Tango

Peut-être un peu maladroit, mais comme il faut bien essayer...

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Tu m'attires à toi, je te repousses.
Ton bras me passe au-dessus la tête en délicieuses circonvolutions. Tu tournoies autour de mon corps en mouvement. Puis tu me rejoins en une sensuelle étreinte. Ton rythme ne faiblit pas. Tes yeux s'illuminent du plaisir sain et charnel de la danse. Tes pas se glissent dans les miens. Je sens ta respiration chaude et saccadée lorsque nos visages se croisent. Les reflets des spots sur ta peau, couleur café. La beauté juvénile qui réassemble d'un coup tes traits ; tu regagnes au moins dix ans.
Resplendissante, tu m'accapares entièrement et fais disparaître toute notion de "où" ou de "quand". La scène pourrait être celle d'une démonstration professionnelle ou d'une émission tv. Peu importe : tu es là et tu danses avec moi.
A la faveur d'une passe plus douce, tu te loves autour de mes cuisses en une chorégraphie lascive. Tu me fais vibrer. Puis les lumières regagnent en intensité et le morceau s'emballe à nouveau. Tu te relèves d'un bond. Dernière ligne droite, tu te mues en tigresse. Le brasier de ton regard me consume et transperce les dernières défenses de ma carapace. Tes cheveux ondulent, comme pris dans un tourbillon. Tu ris aux éclats, tandis que les musiciens nous encouragent. Sous le tissu, ton corps s'échauffe et s'exalte de cette folie.
La grâce de ta gestuelle altère toute interférence extérieure.
Impératrice de la piste, tu oblitères le temps.
Tu es là, musique et mouvement.

Enfin, la musique s'arrête.
Après une ou deux secondes de latence, le public explose enfin. Tes yeux plongent en moi, l'air appréciateur.
« Dis donc, pas trop mal pour un vieillard » sembles-tu dire.
Toujours sous les vivats, tu regagnes ensuite ta place d'une démarche féline. Je te suis, rougi d'effort et d'excitation. Le calme regagne peu à peu la salle du restaurant latino.
– L'année prochaine mon chou, je t'amènes à Cuba, me lances-tu une fois attablée. On verra bien si tu fais toujours le malin.
Et comme si de rien n'était, tu retournes à ton dessert, un sourire malicieux sur les traits.

Ce n'est pas une mauvaise idée, loin de là. Au moins, tu respectes le thème de l'atelier.
J'ai relevé quelques fautes et des répétitions. Certaines sont dans le rythme, d'autres pourraient être évitées.
A la fin, tu oublies la 2ème personne "– L'année prochaine, je t'amènes à Cuba, me lance-t-elle une fois attablée"
Sinon, c'est pas mal.
Le lien de parenté entre les deux danseurs m'échappe un peu, mais il n'est pas essentiel de le savoir (fille, femme, amie ?)

Effectivement, je ne précise pas le lien entre les deux danseurs, mais il me semblait que leur complicité évoquait clairement celle d'un couple. Apparemment c'était pas aussi clair que ça, à revoir donc. Et oui, pour les répétitions il y en a sûrement, je vais essayer de corriger ça.

Merci pour ta lecture, Cancer

Pas mal du tout ! Durant la danse, c'est marrant, j'ai pensé au refrain du morceau "Infirmière" du collectif Fauve (le refrain décrit justement une danse). Du coup, j'avais l'air dans la tête en même temps que je lisais !

Et sinon, tu es dans le thème.

Content que ça t'aies plu, miss Naëlle.
Fauve je connais que de nom... mais si mon texte t'as permis de te remettre en tête un morceau que tu apprécies, ça me va très bien !

Très bien. Tes phrases sont dansantes et bien dans le thème.
Par contre je n'ai pas trop compris la fin : pourquoi sa partenaire lui dit " On verra bien si tu fais toujours le malin"

Une espèce de défi à relever pour le danseur qu'il est. Là-bas, le challenge sera un poil plus corsé, même s'il se débrouille bien. C'est ainsi que je le voyais...

Merci à toi, Françoise

Alors j'ai relevé juste "je te repousse" et "je t'amène" qui se passent de s, d'ailleurs en l'occurrence on devrait utiliser emmener au lieu d'amener.
Je n'avais pas vu le "elle" noté par Cancereugène, bien vu lulu. Et merci à Françoise d'avoir posé la question, moi non plus je ne voyais pas en quoi il faisait le malin.

Sinon c'est un super exercice, parfaitement dans le respect de l'atelier et dans une forme qu'on n'avait pas encore vue. J'ai trouvé le tout très poétique, à la limite il y a plus d'amour dans cette scène et dans ce vieux couple que sur ton texte pour l'autre atelier, même si tout est en non-dit, en gestuelle et langage du corps. Comme M. Jourdain, tu fais des scènes d'amour sans t'en rendre compte^^

Bien joué, Tak ! C'est nickel.

Et Raven n'a pas complètement tort.

Eh bien merci beaucoup, tous les deux !
Je me suis fait la réflexion en postant ce texte hier, qu'il faisait un peu d'une pierre deux coups : scène d'amour et deuxième personne à la fois. Du coup, je ne peux qu'être d'accord avec vos commentaires. Peut-être devrais-je travailler sur le même axe pour l'atelier n°2...

Et avoir un "c'est nickel" de la part K² (très attaché aux petits détails), pour moi c'est un très très joli compliment !
Tout comme les mots du corbeau, qui me vont droit au cœur. Ça ne se voit pas derrière mon avatar, mais je suis un grand sentimental, en fait

Petite scène rafraîchissante et entraînante. Bin, oui, c'est nickel. On se laisse emporter.

Je me faisais la réflexion qu'il y a deux sortes de narration au "tu". L'une, comme ici, où intervient un "je" ou un narrateur, l'autre, un peu comme dans le roman de Davidoff "Lumpen" (ou dans mon texte "sous les coups l'être") où le "tu" n'a pas de liens avec le narrateur, une sorte de "il" transformé en "tu". Je ne suis pas sûre d'être très claire.
En tout cas, l'impression que ça me laisse c'est que ces deux sortes de narration sont très différentes. Ce qui n'empêche que l'atelier est respecté.

Oui, tu es très claire. Faire passer la seconde personne comme la troisième, c'est un procédé "habile" pour contourner la difficulté de la chose. Mais encore faut-il pouvoir maîtriser ce procédé et lui trouver une finalité... Pour ma part, j'ai beau eu chercher dans tous les sens, rien à faire ça venait pas.
J'ai donc contourné la chose en y mêlant un poil de "je". Et puis la danse, ça se fait à deux

Je te remercies encore une fois pour ta lecture Cath', ravi de t'avoir emporté !

Oui, c'est exactement ça, quand je disais que c'était fait dans une forme qu'on n'avait pas encore vue. Je vois 3 sortes de narration au tu : les deux que tu évoques Cath et celle d'introspection où le tu s'adresse à soi-même en forme de dialogue-miroir (je ne sais pas si je suis claire mais à mes yeux ce sont 3 catégories distinctes)

Oui, je n'y pensais pas, mais c'est encore une autre forme. Bon, bin, ça veut dire qu'il y a encore du boulot les loulous. Faut explorer les trois

Catherine Robert a écrit:Oui, je n'y pensais pas, mais c'est encore une autre forme. Bon, bin, ça veut dire qu'il y a encore du boulot les loulous. Faut explorer les trois

Trois ateliers pour le prix d'un, affaire à saisir !