Better Call Saul

Je doute que vous ayez manqué le phénomène Breaking Bad qui a sévi, il y a quelques années de ça.
Mais si, vous vous souvenez forcément avoir ne serait-ce qu'entendu parler de cette série dramatique, primée à de nombreuses occasions pour son écriture et sa mise en scène.
Bryan Cranston y incarne un professeur de physique-chimie qui se transforme progressivement en baron de la drogue après avoir découvert qu'un cancer du poumon allait l'emporter.
Si vous ne l'avez pas vue : foncez, c'est un monument.

Et si vous l'avez déjà vue, vous vous souvenez probablement de Saul Goodman, l'avocat véreux qui défend les criminels. Sachez qu'il a eu droit à son propre spin-off.

Better Call Saul prend place quelques années avant les événements de Breaking Bad (soit au tout début des années 2000) et met en scène Jimmy Mc Gill, avant qu'il ne se fasse appeler Saul Goodman.
Pour vous la faire courte, on y suit l'évolution de ce personnage fantasque et brillant qui cherche à se racheter une conduite et qui se heurte constamment à des obstacles très kafkaïens (de toutes façons, Vince Gilligan, le créateur de la série, ça se voit qu'il adore Kafka). Jimmy, venant tout juste d'échapper à une peine de prison, cherche sa place dans la société et cherche à taire son côté escroc pour se faire avocat, comme sa grand frère.
Et comme si se battre contre sa nature profonde n'était pas suffisant, il doit aussi lutter contre les différentes figures d'autorités qui l'entourent et qui façonnent le monde dans lequel il évolue.

D'abord ce que j'ai aimé, c'est le personnage central qui est attachant autant qu'il est détestable. Il est d'une créativité spectaculaire et doté d'un bagout absolument dingue.
Là où beaucoup de héros de séries se démarquent par des fusillades ou des cascades, Jimmy Mc Gill est "simplement" un manipulateur de génie à grande gueule. C'est un joutes verbales et en coups fourrés qu'il abat ses adversaires.
C'est d'autant plus savoureux que les épreuves qu'il doit surmonter sont plus faciles à imaginer pour nous que dans Breaking Bad car il s'agit d'écueils plus simples, plus proches de notre quotidien que de monter un cartel.
Bref, le personnage central est absolument fabuleux, il vaut le coup à lui tout seul.

Un autre point qui est assez important, c'est la continuité avec Breaking Bad. Si vous aviez aimé cette première série, vous serez ravis d'en retrouver quelques personnages et de découvrir comment certains liens se sont tissés entre eux et comment certains éléments de Breaking Bad ont d'autant plus de sens.
J'insiste sérieusement sur ce point parce que je trouve ça fantastique. C'est très rare qu'une oeuvre pré-quelle s'inscrive aussi bien dans la continuité de l'univers au point de mettre en scène, par exemple, le PDG d'une banque dans laquelle Walter White se rend quelques fois. Cette banque n'est qu'un élément du décor dans Breaking Bad, dans Better Call Saul elle devient un enjeu.
C'est ce genre de choses qui m'épate dans l'écriture de cet univers.

Allez, la cerise sur le gâteau. Je suis pas un expert en cinéma mais j'ai quand même lu quelques bouquins sur l'aspect technique, comment monter un story-board, etc (j'avais envisagé des études dans le milieu, il y a longtemps).
Sincèrement, c'est réalisé avec un soin qui me bluffe.
Qu'il s'agisse de personnages ou d'éléments du décor qui sont finalement déterminants ou de la construction de certaines séquences, je trouve que c'est toujours très juste.
Il y a des scènes entières qui se jouent sans qu'un seul mot ne soit prononcé mais elles sont franchement parlantes. Il y a des dizaines de "pay-offs" qui sont d'une subtilité qu'on voit plus dans le cinéma d'auteur que dans la série américaine lambda.

Bref, vous êtes confinés alors matez Breaking Bad si c'est pas encore fait. Et surtout, surtout, regardez Better Call Saul !

Apres avoir terminé "Breaking Bad", je me suis taté a regarder "Better call Saul" mais je m'étais dit que je ne apprécierais pas a sa juste valeur si je la regarderais de suite après BB. Je termine "The handmaid's tale" et se sera la suivante je pense.