GWENDOLINE

Salut Silence !

SILENCE a écrit:Bien sûr qu'un auteur, quel qu'il soit, a le droit de défendre son texte, y compris "au sens artistique" (bien que je ne sache pas exactement ce que recouvre cette expression).

Je n'ai jamais dit qu'un auteur n'avait pas le droit de défendre son texte. J'ai juste dit qu'à mon sens ce n'était pas un devoir.

SILENCE a écrit:J'irai même plus loin, en disant qu'un auteur (quel qu'il soit) a le devoir de le faire. Quand je dis défendre, je ne veux pas dire se défendre contre une attaque ou une agression, mais simplement faire valoir son point de vue. C'est à mes yeux la chose la plus naturelle du monde et il va sans dire, pour parler de mon cas, qu'à partir du moment où je poste une nouvelle, je me sens responsable et redevable vis-à-vis de celle-ci.

Faire valoir son point de vue contre qui, le lecteur ? C'est là que je ne suis pas d'accord. Quel est le but de cette défense ? Faire comprendre au lecteur qu'il a tort de ne pas apprécier le texte et qu'il se trompe dans son jugement esthétique ?

(En passant, je précisais "au sens artistique" car il y a d'autres niveaux où la défense d'un texte se justifie parfaitement, au niveau politique notamment, contre la censure.)

SILENCE a écrit:Je ne souscris pas non plus à l'idée d'un contrat que l'auteur aurait avec son lecteur. En tant que juriste, je ne sais même pas quelle(s) en serai(en)t la/les clause(s).

Comme souvent quand on débat, une partie des oppositions vient de l'utilisation de termes identiques qui recouvrent dans l'esprit de chacun un sens différent.

Que m'a-t-il pris de parler de "contrat" à un juriste !  

Évidemment, je parle d'un contrat moral/symbolique, pas d'une "convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose" ou du "document officiel qui enregistre cette convention".

SILENCE a écrit:Certainement pas en tout cas un énoncé tel que "je te donne mon temps en échange raconte-moi quelque chose qui vaille le coup".

Par "qui vaille le coup", j'entendais "qui vaille le temps que j'y investis".

SILENCE a écrit:Tout simplement parce que cela supposerait que je sache préalablement quelle chose vaudrait le coup pour tel ou tel lecteur ; toi par exemple. Très franchement, je ne savais pas avant de te lire que tu aimais tel type d'histoire à l'exclusion de tel autre type, etc. Et comme le dit si justement Catherine Robert, "mille lecteurs, mille avis" ; ce qui pour moi est une manière de souligner que le lecteur idéal n'existe pas. Ou s'il existe, il ne peut être que l'auteur lui-même.

Exactement, là tu rejoins ce que je dis : 1) au niveau du "lecteur idéal" qui est le juge et guide de ce qu'on écrit, et 2) sur le fait qu'il y a autant de textes que de lecteurs (ou d'avis sur ces textes, si tu préfères).

SILENCE a écrit:Je trouve donc l'idée d'un contrat entre l'auteur et le lecteur très problématique. Il n'y a aucun contrat. En tant qu'auteur, j'ai écrit une histoire que j'ai posté. Était-je obligé de le faire ? Non. En tant que lecteur, es-tu libre de l'apprécier ou de ne pas l'apprécier ? Oui. Et comment ! Écrire un texte ce n'est pas passer un contrat, c'est établir la possibilité d'une rencontre. Entre mon texte et toi, comme entre mon texte et Collapsus, il y a rien d'autre qu'un rendez-vous manqué. Est-ce une raison suffisante pour m'en faire le reproche ? Pas que je sache.

Je suis désolé que tu le prennes comme ça. À aucun moment je n'ai voulu te donner l'impression que je te reprochais quoi que ce soit.

SILENCE a écrit:J'attire par ailleurs l'attention sur un dernier point. Si contrat il y avait, il ne pourrait être que synallagmatique, autrement dit entraîner des obligations réciproque entre le lecteur et l'auteur. Si j'en crois ce que tu dis, mon obligation serait donc de livrer un texte qui vaille le coup, mais quel serait l'obligation du lecteur ?

De te donner son temps/argent en échange du texte.  (Merci de ne pas prendre cette remarque au sérieux.)

SILENCE a écrit:C'est peut-être un tort, mais lorsque j'écris, je suis mon seul lecteur. Ce fameux lecteur idéal n'est qu'une illusion romantique.

Hmm, je définis moi-même le lecteur idéal comme "[celui] qui est notre guide et juge lors de l’écriture". Donc oui, bien entendu il s'agit de soi. Il y a sans doute de meilleures façons de l'appeler (son propre sens esthétique/narratif ?).

SILENCE a écrit:

Spoiler:

Tant que les ellipses, non-dits et silences ne gênent pas la compréhension du texte, ça ne pose aucun souci.

SILENCE a écrit:

Spoiler:

Pourquoi tout devrait être expliqué ? Pour le coup, je n'ai pas eu l'impression d'avoir les réponses aux deux-trois questions que tu poses (en tout cas, en première lecture).

SILENCE a écrit:Le tout en ménageant une chute et en veillant à rester linéaire, claire, évident. Possible sur 30000 s.e.c. plus difficile sur 5500.

La nouvelle à chute n'est pas une obligation non plus…

Pour finir sur une note constructive, perso je verrais bien une narration à la première personne, avec le point de vue du père. Cela permet de sacrées économies narratives (peu ou pas de descriptions, le vocabulaire et la construction des phrases qui peuvent refléter sa psyché, le narrateur qui n'a pas à être fiable, etc.). Ce serait un texte d'ambiance plus qu'une nouvelle à chute, bien sûr.

Pour finir, des petites fleurs (car des fleurs, c'est l'inverse des reproches, dixit Jacques Attali) :

Pas besoin de fleurs bleues Sacripan ! Au risque de te surprendre, je prends vraiment plaisir à échanger avec toi...
Putain, c'est le commentaire le plus court de ces deux derniers jours !

C’est un texte fort bien écrit et d’une lecture agréable mais comme tous les lecteurs précédents je n’aurais pas été capable de comprendre sans les explications que j’ai lues ensuite. Certes tous les indices sont là mais pas forcément très identifiables en tant que tel, et je n’ai pas été capable de faire le lien entre les deux histoires sauf par le prénom Gwendoline tout à la fin mais sans pour autant comprendre que le père est également nounours. J’avoue que naïvement je me figurais un nounours du genre de celui de « bonne nuit les petits ». Oui je sais, j’ai des références dans le move...

Salut Silence,

En ce qui me concerne, j'ai aussi rencontré des difficultés de compréhension. Je pense qu'elles s'expliquent en partie par des caractéristiques déjà évoquées dans la discussion ci-dessus, comme la concision imposée par le format court de ce concours, mais je vais centrer mon commentaire sur un point de structure. De la sorte, j'éviterai de répéter des choses déjà dites et mon observation te sera peut-être plus utile.

Je crois que la façon la plus claire de m'expliquer serait de faire un petit détour par des termes employés au cinéma : ceux de montage alterné et de montage parallèle.
Je copie-colle depuis la Wikipédia :

le montage alterné est un procédé consistant à juxtaposer des plans qui diffèrent par le lieu, en suggérant la continuité temporelle de la séquence.

le montage parallèle, fondé sur un rapprochement « symbolique » entre des plans qui diffèrent par le lieu et/ou le temps.

En fait, face à l'alternance des passages en caractères italiques et en caractères romains, j'ai personnellement déduis qu'il s'agissait d'un "montage parallèle", alors qu'il s'agit en fait (si je comprends bien) d'un "montage alterné". C'est-à-dire que je n'ai pas perçu la double vie du personnage : j'ai cru que les deux voix narratives appartenaient à deux temps différents, et que les passages en italique étaient donc placés là par anticipation.

En gros, j'ai cru que ton texte exploitait, non pas le motif de la double vie, mais le motif également habituel de la crise soudaine. Je me suis dit : "On a affaire ici à un personnage d'adulte fasciné par les poupées ; il gère dans un premier temps cette fascination par procuration, en partageant sa passion avec sa fille, mais cela ne suffit plus à partir d'un certain moment, et il quitte sa famille pour commettre des crimes en compagnie de la poupée."

Dès lors, ma déduction était que Gwendoline est le nom de la poupée Morphée, celle que le narrateur finit par emporter avec lui. Je ne pense pas que cette interprétation était logique (j'ai sûrement vu des indices qui n'étaient pas réellement dans le texte), mais c'est ce que ma connaissance du genre et mes présupposés m'ont amené à déduire.

Il me faut aussi dire que je n'ai lu le texte qu'une seule fois avant d'aborder les commentaires et d'obtenir des informations sur l'histoire telle que tu l'as réellement conçue. Peut-être aurais-je donc corrigé ma fausse impression dès la seconde lecture ; il est trop tard pour le savoir, à présent.

Bref, voilà. Je me suis dit qu'il te serait peut-être utile de connaitre la manière dont j'ai perçu la connexion de tes deux fils narratifs, et ce, même si je ne suis pas capable de pointer un élément particulier qu'il conviendrait de clarifier.

Intéressants tes développements Similien ! Merci de me les avoir fait suivre. Sur la théorie, n'étant pas littéraire, je me garderai bien de dire quoi que ce soit. Ceci étant dit, le motif de la crise soudaine ne me parait pas si différent de l'histoire développée. Elle ferait assurément une bonne histoire selon moi.
Merci également pour ton commentaire Perro. J'espère d'ailleurs pouvoir te lire bientôt dans le cadre de ce concours. Perso, bonne nuit les petits m'a toujours paru glaçant et j'avoue que ans le contexte de cette nouvelle l'expression titre de cette émission prend un tour encore plus flippant. Ça aussi je le garde en tête !

Comme mes camarades, je n'ai pas compris le lien entre les actes du premier personnage, le bon père de famille qui offre des poupées à sa fille et ceux du deuxième (pour moi il y avait deux personnages quoique qu'à l'avant dernier paragraphe, il est question de Gwendoline et dans celui en italique aussi ; donc interrogation de ma part : pourquoi et quel lien toujours entre les deux histoires ? ) Dans les paragraphes en italique il y a des crimes, ce que j'ai compris mais pas plus.
Après, j'ai lu les commentaires et tes explications. C'est en effet bien plus clair !  À mon avis, il manque des détails plus parlants comme le suggère Pala.
Sinon, le thème est respecté et ton idée très bonne.
Impression mitigée on va dire.

Salut Françoise,
Merci tout d'abord d'avoir lu mon texte. Désolé toutefois que tu n'en gardes qu'une impression mitigée, j'essaierai de faire mieux la prochaine fois, c'est promis. Je ne crois pas utile de revenir sur les explications, tout a été dit plus haut ; je pensais que les choses étaient claires, mais je me suis trompé. Bien à toi,
S.

Salut Silence,

J'ai lu avec intérêt le commentaire de Similien sur la différence entre montage alterné et montage parallèle.
Lors de ma première lecture, j'ai moi aussi eu du mal à appréhender l'unité temporelle de cette nouvelle (si je puis m'exprimer ainsi). Les choses sont devenues plus limpides à l'issue de ma deuxième lecture.

Spoiler:

Comme d'habitude, c'est écrit de manière fluide et entraînante.
En fait, le point qui m'a le plus perturbé, c'était cette histoire de "poupée LOL" : c'est la première fois que j'en entends parler.

Merci Blahom ! Inutile de dire que ton commentaire me touche beaucoup. Quant aux poupées LOL, c'est vrai qu'elles sont atroces. Dans le même style tu as les poupées Bratz ! Je ne parviens pas à m'expliquer comment on peut acheter de telles horreurs à des enfants.

Je dois avouer que je ne savais pas que les poupées LOL existaient, je croyais que Silence avait inventé ce terme ! Du coup, j'ai envie de rajouter : LOL ! (Mais depuis le début on a dit de ne pas utiliser de langage sms ici).

Salut Silence ! : )

J'ai apprécié ton texte qui alterne entre la vie officielle et officieuse de ce père légèrement dérangé.
En ce qui me concerne je n'ai pas eu vraiment de difficulté de compréhension sur la dynamique entre le masque social, politiquement correct, et sa psyché réelle qui le fait mener une double vie meurtrière.

C'est drôle parce que ton personnage me fait penser à mon père, avec ce trait de caractère typique qui consiste à jouer l'imbécile farceur, tout en témoignant une réelle affection.
En ce sens, il est très crédible à mes yeux même si, format court oblige, on n'en sait pas énormément sur la logique de ses pulsions meurtrières.
S'il était une personne réelle, on pourrait supputer d'un problème avec la mère, dont l'emprise et l'autorité sont incarnées par la poupée Gwendoline (à la façon Psychose sur le principe).

Le thème est respecté et si je n'avais qu'un seul bémol ce serait : dommage que ce soit si court, ce personnage est intéressant et potentiellement complexe.

Un agréable moment de lecture et un texte au style très fin : )

Merci Mnémosyne !

Comme toujours avec tes textes, j’ai été embarqué dès la première ligne. Ce style, vraiment, a de quoi foutre des complexes !

L’alternance des « narrateurs » instaure vite un jeu passionnant à lire. On se demande qui est ce 2e narrateur, quand et comment il va croiser la route du 1er

Spoiler:

Les poupées qui pleurent et hurlent sont une superbe idée : de quoi instaurer une ambiance glauque en toute simplicité.

Mon seul bémol serait pour la toute fin un brin obscure : je pense que tu aurais dû garder cette phrase supprimée sur le fait de ne pas offrir cette poupée-là à la fille du personnage. Sans elle, je n’avais moi non plus pas fait le lien entre les meurtres et les cadeaux qu’il lui faits.

Spoiler:

Il ne manquerait plus que le retour de cette phrase supprimée sur les cadeaux pour en faire un texte parfait à mes yeux.

Salut Murphy,
On peut dire que tu n'as pas ménagé tes efforts aujourd'hui ! Tous les commentaires laissés dans l'après-midi, bravo. Et mille merci aussi pour ton commentaire qui me fait très plaisir. J'aurais dû laisser cette fameuse phrase à la toute fin du texte, afin d'en rendre la lecture plus simple. Quoi qu'il en soit, encore une fois, merci.

A vrai dire, mes motivations ne sont pas très nobles : tant que je n'avais pas lu, commenté, classé les textes, je ne pouvais pas me remettre à mon chantier du moment (que j'ai à nouveau délaissé il y a 2-3 semaines) . Et puis je tenais à finir mon classement avant de recevoir ceux des autres, pour limiter les influences involontaires.