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Titre original : Dům o Tisíci
Patrech
Préface de Jiri Hacek
Éditions Gérard et Verviers, 1967
Ce roman représente le point central de l'œuvre de Jan Weiss. Roman fiévreux et surréaliste dans sa construction d'un lyrisme envoûtant et surnaturel. Vision fantasmagorique d'une société étagée par castes et dominée par un être omniscient : Oshiver Muller. Le héros principal est un détective dont les investigations sont invisibles car son corps nepeut être visible car en état de dispersion ! Ses missions sont diverses : traverser Mullertown (la cité aux mille étages et aux milliers de pièces), pénétrer les régions emmurées, trouver Oshiver Muller le bienfaiteur de l'Humanité, retrouver la Princesse Tamara, découvrir les insurgés qui complotent contre l'hégémonie planétaire de Muller...
Ce roman devient précurseur au moment où Weiss anticipe l'horreur nazie dix années avant l'holocauste. Terribles visions d'une station interplanétaire qui se transforme en station de sélection, vision d'une chambre à gaz, crématoires aux étages supérieurs. A cette optique de rêve correspond des chapitres vifs et heurtés. Les procédés graphiques réinventent les formes traditionnelles du roman fantasmagorique. Muller, dieu d'un monde clos, rappelle les folies mégalomanes de Joh Fredersen, le maître de Metropolis, les intrigues dessinées par Schuiten dans sa série des Cités Obscures.
Jan Weiss est une réelle découverte, un auteur marquant et pourtant oublié de tous. Je place son roman au sommet de la pyramide des écrivains du genre. Aux côtés de Kafka dont il est le digne confrère.
Ce roman devient précurseur au moment où Weiss anticipe l'horreur nazie dix années avant l'holocauste. Terribles visions d'une station interplanétaire qui se transforme en station de sélection, vision d'une chambre à gaz, crématoires aux étages supérieurs. A cette optique de rêve correspond des chapitres vifs et heurtés. Les procédés graphiques réinventent les formes traditionnelles du roman fantasmagorique. Muller, dieu d'un monde clos, rappelle les folies mégalomanes de Joh Fredersen, le maître de Metropolis, les intrigues dessinées par Schuiten dans sa série des Cités Obscures.
Jan Weiss est une réelle découverte, un auteur marquant et pourtant oublié de tous. Je place son roman au sommet de la pyramide des écrivains du genre. Aux côtés de Kafka dont il est le digne confrère.
Dernière édition par Zaroff le Jeu 23 Fév 2012 - 10:19, édité 2 fois
La montagne morte de la vie
Michel Bernanos fut un des trois fils du célèbre Georges Bernanos. La personnalité et le génie de son père furent sans doute des éléments néfastes pour cet homme dévoré par des tourments qui l'amèneront à se suicider à l'âge de 41 ans. Malgré tout, il écrira quelques romans (dont le Cycle de La montagne morte de la vie) et des poèmes la plupart inachevés. Ce court roman de 150 pages se compose de deux parties bien distinctes. La première est maritime et rappelle les atmosphères propres à W.H Hodgson ou encore Jean Ray tandis que la seconde plonge dans un univers lovecraftien. Mais ne brûlons pas les étapes !
Après une soirée bien arrosée, un jeune homme se retrouve embarqué sur un galion en route vers le Pérou. A son réveil, il fait l'objet de brimades par l'équipage composé d'hommes cruels. Le vieux cuisinier Toine prend soin de lui. Peu après, le navire reste bloqué en plein milieu de l'océan par manque de vent. Les semaines se passent et les provisions viennent à manquer. Les hommes se mutinent et on assiste à des scènes de cannibalisme. Une grosse tempête fait couler le galion et Toine et son protégé deviennent les uniques survivants. Ils dérivent longuement avant d'accoster sur une île étrange aux montagnes immenses.
Si la couleur prédominante de Lovecraft est le verdâtre, celle employée par Bernanos est le rouge pourpre, la rouille et des ciels rougeoyants. Tout est enfer sur cette île, les plantes sont carnivores, l'eau ressemble à du sang et des statues humaines pétrifiées forment d'innombrables grappes d'hommes, de femmes et d'enfants aux yeux figés vers le sommet des montagnes cyclopéennes.
Roman simpliste dans le fond et la forme, écriture lisible et non alambiquée, Bernanos parvient à envoûter littéralement le lecteur par des effets croissants et intenses. C'est un roman visuel avant tout. Vous partagez le parcours initiatique de deux hommes dans un univers intemporel, allégorie des Enfers, vous souffrez avec eux dans cette lente déambulation surréaliste. Ce roman est un bijou sensoriel et vous seriez de fieffés imbéciles de passer à côté de cette petite merveille.
Après une soirée bien arrosée, un jeune homme se retrouve embarqué sur un galion en route vers le Pérou. A son réveil, il fait l'objet de brimades par l'équipage composé d'hommes cruels. Le vieux cuisinier Toine prend soin de lui. Peu après, le navire reste bloqué en plein milieu de l'océan par manque de vent. Les semaines se passent et les provisions viennent à manquer. Les hommes se mutinent et on assiste à des scènes de cannibalisme. Une grosse tempête fait couler le galion et Toine et son protégé deviennent les uniques survivants. Ils dérivent longuement avant d'accoster sur une île étrange aux montagnes immenses.
Si la couleur prédominante de Lovecraft est le verdâtre, celle employée par Bernanos est le rouge pourpre, la rouille et des ciels rougeoyants. Tout est enfer sur cette île, les plantes sont carnivores, l'eau ressemble à du sang et des statues humaines pétrifiées forment d'innombrables grappes d'hommes, de femmes et d'enfants aux yeux figés vers le sommet des montagnes cyclopéennes.
Roman simpliste dans le fond et la forme, écriture lisible et non alambiquée, Bernanos parvient à envoûter littéralement le lecteur par des effets croissants et intenses. C'est un roman visuel avant tout. Vous partagez le parcours initiatique de deux hommes dans un univers intemporel, allégorie des Enfers, vous souffrez avec eux dans cette lente déambulation surréaliste. Ce roman est un bijou sensoriel et vous seriez de fieffés imbéciles de passer à côté de cette petite merveille.
Chroniques du temps de la guerre (1941-1943) ; ORWELL
Pourquoi les loisirs collectifs sont-ils nécessaires en temps de guerre ? Quelles sont les différences historiques du rationnement anglais et allemand ? Chroniques de guerre, poèmes, biographies d'auteurs, interview imaginaire de Jonathan Swift, l'écrivain préféré d'Orwell.
Un recueil indispensable pour comprendre les motivations d'Orwell qui délivre ici ses craintes envers la censure, la propagande et l'avenir de la démocratie. Autant d'éléments qui bâtiront le futur 1984 et son conditionnement des masses par des contre-vérités matraquées au public.
Mémoires de l'ombre
J'affectionne particulièrement Marcel Béalu. Surtout ce recueil de 120 récits. Textes courts tenant sur une seule page, ils sont empreints de poésie et le style est remarquable. Voici un extrait :
UN PEINTRE INTUITIF
"Je m'étais assis au soleil pour peindre en toute innocence les claires beautés de l'avant-midi. Et maintenant, mes consciencieuses petites aquarelles sous le bras, je m'en allais sur la route qu'envahissait la nuit. Lorsque, tangible éructation des ténèbres, un escogriffe surgit devant moi, me menaçant de ses longs bras tordus. Ha ! ha ! criait-il, Monsieur fait de la peinture... et il lorgnait vers mon carton d'écolier que j'essayais de dissimuler. En effet, je faisais de la peinture... Quoi d'étrange à cela ? Finalement il réussit à s'emparer de mes ébauches, farfouillant dedans comme un bébé orang-outan à la recherche du giron de sa mère. Son rire énorme était entrecoupé d'injures, ses poings et sa mâchoire s'agitaient frénétiquement, pareils à des cognées. Après avoir éparpillé dans l'obscurité mes humbles travaux, me tirant par les cheveux ou me poussant à coups de pied, il me contraignit à le suivre. Jamais il n'y avait eu autant de noir en moi et autour de moi, et je me surprenais à chercher un coin plus noir encore pour y cacher ma honte. Nous arrivâmes à une cabane que masquaient des taillis épais. Là, mon bourreau me fit entrer devant lui. Pauvre idiot ! répétait-il, tu ne sais donc pas que je suis le seul peintre au monde... Personne avant moi n'a rien compris à la peinture !... Et m'assenant dans une dernière et violente bourrade ces mots irrémédiables : C'est beau, hein ! il me découvrait, piqué sur une planche à dessin, un mouchoir où séchaient des arabesques de morve."
Charles Williams
Pagan, si tu as aimé Cul de sac, tu vas adorer ces deux merveilles de Charles Williams :
Je te prie de les acheter dès demain. C'est un ordre ! Tu me remercieras après lecture.
Re: Votre bibliothèque idéale
Pourquoi je connais pas encore ces deux ouvrages nécessaires ?
Putain, ma liste s'allonge : déjà 17 bouquins à acheter dont 11 qui proviennent de vos recommandations...
Je suis un con !
Putain, ma liste s'allonge : déjà 17 bouquins à acheter dont 11 qui proviennent de vos recommandations...
Je suis un con !
Re: Votre bibliothèque idéale
Pagan Pandemia a écrit:
Je suis un con !
Si tu ne connais pas ces deux bouquins, c'est sûr. Sérieux, faut vraiment que tu les prennes. Tu vas m'aimer pour ça.
Re: Votre bibliothèque idéale
Amateurs de San-Antonio, méfiance: ici nous sommes dans le pré-Béru, c'est du Frédéric Dard première époque, un millésime sans concession, sans agent de texture ni sucre ajouté.
Les Kaput c'est du brutal, du sauvage, ça fait le genre de taches qu'on ne peut pas ravoir en machine.
Parce que le gars Kaput, s'il commence à marmonner des "après moi le déluge" et autres "les femmes et les enfants d'abord", ça veut dire que le déluge il va le déclencher, et que personne ne sera à l'abri.
A la fois concentré de rage brute, cri primal et manifeste du Noir "hard-boiled" à la française, cette odyssée sanglante frappe aujourd'hui encore par sa violence sèche comme une série d'uppercuts.
Les Kaput, c'est du Neo-Polar avant la lettre, sans l'aspect politique, mais avec double dose de nihilisme.
Des romans noirs à réserver aux lecteurs endurcis, qui n'auront pas peur, en manipulant une matière aussi inflammable, de voir cette série de cocktails Molotov sur papier leur exploser au nez.
Re: Votre bibliothèque idéale
Tu m'intéresses car je ne connais pas. L'édition présentée est une intégrale ?
Re: Votre bibliothèque idéale
C'est en effet une intégrale, parue en 1992 dans l'excellente collection Superpoche du Fleuve Noir.
Les quatre romans de la tétralogie y figurent, de même que dans l'édition de 1971, intitulée Un tueur.
Ces deux livres se trouvent d'ailleurs sans peine, et pour une somme symbolique, sur les sites d'occasion.
Aucune raison par conséquent de te priver d'un ouvrage littéralement calibré pour toi. A bon entendeur...
Les quatre romans de la tétralogie y figurent, de même que dans l'édition de 1971, intitulée Un tueur.
Ces deux livres se trouvent d'ailleurs sans peine, et pour une somme symbolique, sur les sites d'occasion.
Aucune raison par conséquent de te priver d'un ouvrage littéralement calibré pour toi. A bon entendeur...
Re: Votre bibliothèque idéale
Tu me connais, je n'ai pas pu résister. 8 euros, frais de port inclus ! Et hop, commande effectuée. Merci pour cette découverte.
Re: Votre bibliothèque idéale
Je salue ta belle réactivité, et te remercie pour ta confiance.
En attendant ton avis au sujet des Kaput, un autre de mes indispensables:
Sans aucun doute l'oeuvre la plus radicale du grand Leo Malet.
Trois romans d'une bouleversante âpreté, reflétant une horreur sociale frappée du plus douloureux réalisme.
Trois diamants noirs taillés au rasoir, balancés comme des pavés dans la mare, et qui plus de cinquante ans après leur découverte brillent encore d'un éclat qui fait mal aux yeux.
La Trilogie Noire, c'est la France d'en bas qui hurle à la mort, mais dans la fange personne ne t'entendra crier.
Trois brûlots ravageurs et enragés, écrits en lettres de sang par-delà le bien et le mal, ou quand l'auteur de Nestor Burma crache son Voyage au bout de la nuit.
Trois mots pour trois livres essentiels: chef d'oeuvre absolu.
En attendant ton avis au sujet des Kaput, un autre de mes indispensables:
Sans aucun doute l'oeuvre la plus radicale du grand Leo Malet.
Trois romans d'une bouleversante âpreté, reflétant une horreur sociale frappée du plus douloureux réalisme.
Trois diamants noirs taillés au rasoir, balancés comme des pavés dans la mare, et qui plus de cinquante ans après leur découverte brillent encore d'un éclat qui fait mal aux yeux.
La Trilogie Noire, c'est la France d'en bas qui hurle à la mort, mais dans la fange personne ne t'entendra crier.
Trois brûlots ravageurs et enragés, écrits en lettres de sang par-delà le bien et le mal, ou quand l'auteur de Nestor Burma crache son Voyage au bout de la nuit.
Trois mots pour trois livres essentiels: chef d'oeuvre absolu.
Re: Votre bibliothèque idéale
Tu ne vas pas m'avoir à chaque fois vieux brigand ! Je possède les oeuvres complètes de Malet chez Bouquins. Les 5 volumes. Ce mec devrait aller au Panthéon et pis c'est tout. Malheureusement la série de merde avec Guy Marchand a totalement bousillé la réputation de Burma. Il faut lire pour apprécier. Comme Maigret.
Re: Votre bibliothèque idéale
Suite aux conseils avisés de Jack sur cet excellent topic https://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/t1153-l-armure-ternie
j'ai lu cette oeuvre de jeunesse du père de Bob Morane:
Jack en fait une très belle présentation ci-dessus, aussi je ne m'appesantirai pas.
Le fait que je décide de placer ce roman noir halluciné dans "ma bibliothèque idéale" suffira pour le moment, car je viens à l'instant de le finir et j'en ai encore le souffle coupé. Décidément, après The lords of Salem en DVD il y a deux jours, je me sens comme un boxeur sonné après avoir encaissé un bon gauche-droite.
Quand j'aurai digéré la chose, j'essaierai d'en faire une vraie chronique. Toute la question sera ensuite de savoir où elle paraîtra, car j'écris dans deux fanzines, l'un SFFF/Horreur et l'autre Polar/Thriller, et ce sale roman bouffe à tous les râteliers. Enfin, je songerai au pseudonyme sous lequel je signerai ce texte, et là non plus, c'est pas gagné...
Zaroff, toi qui as lu Bloodfist, sache que la découverte de La belle nuit pour un homme mort en viendrait presque à me coller un complexe rétroactif. A supposer que ce livre ait été écrit pour qui que ce soit, il l'a été pour des types comme nous, alors lis-le, et tu comprendras pourquoi Leo Malet l'aimait tant. Ensuite, tu feras comme moi.
Tu attendras un quart d'heure que tes tripes se dénouent, et tu viendras remercier Jack.
j'ai lu cette oeuvre de jeunesse du père de Bob Morane:
Jack en fait une très belle présentation ci-dessus, aussi je ne m'appesantirai pas.
Le fait que je décide de placer ce roman noir halluciné dans "ma bibliothèque idéale" suffira pour le moment, car je viens à l'instant de le finir et j'en ai encore le souffle coupé. Décidément, après The lords of Salem en DVD il y a deux jours, je me sens comme un boxeur sonné après avoir encaissé un bon gauche-droite.
Quand j'aurai digéré la chose, j'essaierai d'en faire une vraie chronique. Toute la question sera ensuite de savoir où elle paraîtra, car j'écris dans deux fanzines, l'un SFFF/Horreur et l'autre Polar/Thriller, et ce sale roman bouffe à tous les râteliers. Enfin, je songerai au pseudonyme sous lequel je signerai ce texte, et là non plus, c'est pas gagné...
Zaroff, toi qui as lu Bloodfist, sache que la découverte de La belle nuit pour un homme mort en viendrait presque à me coller un complexe rétroactif. A supposer que ce livre ait été écrit pour qui que ce soit, il l'a été pour des types comme nous, alors lis-le, et tu comprendras pourquoi Leo Malet l'aimait tant. Ensuite, tu feras comme moi.
Tu attendras un quart d'heure que tes tripes se dénouent, et tu viendras remercier Jack.
Re: Votre bibliothèque idéale
Je vais suivre ton conseil sans l'once d'une hésitation. Merci les gars.
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