Zézébuth
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours hors-série :: Concours HS N°10 : Poupée(s)
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Zézébuth
Je suis dans la même situation que Silence ; je devrais idéalement laisser reposer mon texte quelques jours avant d'y revenir pour des corrections finales, mais j'aime autant passer directement à d'autres projets (c'est ma seule semaine de congé de l'été, et j'aimerais écrire au moins un autre texte avant dimanche).
Du coup, on va tâcher de s'affranchir de la rumination mentale ! Et pour ce faire, je vous soumets le petit récit suivant.
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Ce texte fait 4579 SEC.
Du coup, on va tâcher de s'affranchir de la rumination mentale ! Et pour ce faire, je vous soumets le petit récit suivant.
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- Zézébuth« Tu as fait quoi ? Ta fille de… Deux. Ans. Au sab-bat. Mais t’es pas sérieuse, ma vieille !
— Je te dis que j’avais pas de solution de garde. »
Déjà, Monique regrettait de s’être confiée à Anne. La voici qui détachait ses syllabes, tous jugements dégainés… C’est facile de se sentir supérieure, quand soi-même on n’a pas d’enfant.
Comme tous les premiers mardis du mois, elles se retrouvaient pour un atelier bougie. Bien sûr, elles auraient pu en acheter, mais elles aimaient autant chiper des fonds de cierges consacrés dans les chapelles des environs. Avec de bons moules et un peu de pigment noir, on ne voyait pas la différence. C’était plus écologique et, selon certaines sorcières influenceuses, les sorts n’en étaient que meilleurs.
Tout en déroulant la bobine de mèche, Anne revint à la charge, comme à part soi :
« Tout de même, c’est pas un endroit pour les bambins. »
Une matoiserie comme elle en avait le secret. Sur le coup, Monique faillit se fâcher.
« Qu’est-ce que tu crois ? Qu’elle a mangé sa rondelle de radis à la communion, et bu le vinaigre du calice ? Mais non, elle est restée bien sage dans son meï-taï. Aucun souci.
— Et elle n’a pas eu peur du bouc ?
— Même pas ! Le soleil se couche tard, en cette saison ; le temps que les conditions soient réunies pour la première évocation, elle avait bien dépassé l’heure habituelle de son coucher. Elle était crevée ! Alors, on n’avait pas fini la première ronde qu’elle était déjà assoupie, bercée par mes mouvements.
» Il n’y a que pendant les préparatifs qu’elle a un peu pleuré, parce que j’ai dû la poser. Mais la mère Walburge a trouvé un truc pour la calmer…
— La vieille bique qui louche ? Celle-là, d’habitude, elle fait plutôt peur aux gosses… Tu me racontes ?
— Eh bien, j’étais de corvée cuisine. On était donc occupées à peler les patates pour les frites du festin. T’aurais dû voir le tas : il y en avait bien deux-cents kilos…
» Comme je ne pouvais pas jouer de l’économe avec Flavie contre mon ventre, je l’ai posée pour qu’elle joue sur l’herbe. Évidemment, après quelques minutes, elle a trouvé qu’on ne lui prêtait pas assez d’attention et elle a commencé à faire sa diva.
— Tu veux dire sa Castafiore ?
— Ouais… »
Les deux amies s’esclaffèrent. Flavie, à cette heure, jouait à la poupée calmement dans son parc, mais elles connaissaient son organe généreux en décibels, qui la faisait bien rivaliser avec le Rossignol milanais.
« Et c’est la vieille Walburge qui l’a calmée ?
— Tout juste. Moi, j’avais pris le parti de la laisser s’apaiser d’elle-même et fait signe aux autres de l’ignorer. Je n’avais même pas remarqué que, la douairière, elle avait posé son couteau et dégainé un nécessaire à couture. Elle a les doigts sacrément agiles ! En pas cinq minutes, elle avait découpé une paire de petites silhouettes dans la toile de jute des sacs à patates, les avait cousues, retournées et bourrées d’épluchures. Flavie a cessé de pleurer immédiatement quand elle a reçu sa poupée, et elle n’a plus voulu la quitter depuis. »
Estomaquée, Anne jeta un coup d’œil rapide vers le parc.
« Attends, tu veux dire que, l’horreur brunâtre qu’elle berce, là, c’est un assemblage de détritus offert par la macrale la plus louche du coven ? Et elle s’y est attachée, en plus ? Mais qu’est-ce que tu vas faire quand les épluchures commenceront à sentir ? »
Monique haussa les épaules.
« On ira chez Maxi Toys, bien sûr. Flavie adoptera un nouvel ours tout doux et oubliera sa poupée en jute-qui-gratte. »
Anne se pinçait la lèvre, à moitié convaincue seulement.
« Dis donc, et t’as pas trouvé louche que la vieille lui offre une poupée ? T’as pensé qu’il pourrait y avoir anguille sous roche ?
— Tu penses à quoi ? À un pacte ? Qu’est-ce que tu peux être dix-septième siècle, toi. Les enfants voués au diable, ça n’existe que dans les romans.
» Tant qu’on y est, tu voudrais pas qu’on la déshabille pour chercher une marque noire ? Franchement, y a que toi pour voir du mal dans un petit geste de solidarité féminine comme celui-là… »
Baissant les yeux, un peu honteuse, Anne se reconcentra sur son ouvrage.
Les deux sorcières travaillèrent ainsi un moment, sans parler. Toutes à leur affaire, elles ne prêtaient qu’une attention distraite au babil que faisait Flavie en jouant. Ceci, jusqu’à ce qu’un mot fortuit vienne troubler leur quiétude.
« Zézébuth ! »
Anne et Monique relevèrent la tête d’un même geste, comme des mères suricates.
« Attends, que vient de dire ta fille ?
— Je ne suis pas sûre… »
L’enfant était en train de serrer sa poupée de chiffon contre son cœur.
« Ze t’aime, zézébuth !
— Elle… quoi ?
— Et merde ! »
Ce texte fait 4579 SEC.
Re: Zézébuth
Salut Similien,
Je vois que toi et moi nous sommes dits la même chose aujourd'hui concernant nos textes ! Tu as posté un peu après moi et je crois que j'ai lu ta nouvelles quelques heures après son apparition sur le site.
Sur la forme, encore une fois, on ne peut être que pris par ta narration. Tout est fluide, s'enchaîne à merveille. Je me suis senti plus accroché par cette nouvelle-ci que par celle que tu as postée pour le concours miroirs. Bref, sur ce point c'est très bon.
En dépit de ma réserve, je mentirais en disant que je n'ai pas apprécié de te lire. C'est peut-être bien çà le talent.
Je vois que toi et moi nous sommes dits la même chose aujourd'hui concernant nos textes ! Tu as posté un peu après moi et je crois que j'ai lu ta nouvelles quelques heures après son apparition sur le site.
Sur la forme, encore une fois, on ne peut être que pris par ta narration. Tout est fluide, s'enchaîne à merveille. Je me suis senti plus accroché par cette nouvelle-ci que par celle que tu as postée pour le concours miroirs. Bref, sur ce point c'est très bon.
- Spoiler:
- Je suis en revanche plus circonspect sur le fond. Il est clair que ton histoire se raccroche au sujet ; en tout cas plus que lors du précédent concours H.S. Toutefois, j'ai quand même un peu l'impression que tu as cherché à escamoter le thème pendant une large partie de ton récit. La poupée, sauf erreur, n'arrive qu'en toute fin de deuxième page sur une histoire qui en comporte un peu moins de quatre (quatre pages entières j'entends), ce qui s'avère assez tardif. Cela signifie que tu passes deux pages à planter le décor. Sur un format aussi court, c'est très long. Par ailleurs, la chute me paraît un peu "anecdotique". Je suis désolé d'employer ce terme qui n'est certainement pas le bon, et qui peut passer pour blessant (ce n'est vraiment pas ma volonté !), mais aucun autre terme ne me vient pour exprimer ce que je veux dire. À mon sens la fin tombe un peu à plat. Cela d'autant plus que tu prépares cette fin dans le dialogue un peu plus haut. On se dit alors qu'à partir de là, tu ne peux que nous surprendre en cherchant le coup de théâtre final. Mais ce n'est pas le cas. Ce qui fait que tout arrive très vite et, finalement, sans grande surprise. En cela je suis un peu déçu, surtout au regard de ce que tu es capable de produire. Je trouve cela dommage.
En dépit de ma réserve, je mentirais en disant que je n'ai pas apprécié de te lire. C'est peut-être bien çà le talent.
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 49
Re: Zézébuth
Une fois de plus, je ne vais que me ranger à l'avis de Silence, dans le positif comme dans le négatif : comme lui, je trouve ce texte très bien écrit et comme lui je le préfère à ceux des concours précédents. Et je le rejoins aussi sur la fin qui tombe un peu à plat. Pas complétement : je dirais que tu tiens une fin, mais que, dans une micronouvelle, la chute est importante, tout ce qui précède y tend et là, on est peut-être pas assez surpris. C'est le seul problème que ton texte me pose. On voit en tout cas que le thème de la sorcellerie et du sabbat te parle bien, tu l'as souvent abordé ailleurs, que ce soit en fiction ou en étude.
- Spoiler:
- Juste un trucs aussi qui me parait bizarre : pourquoi des sorcières seraient-elle réticente à ce que leurs filles soient emmenées au sabbat et converties au satanisme ? Dans le fond, les parent chrétiens amènent leurs enfants à la messe et veulent faire d'eux de bons chrétiens, alors pourquoi le camp opposé aurait-il des scrupules ?
Re: Zézébuth
Paladin a écrit:
- Spoiler:
Juste un trucs aussi qui me parait bizarre : pourquoi des sorcières seraient-elle réticente à ce que leurs filles soient emmenées au sabbat et converties au satanisme ? Dans le fond, les parent chrétiens amènent leurs enfants à la messe et veulent faire d'eux de bons chrétiens, alors pourquoi le camp opposé aurait-il des scrupules ?
Je me suis fait la même réflexion Paladin !
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 49
Re: Zézébuth
Bonjour Similien,
Ton récit semble bien maitriser les codes du monde des sorcières, dont je ne suis pas du tout spécialiste. Du coup, c’est pour moi immersif bien que l'histoire ne révolutionne pas le genre.
J’ai bien aimé les allusions à l’époque présente (influenceuse/Maxi Toys), cette manière de poser une temporalité sur un récit est intéressante.
La comparaison avec La Castafiore ne colle pas trop pour moi ; j’ai bien compris qu’il fallait une illustration à diva, mais assimiler une petite gamine à cette vieille rombière…
La fin est rigolote et compense le côté prévisible inhérent à ce genre de thème.
Au final, j’ai apprécié le soin apporté à l’univers par touches successives. Tu es dans un « show » bien troussé, exercice qui est souvent compliqué. Merci pour cette agréable lecture pendant laquelle j’ai décelé des qualités techniques.
Ton récit semble bien maitriser les codes du monde des sorcières, dont je ne suis pas du tout spécialiste. Du coup, c’est pour moi immersif bien que l'histoire ne révolutionne pas le genre.
J’ai bien aimé les allusions à l’époque présente (influenceuse/Maxi Toys), cette manière de poser une temporalité sur un récit est intéressante.
La comparaison avec La Castafiore ne colle pas trop pour moi ; j’ai bien compris qu’il fallait une illustration à diva, mais assimiler une petite gamine à cette vieille rombière…
La fin est rigolote et compense le côté prévisible inhérent à ce genre de thème.
Au final, j’ai apprécié le soin apporté à l’univers par touches successives. Tu es dans un « show » bien troussé, exercice qui est souvent compliqué. Merci pour cette agréable lecture pendant laquelle j’ai décelé des qualités techniques.
Collapsus- Plumitif éviscéré
- Messages : 231
Date d'inscription : 21/01/2020
Age : 59
Re: Zézébuth
Merci à tous les trois pour vos commentaires.
Je m'attendais à ce que des réserves soient exprimées, comme d'habitude, vis-à-vis de la fin "en queue de poisson" ; cela reste une de mes faiblesses, que je ne sais trop comment solutionner. (Je devrais potasser de la théorie ; il est sûrement question de cela dans les manuels de dramaturgie.) Mais je suis heureux de lire que vous percevez un progrès, même léger, par rapport aux textes précédents.
Ce qui est amusant/intéressant, c'est que, en vous répondant, je remarque que beaucoup des choix que je fais à présent spontanément et que je m'emploie à justifier dans ma réponse, je les ai en quelque sorte théorisés dans un court essai que j'ai écrit voici un an et demi, et qui a été publié en annexe d'un de mes livres : ce sont mes Directives pour un nouveau manifeste fantastique
Je vous cite quelques extraits opportuns, qui compléteront peut-être les réponses données ci-dessus :
Sur la sorcellerie comme contre-culture :
Sur le refus de l'héritage magique :
Sur le côté anticonformiste de la sorcellerie :
Sur l'intérêt des références à l'univers moderne :
Mais, bien sûr, tout cela n'est que mon avis.
Je m'attendais à ce que des réserves soient exprimées, comme d'habitude, vis-à-vis de la fin "en queue de poisson" ; cela reste une de mes faiblesses, que je ne sais trop comment solutionner. (Je devrais potasser de la théorie ; il est sûrement question de cela dans les manuels de dramaturgie.) Mais je suis heureux de lire que vous percevez un progrès, même léger, par rapport aux textes précédents.
Bonne question ! C'est un détail auquel je n'ai pas vraiment pensé. Je crois que je peux l'expliquer de deux manières :Paladin a écrit:Juste un trucs aussi qui me parait bizarre : pourquoi des sorcières seraient-elle réticente à ce que leurs filles soient emmenées au sabbat et converties au satanisme ? Dans le fond, les parent chrétiens amènent leurs enfants à la messe et veulent faire d'eux de bons chrétiens, alors pourquoi le camp opposé aurait-il des scrupules ?
- D'une part, je sais que je parle beaucoup de sabbat, de messes noires, mais dans mes récits je n'aborde pas vraiment tout cela sous l'angle de la religion, ni sous celui du satanisme. Je m'en sers surtout comme cadre, comme décor. Je pense qu'adopter le principe que les sorcières disposent d'un culte organisé serait détrimentaire à la fiction : si elles ne sont que des instruments aux mains du Malin (ou aux ordres d'une quelconque "reine du sabbat", ou que sais-je), comment peut-on en faire des protagonistes intéressantes, c'est-à-dire qui disposent d'un libre arbitre et agissent selon leur propre initiative ? Je pense que cela déboucherait sur un autre genre de récit, avec des enjeux "macro", une lutte armée entre le bien et le mal… or, ce n'est pas du tout le genre de récit qui m'intéresse. Je préfère décrire les aventures d'électrons libres. Dès lors, j'aurais tendance à considérer que le sabbat, dans le contexte de mes fictions, est un évènement déjà un peu folklorique ; c'est un prétexte pour se retrouver, une manière de faire du réseautage entre pratiquantes… Je dirais que c'est une tradition qui se maintient par gout de l'anticonformisme, mais qui n'est plus prise au sérieux, même par celles qui y participent (d'où la référence aux frites, pour en faire aussi quelque chose d'un peu comique, pour donner à cela un air de kermesse).
- D'autre part, j'ai tendance à ne pas considérer la pratique magique comme un héritage. Je trouve qu'il est plus intéressant de présenter la sorcellerie comme une contre-culture, qui a ses propres codes (comme le graffiti, la musique punk…) mais qui n'est pas tout à fait fermée aux éléments extérieurs. Or, dans ce cadre-là, ça ne va pas de soi d'y initier systématiquement et dès leur jeune âge ses enfants. Donc je dirais que Monique et Anne, non seulement ne perçoivent pas la participation au sabbat comme une obligation, mais de plus considèrent une telle activité comme étant inconvenante pour de trop jeunes enfants. Un peu comme des parents "métalleux" pourraient hésiter à emmener leurs enfants à certains concerts…
Je dois rendre à César ce qui lui appartient : je n'ai pas inventé cette manière de faire. Il s'agit d'une technique habituelle dans le genre "new weird", qui me plait beaucoup.Collapsus a écrit:J’ai bien aimé les allusions à l’époque présente (influenceuse/Maxi Toys), cette manière de poser une temporalité sur un récit est intéressante.
Ce qui est amusant/intéressant, c'est que, en vous répondant, je remarque que beaucoup des choix que je fais à présent spontanément et que je m'emploie à justifier dans ma réponse, je les ai en quelque sorte théorisés dans un court essai que j'ai écrit voici un an et demi, et qui a été publié en annexe d'un de mes livres : ce sont mes Directives pour un nouveau manifeste fantastique
Je vous cite quelques extraits opportuns, qui compléteront peut-être les réponses données ci-dessus :
Sur la sorcellerie comme contre-culture :
- Spoiler:
- « Nous pouvons modeler une société autonome sur le modèle de communautés affinitaires réunissant par exemple des criminelles ou des militantes radicales. Ces communautés comportent une variété de groupes formels (gangs ou cellules), partagent des lieux de sociabilité, usent d’un langage commun… Le grand public ne méconnait pas leur existence mais se tient à l’écart. […] J’envisage des mondes dans lesquels une étudiante, un soir d’ivresse, pourrait par aventure passer un portail magique, vivre un sabbat merveilleux, prendre des drogues inconnues, et se réveiller le lendemain pour mettre l’aventure au compte de ses expériences de jeunesse, sans envie particulière de faire société avec toute personne qu’elle a croisée au cours de la nuit. »
Sur le refus de l'héritage magique :
- Spoiler:
- « Sont à éviter les motifs du don magique et de l’héritage, classiques dans ce genre de récits. Ils consacrent en effet un état du monde figé, où les privilèges sont acquis une fois pour toutes et où la société est séparée en classes sociales étanches. Cela peut desservir l’identification de la lectrice à la protagoniste et nuit plus encore à son imaginaire politique. Il n’y a pas de moldues, seulement des non-initiées. »
Sur le côté anticonformiste de la sorcellerie :
- Spoiler:
- « La magie ne saurait être institutionnalisée. Révolte contre l’ordre naturel, elle est également révolte contre l’ordre social. La fantasy urbaine doit donc retrouver la dimension protestataire que lui conférait sa définition anglo-saxonne. Ainsi que l’a aussi démontré Michelet, la sorcellerie est une métaphore de la liberté. Même exprimé au travers d’enjeux triviaux, son usage doit porter des revendications émancipatrices. Le fantastique tel que je le conçois porte une charge insurrectionnelle. »
Sur l'intérêt des références à l'univers moderne :
- Spoiler:
- « Une autre proposition issue du mouvement new weird consiste à confronter des registres opposés : ancien/contemporain, sacré/trivial… On met alors en scène des motifs revitalisés qui empruntent la forme d’oxymores (une rave-party de sorciers, une malédiction du XVIIe siècle jetée pour un différend footballistique). C’est une façon de ne pas remâcher encore et encore les mêmes tropes fin-de-siècle ou lovecraftiens. Le pot-pourri est concevable, tant qu’il est digeste. »
Mais, bien sûr, tout cela n'est que mon avis.
Re: Zézébuth
J'entends tes arguments, Similien ! Pour moi, d'ailleurs le sorcellerie médiévale n'avait sans doute rien à voir avec une adoration du diable chrétien, mais plus avec des pratiques anciennes et peut-être bien une forme de chamanisme européen. Mais c'est que dans ton texte j'y ai lu plus une vision romantique (avec des cierges volés dans les églises et peints et noir, une parodie de la communion et la poupée "Zézébuth") qu'une conception "Wiccane" du sabbat !
Re: Zézébuth
Bonsoir Similien,
Ton texte m'a bien accroché, pas de souci. Tu as le sens des réparties entre tes personnages et ces deux sorcières me font un peu penser à celles du couvent de Lancre, imaginées par Pratchett ( Mémé Ciredutemps par ex ou Magrat Goussedail qui n'ont pas le profil de la sorcière habituelle. Elles défient les codes et c'est drôle hilarant même... )
Le thème me semble peu traité car la poupée Zézébuth de la petite aurait pu être une peluche ou un autre jouet...
Ton texte m'a bien accroché, pas de souci. Tu as le sens des réparties entre tes personnages et ces deux sorcières me font un peu penser à celles du couvent de Lancre, imaginées par Pratchett ( Mémé Ciredutemps par ex ou Magrat Goussedail qui n'ont pas le profil de la sorcière habituelle. Elles défient les codes et c'est drôle hilarant même... )
Le thème me semble peu traité car la poupée Zézébuth de la petite aurait pu être une peluche ou un autre jouet...
Re: Zézébuth
Bonjour Similien, ton texte est très agreable à lire et fonctionne très bien. Le dialogue entre les deux femmes qui oscille entre notions modernes et anciennes est une perle du genre.
Concernant le thème, je l’ai effectivement trouvé un peu long à se manifester mais il est bien présent. En revanche, je suis restée sur ma faim à la fin et c’est bien dommage car l’histoire était très prometteuse. Un bon moment de lecture malgré tout.
Concernant le thème, je l’ai effectivement trouvé un peu long à se manifester mais il est bien présent. En revanche, je suis restée sur ma faim à la fin et c’est bien dommage car l’histoire était très prometteuse. Un bon moment de lecture malgré tout.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
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Re: Zézébuth
Bonjour Similien,
Je crains que mon commentaire ne soit guère constructif.
Je crains que mon commentaire ne soit guère constructif.
- Spoiler:
- On retrouve ici ton style soigné et j'ai lu avec plaisir cette tranche de vie de sorcières. Les dialogues sont efficaces et tu excelles, comme d'habitude, dans l'art de brosser des portraits pittoresques.
Mon seul (relatif ! ) bémol étant que cela s'effectue parfois au détriment de l'histoire proprement dite. En tout cas, j'ai apprécié ce "Zézébuth" (le titre est d'ailleurs fort suggestif et bien trouvé).
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Zézébuth
J’ai beaucoup aimé. Dès la 1ere ligne, tu nous embarques dans un univers qui t’est propre, original et à des années-lumière du notre et pourtant si proche à bien des égards.
C’est pour moi ton texte le plus réussi de ceux que j’ai lus dans les concours passés : on y retrouve cette même aisance dans le style et l’ambiance, mais avec cette fois une histoire complète, qui se suffit à elle-même (là où je « reprochais » aux concours précédents des textes sans vraie fin).
Ici, j’aurais à la limite comme seul bémol le « reproche » inverse : l’histoire aurait pu s’arrêter dès que la gosse dit « Zézébuth ». Fin parfaite, à la fois logique et amusante. Les quelques lignes qui suivent me paraissent dispensables.
Mais c’est juste histoire de chipoter, c’est non seulement un de mes textes similiens préférés mais aussi un des plus réussis de ce concours à mes yeux !
C’est pour moi ton texte le plus réussi de ceux que j’ai lus dans les concours passés : on y retrouve cette même aisance dans le style et l’ambiance, mais avec cette fois une histoire complète, qui se suffit à elle-même (là où je « reprochais » aux concours précédents des textes sans vraie fin).
Ici, j’aurais à la limite comme seul bémol le « reproche » inverse : l’histoire aurait pu s’arrêter dès que la gosse dit « Zézébuth ». Fin parfaite, à la fois logique et amusante. Les quelques lignes qui suivent me paraissent dispensables.
Mais c’est juste histoire de chipoter, c’est non seulement un de mes textes similiens préférés mais aussi un des plus réussis de ce concours à mes yeux !
Re: Zézébuth
Salut Similien ! : )
Un texte très sympathique qui se lit avec plaisir et sans accrochage.
C'est vrai que ton style est singulier, il y a un petit je ne sais quoi, une façon d'enchanter des moments simples, avec un rythme des dialogues qui entraîne facilement.
J'ai lu tes arguments concernant les réticences des sorcières à emmener des petits enfants au sabbat et c'est tout à fait satisfaisant comme explication pour une tranche de vie comme celle-ci.
Et c'est clair que sous cet angle on reconnaît bien les pratiquants à peine tièdes, ce qui rend la chose presque comique.
Une belle participation, dans le thème et un agréable moment de lecture ! : )
Mnémosyne- Hydre Alter-native
Disciple de la douzaine d'Eux - Messages : 1835
Date d'inscription : 14/01/2020
Age : 40
Re: Zézébuth
Salut Similien !
Que j'aime ton style !
J'avais remarqué pour les 2 précédents concours que je te comparais trop facilement aux autres et, en raison de ce style si particulier, ça n'allait pas, j'ai donc décidé de te lire en premier cette fois.
Et bien m'en a pris !
J'ai aimé ton texte, le style est toujours aussi accrocheur en ce qui me concerne !
Ton histoire est originale, l'écriture est fluide et ta narration teintée d'humour me plait beaucoup !
Pour une fois, je n'ai donc pas vraiment de bémol ! Bravo !
Que j'aime ton style !
J'avais remarqué pour les 2 précédents concours que je te comparais trop facilement aux autres et, en raison de ce style si particulier, ça n'allait pas, j'ai donc décidé de te lire en premier cette fois.
Et bien m'en a pris !
J'ai aimé ton texte, le style est toujours aussi accrocheur en ce qui me concerne !
- Digression qui n'a rien à voir avec le texte:
- (j'ai trouvé "Sourcellerie" de Terri Pratchett dans une boîte à livre il y a quelques semaines, et j'ai souris en le commençant parce que j'y ai retrouvé une partie de ton univers, n'est ce pas ? )
Ton histoire est originale, l'écriture est fluide et ta narration teintée d'humour me plait beaucoup !
Pour une fois, je n'ai donc pas vraiment de bémol ! Bravo !
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
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Date d'inscription : 26/08/2017
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Re: Zézébuth
Tu es vraiment un très bon conteur, le récit est prenant dès les premières lignes, c'est super rythmé, avec un humour constant et maîtrisé.
Le dénouement ne parvient pas à boucler l'histoire à mes yeux, et c'est dommage. Je ressors de ma lecture avec l'impression que tu es un as de la narration, mais sans parvenir à en conclure les aboutissants, et au final, tout le texte donne une impression d'inachevé (alors qu'il est parfaitement achevé dans la forme)
Le dénouement ne parvient pas à boucler l'histoire à mes yeux, et c'est dommage. Je ressors de ma lecture avec l'impression que tu es un as de la narration, mais sans parvenir à en conclure les aboutissants, et au final, tout le texte donne une impression d'inachevé (alors qu'il est parfaitement achevé dans la forme)
Re: Zézébuth
Yo, Similien !
Encore un joli texte un peu en marge des genres qui nous occupent habituellement, tout en y étant tout à fait ancré : pas de doute, on reconnait bien ta patte ! L'écriture est toujours aussi plaisante et spontanée, cela se sent que tu prends plaisir à écrire et c'est communicatif (et je plussoie Cancer sur sa remarque du "conteur", tu as un vrai don pour narrer les choses et poser un cadre).
Bref, techniquement c'est toujours au poil, rien à dire.
Pour le respect du thème, aucun souci, là encore tu tapes juste et j'ai aimé le fait que le poupée soit un élément central du texte (puisque toute la conversation des amies tourne autour de cela), sans qu'elle ne soit réellement "présente" (hormis une courte description, ainsi que le paragraphe final). Le moteur reste les deux femmes et leur discussion, qui nous amène à comprendre comment la gamine s'est attachée à cette la-dite poupée et j'ai trouvé ça au final assez fin, comme façon de procéder.
En ce qui concerne la fin, j'avoue qu'en première lecture, j'ai eu un peu le même sentiment mitigé que mes camarades, mais après avoir relu celui-ci il y a quelques minutes, je trouve que cette chute, sans en être vraiment une (dans le sens "retournement de situation" ou analogue), conclut pourtant ce texte d'une assez belle manière, avec une jolie note humoristique. Oui, il y aurait peut-être pu avoir un petit chose en plus, un élément peut-être plus "graphique" ou surprenant, mais au final celle-ci ne m'a pas déçu, restant dans ce ton assez léger qui baigne l'ensemble du texte.
Cette proposition ne figurera peut-être parmi mes favorites, mais j'ai tout de même passé un bon moment, assez fun sans être pour autant dans le pur second degré, et encore une fois avec cette petite touche d'originalité dans le cadre qui ajoute une petite plus-value.
Good job, donc, ai-je envie de dire !
Encore un joli texte un peu en marge des genres qui nous occupent habituellement, tout en y étant tout à fait ancré : pas de doute, on reconnait bien ta patte ! L'écriture est toujours aussi plaisante et spontanée, cela se sent que tu prends plaisir à écrire et c'est communicatif (et je plussoie Cancer sur sa remarque du "conteur", tu as un vrai don pour narrer les choses et poser un cadre).
Bref, techniquement c'est toujours au poil, rien à dire.
Pour le respect du thème, aucun souci, là encore tu tapes juste et j'ai aimé le fait que le poupée soit un élément central du texte (puisque toute la conversation des amies tourne autour de cela), sans qu'elle ne soit réellement "présente" (hormis une courte description, ainsi que le paragraphe final). Le moteur reste les deux femmes et leur discussion, qui nous amène à comprendre comment la gamine s'est attachée à cette la-dite poupée et j'ai trouvé ça au final assez fin, comme façon de procéder.
En ce qui concerne la fin, j'avoue qu'en première lecture, j'ai eu un peu le même sentiment mitigé que mes camarades, mais après avoir relu celui-ci il y a quelques minutes, je trouve que cette chute, sans en être vraiment une (dans le sens "retournement de situation" ou analogue), conclut pourtant ce texte d'une assez belle manière, avec une jolie note humoristique. Oui, il y aurait peut-être pu avoir un petit chose en plus, un élément peut-être plus "graphique" ou surprenant, mais au final celle-ci ne m'a pas déçu, restant dans ce ton assez léger qui baigne l'ensemble du texte.
Cette proposition ne figurera peut-être parmi mes favorites, mais j'ai tout de même passé un bon moment, assez fun sans être pour autant dans le pur second degré, et encore une fois avec cette petite touche d'originalité dans le cadre qui ajoute une petite plus-value.
Good job, donc, ai-je envie de dire !
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
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