Germinaison 1 Donner la mort

La nuit était douce et calme. Le ciel sombre dégagé laissait les rayons de Lune illuminer la plaine alors que les oiseaux de nuit chassaient silencieusement. Le vent chantait en sifflotant, les feuilles dansaient doucement et une femme hurlait.

Dans une chambre, sur un lit, sous une couverture, dans le sang, elle hurlait. Les jambes écartées, le visage crispé, elle poussait.
La sage femme à ses côtés l'encourageait :
"Poussez ! On voit la tête."
Et elle hurlait, et elle poussait, et elle pleurait.
"Courage ! Encore un effort !"
L'accoucheuse, entre ses pieds épongeait autant qu'elle le pouvait. Les draps, les serviettes, tous étaient gorgés de sang.
Une masse de cheveux fins se libèraient de la fente tordue maternelle, suivis par un crâne, puis une tête complète. Le bébé arrivait. Et la mère continuait de hurler.
Elle était puisée. Cela faisait quatre heures qu'elle poussait et endurait ce travail interminable. Quatre heures qu'elle savait que c'était la fin.
Le corps de l'enfant se libéra et la reine s'endormit une dernière fois.

À l'autre bout de la pièce, loin des lueurs des chandelles, un homme attendait depuis le début. Quatre heures qu'il réfléchissait. Quatre heures qu'il planifiait. Il était désormais temps de mettre ses plans à exécutions.

Il s'approcha du lit.
"La reine est morte. Passez moi l'enfant.
- C'est une fille...
- Nous le savions déjà. Vite ! Donnez la moi !"
Il eut à peine le temps de prendre le nouveau né que la porte de la chambre se fracassa. Le roi était là, furieux. Le corps de son épouse reposait sur le lit, au centre de la pièce mais il ne la regarda guère. Cette traîtresse ne méritait pas sa tristesse.
"Faites la disparaître ! Tuez la ou donner la, mais elle ne restera pas entre mes murs."
L'homme sombre tenait et serrait la petite fille contre lui.
"Sir, elle peut être votre fille. Laisser moi lui pratiquer un examen du sang."
Le roi regardait le mage d'un air soupçonneux.
"Mon seigneur, nous ne savons pas depuis combien de temps la reine avait une liaison. Cette enfant pourrait être la vôtre. Avec quelques gouttes de sang nous en aurons le cœur net."
Il planta une aiguille sur la paume de la petite main fripée du bébé qui se mit alors à pleurer.
"Vous ne savez vraisemblablement pas vous occuper d'un enfant ! : la sage femme arracha le nouveau né des bras du mage.
- Et toi femme, tenir ta langue."
L'homme sombre s'éloigna du lit pour se rapprocher du bureau sur lequel était posé une série de verrerie remplie de liquides aux couleurs rares et étranges. Les gouttes de sang furent plongés dans une coupe et un nuage bleu violacé se libéra du contenant. Un large sourire se dessina sur sa figure.
"Le roi est bel et bien papa !"