Le tableau des geignards

Tu as vraiment progressé mon salaud, notamment sur la vivacité d'une intrigue. Les personnages sont bien posés et je me suis vu dans la bande de Pierrot le Fou ! Par contre, je trouve que les considérations philosophiques de Paulo n'ajoutent rien au récit et gâchent le rythme.
Pourquoi toujours tout intellectualiser mon cher Para ? Nous on veut juste se faire plaisir en lisant un bon p'tit truc sans forcément penser à Spinoza, Kant, Nietzsche et consorts.
Tu utilises trop de métaphores (sabre détrempé de liqueur vitale) pour exprimer des faits ou réactions des antagonistes. Néanmoins, tu as fait du beau boulot dans cette intrigue polar fantastique. Je me suis repu.

Après recul, je pense que les deux phrases « l'être est-il ontologique ou ontique » et celle qui suit sur l'essence de la réalité sont certainement de trop, un peu pompeuses. J'aurais pu faire le personnage de Paulo avec comme particularité psychologique une personne uniquement affectée par son traumatisme de la Grande Guerre et qui ne parle jamais. Mais je pense l'avoir rendu encore plus profond de par ses obsessions spéculatives et de tourner cette dimension de façon cocasse, introduisant par là même une note drolatique au personnage.

Je ne suis pas d'accord avec ta notion du mot « intellectualiser » à partir du moment où je n'ai pas écrit une histoire à thèse (le mot serait juste si c'était le cas). Possible que j'intellectualise trop sur le forum quand ça parle de littérature et de politique, par exemple, mais dans cette nouvelle, ce n'est pas le cas. Introduire des éléments qualifiés d'intellectuels dans une histoire (ce que beaucoup d'écrivains font sans citer leurs inspirations souvent, ces gros charlatans), ce n'est pas « intellectualiser », à partir du moment où mon intrigue n'a pas pour finalité de mettre un concept en lumière. Ce sont juste des éléments précis qui viennent rehausser la dimension psychologique de Paulo, en donnant une légitimité en plus à sa configuration mentale (Le traumatisme de la Grande Guerre nous donne la raison du pourquoi et ses spéculations intellectuelles nous donnent la singularité du comment). Après, peut-être que je m'étends un peu sur le développement.

Pour « détrempé de liqueur vitale », il est possible que parfois je laisse mon amour pour le langage imaginé porter la culotte.

Paulo aurait plus d'envergure si tu axais sa personnalité sur ses troubles liés à la guerre plutôt qu'à une quelconque considération existentielle intellectuelle qui ne colle pas au personnage rugueux. N'empêche que j'ai aimé ce trio.

Ensuite, je trouve que le coup des cambrioleurs qui trouvent une horreur dans la maison qu'ils pillent, c'est un peu réchauffé. Ok, t'as écris ça en quelques jours et tu dois certainement être capable de faire mieux, et encore une fois, c'est au jugement de mes seuls goûts. Tu aurais pu faire du colonel un genre de sadique versé dans la nécromancie invoquant les créatures du tableau pour chatier les voleurs, ou faire de ces mêmes créatures les fantômes des pauvres trouffions que le colonel avait exécuté durant la guerre, revenant se venger sous l'impulsion du voleur (j'ai oublié son nom, sorry). Mais bon, il aurait fallu deux semaines de délai en plus.