Pages tristes
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Pages tristes
Aussitôt dit, aussitôt fait, je vous poste un poème que j'aime plutôt bien. Je vous le mets quatre fois (mais non que je suis pas chiante, mais non !) avec les transformations successives au cours des mois. La dernière mouture se trouve donc en dernière place (elle date de ce matin). Comme vous le voyez, c'est surtout le deuxième quatrain qui me pose problème. Et après autant de réflexions, je n'en suis toujours pas satisfaite. Quand au côté purement "règles classiques", je pense que les rimes CCDD ne sont pas autorisées (le même son, d'abord masculin puis féminin), mais bon, pour le coup ça me plait ainsi. Par contre, si vous voyez d'autres erreurs classiques, vous pouvez me les signaler. Ainsi que toutes autres choses qui vous paraîtraient maladroites ou inopportunes.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre abandonné tout près d'un vieux bouleau
Agitant sa ramure en un sombre tableau
Qui décore un caveau d'une aile inanimée.
L'encre s’abîme et coule, une unique traînée
Qui se démultiplie, effet malin de l'eau.
La nuit vient sur les mots, y glissant son rouleau
Et son coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
_______________________________________________________
Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s'abime et coule, une unique trainée
Qui se démultiplie et puis qui disparaît
Tandis que la nuit vient, barre les mots d'un trait
Et son coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s'abime et coule, une unique trainée,
Tandis que la nuit vient, barre les mots d'un trait,
Engloutissant le noir d'une oeuvre sans attrait
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s’abîme et coule, une unique traînée,
Engloutissant les mots, les rayant de son trait,
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
Ma maison, à côté, jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Un livre abandonné tout près d'un vieux bouleau
Agitant sa ramure en un sombre tableau
Qui décore un caveau d'une aile inanimée.
L'encre s’abîme et coule, une unique traînée
Qui se démultiplie, effet malin de l'eau.
La nuit vient sur les mots, y glissant son rouleau
Et son coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s'abime et coule, une unique trainée
Qui se démultiplie et puis qui disparaît
Tandis que la nuit vient, barre les mots d'un trait
Et son coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s'abime et coule, une unique trainée,
Tandis que la nuit vient, barre les mots d'un trait,
Engloutissant le noir d'une oeuvre sans attrait
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
A coté, ma maison jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
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Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'encre s’abîme et coule, une unique traînée,
Engloutissant les mots, les rayant de son trait,
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
Ma maison, à côté, jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but, sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Dernière édition par Catherine Robert le Lun 20 Mai 2024 - 15:38, édité 2 fois
Re: Pages tristes
Un poème qui porte bien son nom, Cathy.
On voit bien l'évolution entre les différentes versions et si je dois en retenir une, je garderais la 3e, qui selon moi fait le plus de sens. Mais je préfère "ma maison, à coté" que "à coté ma maison".
En tous cas c'est un très beau poème, sombre mais élégant. Nice work !
On voit bien l'évolution entre les différentes versions et si je dois en retenir une, je garderais la 3e, qui selon moi fait le plus de sens. Mais je préfère "ma maison, à coté" que "à coté ma maison".
En tous cas c'est un très beau poème, sombre mais élégant. Nice work !
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Pages tristes
J'aime bien le début : le thème, l'idée est forte... mais je ne saurais pas t'aider n'ayant aucune pratique de la poésie.
Pareille ? Ce ne serait pas pareil plutôt ?
En effet le passage de l'encre qui raye les mots est un peu contradictoire car l'eau les efface ? Engloutissant ? Peut-être Absorbant les mots ...( mais il manque 1 pied ) Effaçant ( même chose manque 1 pied ! )
Question : C'est la nuit qui raye les mots ou l'encre ou la pluie ? Plutôt qui lave ( si c'est la pluie ) Liquidant son secret ?
Absorbant les mots en liquidant son secret ?
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait : Tragique exécuteur d'une œuvre sans attrait ?
Ma maison, à côté : Domicile de moi-même ?
Je sais pas, j'ai essayé !
Pareille ? Ce ne serait pas pareil plutôt ?
En effet le passage de l'encre qui raye les mots est un peu contradictoire car l'eau les efface ? Engloutissant ? Peut-être Absorbant les mots ...( mais il manque 1 pied ) Effaçant ( même chose manque 1 pied ! )
Question : C'est la nuit qui raye les mots ou l'encre ou la pluie ? Plutôt qui lave ( si c'est la pluie ) Liquidant son secret ?
Absorbant les mots en liquidant son secret ?
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait : Tragique exécuteur d'une œuvre sans attrait ?
Ma maison, à côté : Domicile de moi-même ?
Je sais pas, j'ai essayé !
Re: Pages tristes
heu... bonsoir. Je peux entrer ? Juste pour parler boutique.
Sur un plan général :
- les rimes du sonnet régulier se présentent ainsi : ABBA ABBA CCD EDE. La forme EED est dite irrégulière. Je n'ai jamais bien compris pourquoi puisque Ronsard ou du Bellay, au XVIème, utilisaient déjà indifféremment les deux comme les poètes du XIXème ("le dormeur du val" de Rimbaud est en EED). Le sonnet étant une forme importée d'Italie à la Renaissance, peut-être faut-il en chercher la raison du côté de Pétrarque, mais, entre nous, on s'en fiche un peu. La plupart des concours admettent les deux formes, sinon c'est précisé dans le règlement.
- Les rimes riches, c'est bien, mais pousser l'identique jusque dans l'orthographe, c'est pousser le perfectionnisme un peu loin. C'est déjà assez compliqué comme ça, inutile de s'imposer des chaînes supplémentaires. Je dis ça parce que, dans ces "pages tristes", tu pourrais faire rimer "solitaire" avec "terre", "panthère", "haltère" ou autres, mais j'ai bien peur qu'à vouloir t'accrocher à tout prix à ce "taire", je vois mal comment tu pourrais t'en sortir.
Bon, on jette un oeil sur le texte ?
D'abord, un survol d'ensemble :
Le thème général est assez proche du vieil arbre.
- Premier quatrain, tu places tes pièces sur l'échiquier : la pluie, un livre abandonné, un arbre, un caveau.
- Quatrain 2, action : la pluie délaye l'encre et les mots du livre et, comme c'est un peu limité en mouvement, tu as du mal à meubler.
- Tercet 1 (c'est mon passage préféré), petite pause : un observateur (la maison) s'insinue dans le décor et la pluie s'arrête (forcé, si elle projette une ombre, c'est que le soleil est de retour)
- Tercet 2, un cafard vient jouer les fossoyeurs pour parachever l'enterrement.
Entrons un peu dans le détail (celui de la dernière version) :
Passons sur l'enfilade des 8 premières rimes sur le son é -ça tu le sais déjà -. Ce n'est pas le plus heureux mais rien ne s'y oppose, et sur un thème aussi sombre, ca renforcerait même l'aspect lugubre.
-Quatrain 1/
Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Tu as renoncé à "abandonné" à cause de l'écho, d'accord. "D'un livre à l'abandon" ferait peut-être plus naturel mais ça va davantage dans le sens de "négligé". "En abandon" est plus fort. On peut aussi envisager "sous un" au lieu de "près d'un"... vétilles.
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Portrait/ image fixe, Agitant/ mouvement. Il faudrait un participe présent plus en accord (étalant, répandant, découpant, etc.)
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'aile ivre fait un peu fantaisiste. "De son aile fanée" ne suffirait pas ?
-Quatrain 2/
Là, tu n'es pas sortie de l'auberge !
L'encre s'abîme et coule, une unique traînée.
"Unique" est un adjectif neutre qui n'apporte rien. Si tu as un blanc à meubler, mets de la couleur (pâle, mauve, blême) ou de l'ambiance (morne, glauque, etc).
Engloutissant les mots,
"En diluant" serait plus précis.
les rayant de son trait,
Une encre délavée ne peut ni rayer, ni faire des traits.
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait
S'il y a un bourreau, c'est la pluie, pas l'encre. Et désignée par qui ou quoi ?
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
Difficile d'accumuler plus de poncifsen un seul alexandrin.Que te conseiller ? Hormis le premier vers où seul un adjectif est à revoir, les trois autres sont à remanier en profondeur. Une piste ? Remplace "damnée" par "condamnée" en restant centrée sur l'oeuvre. Tu devrais trouver une solution... Si j'en ai une ? Peut-être... Voyons d'abord comment tu te sortiras de ce traquenard.
Tercet 1/
Ma maison, à côté,
A côté du cimetière, d'accord.
jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers,
EN travers. Une ombre projetée ne peut pas traverser un tombeau mais elle peut se coucher dessus.
Et, pareille au recueil, elle attend, solitaire.
Qu'attend-elle ? Au fond, qu'importe ?
J'aime bien ce tercet où l'auteur fait une apparition (ma maison) tandis que le soleil perce les nuages. On l'imagine, accoudée à sa fenêtre, laissant errer son regard sur le cimetière... Si,si, excellent.
Tercet 2/
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but
S'il erre, c'est qu'il n'a pas de but, et s'il n'a pas de but, c'est qu'il est égaré. Franchement, tu es contente de toi, là ? Un cafard, c'est tout noir. Profites-en. Joue sur sa couleur.
sur l'espoir rédigé
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
La chute, dans un sonnet, c'est l'impulsion finale, celle qui doit cristalliser l'émotion distillée tout au long du texte pour emporter celle du lecteur. "Retour d'absolu" par exemple, a été composé à partir de la chute. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut l'écrire à l'envers mais qu'il vaut mieux démarrer en ayant une idée précise de ce qu'on cherche à atteindre. On a une boussole, on peut prendre des repères, on se disperse moins, et surtout on y gagne en efficacité. Essaie de faire ça pour ton prochain sonnet et on en reparlera.
Ici, la chute est faible parce qu'elle arrive tant bien que mal après tous les autres vers et qu'il faut bien conclure d'une façon ou d'une autre, ce qui la rend hésitante et peu intelligible : Les sonnets sont effacés depuis le second quatrains, quant à se taire, ils sont muets depuis le début. Non, si tu veux sauver quelque chose, il te faut changer le fusil d'épaule, trouver quelque chose qui marque la dilution finale de l'oeuvre et, dans cet optique, je pense que le mot "terre" (parce qu'elle boit ou qu'elle recèle des flaques) présent un potentiel plus riche que le verbe "taire".
Bon, je te laisse. J'espère t'avoir donné matière à méditer.
Bon courage.
Jack
Sur un plan général :
- les rimes du sonnet régulier se présentent ainsi : ABBA ABBA CCD EDE. La forme EED est dite irrégulière. Je n'ai jamais bien compris pourquoi puisque Ronsard ou du Bellay, au XVIème, utilisaient déjà indifféremment les deux comme les poètes du XIXème ("le dormeur du val" de Rimbaud est en EED). Le sonnet étant une forme importée d'Italie à la Renaissance, peut-être faut-il en chercher la raison du côté de Pétrarque, mais, entre nous, on s'en fiche un peu. La plupart des concours admettent les deux formes, sinon c'est précisé dans le règlement.
- Les rimes riches, c'est bien, mais pousser l'identique jusque dans l'orthographe, c'est pousser le perfectionnisme un peu loin. C'est déjà assez compliqué comme ça, inutile de s'imposer des chaînes supplémentaires. Je dis ça parce que, dans ces "pages tristes", tu pourrais faire rimer "solitaire" avec "terre", "panthère", "haltère" ou autres, mais j'ai bien peur qu'à vouloir t'accrocher à tout prix à ce "taire", je vois mal comment tu pourrais t'en sortir.
Bon, on jette un oeil sur le texte ?
D'abord, un survol d'ensemble :
Le thème général est assez proche du vieil arbre.
- Premier quatrain, tu places tes pièces sur l'échiquier : la pluie, un livre abandonné, un arbre, un caveau.
- Quatrain 2, action : la pluie délaye l'encre et les mots du livre et, comme c'est un peu limité en mouvement, tu as du mal à meubler.
- Tercet 1 (c'est mon passage préféré), petite pause : un observateur (la maison) s'insinue dans le décor et la pluie s'arrête (forcé, si elle projette une ombre, c'est que le soleil est de retour)
- Tercet 2, un cafard vient jouer les fossoyeurs pour parachever l'enterrement.
Entrons un peu dans le détail (celui de la dernière version) :
Passons sur l'enfilade des 8 premières rimes sur le son é -ça tu le sais déjà -. Ce n'est pas le plus heureux mais rien ne s'y oppose, et sur un thème aussi sombre, ca renforcerait même l'aspect lugubre.
-Quatrain 1/
Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon près d'un vieux chêne abstrait
Tu as renoncé à "abandonné" à cause de l'écho, d'accord. "D'un livre à l'abandon" ferait peut-être plus naturel mais ça va davantage dans le sens de "négligé". "En abandon" est plus fort. On peut aussi envisager "sous un" au lieu de "près d'un"... vétilles.
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Portrait/ image fixe, Agitant/ mouvement. Il faudrait un participe présent plus en accord (étalant, répandant, découpant, etc.)
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
L'aile ivre fait un peu fantaisiste. "De son aile fanée" ne suffirait pas ?
-Quatrain 2/
Là, tu n'es pas sortie de l'auberge !
L'encre s'abîme et coule, une unique traînée.
"Unique" est un adjectif neutre qui n'apporte rien. Si tu as un blanc à meubler, mets de la couleur (pâle, mauve, blême) ou de l'ambiance (morne, glauque, etc).
Engloutissant les mots,
"En diluant" serait plus précis.
les rayant de son trait,
Une encre délavée ne peut ni rayer, ni faire des traits.
Désignée en bourreau d'une oeuvre sans attrait
S'il y a un bourreau, c'est la pluie, pas l'encre. Et désignée par qui ou quoi ?
Dont le coeur souffre, amer, telle une âme damnée.
Difficile d'accumuler plus de poncifsen un seul alexandrin.Que te conseiller ? Hormis le premier vers où seul un adjectif est à revoir, les trois autres sont à remanier en profondeur. Une piste ? Remplace "damnée" par "condamnée" en restant centrée sur l'oeuvre. Tu devrais trouver une solution... Si j'en ai une ? Peut-être... Voyons d'abord comment tu te sortiras de ce traquenard.
Tercet 1/
Ma maison, à côté,
A côté du cimetière, d'accord.
jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers,
EN travers. Une ombre projetée ne peut pas traverser un tombeau mais elle peut se coucher dessus.
Et, pareille au recueil, elle attend, solitaire.
Qu'attend-elle ? Au fond, qu'importe ?
J'aime bien ce tercet où l'auteur fait une apparition (ma maison) tandis que le soleil perce les nuages. On l'imagine, accoudée à sa fenêtre, laissant errer son regard sur le cimetière... Si,si, excellent.
Tercet 2/
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre, égaré, sans but
S'il erre, c'est qu'il n'a pas de but, et s'il n'a pas de but, c'est qu'il est égaré. Franchement, tu es contente de toi, là ? Un cafard, c'est tout noir. Profites-en. Joue sur sa couleur.
sur l'espoir rédigé
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
La chute, dans un sonnet, c'est l'impulsion finale, celle qui doit cristalliser l'émotion distillée tout au long du texte pour emporter celle du lecteur. "Retour d'absolu" par exemple, a été composé à partir de la chute. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut l'écrire à l'envers mais qu'il vaut mieux démarrer en ayant une idée précise de ce qu'on cherche à atteindre. On a une boussole, on peut prendre des repères, on se disperse moins, et surtout on y gagne en efficacité. Essaie de faire ça pour ton prochain sonnet et on en reparlera.
Ici, la chute est faible parce qu'elle arrive tant bien que mal après tous les autres vers et qu'il faut bien conclure d'une façon ou d'une autre, ce qui la rend hésitante et peu intelligible : Les sonnets sont effacés depuis le second quatrains, quant à se taire, ils sont muets depuis le début. Non, si tu veux sauver quelque chose, il te faut changer le fusil d'épaule, trouver quelque chose qui marque la dilution finale de l'oeuvre et, dans cet optique, je pense que le mot "terre" (parce qu'elle boit ou qu'elle recèle des flaques) présent un potentiel plus riche que le verbe "taire".
Bon, je te laisse. J'espère t'avoir donné matière à méditer.
Bon courage.
Jack
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Pages tristes
Impeccable leçon Jack ! J'ai appris beaucoup sur la construction d'un sonnet ( ce que je savais d'intuition, c'est tout ou à peu près ).
Re: Pages tristes
Merci vous trois.
Alors reprenons dans l'ordre.
Tak : je n'aime aucune des versions lol ! Bon, c'est un peu exagéré, c'est surtout que je n'aime aucune des versions du deuxième quatrain. Autrement, je préférais "à côté ma maison" que l'inversion, mais cette inversion me permettait d'éviter de mettre ma césure entre le sujet et le verbe et n'est pas mauvaise.
Françoise : pour "pareille" c'est bien juste puisque cela qualifie la maison. Pour le deuxième quatrain, je dois vraiment le reprendre. La maison est bien le domicile de moi-même.
Jack : pfiouu !!! un long commentaire. Je suis d'accord avec plusieurs points que tu soulèves et puis je m'en vais en défendre d'autres.
- Pour le CCD EED ou CCD EDE, comme les deux sont la plupart du temps acceptées, j'utilise les deux suivant les poèmes. Bien que personnellement, si je devais en choisir une comme l'officielle (un avis tout à fait perso) ce serait la deuxième qui donnerait au sonnet les trois sortes de rimes, d'abord embrassées, puis suivies et pour terminer croisées. Mais bon, c'est pas important.
- Pour mon obsession sur les rimes, c'est vrai, je tiens à avoir la rime pour l'oreille et la rime pour l'oeil. Pourquoi ? Bah, c'est un petit tic déjà et puis il faut dire que je n'arrive pas à retenir ce qui est permis avec les rimes, sans oublier, que tout le monde n'est pas toujours d'accord. Donc, pour éviter des erreurs, je fais des rimes pour l'oeil. Ça complique souvent beaucoup le bazar, je te l'accorde.
Pour le général, je réfute juste une chose. Pour moi l'ombre n'est pas synonyme d'arrêt de la pluie. Je dois dire que je n'avais même pas songé que la pluie s'était arrêtée. Il peut pleuvoir avec du soleil. Mais surtout, le soleil n'est pas la seule source de lumière capable de former des ombres.
Pour le détail
- Je réfute aussi ton point de vue sur mon enfilade de "é" pour les huit premiers vers. Il s'agit de quatre rimes en "ée" et quatre rimes en "è", deux sons différents même si proches.
Quatrain 1
Je préfère effectivement "en abandon" je trouve que "en" marque mieux l'état d'abandon. Par contre, "sous un" est plus joli, je suis entièrement d'accord. Ça me serait sûrement venu à un moment ou un autre.
Agitant sa ramure en un sombre portrait
J'aime bien justement la contradiction entre le côté immobile normalement d'un portrait et le mouvement de "agitant", ce qui implique un nouvel élément en plus de la pluie, le vent. C'était censé surtout suggérer cela.
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
A la base, je préférais nettement "l'aile inanimée" mais je me suis rendue compte de mon erreur de rimes, j'ai donc transformé. L'aile ivre devait renforcer l'idée du vent suggérée par "agitant". "Ivre" a de plus un côté qui bouge un peu n'importe comment, qui ne va pas droit, un mouvement pas très net (là, je m'explique pas très bien ). Je dois dire que j'aime bien ce qu'évoque "ivre". Ivre et fanée sont de plus un peu en contradiction, l'un implique un mouvement, l'autre la mort donc l'arrêt du mouvement, j'aime cette contradiction qui s'ajoute à celle du portrait en mouvement.
Quatrain 2
Je pense que je dois complètement refaire ce quatrain, rien ne va dedans et ce depuis la première version. Je dois donc l'oublier et en recréer un. Mais c'est parfois difficile d'oublier. De toute façon, je sais que je ne le laisserai pas comme ça.
Tercet 1
Je ne suis pas d'accord, "au travers" me semble juste car cela ne veut pas forcément dire que l'ombre travers le volume, elle traverse juste la surface. Si tu dessines un carré et que tu traces une ligne de part en part, la ligne passe au travers du carré. Enfin, je pense.
Tercet 2
Erre, égaré, sans but
Non, non, je ne suis pas contente. Ce morceau de vers ne me plait pas depuis le début aussi (moins grave que mon deuxième quatrain quand même, mais je le sens faible). Mais je viens d'avoir une idée pour le transformer. Je pense à mettre "erre en habits de deuil".
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Marrant, je l'aimais bien moi mon vers final. Les sonnets s'effacent sous l'effet de la pluie, ils meurent donc et puisqu'ils meurent ils se taisent, ils y sont condamnés. Maintenant, il est vrai que j'avais déjà parlé de l'effacement dans le deuxième quatrain (mais celui-ci étant voué à disparaître avant retransformation, l'effacement n'y sera plus mentionné). Les sonnets ne sont pas muets depuis le début, tant qu'ils sont lisibles, ils sont parlants, il suffit que quelqu'un retrouve le recueil. Par contre, l'effacement les rend muets, les tue. Et puis terminer sur le mot "taire" et me taire puisque le poème est fini, je trouvais ça pas mal. Plus rien à dire, tout comme le livre du poème.
Alors reprenons dans l'ordre.
Tak : je n'aime aucune des versions lol ! Bon, c'est un peu exagéré, c'est surtout que je n'aime aucune des versions du deuxième quatrain. Autrement, je préférais "à côté ma maison" que l'inversion, mais cette inversion me permettait d'éviter de mettre ma césure entre le sujet et le verbe et n'est pas mauvaise.
Françoise : pour "pareille" c'est bien juste puisque cela qualifie la maison. Pour le deuxième quatrain, je dois vraiment le reprendre. La maison est bien le domicile de moi-même.
Jack : pfiouu !!! un long commentaire. Je suis d'accord avec plusieurs points que tu soulèves et puis je m'en vais en défendre d'autres.
- Pour le CCD EED ou CCD EDE, comme les deux sont la plupart du temps acceptées, j'utilise les deux suivant les poèmes. Bien que personnellement, si je devais en choisir une comme l'officielle (un avis tout à fait perso) ce serait la deuxième qui donnerait au sonnet les trois sortes de rimes, d'abord embrassées, puis suivies et pour terminer croisées. Mais bon, c'est pas important.
- Pour mon obsession sur les rimes, c'est vrai, je tiens à avoir la rime pour l'oreille et la rime pour l'oeil. Pourquoi ? Bah, c'est un petit tic déjà et puis il faut dire que je n'arrive pas à retenir ce qui est permis avec les rimes, sans oublier, que tout le monde n'est pas toujours d'accord. Donc, pour éviter des erreurs, je fais des rimes pour l'oeil. Ça complique souvent beaucoup le bazar, je te l'accorde.
Pour le général, je réfute juste une chose. Pour moi l'ombre n'est pas synonyme d'arrêt de la pluie. Je dois dire que je n'avais même pas songé que la pluie s'était arrêtée. Il peut pleuvoir avec du soleil. Mais surtout, le soleil n'est pas la seule source de lumière capable de former des ombres.
Pour le détail
- Je réfute aussi ton point de vue sur mon enfilade de "é" pour les huit premiers vers. Il s'agit de quatre rimes en "ée" et quatre rimes en "è", deux sons différents même si proches.
Quatrain 1
Je préfère effectivement "en abandon" je trouve que "en" marque mieux l'état d'abandon. Par contre, "sous un" est plus joli, je suis entièrement d'accord. Ça me serait sûrement venu à un moment ou un autre.
Agitant sa ramure en un sombre portrait
J'aime bien justement la contradiction entre le côté immobile normalement d'un portrait et le mouvement de "agitant", ce qui implique un nouvel élément en plus de la pluie, le vent. C'était censé surtout suggérer cela.
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
A la base, je préférais nettement "l'aile inanimée" mais je me suis rendue compte de mon erreur de rimes, j'ai donc transformé. L'aile ivre devait renforcer l'idée du vent suggérée par "agitant". "Ivre" a de plus un côté qui bouge un peu n'importe comment, qui ne va pas droit, un mouvement pas très net (là, je m'explique pas très bien ). Je dois dire que j'aime bien ce qu'évoque "ivre". Ivre et fanée sont de plus un peu en contradiction, l'un implique un mouvement, l'autre la mort donc l'arrêt du mouvement, j'aime cette contradiction qui s'ajoute à celle du portrait en mouvement.
Quatrain 2
Je pense que je dois complètement refaire ce quatrain, rien ne va dedans et ce depuis la première version. Je dois donc l'oublier et en recréer un. Mais c'est parfois difficile d'oublier. De toute façon, je sais que je ne le laisserai pas comme ça.
Tercet 1
Je ne suis pas d'accord, "au travers" me semble juste car cela ne veut pas forcément dire que l'ombre travers le volume, elle traverse juste la surface. Si tu dessines un carré et que tu traces une ligne de part en part, la ligne passe au travers du carré. Enfin, je pense.
Tercet 2
Erre, égaré, sans but
Non, non, je ne suis pas contente. Ce morceau de vers ne me plait pas depuis le début aussi (moins grave que mon deuxième quatrain quand même, mais je le sens faible). Mais je viens d'avoir une idée pour le transformer. Je pense à mettre "erre en habits de deuil".
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Marrant, je l'aimais bien moi mon vers final. Les sonnets s'effacent sous l'effet de la pluie, ils meurent donc et puisqu'ils meurent ils se taisent, ils y sont condamnés. Maintenant, il est vrai que j'avais déjà parlé de l'effacement dans le deuxième quatrain (mais celui-ci étant voué à disparaître avant retransformation, l'effacement n'y sera plus mentionné). Les sonnets ne sont pas muets depuis le début, tant qu'ils sont lisibles, ils sont parlants, il suffit que quelqu'un retrouve le recueil. Par contre, l'effacement les rend muets, les tue. Et puis terminer sur le mot "taire" et me taire puisque le poème est fini, je trouvais ça pas mal. Plus rien à dire, tout comme le livre du poème.
Re: Pages tristes
Catherine, excuse-moi de t'avoir négligée (un petit truc à mettre au point avec Max à propos de ma "sirène", rien d'important mais qui m'a pris un peu de temps).
Je ne te perds pas de vue mais, comme je suis plutôt lent à écrire, j'ai un peu de mal à tenir le rythme.
En tout cas, ta réponse détaillée à mes arguments m'a révélé une chose que j'ai, de toute évidence, mésestimée chez toi : c'est la somme impressionnante de travail et réflexion qu'il y a derrière chacun de tes textes. A ce point, non, je ne m'y attendais pas. C'est un nouveau paramètre que je dois prendre en compte.
Je repasse dès que possible.
Amitiés.
Je ne te perds pas de vue mais, comme je suis plutôt lent à écrire, j'ai un peu de mal à tenir le rythme.
En tout cas, ta réponse détaillée à mes arguments m'a révélé une chose que j'ai, de toute évidence, mésestimée chez toi : c'est la somme impressionnante de travail et réflexion qu'il y a derrière chacun de tes textes. A ce point, non, je ne m'y attendais pas. C'est un nouveau paramètre que je dois prendre en compte.
Je repasse dès que possible.
Amitiés.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Pages tristes
Y a pas de problème Jack. On a tout le temps qu'on veut et autant le prendre.
Une somme considérable de travail ? Je ne sais pas. J'ai jamais eu l'impression d'énormément travailler pour écrire un poème. Mais, d'un autre côté, c'est une impression fausse.
J'écris plutôt vite le premier jet. Parfois (dans mes grands moments d'inspiration), ce premier jet est à peine retouché, d'autres fois, ce premier jet devrait être retouché, mais ne l'est pas (oui, oui, je suis un peu fainéante ) et d'autres fois, je retravaille énormément un poème (mais ce n'est pas le cas le plus fréquent).
Pour celui-ci, je l'ai déjà beaucoup repensé depuis la première version, parce que je l'aime bien, j'aime bien les images qu'il dégage. La plupart des mots ont une raison (je ne parle pas du deuxième quatrain, j'en ai encore une nouvelle version d'ailleurs) bien que j'avoue sans problème qu'il peut y avoir quelques petites facilités. Le tout dernier vers, même si j'apprécie sa deuxième moitié et qu'elle a pour moi un sens, je n'apprécie pas trop sa première moitié, même si elle a un sens. Il y a quelque chose qui me gêne. Je trouverai un jour ou l'autre quelque chose qui me plaira mieux.
En attendant voici la dernière version de ce sonnet qui m'aura fait suer. Le deuxième quatrain est maintenant totalement différent. Est-il mieux ? Je pense qu'il est un peu mieux.
Une somme considérable de travail ? Je ne sais pas. J'ai jamais eu l'impression d'énormément travailler pour écrire un poème. Mais, d'un autre côté, c'est une impression fausse.
J'écris plutôt vite le premier jet. Parfois (dans mes grands moments d'inspiration), ce premier jet est à peine retouché, d'autres fois, ce premier jet devrait être retouché, mais ne l'est pas (oui, oui, je suis un peu fainéante ) et d'autres fois, je retravaille énormément un poème (mais ce n'est pas le cas le plus fréquent).
Pour celui-ci, je l'ai déjà beaucoup repensé depuis la première version, parce que je l'aime bien, j'aime bien les images qu'il dégage. La plupart des mots ont une raison (je ne parle pas du deuxième quatrain, j'en ai encore une nouvelle version d'ailleurs) bien que j'avoue sans problème qu'il peut y avoir quelques petites facilités. Le tout dernier vers, même si j'apprécie sa deuxième moitié et qu'elle a pour moi un sens, je n'apprécie pas trop sa première moitié, même si elle a un sens. Il y a quelque chose qui me gêne. Je trouverai un jour ou l'autre quelque chose qui me plaira mieux.
En attendant voici la dernière version de ce sonnet qui m'aura fait suer. Le deuxième quatrain est maintenant totalement différent. Est-il mieux ? Je pense qu'il est un peu mieux.
Une averse éclabousse une page écornée,
Un livre en abandon sous un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
Et résonne, lugubre, un cruel hyménée,
Unissant l'encre et l'eau par l'erreur d'un distrait,
Tandis qu'un feu follet, blafard et sans attrait
Célèbre de son chant la noce abominée.
Ma maison, à côté, jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre en habits de deuil sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Un livre en abandon sous un vieux chêne abstrait
Agitant sa ramure en un sombre portrait
Qui décore un caveau d'une aile ivre et fanée.
Et résonne, lugubre, un cruel hyménée,
Unissant l'encre et l'eau par l'erreur d'un distrait,
Tandis qu'un feu follet, blafard et sans attrait
Célèbre de son chant la noce abominée.
Ma maison, à côté, jette une ombre au travers
De ces tristes tombeaux envahis par les vers
Et pareille au recueil, elle attend solitaire.
A l'instar du poète, un cafard affligé
Erre en habits de deuil sur l'espoir rédigé,
Ses sonnets s'effaçant, n'ayant plus qu'à se taire.
Re: Pages tristes
Hé, tu t'en est plutôt bien sortie.
Je ne reviendrai pas sur le détail de ce qui m'apparaissait comme des maladresses ou des approximations. Celles-ci reposent à l'évidence sur des choix mûrement pensés et réfléchis, d'où il s'ensuit que ma vision était erronée. Sont-ils les meilleurs ? C'est une autre question, mais ce sont les tiens et je me dois de les respecter comme tels.
La nouvelle version du second quatrain est nettement plus réussie que les précédentes. L'introduction d'un feu-follet est une bonne trouvaille qui enrichit et rehausse sensiblement la deuxième partie. Avant, je t'aurais probablement fait remarquer qu'un feu-follet danse plus qu'il ne chante, et peut-être même que je me serais laissé aller à te suggérer "parodie en dansant" au lieu de "célèbre de son chant", mais depuis que je connais ton goût pour les images à effets contrastés, je trouve que ce dernier, finalement, n'est pas mal venu du tout.
A titre de curiosité, voici une version que j'avais esquissée pour le second quatrain :
"L'encre s'abîme et coule, une mauve traînée,
En diluant les mots, l'élégance du trait,
Achève le déclin d'une oeuvre sans attrait,
Peut-être jamais lue et pourtant condamnée."
Elle est plus fluide mais la tienne est autrement plus riche.
Dans le dernier tercet, ton cafard a bien meilleure allure à "errer en habits de deuil", bien plus chic même que celui que j'avais vu, qui se contentait de "promener sa noirceur". Là, il n'y a pas photo. (Il me semble que la garde-robe a resservi dans "le vieil homme et l'arbre".)
Enfin, pour le début de la chute, le plus simple, à mon sens, serait de garder le verbe "effacer" en le raccrochant à la fin du vers précédent. Quelque chose comme : "... sur l'espoir rédigé / Qui s'efface (...), n'ayant plus qu'à se taire." Mais ce n'est qu'une suggestion.
En tout cas, je te remercie pour le temps que tu as consacré à me répondre. Je commence à me faire une idée un peu plus précise de la façon dont tu fonctionnes (créativement, j'entends). Tu as une bonne maîtrise de la langue, de l'imagination, tu ne rechignes pas à remettre l'ouvrage sur le métier, tu n'as pas peur d'ouvrir un dico et, surtout, tu possèdes une chose précieuse qui ne s'apprend pas : le sens des images. Honnêtement, je pense que tes qualités poétiques y gagneraient énormément en travaillant un peu moins la rigueur au profit de la musicalité, en essayant, par exemple, pour toi qui connais Baudelaire, de te rapprocher du style "Harmonie du soir" : "Voici venir le temps où vibrant sur sa tige, / chaque fleur s'évapore..." Tu vois ce que je veux dire. Mais, bon, c'est toi qui vois...
Je te souhaite le bonsoir.
Je ne reviendrai pas sur le détail de ce qui m'apparaissait comme des maladresses ou des approximations. Celles-ci reposent à l'évidence sur des choix mûrement pensés et réfléchis, d'où il s'ensuit que ma vision était erronée. Sont-ils les meilleurs ? C'est une autre question, mais ce sont les tiens et je me dois de les respecter comme tels.
La nouvelle version du second quatrain est nettement plus réussie que les précédentes. L'introduction d'un feu-follet est une bonne trouvaille qui enrichit et rehausse sensiblement la deuxième partie. Avant, je t'aurais probablement fait remarquer qu'un feu-follet danse plus qu'il ne chante, et peut-être même que je me serais laissé aller à te suggérer "parodie en dansant" au lieu de "célèbre de son chant", mais depuis que je connais ton goût pour les images à effets contrastés, je trouve que ce dernier, finalement, n'est pas mal venu du tout.
A titre de curiosité, voici une version que j'avais esquissée pour le second quatrain :
"L'encre s'abîme et coule, une mauve traînée,
En diluant les mots, l'élégance du trait,
Achève le déclin d'une oeuvre sans attrait,
Peut-être jamais lue et pourtant condamnée."
Elle est plus fluide mais la tienne est autrement plus riche.
Dans le dernier tercet, ton cafard a bien meilleure allure à "errer en habits de deuil", bien plus chic même que celui que j'avais vu, qui se contentait de "promener sa noirceur". Là, il n'y a pas photo. (Il me semble que la garde-robe a resservi dans "le vieil homme et l'arbre".)
Enfin, pour le début de la chute, le plus simple, à mon sens, serait de garder le verbe "effacer" en le raccrochant à la fin du vers précédent. Quelque chose comme : "... sur l'espoir rédigé / Qui s'efface (...), n'ayant plus qu'à se taire." Mais ce n'est qu'une suggestion.
En tout cas, je te remercie pour le temps que tu as consacré à me répondre. Je commence à me faire une idée un peu plus précise de la façon dont tu fonctionnes (créativement, j'entends). Tu as une bonne maîtrise de la langue, de l'imagination, tu ne rechignes pas à remettre l'ouvrage sur le métier, tu n'as pas peur d'ouvrir un dico et, surtout, tu possèdes une chose précieuse qui ne s'apprend pas : le sens des images. Honnêtement, je pense que tes qualités poétiques y gagneraient énormément en travaillant un peu moins la rigueur au profit de la musicalité, en essayant, par exemple, pour toi qui connais Baudelaire, de te rapprocher du style "Harmonie du soir" : "Voici venir le temps où vibrant sur sa tige, / chaque fleur s'évapore..." Tu vois ce que je veux dire. Mais, bon, c'est toi qui vois...
Je te souhaite le bonsoir.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Localisation : Narbonne
Re: Pages tristes
Voilà des échanges constructifs qui feront grand bien à Catherine, j'en suis certain.
Re: Pages tristes
Il est même certain que mes choix ne sont pas les meilleurs, mais comme tu le dis, ce sont les miens et je dois dire que mon poème commence à vraiment me plaire (et y en a pas beaucoup de mes poèmes qui me plaisent vraiment).
Pour le feu follet, hihihi, effectivement, j'aime bien la contradiction encore une fois. Pourtant, je ne l'ai pas faite exprès (je fais rarement exprès^^).
Ta version du deuxième quatrain basée sur le fond qui me faisait ch*** depuis des mois est bien mieux que ce que j'avais réussi à trouver.
Moi, après autant de temps à le tourner dans tous les sens, je me suis décidée à en faire quelque chose de totalement différent, c'était, pour moi, la meilleure solution. Je pense que si je n'arrivais pas à trouver quelque chose qui tienne la route pour ce quatrain, c'est que c'était un signe, il fallait autre chose.
Dans le deuxième tercet, en fait, j'ai recyclé ici les habits de deuil. Le vieil homme et l'arbre mort est déjà écrit depuis quelques temps. Jusque maintenant, je n'avais pas pensé à mettre des habits à mon cafard, mais j'ai hésité à le faire justement parce que j'avais utilisé la formule dans l'autre poème, j'aime pas trop me resservir de formules que j'ai déjà utilisée. Mais je trouve que ces habits lui vont bien à mon cafard, donc, pour une fois, c'est pas bien grave.
Me restera juste à peaufiner le dernier vers et j'aurai atteint le niveau maximum (ou pas loin) pour moi, mon style et mon talent.
Je suis d'accord avec toi, je devrais faire une pause dans le classicisme et travailler le rythme et la musicalité des vers, oublier un moment ce compte de pieds, cette obsession des rimes, cette traque de hiatus ou encore les voyelles à élider, etc. Ça va être difficile, il y a des habitudes dont on ne se défait pas facilement. J'ai toujours tendu vers le classique, dès le départ, même quand je ne connaissais que très peu des règles qui le régissent. Dès mes premiers poèmes vers mes 15 ans, je regardais mes rimes et mes pieds ainsi que la forme du poème. Alors envoyer valser tout ça, je ne suis pas sûre que j'y arrive.
Baudelaire, je ne le connais pas tant que ça (aucun poète d'ailleurs), je n'ai lu peut-être qu'une dizaine de poèmes de lui, mais le peu que j'ai lu, j'aime bien.
C'est moi qui te remercie Jack. Tes avis, suggestions et explications sont d'une grand richesse. Mais au-delà de ça, la discussion autour de mes poèmes me pousse à les revoir et à essayer de les améliorer.
Pour le feu follet, hihihi, effectivement, j'aime bien la contradiction encore une fois. Pourtant, je ne l'ai pas faite exprès (je fais rarement exprès^^).
Ta version du deuxième quatrain basée sur le fond qui me faisait ch*** depuis des mois est bien mieux que ce que j'avais réussi à trouver.
Moi, après autant de temps à le tourner dans tous les sens, je me suis décidée à en faire quelque chose de totalement différent, c'était, pour moi, la meilleure solution. Je pense que si je n'arrivais pas à trouver quelque chose qui tienne la route pour ce quatrain, c'est que c'était un signe, il fallait autre chose.
Dans le deuxième tercet, en fait, j'ai recyclé ici les habits de deuil. Le vieil homme et l'arbre mort est déjà écrit depuis quelques temps. Jusque maintenant, je n'avais pas pensé à mettre des habits à mon cafard, mais j'ai hésité à le faire justement parce que j'avais utilisé la formule dans l'autre poème, j'aime pas trop me resservir de formules que j'ai déjà utilisée. Mais je trouve que ces habits lui vont bien à mon cafard, donc, pour une fois, c'est pas bien grave.
Me restera juste à peaufiner le dernier vers et j'aurai atteint le niveau maximum (ou pas loin) pour moi, mon style et mon talent.
Nan, j'ai pas tout ça. Je maîtrise pas trop mal la langue (c'est à dire que j'ai le vocabulaire, la conjugaison, la grammaire, tout ça tout ça), mais je n'ai pas un style percutant. Je peux remettre un poème sur la table pour le retravailler, c'est vrai, mais je ne le fais pas si volontiers que ça, même si à partir du moment où je le soumets à la critique, je me décide en général à le ciseler enfin. Et je ne pense pas que j'ai le sens des images, je pense même que je ne l'ai quasi pas. Je dirais que mon style est très descriptif. Quand on regarde, je n'ai fait que la description d'un paysage, un instantané en quelque sorte. Par contre, les dico sont mes compagnons d'écriture. Dico général, dico des synonymes, dico des rimes, j'en bouffe et j'aime bien ça. J'adore découvrir de nouveaux mots au gré de mes recherches et j'adore aussi utiliser des mots vieillis, peu usités, voire même disparus (on me l'a déjà reproché d'ailleurs en d'autres lieux).Tu as une bonne maîtrise de la langue, de l'imagination, tu ne rechignes pas à remettre l'ouvrage sur le métier, tu n'as pas peur d'ouvrir un dico et, surtout, tu possèdes une chose précieuse qui ne s'apprend pas : le sens des images.
Je suis d'accord avec toi, je devrais faire une pause dans le classicisme et travailler le rythme et la musicalité des vers, oublier un moment ce compte de pieds, cette obsession des rimes, cette traque de hiatus ou encore les voyelles à élider, etc. Ça va être difficile, il y a des habitudes dont on ne se défait pas facilement. J'ai toujours tendu vers le classique, dès le départ, même quand je ne connaissais que très peu des règles qui le régissent. Dès mes premiers poèmes vers mes 15 ans, je regardais mes rimes et mes pieds ainsi que la forme du poème. Alors envoyer valser tout ça, je ne suis pas sûre que j'y arrive.
Baudelaire, je ne le connais pas tant que ça (aucun poète d'ailleurs), je n'ai lu peut-être qu'une dizaine de poèmes de lui, mais le peu que j'ai lu, j'aime bien.
C'est moi qui te remercie Jack. Tes avis, suggestions et explications sont d'une grand richesse. Mais au-delà de ça, la discussion autour de mes poèmes me pousse à les revoir et à essayer de les améliorer.
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