Sous l'orage

La journée de ce mois de juillet s'annonce chaude et ensoleillée, nous montons les tonnelles insouciants. Confiance au beau temps qu'il me dit, pas besoin des bâches de côté. On fait l'impasse aussi sur les élastiques de fixation. J'aime pas, mais je ne contrarie pas. Trop fatiguant de contrarier. Les températures montent à des hauteurs caniculaires, l'air est lourd et poisseux, je me gave de glaçons pour me rafraîchir, ça ne marche que le temps de les sucer.
La cafétéria en face est bondée de touristes, les promeneurs se font plus rares, écrasés par le climat tropical. Le vent souffle un peu, amène quelques nuages, puis se renforce soudain. Le ciel devient noir, une ligne sur l'horizon qui s'avance vers nous à la vitesse d'un avion supersonique. Je pressens la catastrophe, en hâte, j'attrape les protections, tente de les attacher aux tubes de l'armature métallique de notre abri. Pas le temps, la pluie est là, en rafales qui pénètrent, mouillent les livres étalés. Devant l'urgence, on recouvre les tables, on fixe les plastiques au mieux. L'orage est tellement puissant que les trombes d'eau s'accumulent, créant des flaques qui s'infiltrent au travers de la matière des bâches pas si hermétiques que supposées, formant des poches dans la toiture. Je m'escrime à les vider pour éviter qu'elles ne percent sur le stand. Dans mon empressement, je les reçois comme une douche. Qu'importe, l'averse m'a déjà trempée. Je ressemble à un canard mouillé. De la tête aux pieds, je n'ai plus une seule partie du corps sèche.
Puis les bourrasques, les éclairs, le tonnerre, la pluie diluvienne s'éloignent. Il est temps de constater les dégâts. On a morflé, les livres sont pour beaucoup mouillés. Plus qu'à limiter la casse en sauvant ce qui est possible.
Foutu temps de merde, la prochaine fois, je serai prête... parole non tenue bien sûr.