Justice sauvage
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Justice sauvage
Ce texte est inspiré d'une histoire vraie.
J'arrivais à la caisse du supermarché, blasé derrière mon caddie. Quelle corvée. Devant moi, une grand-mère et sa petite-fille en bas âge plaçaient les courses sur le tapis roulant après avoir poliment salué la jeune et ravissante hôtesse. Tel un robot humain, elle bipait les articles les uns après les autres, la mort dans l'âme. Lorsque leur caddie fut enfin vide, la cliente patienta et se pencha pour murmurer quelque chose à l'oreille de l'enfant. N'ayant rien d'autre à faire que d'observer mon environnement, et l'humain dans toute sa splendeur, j'essayai d'entendre son message.
— Tu vois Flora, si tu ne travailles pas bien à l'école, tu finiras comme la dame.
La rombière me glaça les sangs. Je ne pouvais croire ce que je venais d'entendre. Lorsque mes yeux se posèrent sur le visage outré et blessé de la caissière, je compris qu'elle avait parfaitement capté la phrase assassine. Une telle injustice m'était parfaitement intolérable, aussi me mis-je à mon tour à hauteur du jeune minois.
— Tu vois, ma petite, si tu n'es pas assez intelligente, tu diras de vilaines choses comme ta mamie.
Les sourcils de la cliente se froncèrent. La commissure de sa lèvre dégoulinait de venin. Elle me fixa. Fier de moi, tel un super héros venant à l'instant de rendre justice et de faire taire l'abominable femme, je soutins son regard sans faiblir. Je lui adressai même un sourire. Coup de grâce. J'ignorais si la petite fille avait compris le sens de notre joute verbale succincte. Peu importait. La grand-mère avait son compte. Elle se hâta de charger ses sacs, maugréant ses borborygmes de vieille vexée tandis que j'étalais les produits alimentaires devant la demoiselle. Malgré sa plaie, elle me décora de son sourire reconnaissant jusqu'à mon départ.
— Au revoir, madame. Bonne journée à vous.
— A vous de même, monsieur. Merci pour votre gentillesse.
Deuxième choc. Cette phrase m'interpellait systématiquement. Dans quel monde remerciait-on les gens pour leur gentillesse ?
— Tu vois Flora, si tu ne travailles pas bien à l'école, tu finiras comme la dame.
La rombière me glaça les sangs. Je ne pouvais croire ce que je venais d'entendre. Lorsque mes yeux se posèrent sur le visage outré et blessé de la caissière, je compris qu'elle avait parfaitement capté la phrase assassine. Une telle injustice m'était parfaitement intolérable, aussi me mis-je à mon tour à hauteur du jeune minois.
— Tu vois, ma petite, si tu n'es pas assez intelligente, tu diras de vilaines choses comme ta mamie.
Les sourcils de la cliente se froncèrent. La commissure de sa lèvre dégoulinait de venin. Elle me fixa. Fier de moi, tel un super héros venant à l'instant de rendre justice et de faire taire l'abominable femme, je soutins son regard sans faiblir. Je lui adressai même un sourire. Coup de grâce. J'ignorais si la petite fille avait compris le sens de notre joute verbale succincte. Peu importait. La grand-mère avait son compte. Elle se hâta de charger ses sacs, maugréant ses borborygmes de vieille vexée tandis que j'étalais les produits alimentaires devant la demoiselle. Malgré sa plaie, elle me décora de son sourire reconnaissant jusqu'à mon départ.
— Au revoir, madame. Bonne journée à vous.
— A vous de même, monsieur. Merci pour votre gentillesse.
Deuxième choc. Cette phrase m'interpellait systématiquement. Dans quel monde remerciait-on les gens pour leur gentillesse ?
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