des Alpes
LES INTOXIQUÉS de OLIVE
Et de trois ! Ce Gore des Alpes-ci, on le doit à Olive, écrivain et artiste, forcément suisse, puisqu’on est dans la littérature suisse romande avec cette collection atypique. Le début se déroule en ville, avec le personnage principal punk qui plaque tout sans rien laisser derrière lui et se paie une dernière nuit de grosse murge avant de partir en mission pour son employeur officieux, un mafieux local. Par la suite, les décors montagneux seront bien exploités. La mission en question étant d’escorter un politicien véreux jusqu’à la frontière italienne accompagné d’un acolyte peu commode. En cours de route, il y aura quelques incidents et autres imprévus, bien entendu.
Si ce livre se lit avec plaisir, il nous a cependant un peu moins emballé que les deux précédents. Cela est dû au milieu spécifique convié par l’histoire (la mafia, même si on n’en voit pas grand-chose), milieu qui nous passionne moins que d’autres, ainsi qu’au fait que l’accent ne soit pas mis tant que ça sur l’aspect horrifique. D’ailleurs, l’un des meilleurs passages est justement celui qui embrasse le plus ouvertement le genre, lors d’une nuit passée dans le repère vide d’un groupuscule d’extrême-droite, où le protagoniste se met à cauchemarder sous l’effet de la fatigue et de la drogue. Moment qui tranche quelque peu avec le reste, plus « réaliste ».
Voici un petit extrait :
« Quand je me suis réveillé, le Sérieux avait transformé les trois armoires à glace en armoires Ikea montées sans mode d’emploi. Les trois corps sans vie étaient alignés sur le bas-côté, les visages devenus sauce bolognaise et les membres pliés dans tous les sens » (p. 49).
Malgré ses décors de montagnes enneigées qui pourraient y faire vaguement penser, rien à voir avec les outrances ultra gore de « L’Écho des suppliciés » de Joël Houssin (collection Gore n° 14), faut-il le préciser. En bref, un petit roman sympathique, mais sans plus.
Et de trois ! Ce Gore des Alpes-ci, on le doit à Olive, écrivain et artiste, forcément suisse, puisqu’on est dans la littérature suisse romande avec cette collection atypique. Le début se déroule en ville, avec le personnage principal punk qui plaque tout sans rien laisser derrière lui et se paie une dernière nuit de grosse murge avant de partir en mission pour son employeur officieux, un mafieux local. Par la suite, les décors montagneux seront bien exploités. La mission en question étant d’escorter un politicien véreux jusqu’à la frontière italienne accompagné d’un acolyte peu commode. En cours de route, il y aura quelques incidents et autres imprévus, bien entendu.
Si ce livre se lit avec plaisir, il nous a cependant un peu moins emballé que les deux précédents. Cela est dû au milieu spécifique convié par l’histoire (la mafia, même si on n’en voit pas grand-chose), milieu qui nous passionne moins que d’autres, ainsi qu’au fait que l’accent ne soit pas mis tant que ça sur l’aspect horrifique. D’ailleurs, l’un des meilleurs passages est justement celui qui embrasse le plus ouvertement le genre, lors d’une nuit passée dans le repère vide d’un groupuscule d’extrême-droite, où le protagoniste se met à cauchemarder sous l’effet de la fatigue et de la drogue. Moment qui tranche quelque peu avec le reste, plus « réaliste ».
Voici un petit extrait :
« Quand je me suis réveillé, le Sérieux avait transformé les trois armoires à glace en armoires Ikea montées sans mode d’emploi. Les trois corps sans vie étaient alignés sur le bas-côté, les visages devenus sauce bolognaise et les membres pliés dans tous les sens » (p. 49).
Malgré ses décors de montagnes enneigées qui pourraient y faire vaguement penser, rien à voir avec les outrances ultra gore de « L’Écho des suppliciés » de Joël Houssin (collection Gore n° 14), faut-il le préciser. En bref, un petit roman sympathique, mais sans plus.
Re: Gore des Alpes
L'ÉVENTREUSE de Stéphanie GLASSEY
Ce quatrième « Gore des Alpes » est, jusqu’à présent, le meilleur livre de la collection, rien de moins. C’est aussi le premier à être écrit par une femme, Stéphanie Glassey. En plus d’être écrivaine, celle-ci est également enseignante et hypnothérapeute. Dans cette histoire, elle se place du côté des femmes seules, qui, au cours de l’Histoire, ont été victimes de la brutalité de la société patriarcale. L’héroïne, Marie-Ange, est une guérisseuse, accoucheuse et avorteuse, qui ne peut compter que sur elle-même pour subsister dans ce 19e siècle encore fort empreint de superstitions. Les gens du village et de ses alentours viennent souvent en toute discrétion faire appel à son savoir-faire (par exemple, les femmes engrossées lors d’un viol), mais avec cette « profession » délicate, le vent peut très vite tourner, et ceux qu’elle a aidés peuvent d’un instant à l’autre se retourner contre elle et la vouer aux flammes. C’est ce qui va arriver. Marie-Ange va faire un séjour dans l’au-delà, croiser la route des âmes des bébés mort-nés qui errent dans les limbes, croiser le démon Moloch… Et revenir à la vie, pour devenir l’Éventreuse, celle qui va venger toutes les filles victimes des pires turpitudes des hommes. Avec un souffle presque rageur, l’auteure décrit abus sexuels, tortures et mises à mort de manière plus généreuse que ses collègues masculins de la collection. Des quatre premiers romans, c’est celui qui correspond le mieux à l’idée qu’on peut se faire en voyant le nom « Gore des Alpes ». En voici un petit extrait :
« Soudain, il comprit et se tut. Puis il hurla. Les griffes du rat fouillaient à toute vitesse dans ses chairs. Un temps, la bête sembla hésiter à passer vers l’avant, ses griffes se plantèrent alors dans les couilles de l’homme et les lacérèrent. Puis, l’instrument fut redressé, la source de chaleur rapprochée, et soudain le rat lui laboura le trou du cul. Pour se frayer un passage, il mordait et creusait dans ce qu’il trouvait face à lui » (p. 58).
Supplice du rat, donc, mais aussi éviscérations, descriptions de fœtus nécrosés, perçages de globes oculaires à l’aide d’aiguilles ou de filin métallique, perçage de testicules, sectionnements de langues, écorchement,… : oui, l’amateur d’horreurs en a pour son argent ! Par moments, lors des passages où interviennent de riches hommes se complaisant à souiller leurs fort jeunes et innocentes domestiques, flotte un agréable « parfum » rappelant un peu Sade. Il faut bien avouer que cela ajoute encore au plaisir de la lecture. Sexe, gore, fantastique démoniaque : voilà de bons ingrédients, et, en plus, derrière ça, il y a un propos que l’on devine sincère. On adhère.
Ce quatrième « Gore des Alpes » est, jusqu’à présent, le meilleur livre de la collection, rien de moins. C’est aussi le premier à être écrit par une femme, Stéphanie Glassey. En plus d’être écrivaine, celle-ci est également enseignante et hypnothérapeute. Dans cette histoire, elle se place du côté des femmes seules, qui, au cours de l’Histoire, ont été victimes de la brutalité de la société patriarcale. L’héroïne, Marie-Ange, est une guérisseuse, accoucheuse et avorteuse, qui ne peut compter que sur elle-même pour subsister dans ce 19e siècle encore fort empreint de superstitions. Les gens du village et de ses alentours viennent souvent en toute discrétion faire appel à son savoir-faire (par exemple, les femmes engrossées lors d’un viol), mais avec cette « profession » délicate, le vent peut très vite tourner, et ceux qu’elle a aidés peuvent d’un instant à l’autre se retourner contre elle et la vouer aux flammes. C’est ce qui va arriver. Marie-Ange va faire un séjour dans l’au-delà, croiser la route des âmes des bébés mort-nés qui errent dans les limbes, croiser le démon Moloch… Et revenir à la vie, pour devenir l’Éventreuse, celle qui va venger toutes les filles victimes des pires turpitudes des hommes. Avec un souffle presque rageur, l’auteure décrit abus sexuels, tortures et mises à mort de manière plus généreuse que ses collègues masculins de la collection. Des quatre premiers romans, c’est celui qui correspond le mieux à l’idée qu’on peut se faire en voyant le nom « Gore des Alpes ». En voici un petit extrait :
« Soudain, il comprit et se tut. Puis il hurla. Les griffes du rat fouillaient à toute vitesse dans ses chairs. Un temps, la bête sembla hésiter à passer vers l’avant, ses griffes se plantèrent alors dans les couilles de l’homme et les lacérèrent. Puis, l’instrument fut redressé, la source de chaleur rapprochée, et soudain le rat lui laboura le trou du cul. Pour se frayer un passage, il mordait et creusait dans ce qu’il trouvait face à lui » (p. 58).
Supplice du rat, donc, mais aussi éviscérations, descriptions de fœtus nécrosés, perçages de globes oculaires à l’aide d’aiguilles ou de filin métallique, perçage de testicules, sectionnements de langues, écorchement,… : oui, l’amateur d’horreurs en a pour son argent ! Par moments, lors des passages où interviennent de riches hommes se complaisant à souiller leurs fort jeunes et innocentes domestiques, flotte un agréable « parfum » rappelant un peu Sade. Il faut bien avouer que cela ajoute encore au plaisir de la lecture. Sexe, gore, fantastique démoniaque : voilà de bons ingrédients, et, en plus, derrière ça, il y a un propos que l’on devine sincère. On adhère.
Re: Gore des Alpes
Je signale que deux nouveaux titres viennent de sortir :
10 – HIROCHIMIO MON AMOUR de Nicolas Millié
11 – LES FOLLES DE MORZINE de Gabriel Bender
10 – HIROCHIMIO MON AMOUR de Nicolas Millié
11 – LES FOLLES DE MORZINE de Gabriel Bender
Re: Gore des Alpes
VENZEANCE, de François MARET
Les « GORE DES ALPES » se suivent et ne se ressemblent pas. C’est encore plus vrai pour ce numéro 5, qui n’est carrément pas un roman, mais une bande dessinée (ou un « roman graphique », selon ce qu’il est écrit sur la couverture) ! Surprise !!! Alors, là, de mémoire de lecteur de littérature gore, c’est, à notre connaissance, la première fois qu’un éditeur refourgue, l’air de rien, une BD au sein d’une collection de romans trash ! L’acheteur pas bien réveillé pourrait même ne pas se rendre compte qu’il est sur le point d’acquérir une BD, car le format des autres parutions de la collection est respecté (un peu moins de 21 cm sur 13), ce qui n’est ni le format d’une BD franco-belge, ni celui d’un manga, ni celui d’un comics. Audacieux, ces Suisses !
L’histoire, en deux mots ? « Une toxine a transformé les joyeux convives du Gala du FC Sion en zombies décérébrés. La horde sous contrôle va déferler sur le Valais. Heureusement l’armée suisse veille… »
Le style de dessin choisi par François Maret est plus adapté aux caricatures pour la presse qu’aux planches d’une histoire gore, car vu la simplicité du trait, l’impact des plans gore s’en trouve amoindri (par rapport à un dessin ultra réaliste). Surtout que c’est en noir et blanc. Cependant, l’auteur fait preuve d’un humour noir de tous les instants qui fait mouche. C’est donc fort drôle, et, qui plus est, très bien rythmé, avec ce qu’il faut de rebondissements, de situations loufoques et de personnages hauts en couleurs (Christian, le propriétaire du club de foot de Sion complètement mégalo, le Brigadier Moos, les journalistes de Canal 9,…). Et il y a toujours cet ancrage local cher à la collection. Deux exemples de « scènes » qu’on y trouve : un groupe de supporters zombies jouant à se faire des passes avec les membres arrachés de deux innocentes fillettes et un envoyé spécial de la chaîne de télé Canal 9 qui balance les intestins de sa collègue Britney au milieu d’un groupe de zombies pour détourner leur attention tout en lâchant : « Tu connaissais son besoin d’être au centre de l’attention. Là, elle va être servie ! ». De l’humour vache comme on l’aime par ici !
Bref, voilà une petite friandise de 134 planches qui se lit avec plaisir.
Les « GORE DES ALPES » se suivent et ne se ressemblent pas. C’est encore plus vrai pour ce numéro 5, qui n’est carrément pas un roman, mais une bande dessinée (ou un « roman graphique », selon ce qu’il est écrit sur la couverture) ! Surprise !!! Alors, là, de mémoire de lecteur de littérature gore, c’est, à notre connaissance, la première fois qu’un éditeur refourgue, l’air de rien, une BD au sein d’une collection de romans trash ! L’acheteur pas bien réveillé pourrait même ne pas se rendre compte qu’il est sur le point d’acquérir une BD, car le format des autres parutions de la collection est respecté (un peu moins de 21 cm sur 13), ce qui n’est ni le format d’une BD franco-belge, ni celui d’un manga, ni celui d’un comics. Audacieux, ces Suisses !
L’histoire, en deux mots ? « Une toxine a transformé les joyeux convives du Gala du FC Sion en zombies décérébrés. La horde sous contrôle va déferler sur le Valais. Heureusement l’armée suisse veille… »
Le style de dessin choisi par François Maret est plus adapté aux caricatures pour la presse qu’aux planches d’une histoire gore, car vu la simplicité du trait, l’impact des plans gore s’en trouve amoindri (par rapport à un dessin ultra réaliste). Surtout que c’est en noir et blanc. Cependant, l’auteur fait preuve d’un humour noir de tous les instants qui fait mouche. C’est donc fort drôle, et, qui plus est, très bien rythmé, avec ce qu’il faut de rebondissements, de situations loufoques et de personnages hauts en couleurs (Christian, le propriétaire du club de foot de Sion complètement mégalo, le Brigadier Moos, les journalistes de Canal 9,…). Et il y a toujours cet ancrage local cher à la collection. Deux exemples de « scènes » qu’on y trouve : un groupe de supporters zombies jouant à se faire des passes avec les membres arrachés de deux innocentes fillettes et un envoyé spécial de la chaîne de télé Canal 9 qui balance les intestins de sa collègue Britney au milieu d’un groupe de zombies pour détourner leur attention tout en lâchant : « Tu connaissais son besoin d’être au centre de l’attention. Là, elle va être servie ! ». De l’humour vache comme on l’aime par ici !
Bref, voilà une petite friandise de 134 planches qui se lit avec plaisir.
Re: Gore des Alpes
TANTINE CHEVROTINE de Jordi GABIOUD
Ce sixième « GORE DES ALPES » décrit la spirale de violence dans laquelle va être prise une vieille dame face à une famille de villageois rustre et très rancunière. Monique, 74 ans, habite dans la montagne, à l’écart du village de Remaret. Un jour, sa vieille amie Yvette lui rapporte que les membres de la famille Fournier ont retrouvé le corps de leur arrière-grand-père, qui était porté disparu depuis des décennies, dans un glacier dynamité et qu’ils accusent le grand-père de Monique de l’avoir tué. Vu la mentalité des Fournier, Yvette craint qu’ils ne tentent de se venger, d’une manière ou d’une autre, sur son amie. Ce qui arrivera, bien entendu, dans un crescendo d’intimidations et de violence. Plus tard, on apprendra que ces Fournier ont d’autres ennemis jurés, la famille Délèze. Tout ça va se mêler et exploser telle une bombe à retardement. Ambiance de vendetta corse, mais en plus glacé !
Ca débute comme un roman du terroir avant de basculer dans le gore. Même avant l’arrivée de la violence, c’est déjà irrésistible grâce à un certain humour, à la façon de « croquer » les personnages, qui sont soit attachants (à commencer par Monique, malgré son côté « tête de mule »), soit infects, mais hauts en couleur dans tous les cas, et à un style « couleur locale ». La montagne, la neige, le hameau, le feu dans la cheminée : on s’y croirait. Jordi Gabioud propose une histoire gore sans bimbo ni monstre, avec une mémé dure à cuire comme personnage principal, et en profite par ce biais pour parler notamment de la vieillesse, ce qui peut paraître peu sexy a première vue, mais cela fonctionne parfaitement. Même le titre est bien trouvé, qui sonne comme une évidence.
Voici un petit extrait, rien que pour le plaisir :
« Au moment où Monique put enfin reprendre son souffle, elle entendit un petit bruit visqueux. Elle redressa la tête et vit Florian, une baguette plantée dans le globe oculaire d’où s’écoulait comme une gélatine gorgée de sang. En un instant, le son de la radio fut couvert par les hurlements de Florian, et le tableau du bouquet de pivoine accroché au mur fut aspergé d’un jet de sang qui éclaboussa également l’ensemble de la tapisserie. Florian tourna sur lui-même et, dans sa panique, cogna la baguette tremblante contre le mur du couloir et l’enfonça encore de quelques centimètres dans ce qui n’était plus qu’une bouillie sanglante » (p. 60).
C’est le premier roman de l’auteur et on espère qu’il continuera dans le genre, car "Tantine Chevrotine" est une franche réussite.
Ce sixième « GORE DES ALPES » décrit la spirale de violence dans laquelle va être prise une vieille dame face à une famille de villageois rustre et très rancunière. Monique, 74 ans, habite dans la montagne, à l’écart du village de Remaret. Un jour, sa vieille amie Yvette lui rapporte que les membres de la famille Fournier ont retrouvé le corps de leur arrière-grand-père, qui était porté disparu depuis des décennies, dans un glacier dynamité et qu’ils accusent le grand-père de Monique de l’avoir tué. Vu la mentalité des Fournier, Yvette craint qu’ils ne tentent de se venger, d’une manière ou d’une autre, sur son amie. Ce qui arrivera, bien entendu, dans un crescendo d’intimidations et de violence. Plus tard, on apprendra que ces Fournier ont d’autres ennemis jurés, la famille Délèze. Tout ça va se mêler et exploser telle une bombe à retardement. Ambiance de vendetta corse, mais en plus glacé !
Ca débute comme un roman du terroir avant de basculer dans le gore. Même avant l’arrivée de la violence, c’est déjà irrésistible grâce à un certain humour, à la façon de « croquer » les personnages, qui sont soit attachants (à commencer par Monique, malgré son côté « tête de mule »), soit infects, mais hauts en couleur dans tous les cas, et à un style « couleur locale ». La montagne, la neige, le hameau, le feu dans la cheminée : on s’y croirait. Jordi Gabioud propose une histoire gore sans bimbo ni monstre, avec une mémé dure à cuire comme personnage principal, et en profite par ce biais pour parler notamment de la vieillesse, ce qui peut paraître peu sexy a première vue, mais cela fonctionne parfaitement. Même le titre est bien trouvé, qui sonne comme une évidence.
Voici un petit extrait, rien que pour le plaisir :
« Au moment où Monique put enfin reprendre son souffle, elle entendit un petit bruit visqueux. Elle redressa la tête et vit Florian, une baguette plantée dans le globe oculaire d’où s’écoulait comme une gélatine gorgée de sang. En un instant, le son de la radio fut couvert par les hurlements de Florian, et le tableau du bouquet de pivoine accroché au mur fut aspergé d’un jet de sang qui éclaboussa également l’ensemble de la tapisserie. Florian tourna sur lui-même et, dans sa panique, cogna la baguette tremblante contre le mur du couloir et l’enfonça encore de quelques centimètres dans ce qui n’était plus qu’une bouillie sanglante » (p. 60).
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