Souvenir d'enfance (Raven)

Salut, le Corbeau !

Déjà, pour commencer : heureux de te revoir dans le coin, même en petite forme et plus ravi encore de constater que tu as pu trouver assez de patate pour nous pondre un petit texte pour ce concours (une vraie force de la nature, ce corbac ! ).

Alors, déjà, au niveau du style c'est toujours aussi propre et sans aucune fausse note. Tu es l'une des plumes ici les plus affûtées (je pense que personne ne me contredira) et tu le prouves encore une fois avec ce texte d'apparence simple dans sa forme, mais qui révèle peu à peu une jolie profondeur de champ, à travers ce traumatisme de jeunesse qui plonge celui-ci dans une noirceur insoupçonnée à la lecture des premières lignes. C'est d'ailleurs assez bien vu de débuter ton récit par un échange à-priori anodin dans le contexte, mais qui en pose d'emblée le fil rouge à travers cette poupée qui fera remonter les souvenirs enfouis du personnage, jusqu'à une dernière partie glauquissime à souhait.
Après, effectivement, la poupée n'est peut-être pas l'élément central du récit au vu de ces dernières lignes, mais elle a néanmoins une importance capitale, comme révélateur de ces traumatismes juvéniles qui aura marqué le personnage dans sa chair. Ce que je trouve bluffant là-dedans, c'est que tu passes aussi facilement d'un registre à l'autre sans que cela ne paraisse forcé, dans un court récit qui raconte pourtant toute une histoire en très peu de mots, sans effort apparent (du moins c'est l'impression qui en ressort à la lecture). Il y a une réelle maîtrise du ton et du rythme ici, qui nous permet de passer d'une émotion à l'autre tout en restant d'une grande homogénéité (alors que comme dit plus haut, le début et la fin n'ont absolument rien à voir dans ce qu'ils racontent et ce qu'ils nous donnent à voir du protagoniste en question).

Un joli de force, donc, et comme sur le texte de Cancer, je n'y trouve absolument rien à dire : c'est solide et maîtrisé de bout en bout, pas un pet de gras et on se laisse juste porter, jusqu'à cette conclusion qui nous scie les jambes en nous faisant demander "mais comment elle-t-a réussi à faire ça ?"
Félicitations du jury pour ce texte, assurément !

Salut Raven ! Quel plaisir de retrouver ta plume !

J'ai beaucoup aimé ce texte ! Ton écriture est toujours aussi habile et accrocheuse, je rentre direct dans l'histoire, je visualise les scènes sans aucun problème, le thème est archi respecté. Du tout bon pour ma part ! Et bien que la fin soit amenée petit à petit, elle n'en est pas prévisible pour autant ! Un bon point pour moi !

Raven est dans la place ! Joli retour, ton récit, comme souvent, se lit d'une traîte. C'est vivant, rythmé. La description du trauma m'a paru longue à la première lecture, car je me demandais où allait le récit. Je n'ai pas deviné la fin, fin qui justifie bien évidemment cette description.
Et d'ailleurs, léger bémol (très léger, hein) :

Bémol:

Je dois souligner également l'effort accompli sur le style, j'ai remarqué des formes rhétoriques (ce qui habituellement n'attire pas mon attention) tout à fait à leur place, tu es un artiste dans ce domaine.
Reviens-nous très vite !

Ton texte est très fort grâce à ce décalage, ce transfert vers la poupée, tout à fait logique puisqu’à l’époque la fillette la voyait comme complice des agissements du grand-père.
Texte très bien mené, et la dernière phrase, la réplique du grand-père qui donne tout son sens à l’histoire, est d’autant plus glaçante qu’elle est d’une ignominie et d’un cynisme absolus à plusieurs niveaux : apparence de réflexion de brave papy soucieux de sommeil de ses enfants – de son petit-fils du moins – tout en culpabilisant sa victime terrorisée.
Cette réplique, anodine et gentille en apparence et qui révèle la véritable histoire, agit sur le lecteur comme un concentré d’horreur.
Aussi, pour ce qui est des genres imposés par le concours, pour moi c’est à l’horreur que se rattache ce texte.

C’est une histoire pile dans le thème et totalement crédible, même plausible. La jeune femme porte parfaitement bien l’histoire et le souvenir (refoulé ?) ne se dévoile qu’à la fin, même si quelques indices pourraient permettre d’anticiper. C’est une très bonne participation.

Hello Raven chez Mnémosyne !
Ouhlà que j'aime ce style fluide, non emprunté !
C'est très efficace avec une fin bien dark comme j'aime.
BRAVO !
Violaine

Bonjour Raven,

Je rejoins l’avis des autres : c’est un texte de très bonne facture.

C’est aussi le genre de récit qu’il m’est difficile de juger, car les histoires d’abus ne sont franchement pas ma tasse de thé. Mais il faut s’astreindre à classer les textes honnêtement, et tenir compte des qualités formelles lorsqu’elles sont présentes. Or, ici, elles sont indéniables : on entre immédiatement dans l’histoire, tout fonctionne à l’économie, avec trois personnages que tu ne t’embarrasses pas à nommer, simplement déterminés par leur relation familiale et leurs actions passées… Tout cela fonctionne vraiment très bien, bravo !

Salut raven, content de lire que tu vas mieux, je ne peux que te souhaiter bon rétablissement.
un texte excellent dans lequel je me suis tout de suite plongé, le style est excellent et l'histoire surprend. Je trouve que la poupée en revanche ne sert qu'a masquer ton effet final (elle le fait bien d'ailleurs), mais du coup je me demande si on sort pas un peu du thème...
Une participation excellente, comme d'habitude !

Un récit sourdement immersif, prenant et inquiétant, conclu par un insidieux crochet au foie qui vous laisse la bile au bord des lèvres.
Douloureux mais superbement ficelé.
(Et tout ce qui peut contribuer à dénoncer ces pratiques nauséeuses qu'on aimerait croire d'un autre âge ne peut qu'être salué par le papy que je suis.)
De tout coeur avec toi, Raven.