Je ne te trouve point (conversation avec l'amour) : Pantoum

Étonnant, Catherine : as-tu déjà lu les poèmes de saint Jean de la Croix ? Vives flammes d'amour si je me souviens bien.

Il y a quelque chose de ressemblant, mais tu te retiens encore un peu, comme par pudeur ou timidité  

Merci Doumé ! Celui-là date d'au moins trois ans.

Tu connais Vives flammes d'amour ?

Je demanderai aussi à Jack, il sera peut-être surpris de voir que certains chrétiens étaient de grands poètes  

Au fait, je fais pas trop peur avec ma nouvelle tête ?

1
Ô vive flamme d’amour
Comme vous me blessez avec tendresse
Dans le centre le plus profond de mon âme !
Puisque vous ne me causez plus de chagrin,
Achevez votre oeuvre, si vous le voulez bien,
Déchirez la toile qui s’oppose à notre douce rencontre.

2.
Ô brûlure suave,
Ô plaie délicieuse,
Ô douce main, ô touche délicate
Qui a la saveur de la vie éternelle
Qui paye toute dette !
Qui donne la mort et change la mort en vie.

3.
Ô lampes de feu
Dans les splendeurs desquelles
Les profondes cavernes du sens
Qui était obscur et aveugle
Donnent avec une perfection extraordinaire
Et chaleur et lumière à leur Bien-Aimé !

4.
Avec quelle douceur et quel amour
Vous vous réveillez dans mon sein
Où vous demeurez seul en secret
Et avec votre aspiration savoureuse
Pleine de biens et de gloire,
Avec quelle délicatesse vous m’embrasez d’amour !



...Jean de La Croix est non seulement un très grand poète chrétien mais un très grand poète tout court!



Et celui-là, "La Nuit Obscure":

Par une nuit obscure
Ardente d'un amour plein d'angoisses,
Oh! l'heureuse fortune!
Je sortis sans être vue,
Ma maison désormais en repos.

A l'obscur et en assurance,
Par l'échelle secrète, déguisée,
Oh! l'heureuse fortune!
A l'obscur et en cachette,
Ma maison désormais en repos.

Au sein de la nuit bénie,
En secret - car nul ne me voyait,
Ni moi je ne voyais rien -
Sans autre lueur ni guide
Hormis celle qui brûlait en mon coeur.

Et celle-ci me guidait,
Plus sûre que celle du midi,
Où Celui-là m'attendait
Que je connaissais déjà:
Sans que nul en ce lieu ne parût.

O nuit! toi qui m'as guidée,
O nuit! plus que l'aurore aimable,
O nuit! toi qui as uni
L'Aimé avec son Aimée,
L'Aimée en son Aimé transformée.

Bravo Paladin : le plus chrétien de tous les sceptiques, par amour de la littérature  

Je ne connaissais pas ! Merci de la lecture et merci pour l'info.

Doumé qui repique la tête d'Hellraiser, un suppôt de l'enfer, on aura tout vu !
(Et pas commode pour se raser avec ça !)

Un essai méritoire, Catherine, sur une forme difficile. Tu as bien assimilé la reprise mécanique des vers avec le rappel du premier à la fin.
Juste deux remarques :
- Le pantoum est d'essence musicale et comme tu n'as que deux rimes, c'est plus joli d'en avoir une masculine et une féminine.
- Il n'y a aucune obligation pour la mesure du vers. Il peut être de huit, dix ou douze syllabes, à ton choix. (Je dis cela parce que ton décasyllabe manque encore d'harmonie et de césure nette.)
Attention aussi à la formulation : "Alors bien que je te sais là pourtant". "Alors que je te sais bien là pourtant" eût mieux passé.
Ceci dit, c'est une forme à laquelle je ne me suis jamais essayé. Tu me donnes envie de m'y aventurer.

Merci Jack ! Oh mais je sais que mon pantoum souffre de défauts, mais c'est vachement difficile cette forme. Donc, j'ai surtout essayé d'avoir un fond cohérent, tout en respectant une mesure et des rimes.

Une forme retorse, je suis bien d'accord. Pas étonnant quand on sait qu'elle est d'origine malaise et arrivée en Europe par la Turquie. La difficulté principale est de réintroduire les mêmes mots en les orientant dans un sens différent. Par contre, on n'est pas tenu d'utiliser les deux mêmes rimes tout au long du pantoum. Et si on ajoute à cela que tes vers se répondent deux par deux, on ne peut être qu'admiratif pour ton goût du défi et du casse-tête.

Jack l'a bien dit : on ne peut qu'être admiratif.
Le pantoum est une forme tout à fait terrifiante ; à titre personnel, je ne me sens absolument pas capable de m'y frotter. Alors bravo à toi pour avoir osé ce défi et pour t'en être si bien tirée...

Puisqu'on parle plus haut de grands poètes chrétiens, connaissez-vous Jean Kobs ? Il s'agit d'un curé de campagne malheureusement fort méconnu, ayant consacré une grande part de sa vie à la constitution d'une gigantesque somme poétique : Le Kobzar de l'Exil, composé de 1059 sonnets.

Wow ! Je ne connaissais pas du tout ce format de poème. Déjà qu’en soi, je trouve cet art difficile, alors là…

Quoi qu’il en soit, tu t’en sors une fois de plus à merveille. Tout s’enchaîne naturellement, avec une bonne musicalité. Je rejoins ce que disait Jack sur la phrase « Alors bien que je te sais là pourtant. » mais franchement, c’est du chipotage ; et peut-être est-ce une formulation habituelle en Belgique d’ailleurs.

Bref, mon avis n’aura rien apporté de bien nouveau ou constructif, mais comme les commentaires précédents le disaient aussi, je reste admiratif devant ce type d’exploit !

Merci Murphy (et Similien avec un chouïa de retard, mais juste un chouïa hein).
C'est marrant, je l'aimais bien ce poème à l'époque où je l'ai écrit, là, en le relisant, je le trouve bof.
Je dois être fatiguée, ça fait trois fois de suite que je réponds en dézinguant les textes en question.