Collection "Le Masque Fantastique" 2ème série
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Collection "Le Masque Fantastique" 2ème série
30 titres publiés de 1978 à 1980 dont neuf titres de Jean Ray.
"Le reflux de la nuit" de J.P ANDREVON
Je ne peux jamais résister longtemps à une couverture du Masque fantastique. Celle-ci me fait irrésistiblement penser au Passe-Muraille de Marcel Aymé. La quatrième de couverture aiguise mes sens alors allons-y ! Andrevon a publié une première fois cet ouvrage en 1972 sous le pseudonyme d’Alphonse Brutsche. Pierre Merlin est un veuf inconsolable. Il est hanté par le souvenir de sa défunte femme Christine morte un an auparavant Tous les soirs il quitte précipitamment son bureau pour se rendre directement au cimetière. Ses collègues de l’agence d’urbanisme le plaignent. Tout son temps libre n’est consacré qu’à se rendre sur la tombe de son épouse. C’est devenu une obsession, un rite. Il se recueille et engage des conversations stériles avec Christine. Soudain il entend des voix, des murmures près de lui. Un vieil homme vient à sa rencontre. Une odeur de nuit et de tombe l’enveloppe. Il propose à Merlin de faire « revenir » son épouse. Après tout c’est le vœu le plus cher de Pierre. Le nom du vagabond est Jéobald Bornimus. Il réclame la somme de 400 000 mille anciens francs pour la résurrection de Christine.
Petite anecdote : la rue citée près du logement de Pierre Merlin est la rue Auguste Derleth ! Clin d’œil à Lovecraft. Le soir même Pierre a une terrible vision : le corps en décomposition de Christine dort à ses côtés dans le lit conjugal ! Pierre hurle de terreur… mais ce n’est qu’un mauvais cauchemar ! Le veuf accepte le contrat et l’attente commence… Le reflux de la nuit s’essouffle vers la troisième partie mais le récit est néanmoins excellent dans les descriptions. Agréablement surpris par cet Andrevon dont je conseille l’achat les yeux fermés pour les amateurs de récits de morts-vivants (je crois en connaître un !). C’est un compromis entre l’Affaire Charles Dexter Ward et Simetierre ! Court roman de 180 pages qui se lit d’une traite après un film de Romero par exemple ! Vraiment une heureuse surprise ce petit bouquin.
"La chambre dans la tour" de E.F BENSON
"Selon l'aveu même de l'auteur, ces histoires d'horreur et d'épouvante seraient écrites afin de donner au lecteur de délicieuses nausées et de lui faire passer de désagréables moments. Et de fait on frémit bel et bien en les découvrant, tant elles sont efficaces et menées de main de maître, sans bavure aucune. Fantômes, vampires, malédictions diaboliques, rêves prémonitoires, terreurs animales... ce sont là quelques-uns des grands thèmes d'Edward Frederic Benson, un des écrivains les plus brillants de la littérature fantastique anglaise contemporaine."
Edward Frederic Benson (1867-1940) descendait d'une lignée unissant religion et fantastique. Son ancêtre Edward White Benson, archevêque de Canterbury, aurait raconté à Henry James l'histoire de possession dont l'écrivain allait tirer Le Tour d'Ecrou. Suivirent Arthur Christopher Benson et Robert Hugh, auteurs oubliés du genre (ghost stories, livre des morts...). E.F Benson sort de Cambridge "bardé de diplômes" en 1889. Fouilles en Egypte en 1895 avant de finir ses jours paisiblement comme maire de Rye où avait vécu Henry James. Les deux hommes ne furent d'ailleurs jamais mariés ! Premier recueil en 1912 et le dernier en 1934. Lovecraft appréciait Benson.
Benson nous délivre un recueil horrifique découpé en trois parties. Les récits sont extraits des The Room in the Tower, Visible and invisible, Spook stories et More spook stories.
Variations sur un vampire présente "La chambre dans la Tour", "Mrs Amworth" ainsi que "Et nul oiseau ne chante". La nouvelle éponyme relate l'effroyable révélation d'un rêve prémonitoire qui le poursuit depuis quinze années tandis que le deuxième récit se déroule dans le paisible village de Maxley, Sussex. Le narrateur est l'un des habitants. Son voisin se consacre à l'étude des phénomènes étranges de la nature humaine. Une veuve d'un fonctionnaire des Indes vient s'installer : c'est Mrs Amworth. Tout le monde aime aussitôt sa sociabilité sauf Francis Urcombe, le voisin du narrateur. "Et nul oiseau ne chante" est un des vers de La Belle Dame sans merci de Keats. C'est une pure merveille. Chose curieuse, la créature qui hante le bois est nommée : "Cela" par un personnage. Comme quoi Stephen King s'en est peut-être inspiré ! Rien que pour ce court récit, ce livre doit être compulsé. Tous les textes sont narratifs et à la première personne. Cela donne de l'action à l'histoire.
Les monstres du dehors est un chapitre ne comportant qu'un seul titre : "Negotium Perambulans...". A l'extrême pointe de la Cornouaille se trouve un village isolé de pêcheurs, Polearn. L'ambiance rappelle "Dagon" de notre cher Lovecraft mais, hélas, la chose ressemble beaucoup à celle du récit précédent ! On a souvent reproché la pauvreté thématique de Benson.
Les monstres du dedans est la plus grosse partie (et la meilleure !) du recueil car on y trouve six récits... de qualités inégales. "Home sweet home" est une mélodie pianotée par le fantôme d'une femme assassinée. "Le sanctuaire" ne m'a guère convenu par contre. Je fus dans l'impossibilité de plonger dedans avec délice ! "Les chenilles" est sans doute le meilleur texte de Benson. Très court — il fait douze pages — c'est à nouveau une ghost story dont le cadre est la Villa Cascana en Italie... peuplée de maudites chenilles. "La maison du coin" est habitée par un couple dont un petit homme est terrifié par une femme monstrueuse lui bavant des injures continuellement. Un des meilleurs récits de ce recueil. "Le visage" est une nouvelle banale et éculée tandis que "Les singes" rappelle le métier de Benson car le récit traite de malédictions égyptiennes, de momies et conclut, d'honorable manière, cette anthologie.
Malgré des thèmes récurrents et des trames répétitives, Benson est néanmoins un auteur à découvrir pour parfaire sa culture de l'étrange. La prose est belle, les effets de scène sont de bonne facture ; ce qui rend un ensemble cohérent et plaisant à lire. De Benson, j'apprécie surtout les descriptions de lieux et les atmosphères climatiques. Le style "Jean Ray" n'est pas loin !
Re: Collection "Le Masque Fantastique" 2ème série
À propos de Jean Ray, je lis actuellement La cité de l'indicible peur, dans l'édition Le Masque. Chouette illustration de Tibor Csernus, orthographié ici Czernus.
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Re: Collection "Le Masque Fantastique" 2ème série
Ce titre m'évoque un film de Mocky. Y'a un rapport ?
Edit : Je viens de vérifier, et en effet, il y a un rapport...
Edit : Je viens de vérifier, et en effet, il y a un rapport...
Re: Collection "Le Masque Fantastique" 2ème série
Oui, Mocky en a fait un film avec toute la bande de la grande époque: Bourvil, Francis Blanche, etc...
Mais soyons clair: ce film, inspiré par le roman de Jean Ray, est du pur Mocky, et c'est un bon film en tant que tel. Mais pas grand-chose à voir avec une ambiance à la Jean Ray!
Le premier titre était La grande Frousse:
Mais soyons clair: ce film, inspiré par le roman de Jean Ray, est du pur Mocky, et c'est un bon film en tant que tel. Mais pas grand-chose à voir avec une ambiance à la Jean Ray!
Le premier titre était La grande Frousse:
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