PARANOIA de Christophe Siébert
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Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Des sous ! C'est surfait les sous. J'ai mieux :
je te filerai le corps de Paladin, tu vas aimer, j'en suis sûre (et lui aussi).
je te filerai le corps de Paladin, tu vas aimer, j'en suis sûre (et lui aussi).
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Hé, je viens pas souvent par ici, mais merci pour vos chroniques, retours, avis etc. !
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
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Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Les ultimes exemplaires de mon roman Paranoïa sont dispos
Salut à tous et à toutes,
Ma newsletter du 16/03 (dans laquelle je parle de Paranoïa mais aussi du chanteur Renaud) est disponible ici : http://konsstrukt.wixsite.com/so/1M8kwNdI#/main
Avec en prime une photo pas piquée des vers d'un lecteur de Nuit Noire !
Et pour vous abonner, envoyez un mail à konsstrukt@hotmail.com
Merci !
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Merci !
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Bien noté, Mister !
Et ça me fait en même temps une piqûre de rappel pour chroniquer ton roman (que j'ai franchement adoré mais sur lequel j'ai encore du mal à poser des mots, sans parler de mes impressions).
Mais du coup, oui, je vais m'abonner sans plus attendre
Et ça me fait en même temps une piqûre de rappel pour chroniquer ton roman (que j'ai franchement adoré mais sur lequel j'ai encore du mal à poser des mots, sans parler de mes impressions).
Mais du coup, oui, je vais m'abonner sans plus attendre
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Excellent ce selfie !!!!
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
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Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Je vais cracher d'emblée le morceau : ce bouquin m'a traumatisé !
Pas dans le sens où j'ai été « traumatisé » par les images atroces, par le gore sans concessions ou le ton amèrement nihiliste de l'auteur, non. Mais plutôt par les résidus poisseux que ceux-ci ont laissé en moi et m'ayant « contaminé », d'une certaine façon. De la même façon que l'un des protagoniste s'étant fait ronger progressivement, bouffer de l'intérieur par cette spirale du dément dont il ne pouvait de toute évidence pas ressortir indemne, ce roman a laissé des traces en moi. Après lecture, il m'a hanté durant plusieurs jours et semaines, mais plus j'y pensais, moins je savais quoi en penser. Il m'a fallu plusieurs semaines (et là ça se compte plus en mois) pour digérer tout ça et avoir un avis à peu près objectif sur la chose.
Car évidemment, il y a du génie là-dedans. Du vrai, du brut, du non-taillé.
De la prose mortifère et insidieuse, toutes en arrêtes et saillies rouillées. De celles qui nous trouent le bide en gangrenant les chairs et plus si affinités.
J'avais bien lu et relu le 4e de couv' avant de débuter ma lecture, mais rien n'aurait pu me préparer à ça.
J'avais d'abord cru benoîtement, lors des premières pages, me confronter à une sorte de chronique sociale dure et désincarnée, remplie de trajectoires heurtées et abîmées par la vie (ou abîmant la vie, au choix), épicée d'une pointe de folie paranoïaque (forcément, vu le titre). Mais mis à part quelques détails un brin perchés, j'avais presque oublié la présence de tout élément fantastique dans l'intrigue. Et jusque-là, ça m'allait très bien !
Parce que j'étais déjà pris, dès ces 20 premières pages, par la prose déviante de Siébert, par son rythme (je dirais même sa « scansion ») métronomique, son débit haché, halluciné presque, ainsi que ce ton presque déshumanisé, comme un liste d'horreurs du quotidien débitée par une voix monocorde de robot, vide de toute émotion. Pas que le style de l'auteur le soi forcément lui-même (attention aux sursauts d'adrénaline !), mais il se contente dans cette "introduction" de décrire des tranches de vie sans chercher à les romancer. Des énumérations de faits pouvant sembler sans lien apparent (on passe en moins d'un paragraphe du coq au mulet), mais qui au final dressent des fresques et portraits humains en quelques pages à peine. Le rythme roi, nous laissant groggy comme après s'être mangé un poing en pleine gueule ou un bain forcé dans une mer à -20°. Une forme nouvelle d'écriture, toute sensitive, privée de tout fard romanesque ou complaisant. Comme je le disais ailleurs en parlant du même auteur, il y a presque quelque chose de l'écriture automatique chez lui, en cela qu'il semble écrire avec ses tripes et à l'instinct, sans chercher la formule, sans chercher nécessairement à faire « du beau » ou du pré-mâché pour lecteurs moutons n'osant jamais sortir de leur zone de confort.
La bête Siébert, elle, n'en a rien à foutre du « beau » ou du « facile » : elle vide ses entrailles sur le papier sans se poser de questions. Elle débite, balance à nu ce qui doit être dit et passe à autre chose quand elle sent poindre l'impératif du chapitre suivant. T'es pas content coco ? eh ben c'est la même !
Et je dois dire que personnellement, j'apprécie beaucoup cette démarche.
Pour en revenir à la trame du roman elle-même, après cette première partie déjà très forte en soi, le « déclic » (si déclic il doit y avoir) s'opère finalement après suivi quelques temps la destinée de l'une de ces carcasses-pantins (en cela que les personnages du roman semblent souvent se faire trimballer ci et là par des forces dont ils ne comprennent rien, les laissant souvent exsangues et au bord de gouffres paranoïaques sans fond), un dénommé Népès. On suit durant quelques pages sa douloureuse déchéance, aussi bien que physique que morale, le transformant en l'espace de quelques jours/semaines en une espèce de zombie psychotique amorphe. Une forme de folie blanche vide de tout, ponctuée par le bourgeonnement maladif d'une faune insectoïde qui semble bientôt recouvrir toutes les pages du roman. Et c'est à ce moment-là que l'intrigue se réorganise sur un nouvel axe : à la faveur d'une séquence hallucinante Trasho-Lovecraftienne aux confins des extrêmes (trip sensoriel inclus), Paranoïa dévoile une nouvelle partie de son visage ravagé.
Une œuvre assumant jusqu'au bout sa laideur formelle, mais aussi totalement barrée, jouissive, hypnotique et mystique à la fois. Tout ça à la fois ! La carte des extrêmes, tout à fond, jusqu'à n'en plus rester que les os...
Et tant pis si on ne comprend pas pourquoi tous les persos sont passés à l'as entre-temps.
Tant pis si on passe de la décrépitude de la sous-merde sociale à la folie cosmique en un raclement de glaires sales. Les pièces du puzzle sont éparpillées comme un cadavre pourrissant au cagnard laissé aux bons soins des charognards : ça ne ressemble à rien, à nous de nous démerder avec !
Après ces deux premières « parties » déjà radicales et emballantes à bien des égards, je me suis fait la réflexion que le gars Siébert n'avait effectivement peur de rien et ne faisait pas les choses à moitié. Mais c'est en découvrant la 3e partie, lorsque la trame abandonne ses délires de sectes tarées dopées au cul dégueulasse et aux divinités dérangées pour passer encore à autre chose (mais je n'en dirais pas plus...) que j'ai commencé à avoir une vue d'ensemble de Paranoïa. Après avoir retrouvé l'un des personnages oubliés du début, nous repartons dans un dernier sprint vers l'abysse démentielle tendant les bras aux protagonistes depuis le début et tout ce qui ne nous semblait pas faire réellement faire sens jusqu'alors s'imbrique dans un dernier acte aussi furieusement siphonné que nihiliste dans ses ultimes extrémités. Assurément, on n'avait jamais vu les terreurs Lovecraftiennes comme ça... Mais on n'avait jamais vu non plus d'enquête policière aussi dérangées du bulbe, aussi bien que de chroniques de la paranoïa contemporaine comme celle-là en toile de fond.
Et c'est là que j'ai compris définitivement que Siébert était un auteur hors-normes, se foutant des carcans, des genres, aussi bien que des institutions : son roman ne ressemble « à rien » parce que rien n'a déjà été fait comme ça.
La construction même de l'ouvrage – tout comme le petit dernier d'une certaine Catherine, à qui j'avais tout récemment fait la même remarque – ne répond absolument à aucune norme pré-établie. Les différents « actes », comme nous les nommons communément, ne se déroulent pas selon un cahier des charges préexistant, car comme je le disais plus haut, l'auteur se cogne des conventions et de faire « comme il faut ». Il ré-agence les codes et emballe son roman névrotique dans un écrin de prose exigeante (n'en déplaise aux sommités du "bien-lire", sur le front desquels il pourrait tout aussi bien écraser son mégot encore fumant), pour mieux nous épingler à ses pages ; phalènes ayant cru capter un illusoire éclat de lumière.
Aucune règle, aucun tabou.
En résulte forcément un certain vertige, une ascension dans une spirale d'horreur (pour le fond) autant que d'incrédulité (en ce qui concerne la forme, pour le lecteur en quête de doliprane). Mais il faut croire que le bonhomme ne se sent à l'aise que lorsqu'il nous fout le mal de mer, embarquant le lecteur dans une cale sombre et nauséeuse, propice à tous les pires délires imaginables.
Rentrer dans Paranoïa, c'est se trouver face à une forme de littérature libre de toute entrave, où les débordements de folie furieuse se conjuguent à une plume venue des tripes, allant où elle le veut, comme elle le veut et en emmerdant bien profond ceux qui sont pas d'accord. C'est jeter une pièce dans une fontaine aux vœux aux infinies possibilités de tons, de registres, d'envies – mais jamais par le prisme de « beau » ou de la facilité. C'est vivre éveillé le cauchemar d'angoisses qui ne disent pas leur nom, toujours promptes à nous retourner comme un gant. C'est l'inconfort constant et le malaise, toujours là, indéboulonnables.
Mais aussi une prose salvatrice et décomplexée, en cela qu'elle nous prendra toujours à contre-pied de nos attentes.
Quitte à molester les genres, à maltraiter les codes et dégueuler tout ce qui l'entoure en une immonde tambouille qui nous forcera à nous créer de nouvelles grilles de lectures pour espérer y trouver quoi que ce soit. Gratter l'infâme, à s'en écorcher les ongles, jusqu'à y découvrir le diamant brut... Montrer à tous les pisse-froid qu'il existe une forme de littérature qui photographie l'immondice de nos sociétés actuelles, sans filtre, réinventant par-là même toutes les formes d'imaginaires déviantes qui en résultent – et avec une pertinence que bien peu de littératures « reconnues » et bien propres sur elles sont incapables.
J'aurais encore mille et unes choses à dire sur ce que m'inspire ou m'a inspiré Paranoïa depuis sa lecture, mais si je continue on va finir par m'accuser de complaisance ou autre vilain terme. Je finirais juste par dire que oui, Paranoïa m'a littéralement retourné, scotché, heurté et vidé, dans tous les sens du terme... mais que des claques dans la gueule comme celles-là, j'en redemanderais bien tous les jours !
Bref : merci à toi, Christophe Siébert, pour cette délicieuse offrande sur l'autel du mauvais goût.
Pas dans le sens où j'ai été « traumatisé » par les images atroces, par le gore sans concessions ou le ton amèrement nihiliste de l'auteur, non. Mais plutôt par les résidus poisseux que ceux-ci ont laissé en moi et m'ayant « contaminé », d'une certaine façon. De la même façon que l'un des protagoniste s'étant fait ronger progressivement, bouffer de l'intérieur par cette spirale du dément dont il ne pouvait de toute évidence pas ressortir indemne, ce roman a laissé des traces en moi. Après lecture, il m'a hanté durant plusieurs jours et semaines, mais plus j'y pensais, moins je savais quoi en penser. Il m'a fallu plusieurs semaines (et là ça se compte plus en mois) pour digérer tout ça et avoir un avis à peu près objectif sur la chose.
Car évidemment, il y a du génie là-dedans. Du vrai, du brut, du non-taillé.
De la prose mortifère et insidieuse, toutes en arrêtes et saillies rouillées. De celles qui nous trouent le bide en gangrenant les chairs et plus si affinités.
J'avais bien lu et relu le 4e de couv' avant de débuter ma lecture, mais rien n'aurait pu me préparer à ça.
J'avais d'abord cru benoîtement, lors des premières pages, me confronter à une sorte de chronique sociale dure et désincarnée, remplie de trajectoires heurtées et abîmées par la vie (ou abîmant la vie, au choix), épicée d'une pointe de folie paranoïaque (forcément, vu le titre). Mais mis à part quelques détails un brin perchés, j'avais presque oublié la présence de tout élément fantastique dans l'intrigue. Et jusque-là, ça m'allait très bien !
Parce que j'étais déjà pris, dès ces 20 premières pages, par la prose déviante de Siébert, par son rythme (je dirais même sa « scansion ») métronomique, son débit haché, halluciné presque, ainsi que ce ton presque déshumanisé, comme un liste d'horreurs du quotidien débitée par une voix monocorde de robot, vide de toute émotion. Pas que le style de l'auteur le soi forcément lui-même (attention aux sursauts d'adrénaline !), mais il se contente dans cette "introduction" de décrire des tranches de vie sans chercher à les romancer. Des énumérations de faits pouvant sembler sans lien apparent (on passe en moins d'un paragraphe du coq au mulet), mais qui au final dressent des fresques et portraits humains en quelques pages à peine. Le rythme roi, nous laissant groggy comme après s'être mangé un poing en pleine gueule ou un bain forcé dans une mer à -20°. Une forme nouvelle d'écriture, toute sensitive, privée de tout fard romanesque ou complaisant. Comme je le disais ailleurs en parlant du même auteur, il y a presque quelque chose de l'écriture automatique chez lui, en cela qu'il semble écrire avec ses tripes et à l'instinct, sans chercher la formule, sans chercher nécessairement à faire « du beau » ou du pré-mâché pour lecteurs moutons n'osant jamais sortir de leur zone de confort.
La bête Siébert, elle, n'en a rien à foutre du « beau » ou du « facile » : elle vide ses entrailles sur le papier sans se poser de questions. Elle débite, balance à nu ce qui doit être dit et passe à autre chose quand elle sent poindre l'impératif du chapitre suivant. T'es pas content coco ? eh ben c'est la même !
Et je dois dire que personnellement, j'apprécie beaucoup cette démarche.
Pour en revenir à la trame du roman elle-même, après cette première partie déjà très forte en soi, le « déclic » (si déclic il doit y avoir) s'opère finalement après suivi quelques temps la destinée de l'une de ces carcasses-pantins (en cela que les personnages du roman semblent souvent se faire trimballer ci et là par des forces dont ils ne comprennent rien, les laissant souvent exsangues et au bord de gouffres paranoïaques sans fond), un dénommé Népès. On suit durant quelques pages sa douloureuse déchéance, aussi bien que physique que morale, le transformant en l'espace de quelques jours/semaines en une espèce de zombie psychotique amorphe. Une forme de folie blanche vide de tout, ponctuée par le bourgeonnement maladif d'une faune insectoïde qui semble bientôt recouvrir toutes les pages du roman. Et c'est à ce moment-là que l'intrigue se réorganise sur un nouvel axe : à la faveur d'une séquence hallucinante Trasho-Lovecraftienne aux confins des extrêmes (trip sensoriel inclus), Paranoïa dévoile une nouvelle partie de son visage ravagé.
Une œuvre assumant jusqu'au bout sa laideur formelle, mais aussi totalement barrée, jouissive, hypnotique et mystique à la fois. Tout ça à la fois ! La carte des extrêmes, tout à fond, jusqu'à n'en plus rester que les os...
Et tant pis si on ne comprend pas pourquoi tous les persos sont passés à l'as entre-temps.
Tant pis si on passe de la décrépitude de la sous-merde sociale à la folie cosmique en un raclement de glaires sales. Les pièces du puzzle sont éparpillées comme un cadavre pourrissant au cagnard laissé aux bons soins des charognards : ça ne ressemble à rien, à nous de nous démerder avec !
Après ces deux premières « parties » déjà radicales et emballantes à bien des égards, je me suis fait la réflexion que le gars Siébert n'avait effectivement peur de rien et ne faisait pas les choses à moitié. Mais c'est en découvrant la 3e partie, lorsque la trame abandonne ses délires de sectes tarées dopées au cul dégueulasse et aux divinités dérangées pour passer encore à autre chose (mais je n'en dirais pas plus...) que j'ai commencé à avoir une vue d'ensemble de Paranoïa. Après avoir retrouvé l'un des personnages oubliés du début, nous repartons dans un dernier sprint vers l'abysse démentielle tendant les bras aux protagonistes depuis le début et tout ce qui ne nous semblait pas faire réellement faire sens jusqu'alors s'imbrique dans un dernier acte aussi furieusement siphonné que nihiliste dans ses ultimes extrémités. Assurément, on n'avait jamais vu les terreurs Lovecraftiennes comme ça... Mais on n'avait jamais vu non plus d'enquête policière aussi dérangées du bulbe, aussi bien que de chroniques de la paranoïa contemporaine comme celle-là en toile de fond.
Et c'est là que j'ai compris définitivement que Siébert était un auteur hors-normes, se foutant des carcans, des genres, aussi bien que des institutions : son roman ne ressemble « à rien » parce que rien n'a déjà été fait comme ça.
La construction même de l'ouvrage – tout comme le petit dernier d'une certaine Catherine, à qui j'avais tout récemment fait la même remarque – ne répond absolument à aucune norme pré-établie. Les différents « actes », comme nous les nommons communément, ne se déroulent pas selon un cahier des charges préexistant, car comme je le disais plus haut, l'auteur se cogne des conventions et de faire « comme il faut ». Il ré-agence les codes et emballe son roman névrotique dans un écrin de prose exigeante (n'en déplaise aux sommités du "bien-lire", sur le front desquels il pourrait tout aussi bien écraser son mégot encore fumant), pour mieux nous épingler à ses pages ; phalènes ayant cru capter un illusoire éclat de lumière.
Aucune règle, aucun tabou.
En résulte forcément un certain vertige, une ascension dans une spirale d'horreur (pour le fond) autant que d'incrédulité (en ce qui concerne la forme, pour le lecteur en quête de doliprane). Mais il faut croire que le bonhomme ne se sent à l'aise que lorsqu'il nous fout le mal de mer, embarquant le lecteur dans une cale sombre et nauséeuse, propice à tous les pires délires imaginables.
Rentrer dans Paranoïa, c'est se trouver face à une forme de littérature libre de toute entrave, où les débordements de folie furieuse se conjuguent à une plume venue des tripes, allant où elle le veut, comme elle le veut et en emmerdant bien profond ceux qui sont pas d'accord. C'est jeter une pièce dans une fontaine aux vœux aux infinies possibilités de tons, de registres, d'envies – mais jamais par le prisme de « beau » ou de la facilité. C'est vivre éveillé le cauchemar d'angoisses qui ne disent pas leur nom, toujours promptes à nous retourner comme un gant. C'est l'inconfort constant et le malaise, toujours là, indéboulonnables.
Mais aussi une prose salvatrice et décomplexée, en cela qu'elle nous prendra toujours à contre-pied de nos attentes.
Quitte à molester les genres, à maltraiter les codes et dégueuler tout ce qui l'entoure en une immonde tambouille qui nous forcera à nous créer de nouvelles grilles de lectures pour espérer y trouver quoi que ce soit. Gratter l'infâme, à s'en écorcher les ongles, jusqu'à y découvrir le diamant brut... Montrer à tous les pisse-froid qu'il existe une forme de littérature qui photographie l'immondice de nos sociétés actuelles, sans filtre, réinventant par-là même toutes les formes d'imaginaires déviantes qui en résultent – et avec une pertinence que bien peu de littératures « reconnues » et bien propres sur elles sont incapables.
J'aurais encore mille et unes choses à dire sur ce que m'inspire ou m'a inspiré Paranoïa depuis sa lecture, mais si je continue on va finir par m'accuser de complaisance ou autre vilain terme. Je finirais juste par dire que oui, Paranoïa m'a littéralement retourné, scotché, heurté et vidé, dans tous les sens du terme... mais que des claques dans la gueule comme celles-là, j'en redemanderais bien tous les jours !
Bref : merci à toi, Christophe Siébert, pour cette délicieuse offrande sur l'autel du mauvais goût.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Encore une superbe critique Tak. Tu as vraiment un don pour en écrire. Elles sont toujours fouillée, une vraie analyse du texte que tu as lu, mais surtout une analyse qui vise juste.
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Ah bah... euh, merci
Le fait est que j'adore partager sur ce que j'ai aimé (et c'est valable aussi bien pour la lecture que pour la musique, mon autre grande passion), mais aussi m'interroger sur les raisons qui font que j'ai aimé. Pourquoi un roman se détache-t-il du lot ? Pour son style, pour ce que l'auteur a mis de lui-même dedans, pour ce qu'il dit de notre monde ?
Je trouve ce point tout aussi intéressant que la trame elle-même ou la plume. C'est pourquoi je ponds des gros pavés à chaque fois pour essayer d'analyser tout ça et y trouver une certaine vérité (pas une vérité absolue et universelle, non, juste celle qui me semble convenir à un discours et sa façon d'entrer en résonance avec mes propres expériences/lubies/obsessions).
Mais du coup, je vais peut-être finir par suivre vos conseils. Ça m'occupera toujours entre deux textes/pavés Takiens
Le fait est que j'adore partager sur ce que j'ai aimé (et c'est valable aussi bien pour la lecture que pour la musique, mon autre grande passion), mais aussi m'interroger sur les raisons qui font que j'ai aimé. Pourquoi un roman se détache-t-il du lot ? Pour son style, pour ce que l'auteur a mis de lui-même dedans, pour ce qu'il dit de notre monde ?
Je trouve ce point tout aussi intéressant que la trame elle-même ou la plume. C'est pourquoi je ponds des gros pavés à chaque fois pour essayer d'analyser tout ça et y trouver une certaine vérité (pas une vérité absolue et universelle, non, juste celle qui me semble convenir à un discours et sa façon d'entrer en résonance avec mes propres expériences/lubies/obsessions).
Mais du coup, je vais peut-être finir par suivre vos conseils. Ça m'occupera toujours entre deux textes/pavés Takiens
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
D'accord avec les autres : tes chroniques sont vraiment superbes, elles mériteraient un blog !
Et celle-ci est particulièrement réussie ! Waouh !
Et celle-ci est particulièrement réussie ! Waouh !
Amaranth- Book'trotteuse de l'extrême — Reflet dans un œil gore —
- Messages : 2051
Date d'inscription : 07/03/2012
Age : 32
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Ah oui, scotchée par ta critique ! Tu es un putain de dieu des chroniques !
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
- Messages : 5782
Date d'inscription : 04/05/2015
Age : 48
Localisation : au fond à droite
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Et si tu te décides à en faire quelque chose, tu as déjà pas mal de matière à publier. Bon, faudra que tu les retrouves (ou alors tu les gardes dans un fichier), mais je me dis que ça vaut le coup.
Re: PARANOIA de Christophe Siébert
Merci à vous, Raven et Amaranth, c'est très flatteur.
Cath : non, je ne les ai pas gardées sur l'ordi, elles sont toutes ici. Mais ça ne devrait pas être trop difficile à copier/coller, si je veux les récupérer à un moment ou un autre (et j'avais déjà pensé à me créer un blog, plus pour mes activités d'écriture, mais je peux toujours faire d'une pierre deux coups).
Je me renseignerais un peu sur le sujet à mon retour de vacances...
Cath : non, je ne les ai pas gardées sur l'ordi, elles sont toutes ici. Mais ça ne devrait pas être trop difficile à copier/coller, si je veux les récupérer à un moment ou un autre (et j'avais déjà pensé à me créer un blog, plus pour mes activités d'écriture, mais je peux toujours faire d'une pierre deux coups).
Je me renseignerais un peu sur le sujet à mon retour de vacances...
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
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