Le jour où j'ai voulu devenir croyant

N'allez pas croire que je sois plus prolifique que d'ordinaire, je suis juste en train de corriger des textes qui ont deux ou trois ans. Celui-ci date de ma grande période "JE LIS TOUT BUKOWSKI EN BOUCLE"

Le jour où j'ai voulu devenir croyant

Je suis entré dans une église.
Le lourd panneau de bois m’a semblé si léger en comparaison du chagrin que je portais. Comme je ne savais pas vraiment ce qu’il faut faire dans une église, je me suis assis sur un banc.
Je trainais ce jour-là un bagage de questionnements, d’angoisses et une souffrance qui m’était si pesant, si encombrant que j’aurais bien voulu le laisser là, d’une certaine manière. Seulement, je ne savais pas m’y prendre. Alors j’ai allumé une cigarette à la flamme d’un cierge, même si je savais très bien que ça, ce n’était pas très poli dans Sa demeure.

Puis il m’est apparu entre deux volutes de fumée âcre.
Le curé, pas L’autre, là.
D’abord, il n’a rien dit, mais il s’est assis près de moi. Puis nous avons discuté et je lui ai expliqué que je ne savais pas comment m’adresser à Celui qui était supposé m’écouter, là-haut.
Le saint homme a souri et m’a dit qu’il suffisait de croire, de parler. A moi-même, à lui, à L’autre.

Je me suis tût un instant. Puis je lui ai expliqué que je ne comprenais pas.
Comment exprimer l’affront primordial, l’humiliation initiale qui me fut faite dès le premier souffle ? Et comme mon cri originel fut l’annonce de la tempête que j’allais chevaucher.
Comment raconter mon voyage sans mentionner la jouissance du soldat en moi ? Ces quelques secondes d’adrénaline qui résonnent comme des tocsins pour l’adversaire, cette sueur ardente et la délivrance du sang versé.
Comment définir l'amour autrement que comme la quête la plus ingrate et la plus injuste qu’on ait pu imaginer ? Cette allégorie parfaite de la trahison, ce châtiment que notre nature profonde nous pousse à nous infliger pour ne pas dépérir.

Il a paru ému.
Le curé, pas L’autre, là.
Et contrairement à son patron, il a cherché à m’apporter des réponses. Sur notre nature imparfaite, sur ce monde dans lequel la justice et l’amour se méritent.
Mais rien n’y a fait, et je lui ai annoncé que je pensais qu’il était certainement déjà trop tard pour déraciner les fleurs du mal qui me rongent depuis la germination de ma conscience.

Quand je me suis levé, je me suis dressé face à l’autel. Et dans la lumière des vitraux j’ai fait le vœu silencieux de voir un signe. N’importe lequel, n’importe quoi, pourvu que ce soit immédiat.
Naturellement, il ne s’est rien produit.
Et à cet instant si j’en avais eu le pouvoir j'aurais remonté tous les fils de toutes les époques pour tordre le cou de tous les serpents sous tous les pommiers, j'aurais bondi dans l’espace et le temps pour pisser sur tous les buissons ardents, j'aurais fendu le cosmos et la matière pour savoir à quel traître cosmique destiner le torrent de rage dont il m’a empli.

Je me suis retourné et je l’ai remercié.
Le curé, pas L’autre, là.
Parce que s’il y a bien un Dieu, il déteste son travail, il le bâcle sans se soucier de ceux qui en dépendent. Et moi, j’ai repris mon fardeau de mortel sur mes épaules usées et ma marche vengeresse contre l’absolu. Car s’il est bien trop tard pour prier, il est aussi bien trop tôt pour plier.

Yo Martin !

Encore une fois, je me suis laissé emporter par le flot tempétueux de tes mots et des sentiments ambivalents qui les accompagnent. Cette fois-ci, il s'agit d'aller à la rencontre du divin... why not ? Etant moi-même fervent athée et pratiquant ( ), je ne peux que souscrire à ces lignes, dans lesquelles je me suis reconnu en partie. Tout comme je me suis reconnu également dans ce personnage, qui bien que n'ayant pas une once de crédit à porter à ce qui se niche "là-haut", cherche tout de même à essayer de comprendre/trouver des réponses, ne serait-ce qu'à travers son dialogue avec l'homme de foi.
Tout cela est très bien rendu et outre les sentiments évoqués plus haut, j'ai trouvé certaines formulations du plus bel effet, comme ce très joli passage : "Mais rien n’y a fait, et je lui ai annoncé que je pensais qu’il était certainement déjà trop tard pour déraciner les fleurs du mal qui me rongent depuis la germination de ma conscience."'

Par contre, sur la dernière phrase, je me suis demandé s'il n'y avait pas eu un bug :
"Car s’il est bien trop tard pour prier, il est aussi bien trop tôt pour plier.ien trop tard pour prier, il est aussi bien trop tôt pour plier."
De même que je me suis demandé si la répétition était bien voulue ou si cela provenait justement de cet étrange ".ien" échappé du Golgotha lol mais peut-être quelque chose m'a-t-il échappé...

Dans tous les cas, j'ai trouvé ce moment de lecture fort plaisant et j'admire toujours autant ton sens du rythme et de la mélodie des mots, d'autant plus que le thème m'a ici particulièrement parlé.
Encore une fois, du très joli travail, donc


(Martin, le Bukowski de l'Ecritoire lol ça te va pas mal, en fait !)

(Martin, le Bukowski de l'Ecritoire lol ça te va pas mal, en fait !)

Je pense qu'il boit moins, quand même !

Paladin a écrit:

(Martin, le Bukowski de l'Ecritoire lol ça te va pas mal, en fait !)

Je pense qu'il boit moins, quand même !

Bah j'espère pour lui et surtout pour son foie lol mais en même temps sur l'Ecritoire, y'a plus grand-chose qui m'étonnerait

Coucou Tak, merci encore pour ton gentil commentaire et ta lecture !

Je suis content que ma poésie te parle et que tu y trouves tout ce que j'ai voulu exprimer.

Tak a écrit:
Par contre, sur la dernière phrase, je me suis demandé s'il n'y avait pas eu un bug :
"Car s’il est bien trop tard pour prier, il est aussi bien trop tôt pour plier.ien trop tard pour prier, il est aussi bien trop tôt pour plier."
De même que je me suis demandé si la répétition était bien voulue ou si cela provenait justement de cet étrange ".ien" échappé du Golgotha lol mais peut-être quelque chose m'a-t-il échappé...

Oulah, ça c'est certainement le fantôme de Bukowski qui s'est mis à écrire à travers moi, il avait cette réputation de laisser des tapuscrits absolument anarchiques... Ou alors j'ai réalisé un copier-coller un peu maladroit...

Tak a écrit:

Paladin a écrit:

(Martin, le Bukowski de l'Ecritoire lol ça te va pas mal, en fait !)

Je pense qu'il boit moins, quand même !

Bah j'espère pour lui et surtout pour son foie lol mais en même temps sur l'Ecritoire, y'a plus grand-chose qui m'étonnerait

Quant à ce débat... On va dire que j'ai eu ma période mais maintenant j'ai trop de responsabilités pour me cuiter, me battre dans des bars et rentrer avec plusieurs panneaux volés à la municipalité

Martin- a écrit:On va dire que j'ai eu ma période mais maintenant j'ai trop de responsabilités pour me cuiter, me battre dans des bars et rentrer avec plusieurs panneaux volés à la municipalité

Ca, c'était tes origines marseillaises !

D'ailleurs il y a de grandes chances que je poursuive mes études à la cité phocéenne...