Aveugle
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: Concours N°13 : BLACK-OUT
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Aveugle
Voilà, mon texte moyen. Courage, il ne fait que 18 000 sec. Je vous propose les trois liens ainsi qu'une version spoiler au cas où aucun des trois ne fonctionnerait. Possible qu'il reste quelques petites scories.
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- Aveugle:
- Trois jours déjà. Que faire ? La maladie s’étendait, hors de contrôle, incompréhensible. Denis n’osait bouger, espérant naïvement ralentir la progression du problème. Terré chez lui, il ne dormait plus, épuisant son temps à réfléchir.
Pourquoi ?
Qu’était-ce ?
Comment stopper tout cela ?
Encore une fois, il remonta en pensée les heures précédentes, jusqu’à cette nuit où il s’était éveillé terrifié, comme au sortir d’un cauchemar. Peut-être qu’en repassant le film, il trouverait une cause et, mieux, une solution.
Le noir absolu règne dans la pièce. À tâtons, Denis cherche la lampe de chevet, avant d’actionner l’interrupteur.
Rien ! Et le radioréveil ne fonctionne pas non plus. Une nouvelle panne de courant, contrariété fréquente dans la région.
À ce moment précis, il n’avait pas songé à autre chose.
Il essaie de se rendormir, mais le sommeil se refuse. Quelque chose cloche. Quoi ? Il n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Mais il le sent. Plus les minutes s’écoulent, plus il étouffe dans son lit. Il ne tient plus, se lève. Sa chambre, il la connaît par cœur, il rejoint la porte en trois foulées, cogne au passage le carton déposé la veille et oublié, et grogne sous la douleur subite qui se propage depuis ses orteils jusque dans ses cuisses.
Denis en était sûr, il n’omettait rien, ses souvenirs étaient parfaits. Mais ils ne lui apportaient aucun indice. Il se reconcentra et reprit le fil des événements.
Après avoir sautillé un moment en jurant, Denis abaisse la poignée et ouvre vers le palier. Aussitôt, il ferme les yeux. La lumière du soleil par la fenêtre de la salle de bain en face l’aveugle. Il cligne des paupières quelques fois et ajuste sa vision. Mais il n’y a pas de doute, le jour est levé. Il tourne plusieurs fois la tête de gauche à droite, vers la chambre, puis vers les sanitaires. Quelle différence ! Bien sûr, les tentures sont tirées d’un côté, mais qu’il fait sombre dans sa chambre.
Jusque-là, tout paraissait normal. Mais c’était là entre les deux pièces qu’il s’était posé les premières questions. Rien de plus qu’une vague inquiétude.
Denis retourne dans sa chambre et tente de percer le noir. Celui-ci est si profond qu’il s’esquinte les yeux en vain. Il ressort et retrouve la lumière rassurante. Il n’a pas osé pénétrer plus avant pour ouvrir les rideaux. Il se secoue, se traite de poule mouillée, et se dirige vers les W.C. Par habitude, il actionne l’interrupteur, songeant au moment où il appuie que ça ne sert à rien. Mais l’ampoule s’allume. En lui-même, il pense que tout est rentré dans l’ordre et qu’il pourra se faire son café.
Denis ouvrit les yeux, inutile, mais instinctif, puis les referma. Il n’avait rien oublié de ces quelques minutes. Il aurait pu, bien sûr. Si le phénomène ne s’était pas reproduit.
Le jeune homme haussa les épaules. À quoi bon ressasser ? L’origine de ses problèmes se cachait entre le moment où il s’était couché et celui où il s’était réveillé. Donc, hors de sa portée.
Sauf que se replonger dans ce passé récent l’occupait. Il ne pouvait sortir, n’osait pas bouger. Que faire d’autre que remâcher les mêmes choses encore et encore. Il porta son regard vers la fenêtre, là où il savait la trouver, tenta de percer le noir une nouvelle fois. En vain.
Aveugle ! Il était aveugle. Ou presque. Ça revenait au même puisque le mal empirait.
Lorsqu’il était sorti pour ses courses hebdomadaires, il ne songeait plus à sa frayeur du matin. Ménage, lessive, télé avaient occupé l’esprit.
Il avance d’un bon pas, pas vraiment pressé pourtant. Le sac de victuailles glanées à l’épicerie se balance au bout de son bras droit. La boulangerie est au coin de la rue, dernière étape avant de rentrer. Denis peste un peu en avisant la file devant le comptoir, mais tant pis. Il patiente en détaillant les pâtisseries : éclairs, choux à la crème, saint-honoré, tartelettes. Il salive et décide de se faire un petit plaisir. Plus que deux personnes avant lui. Soudain, il se sent oppressé, la tête lui tourne, des papillons dansent dans son champ de vision. Il abaisse et relève plusieurs fois les paupières, mais le noir s’installe autour de lui. Denis panique…
Des coups sourds sortirent le jeune homme de sa rêverie. Il sursauta, surpris. Depuis ce jour-là, il n’avait vu personne, ne voulait voir personne. Il n’avait même pas relevé son courrier, pas plus répondu au téléphone.
Qui était-ce ?
— Monsieur Mirk ! Police ! Ouvrez !
La police ! Pourquoi ? Peut-être une amende impayée ou un problème de voisinage, mais Denis n’avait pas envie de le savoir. Il se sentait trop vulnérable pour recevoir quiconque, et encore moins les forces de l’ordre. Il se fit silencieux, se déplaça doucement vers sa chambre, tâtonna le long du mur qui masquait l’escalier vers le grenier et déclencha l’ouverture de la petite porte du débarras sous les marches. Le précédent propriétaire lui avait montré ce minuscule cagibi secret et Denis avait adoré, sans jamais s’en servir ensuite.
Il se glissa à l’intérieur détruisant les toiles d’araignées au passage, faisant fuir leurs occupantes. Il se passa la main sur le visage avec un frisson, sensation désagréable, mais malgré les bestioles, il se sentait à l’abri. Assis, sans plus s’autoriser un mouvement, il attendit. Les flics partiraient bientôt, il devait juste patienter.
De nouveaux coups retentirent contre le battant, d’autres injonctions lui furent adressées. Puis le jeune homme entendit une clé dans la vieille serrure.
Un passe-partout ! Était-ce légal ?
Quelle importance que ce fut légal, il ne pouvait pas se montrer de toute façon. Aveugle, aussi vulnérable qu’un nouveau-né, il aurait beau tempêter sur ses droits bafoués, il ne ferait pas le poids.
Attendre, rien d’autre à tenter. Longtemps, il les entendit trifouiller dans son appartement. Que cherchaient-ils ? Et soudain, il comprit : ses hommes-là n’étaient pas flics. Juste des voleurs en quête d’un butin facile. Eh bien, ils en seraient pour leur frais. Denis ne possédait rien de valeur. Ses visiteurs ne tireraient même pas un euro de son portable ou sa télévision. Quant à son ordi, peu sûr qu’ils le dénichent. Et même si, quelle importance, à quoi pourrait encore servir tous ces gadgets ?
Puis, le silence se fit et Denis patienta encore, par précaution, au cas où. Les brigands pouvaient s’être planqués, à l’affut de son retour.
Les crampes eurent bientôt raison de sa volonté. Incapable de s’étirer pour détendre ses muscles, le jeune homme se résolut à s’extirper de son abri étriqué.
Progressant prudemment, Denis se dirigea vers le living. Son intérieur sans nul doute sens dessus dessous après ce cambriolage, il craignait de se cogner sur des obstacles imprévus, mais ni ses pieds, ni ses mains ne rencontrèrent autre chose que le vide, les meubles ou les murs.
Clignant des paupières plusieurs fois, Denis tenta de percer le noir du séjour. Dans cette pièce, la plus lumineuse de son domicile, il savait qu’il pourrait peut-être y voir. Un peu. Vers les fenêtres. Si les choses n’avaient pas empiré.
Et d’après ce qu’il put distinguer, rien n’avait bougé. Son bureau rangé comme à l’habitude, la bibliothèque à côté aussi. Certains objets avaient bien été déplacés, mais cela ne ressemblait pas à une fouille en règle pour dénicher des trésors cachés. Même son portable reposait toujours sur son chargeur.
Qu’étaient venus chercher ces hommes ?
Toujours tâtonnant, Denis retrouva son canapé et s’y écroula. Il se sentait soulagé, sans pour autant se départir d’une angoisse sourde.
Et s’ils revenaient ?
D’y avoir songé une fraction de seconde suffit à incruster l’idée dans ses pensées. Il tenta de chasser l’image des malfrats, mais elle revenait sans cesse. Il les imaginait déboulant chez lui sans un bruit. Il n’avait pas le temps de fuir, était attrapé, ligoté, torturé. Et il ne pouvait pas répondre à leurs questions. Il ne possédait rien. Que pouvait-il leur offrir pour qu’ils repartent, pour qu’ils le laissent tranquille ?
Nouvel aveugle, il développait pourtant déjà une acuité auditive accrue et sous l’influence de la peur, les petits bruits du quotidien raisonnaient comme autant de menaces.
Il devait s’enfuir, quitter l’immeuble.
Pour aller où ? Il s’en fichait. S’il restait, il allait mourir.
Malgré sa récente cécité, Denis y voyait encore suffisamment s’il regardait au loin, ça lui suffirait pour fuir. Il traîna ses pieds vers l’entrée, chipota pour trouver la poignée et sortit sans prendre la peine de fermer à clé derrière lui. À quoi bon puisque n’importe qui pouvait entrer avec un passe-partout.
Concentrant son regard droit devant, il tenta d’oublier le noir qui s’étendait autour de lui et se mit en route. Sa voiture devenue inutile, il prendrait le bus, le premier qu’il croiserait. Il y resterait jusqu’au terminus et aviserait à ce moment.
À l’arrêt, il s’assit et attendit. Il ne distinguait pas les gens autour de lui, mais il les entendait sans y faire attention.
Une main se posa sur son bras. Machinalement, le jeune homme tourna la tête, se traitant aussitôt d’idiot.
— Monsieur ?
Une voix enfantine, une petite fille peut-être. Il ne pouvait en être sûr. Ne pouvait-elle pas lui foutre la paix. Mais il se sentit obligé de répondre :
— Oui ?
— Vous êtes aveugle ?
Comment le savait-elle ? Il avait pourtant caché au maximum son handicap. Il préféra cesser la conversation, elle finirait par se lasser.
— Vous savez, moi aussi, je ne vois rien… Mais les autres, ils ont peur de nous… Vous devriez partir d’ici.
— C’est ce que je fais, dès que la ligne sera arrivée.
— Non, vous devez partir maintenant… Venez avec moi, je sais où vous pouvez aller.
Denis hésita. Pourquoi suivrait-il une gamine inconnue ? Vers où ? Mais ne sachant de toute façon pas ce qu’il voulait faire des heures à venir, l’idée le séduisit vite. Tant qu’il se barrait loin, la façon importait peu.
— Vous pouvez mettre votre main sur mon épaule si vous désirez. Moi, j’ai une canne blanche et j’ai l’habitude.
Avait-il besoin de la toucher pour l’accompagner ? Mais il ne la voyait pas, elle pouvait disparaître sans qu’il le remarque. Et il se rendit compte qu’il ne voulait pas perdre la seule personne qui pouvait le comprendre.
Marchant à côté de sa nouvelle amie, il resta muet un moment. Tout semblait si irréel qu’il ne savait plus que penser. Mais le silence devint bien vite trop pesant.
— Tu m’emmènes où ?
— Hors du village… Chez moi.
— C’est un endroit comme un autre. Mais pourquoi tu fais ça ?
Denis sentit l’enfant réfléchir à sa réponse, comme si elle cherchait ses mots.
— J’en sais rien… Maman voudrait que je vous aide, je crois.
Le jeune homme haussa les épaules, la raison en valait une autre.
— Tu es aveugle depuis longtemps ?
—Depuis toujours… Du coup, pour moi c’est pas difficile comme pour vous… Je me débrouille mieux… Vous c’est arrivé quand ?
— Trois jours.
Le ton amer ramena le silence entre les deux, puis l’enfant reprit :
— On s’habitue vous savez. C’est juste… différent… Enfin, je pense. À l’école où j’ai été quelques temps, il y en avait des comme vous. Des récents je veux dire, ils ont appris à vivre comme ça… On n’est plus très loin maintenant. Faites attention, c’est un chemin de pierrailles, vous pouvez trébucher.
Regardant fixement au loin, Denis aperçut une vieille masure. D’après ce qu’il pouvait en juger, elle paraissait en piteux état, mais elle disparut bientôt à sa vue à mesure qu’il s’en approchait.
— Maman n’est pas là, mais vous voulez manger ?
Manger ?
Denis n’y pensait pas, mais l’allusion lui rappela qu’il n’avait quasi rien avalé depuis sa sortie vers la boulangerie. Le début de ses problèmes. Maintenant qu’il y songeait, son estomac se serra. Pourtant, malgré les odeurs appétissantes flottant dans la pièce – de la soupe ? –, il préféra refuser.
— On va attendre maman alors. Tenez, installez-vous sur le fauteuil.
Elle l’avait poussé avec douceur et il n’eut plus qu’à s’asseoir. Petit à petit, il se détendit, la fatigue accumulée l’emporta et il s’assoupit.
Il marche. Le jour éclate de lumière. Sans savoir pourquoi il la savoure comme un plat adoré et trop peu souvent mangé. La boulangerie est là. Il ne lui faut qu’une baguette, ça ira vite. Lorsqu’il entre, quelques personnes le saluent. Il ne les connaît pas toutes, mais il répond joyeusement à leur bonjour.
C’est son tour, la vendeuse lui sourit, Denis craque sur des canards à la crème fraîche, prend son porte-monnaie, compte les pièces.
Et tout s’assombrit. D’un coup, comme si une main malveillante avait tiré les volets et actionné l’interrupteur. Des cris s’élèvent, un vent de panique, qui emporte en même temps le jeune homme. Les clients tentent de s’échapper, se cognent les uns aux autres, tombent parfois. Denis reste tétanisé, sans pouvoir bouger.
Et le noir l’enveloppe, un manteau de ténèbres qui l’étouffent. Soudain, ses membres récupèrent leur mobilité, il fait un pas, puis un autre, tend les mains devant lui. La sortie ! Il doit trouver la sortie. Tout son esprit se tend vers elle. Elle se trouvait à gauche, il le sait. Mais tous ses repères se sont envolés. Il titube, trébuche sur une personne déjà au sol, une femme au cri de douleur qu’elle pousse, se traîne sur le carrelage sans plus parvenir à se situer. Il finit par se cogner à une vitre, se redresse et atteint une poignée.
L’air frais le frappe, il chancelle et s’éloigne. Le noir l’écrase toujours, mais loin devant, il aperçoit la lumière. C’est vers elle qu’il se dirige. Après quelques pas, il se retourne…
Denis s’éveilla en sursaut, un bruit sourd venait de retentir, bois contre bois, une porte. Il ne voyait rien, la nuit était totale dans la masure. Dans cet environnement inconnu, pris au piège, incapable de bouger, incapable de fuir, il ne put que s’enfoncer dans le canapé.
Comme si ça pouvait le sauver.
— Marjorie ! Qu’est-ce qui se passe ici ?
Une voix de femme, la mère de la gamine bien sûr. Mais ça ne rassura pas Denis. L’arrivante semblait inquiète, peut-être même affolée.
— J’ai juste invité un monsieur aveugle, comme moi. Mais lui, c’est tout nouveau, alors il ne sait pas comment faire… Je pouvais pas ?
— Non. Mais ce n’est pas grave. Viens avec moi dehors ma puce.
Que se passait-il ? Pourquoi cette femme avait-elle peur de lui ? Denis les entendait remuer, surtout l’enfant. La mère ne bougeait pas. Elle devait attendre près de l’entrée.
— Je ne suis pas dangereux.
Denis se sentit idiot, mais que dire d’autre ? L’inconnue hoqueta, ne lui répondit pas, s’adressant à sa fille :
— Dépêche-toi chérie !
— Mais maman, tu risques rien. Le monsieur ne voit plus, il sait même pas où tu es.
Denis se redressa. Il ne voulait pas rester s’il terrorisait cette femme. Il ne pouvait pas compter sur l’aide de Marjorie cette fois, mais s’il avançait prudemment, il devait pouvoir lui aussi sortir.
Tâtonnant, butant, trébuchant, il progressa dans la pièce. Il tendait l’oreille en quête des bruits de ses hôtesses, situant ainsi l’entrée de la maisonnette.
À l’air libre, il s’autorisa à inspirer profondément. Il devait s’excuser avant de partir. Sans trop savoir où se trouvaient l’enfant et sa mère, il parla dans le vide, impression désagréable.
— Je vais partir. N’en voulez pas à votre fille, elle a voulu m’aider… Je suis désolé de vous avoir effrayée.
Face au silence, Denis soupira, puis fit un premier pas, avant de s’arrêter.
— Vous pouvez juste m’indiquez par où je dois aller pour retourner au village ?
— Mais vous ne savez pas ce qui se passe ?
Quoi encore ? Denis voulait partir, il n’aurait jamais dû venir. Il se retrouvait encore plus dans le pétrin que quelques heures auparavant.
— Vous êtes comme ça depuis quand ?... Je veux dire, votre cécité, ça a commencé comment ?
Le jeune homme n’avait aucune envie de se raconter, il ne comprenait pas lui-même ce qui lui arrivait. Mais il se sentait redevable. Et peu pressé de bouger.
— Je me suis réveillé il y a trois jours et tout était noir dans la chambre. J’en suis sorti et la lumière fonctionnait. J’ai cru à une panne de courant… Et puis ça s’est reproduit quand j’étais à la boulangerie. Tout est devenu noir autour de moi… C’était horrible.
À l’évocation de cet épisode, Denis serra les dents quelques secondes avant de poursuivre :
— Dehors, j’ai remarqué que ce noir n’atteignait pas toute ma vision, je pouvais voir au loin… En fait, c’était juste autour de moi… C’est pas très clair je suppose.
Il l’imagina pencher la tête sur le côté en guise de réponse. Parce que non, ça n’était pas clair du tout. Elle prit son temps avant de répondre, cherchant ses mots :
— Je reviens du village… Comment dire… Il se passe de drôles de choses là-bas. On m’a parlé de cette histoire à la boulangerie… Quand vous êtes sorti, je crois que vous avez remarqué autre chose, n’est-ce pas ?
Il opina et se rappelant que l’enfant ne pouvait le voir, articula un « oui » étouffé.
— Le noir n’était pas qu’autour de vous… Il était aussi resté dans la boulangerie.
Les larmes coulaient le long des joues de Denis. Il aurait voulu s’être bouché les oreilles. Oui, il le savait. Il ne voulait pas y penser, mais devant les faits, il ne pouvait plus faire comme s’il était juste atteint d’une cécité inhabituelle.
Hors de la boutique, il se retourne : le noir stagne dans la pièce relié à lui par une bande toute aussi sombre. Des deux côtés du bâtiment, la clarté normale règne. Il pousse un cri et s’enfuit. Derrière lui, d’autres exclamations éclatent, mais il n’y prête pas attention. Il ne désire qu’une chose : rentrer. Et toujours dans ses pas, cette ombre qui le poursuit et ne s’efface pas. Un rayon de ténèbres totales.
Denis se laissa tomber sur le sol. Ses yeux errèrent au loin, à la recherche de luminosité. Le cercle autour de lui s’étendait sur une cinquantaine de mètres. Il s’était encore accru depuis l’arrêt de bus. D’ici peu, inexorablement, il recouvrirait de plus en plus de surface jusqu’à envelopper la terre entière. Et Denis ne pouvait rien y faire.
Il sentit une petite main sur son épaule.
— Tu ne dois pas t’inquiéter. Tu sais, le noir c’est pas si mal. Il suffit de s’habituer… Maintenant, plus personne ne se moquera de moi, ils seront tous aveugles… Comme moi… J’ai réussi.
La dernière chose qu’entendit Denis avant de s’évanouir fut le cri d’horreur de la mère de la fillette.
Re: Aveugle
Eh bien je ne vois pas pourquoi ce texte te parait être ton pire ! Certes, ce n'est pas un coup de cœur comme d'autres de tes histoires l'ont été pour moi, mais il reste très bon !
En bref, un texte Catherinien qui n'est pas parfait, mais qui fait très bien le job pour qui aime ce style comme moi, et où on retrouve bien ta patte et ton type de traitement d'une histoire.
- Spoiler:
L'histoire arrive à être rythmée, avec l'alternance des temps, malgré l'absence d'action à proprement parler (l'unique péripétie étant le point de départ, en fin de compte). C'est en soi un vrai challenge que tu remportes là.
Le concept a ce qu'il faut d'expliqué et de mystère. Et il me parle bien, comme tu t'en doutes. Tu t'éloignes des black-out classiques pour quelque chose de plus surprenant, comme Silence dans son propre texte. Et, depuis le temps que je le répète partout, on s'en doute : j'adore ce type d'idées qui sortent des sentiers (ra)battus. Et un "blackout incarné" reste pour moi la meilleure variante possible à ce thème, celle qui permet de se rapprocher le plus d'une idée originale.
La fin, avec la dernière parole de la fille, ajoute une touche de mystère bienvenue (qui me parait être dans ta signature d'ailleurs). A la limite, j'aurais aimé savoir si elle a vraiment provoqué tout ça et comment, non pas via une explication finale, mais avec quelques indices en cours de route qui aurait pris sens à la fin. Le héros qui se rappelle d'une présence ayant provoqué le "black-out" à la boulangerie, par exemple.
Aux niveaux des bémols, en dehors de ce "J'ai réussi" inexpliqué donc, le déni du personnage central aurait pu être mieux présenté je pense ; et j'ai trouvé étrange que la fillette repère le héros comme ça à l'arrêt de bus. Comment l'a-t-elle remarqué, sans rien voir ? Pourquoi l'amène-t-elle chez elle ? Fait-elle ça avec toutes ses "victimes" ? Et pourquoi, si son seul but était d'aveugler le monde entier ? Bref, si le mystère final me plait bien, j'aurais aimé comprendre un peu mieux les motivations de la fille qui me paraît être bien plus importante que le héros en fin de compte (dans le sens où elle est le moteur de l'histoire là où lui n'est qu'un personnage utilitaire pour faire découvrir l'histoire).
En bref, un texte Catherinien qui n'est pas parfait, mais qui fait très bien le job pour qui aime ce style comme moi, et où on retrouve bien ta patte et ton type de traitement d'une histoire.
Re: Aveugle
Wow ! T'as fait vite. Je ne m'attendais pas un premier commentaire aussi rapide.
Bin, merci. Moi, je le trouve pas original, mais il est beaucoup trop frais dans ma mémoire (lui et surtout le déplaisir à l'écriture).
Bin, merci. Moi, je le trouve pas original, mais il est beaucoup trop frais dans ma mémoire (lui et surtout le déplaisir à l'écriture).
- Spoiler:
- Effectivement, ça manque un peu de détails. Je le sentais bien. C'est d'ailleurs pour ça que je n'aime pas ma chute. Bon, elle pourrait être bien s'il y avait eu du background qui aurait pu l'expliquer un poil.
Je ne pense pas qu'il faille que j'explique comment elle le repère. Si elle est à l'origine du problème, elle le surveille. Mais pour le reste, oui, j'aurais dû un poil expliquer. Pourquoi elle l'amène chez elle par exemple. Pour moi, c'est simplement pour protéger son "catalyseur de noir" (je vois pas trop comment l'appeler). Il y a eu irruption chez lui, on le cherche, les gens causent, se doutent. Elle ne veut pas qu'on le détruise. A la limite, je pourrais arguer que ça c'est sous-entendu. Comment le remarque-t-elle à l'arrêt de bus, étant elle-même aveugle ? Là, c'est une bonne question et je crois que mon cerveau l'a simplement zappée (mais il devait s'en douter en inconscient). Fait-elle ça à toutes ses victimes ? Pour moi, il n'y avait pas idée d'autres victimes. Elle n'a pas besoin de plus d'un "catalyseur de noir", ce qui est sous-entendu à la fin avec le héros qui évoque le noir qui recouvrira bientôt toute la terre. En fait, à l'exception de comment la fillette repère le gars à l'arrêt de bus, au fond, tout y est, mais un peu trop diffus. Et surtout le coup de la fillette à la toute fin tombe un peu par surprise, il n'y a pas d'indices avant. Enfin, si j'ai quand même essayé d'ajouter juste un bout de phrase en relecture, celle sur l'odeur de soupe avec le point d'interrogation, voulant indiquer donc : est-ce de la soupe ou autre chose ? (et donc sorcière ou autre personnage pas totalement "humain" ?). Mais ce n'est pas assez.
Re: Aveugle
Je ne m'attendais pas non plus à être si rapide, je te rassure ! Mais j'ai vu le message quasi dès sa parution et je me suis retrouvé à lire le texte avant même de me rendre compte que je l'avais ouvert.
Rien qui ne change mon avis, quoi qu'il en soit. Mais il y aurait en effet matière à éclaircir quelques points de détail sans changer en profondeur le texte (juste quelques phrases par ci par là), au cas où tu tentes une nouvelle relecture (un jour lointain où ton overdose de ce texte se sera un peu tassée).
- Spoiler:
- Effectivement, l'indice de la soupe m'est complètement passé au-dessus.
Pour les autres victimes, comme je l'avais compris, le héros n'est pas la seule personne touchée : les autres gens de la boulangerie sont comme lui et, in fine, ces "victimes de premier plan" contaminent peu à peu les autres autour d'elles, en faisant de nouvelles victimes. Bon, du coup je vois que je me suis fait mon propre film en fait et qu'il n'y a qu'une seule victime/catalyseur. Un incompréhension de ma part qui ne change pas fondamentalement l’histoire, cela dit.
Pour le fait qu'elle le repère, finalement, s'il est la seule victime originelle, on peut supposer un lien entre lui et elle. Paradoxalement, ce point n'est plus un bémol s'il s'agit de la seule victime/catalyseur, mais c'est le fait qu'il soit seul qui devient un bémol pour moi (comme c'est un point que je n'avais tout simplement pas compris ainsi à la lecture).
Rien qui ne change mon avis, quoi qu'il en soit. Mais il y aurait en effet matière à éclaircir quelques points de détail sans changer en profondeur le texte (juste quelques phrases par ci par là), au cas où tu tentes une nouvelle relecture (un jour lointain où ton overdose de ce texte se sera un peu tassée).
Re: Aveugle
Ton interprétation se tient en regard de ce que dit le texte. Donc, si je veux rester sur la mienne, il faudrait que je remanie un poil. On verra ça plus tard (bien plus tard).
Re: Aveugle
Catherine, nous commençons tous à avoir l'habitude de ton incapacité à évaluer la qualité et la pertinence de tes textes. Tu nous fais systématiquement le coup ! Par conséquent, je m'attendais à lire une nouvelle de qualité et mes attentes n'ont pas été déçues.
Oui, c'est un bon texte, original et bien écrit. Seule la fin me paraît un peu gratuite en raison du manque d'indices permettant de remonter jusqu'à la responsable de la situation.
Tu as d'ailleurs fort bien résumé le principal écueil de ton récit plus haut : "C'est d'ailleurs pour ça que je n'aime pas ma chute. Bon, elle pourrait être bien s'il y avait eu du background qui aurait pu l'expliquer un poil."
Ce qui démontre que tu es parfaitement capable de porter un regard objectif sur tes créations.
Pour résumer, un texte certes perfectible mais de qualité.
Oui, c'est un bon texte, original et bien écrit. Seule la fin me paraît un peu gratuite en raison du manque d'indices permettant de remonter jusqu'à la responsable de la situation.
Tu as d'ailleurs fort bien résumé le principal écueil de ton récit plus haut : "C'est d'ailleurs pour ça que je n'aime pas ma chute. Bon, elle pourrait être bien s'il y avait eu du background qui aurait pu l'expliquer un poil."
Ce qui démontre que tu es parfaitement capable de porter un regard objectif sur tes créations.
Pour résumer, un texte certes perfectible mais de qualité.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Aveugle
Catherine. Je pense que Murphy et Blahom ont tout dit. Ton histoire est très intéressante et on veux savoir ce qui arrive a ton personnage. Le seul soucis, et tu l'as très bien expliqué, c'est la fin qui arrive trop abruptement et sans aucun indice pour comprendre le pourquoi du comment de la situation du personnage principal.
Merci pour ton texte même si tu n'en est pas contente.
Merci pour ton texte même si tu n'en est pas contente.
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
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Re: Aveugle
Désolée, je ne serai pas très longue, je pense comme les autres. J'aime le style et j'étais intriguée tout du long, avec l'envie de comprendre ce qui se passe et.... déception, car finalement one ne sait rien. Je repars avec cette question: comment cette petite fille a-t-elle le pouvoir de rendre aveugle les gens? ^^ Cela dit ça pourrait donner à une histoire plus longue...
Mélodie Or- -Fée des chants stellaires- -Disciple du Gardien des rêves-
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Re: Aveugle
Salut Catherine,
J'ai lu ton texte hier je crois et je dois dire qu'il m'a vraiment plu. Ce qui est étrange, et assez fort je dois dire, c'est l'aspect un peu décousu qui transparaît de ce dernier mais qui, loin d'être pesant, est au contraire tout à fait appréciable en ce qu'il confère à l'ensemble une certaine forme d'étrangeté. Je me suis donc laissé porter par ton personnage ainsi que par l'étrange mal qui le frappe. J'ai été, c'est vrai, un peu décontenance par l'arrivée de la petite fille. Je trouve en effet que le héros se laisse porter un peu trop facilement par cette dernière, mais au final on s'en fout. La fin est assez étrange car justement elle n'explique rien et ne ressemble pas à une fin. C'est sans doute le seul bémol de cette histoire à mes yeux. Mais oui, le voyage était plus que plaisant...
J'ai lu ton texte hier je crois et je dois dire qu'il m'a vraiment plu. Ce qui est étrange, et assez fort je dois dire, c'est l'aspect un peu décousu qui transparaît de ce dernier mais qui, loin d'être pesant, est au contraire tout à fait appréciable en ce qu'il confère à l'ensemble une certaine forme d'étrangeté. Je me suis donc laissé porter par ton personnage ainsi que par l'étrange mal qui le frappe. J'ai été, c'est vrai, un peu décontenance par l'arrivée de la petite fille. Je trouve en effet que le héros se laisse porter un peu trop facilement par cette dernière, mais au final on s'en fout. La fin est assez étrange car justement elle n'explique rien et ne ressemble pas à une fin. C'est sans doute le seul bémol de cette histoire à mes yeux. Mais oui, le voyage était plus que plaisant...
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: Aveugle
C'est un bon texte, même si ce n'est pas un de mes préférés de toi. J'adore l'idée de
Les réserves que j'aurais c'est le côté un peu ... obscur (c'est le cas de le dire) de cette histoire. Même si je suis bien d'accord que l'auteur n'as pas forcément a tout expliquer, il lui faut quand même quelques brides, et là, j'aurais voulu en savoir peut-être un peu plus sur certains éléments.
(Bon, tant que je ne serais pas rentré chez moi et que j'aurais retrouvé mon pc de bureau, sur ma tablette je serai très laconique !)
- Spoiler:
- l'ombre qui se répand autour d'elle
Les réserves que j'aurais c'est le côté un peu ... obscur (c'est le cas de le dire) de cette histoire. Même si je suis bien d'accord que l'auteur n'as pas forcément a tout expliquer, il lui faut quand même quelques brides, et là, j'aurais voulu en savoir peut-être un peu plus sur certains éléments.
(Bon, tant que je ne serais pas rentré chez moi et que j'aurais retrouvé mon pc de bureau, sur ma tablette je serai très laconique !)
Re: Aveugle
Message groupé de mercis multiples à Blahom, Kalcidian, Mélodie, Silence et Paladin qui me disent tous à peu près la même chose : fin à revoir.
Je prends note, et j'envisage de reprendre quand j'aurai le temps et quand le déplaisir d'écriture se sera atténué.
Mais c'est qui Laco ?
Je prends note, et j'envisage de reprendre quand j'aurai le temps et quand le déplaisir d'écriture se sera atténué.
Mais c'est qui Laco ?
Re: Aveugle
Laco est le frère de Satan ! Parce que Satan nique aussi !
Bon, on rentre demain à Marseille, je pourrai écrire de plus long posts, et en plus j'ai plein de textes du concours à lire. On a atteint encore les 14 textes, c'est cool, on peut envisager un concours numéro 14 !
Bon, on rentre demain à Marseille, je pourrai écrire de plus long posts, et en plus j'ai plein de textes du concours à lire. On a atteint encore les 14 textes, c'est cool, on peut envisager un concours numéro 14 !
Re: Aveugle
C'est sûr, tu as un don pour décrire de l'intérieur les pires descentes au enfers. Les plus insolites en tout cas. Mais alors que d'habitude tu ponctues ton récit par une couche supplémentaire dans la surenchère, ici, avec l'apparition de cette petite fille, tu as fait l'effort d'esquisser l'ombre d'une explication, et mieux encore, d'une chute finale. Et, pour moi, c'est une très bonne chose.
La seule faiblesse est que cette esquisse a besoin d'être étoffée, en particulier le flou complet du lien entre tes deux personnages.
La seule faiblesse est que cette esquisse a besoin d'être étoffée, en particulier le flou complet du lien entre tes deux personnages.
- Spoiler:
- Une piste éventuelle : la petite n'est pas aveugle de naissance mais à la suite d'un accident provoqué par la voiture de Denis alors qu'elle faisait du vélo devant chez elle. Denis s'était enfui et la petite était tombé dans un long coma dont elle était ressortie aveugle mais dotée en compensation d'un certain don de clairvoyance (voir Daredevil ou le Johnny Smith de Dead zone). Elle a bien dénoncé son chauffard mais, soit faute de preuves, soit qu'on l'ait pas crue, celui-ci n'a pas été inquiété. Depuis, lui a oublié, mais pas elle qui en veut désormais au monde entier et qui, patiemment, a cultivé son pouvoir pour en extraire un sort d'obscurité dévorante et irréversible.
Bien sûr, inutile d'entrer dans le détail, mais quelques allusions ici et là afin que le lecteur puisse entrevoir le fil, ce devrait être dans tes cordes.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Aveugle
Merci Jack. Tout à fait raison, faudrait que je reprenne tout cela. Mais on verra cela plus tard, faut qu'il repose un (long) moment, que je l'oublie.
Re: Aveugle
J'ai apprécié de te lire car tu manies une plume presque caressante… Les problèmes de Denis m'ont passionnée car je me demandais jusqu'au bout comment tout cela se terminerait. La chute ne m'a pas paru répondre à ma quête de "vérité", mais a plutôt ouvert d'autres questionnements sur le rôle de cette fillette (un peu les "poupées russes").
Tu n'as pas à rougir de ce texte car il est déjà presque parfait au niveau écriture et idée. Il reste à lier un peu mieux tout ça.
J'ai trouvé que d'intercaler des paragraphes au passé et d'autres au présent est très intéressant et original.
Je n'ai pas encore réfléchi au classement, mais je pense qu'il ne sera pas loin des premières places.
Tu n'as pas à rougir de ce texte car il est déjà presque parfait au niveau écriture et idée. Il reste à lier un peu mieux tout ça.
J'ai trouvé que d'intercaler des paragraphes au passé et d'autres au présent est très intéressant et original.
Je n'ai pas encore réfléchi au classement, mais je pense qu'il ne sera pas loin des premières places.
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