Un extrait de mon roman Sexe connexion

Paul tire. L’importante détonation couvre la dernière syllabe prononcée par l’homme. La balle entre dans sa boite crânienne juste au-dessus de l’oreille, la traverse, ressort de l’autre côté en éclatant l’os temporal, laisse un trou sanglant et encombré d’environ six centimètres de diamètre, poursuit sa course, traverse la moquette et se perd dans le sol. Une importante quantité de sang noir et de matière constituée de fragmen...ts osseux, de cerveau et de peau est dispersée en cône autour du point de sortie sur une distance de presque cinquante centimètres. L’homme demeure un instant immobile puis tombe sur le côté. Tous ses muscles ont cessé de fonctionner. Sa vessie et ses sphincters se relâchent au même instant et libèrent une faible quantité de déchets. Une odeur mêlée de merde, de sang et de poudre se répand dans la pièce.
Paul ôte sa cagoule.
– Putain, ça commençait à me gratter, cette saloperie.
– Ouais, moi aussi.
Jean-Louis ôte la sienne et regarde le mort. Du sang coule lentement de la blessure de sortie, recouvre l’oreille et la joue et s’accumule sur le sol.
– Bon, allez, on n’a pas encore terminé, dit-il. Retourne ce con, j’installe la caméra.
Paul allonge le cadavre sur le dos en prenant soin de ne pas marcher à l’endroit où la tête reposait et où la moquette est devenue spongieuse. Avec un coin de la couette il essuie en partie le sang sur le visage. Pendant ce temps Jean-Louis pose le sac Eastpack au sol et en sort une caméra numérique et un exemplaire de Libération daté du 19 novembre 2006. Il tend le journal à son complice.
– Tiens.
Paul place le journal sur la poitrine du mort. Il déplace les mains pour faire en sorte qu’elles agrippent l’objet comme si le cadavre lui-même tenait le journal, à la manière des otages qu’on voit dans les demandes de rançon. En le voyant faire Jean-Louis rigole bêtement. Ensuite Paul s’éloigne du cadavre et vient se placer derrière l’autre tueur.
Jean-Louis filme pendant une trentaine de secondes puis coupe la caméra.

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J'ai un gros problème de visualisation avec cette scène d'abattage :
- La balle entre par une tempe et sort par l'autre, ce qui laisse supposer un tir grosso modo horizontal qui irait finir sa course dans un mur ou un meuble, pas dans la moquette.
- Pour que la balle aille se perdre dans le sol, on peut penser que la victime était déjà allongée à terre sur le côté. Sauf qu'elle ne tombe qu'après...
- Ou alors, il fallait qu'elle se tienne assise ou à genoux et la tête inclinée au moment du coup de feu, mais, dans ce cas, tu ne crois pas qu'il aurait fallu le dire ?
- "Jean-Louis regarde le mort. Du sang coule de la blessure de sortie..." Or il ne peut voir que la blessure d'entrée.
- Enfin, à quoi bon faire agripper le journal au cadavre comme un otage puisqu'il est toujours allongé le dos sur la moquette ? N'aurais-tu pas oublié de le faire asseoir ?
Pour résumer, beaucoup de points obscurs... même pour un roman noir.
Dommage.

je pense que le problème de visualisation vient du fait que tu n'as pas lu ce qui précède l'extrait (quel dommage), mais aussi du fait que tu ne fais pas beaucoup fonctionner tes méninges.
un bon point pour toi : la victime est effectivement à genoux (bravo !) et le coup est porté de manière oblique.
le sang qui s'écoule de la blessure de sortie, s'écoule en quantité suffisante pour être visible autour de la tête. quant à la blessure d'entrée, elle saigne très peu, comme il est d'usage dans ce genre de mort.
pour ce qui est du cadavre sur le dos qui tient le journal, personne ne m'a fait cette remarque, pour la bonne raison que jusqu'à présent tous mes lecteurs ont compris que les tueurs ne veulent pas pour de vrai mettre en scène une demande de rançon, et que donc le réalisme de la mise en scène leur importe sans doute peu. alors, en effet, la question se pose. à quoi bon ? oui, vraiment, à quoi bon ? " En le voyant faire Jean-Louis rigole bêtement." : voilà sans doute un indice.
allez, courage.

Je n'en disconviens pas, je ne suis qu'un pauvre lecteur lambda qui fait avec ce qu'on lui donne, et quant à mes cellules grises sénescentes, hélas, tu ne m'apprends rien.
Néanmoins, je ne suis pas sûr que choisir un extrait détaché d'un contexte nettement structuré soit le meilleur moyen d'appâter le lecteur.
A mon sens (certes limité), tu déroutes plus que tu n'intrigues.

Merci quand même de m'avoir répondu.
Ce fut un vrai plaisir, à la fois instructif et intéressant.

je me suis demandé ce qu'il valait mieux : présenter les premières lignes, ou bien un extrait qui, tout en ne donnant pas trop d'informations (pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte aux lecteurs), donne envie d'en savoir plus. le début a déjà été diffusé lors de la sortie du livre, j'ai donc opté pour un extrait un peu plus choc, histoire de faire savoir, à la fois aux amateurs de violence qu'ils ne seraient pas déçu, et à ceux qui n'aiment pas ça que ça ne valait pas le coup pour eux d'acheter mon bouquin.
d'autre part, par nature, un extrait me semble plutôt détaché de son contexte, je ne vois pas bien comment faire autrement...

Essaie d'imaginer quel extrait tu choisirais chez ton auteur préféré pour illustrer ce qui te plaît le plus chez lui, et fais la même chose pour toi.
Cela peut être une façon de décrire, une tournure d'esprit, un sens de la répartie...
Je ne dis pas que ce soit simple.

bonne idée.
d'un autre côté, je ne suis pas mon auteur préféré.
bon, c'est vrai que je pourrais extraire mon passage préféré de sexe connexion.
mais, est-ce que mon passage préféré est le plus représentatif ? est-ce que le lire avant le reste ne gâchera pas l'intrigue ?
bref.
de toute façon, je compte en balancer un autre d'ici une semaine, on verra bien ce que tu en penses.
tu lis beaucoup de roman noir ?