Maman est méchante

Cancereugène a écrit:Je ne connais rien en sorcellerie et en foie de veau - l'aspect nocif de cette viande m'échappe, mais pourquoi pas, il y a bien l'ail contre les vampires !

C'est parce qu'il contient beaucoup de fer, non ? En général, le fer repousse plutôt les revenants, mais c'est une bonne idée. Une sorte de petit clin d'œil qui ancre le récit dans d'autres traditions et crée une passerelle entre fiction et réel…

En ce qui me concerne, je suis un peu partagé : j'aime beaucoup les histoires de sorcellerie, mais celle-ci exploite deux éléments qui sont dans ma liste personnelle des "trucs à ne pas faire". Il s'agit du principe du don et de la lignée, d'une part, et, d'autre part, de la magie "immédiate".

En fait, je trouve que ce n'est pas le genre même des récits d'apprentissage façon "young adult" qui est usé, mais certains de ses ressorts habituels, qui reviennent trop souvent. Là, bien sûr, cela varie d'un lecteur à l'autre, en fonction des lectures passées et de ce qui a souvent été rencontré et ne semble donc plus original. À titre personnel, je bloque sur les histoires de dons qui se révèlent à l'adolescence et sur la magie du type "j'y pense et cela se produit".

Pour ce qui est du don, ici, tu t'écartes tout de même du "canon" habituel. Dès lors, contrairement à Trantor, j'ai bien aimé la digression sur le système d'unions arrangées. Mais, pour ce qui est de la magie, je trouve cela quand même rapide et, du coup, un peu trop "facile". Je pense que tu aurais pu mettre en scène quelque chose d'un peu plus "recherché", d'autant que le type de magie que tu présentes dans la scène de l'initiation est médiatisé (par des formules psalmodiées, du sang, des poudres et des plantes, un pentacle sur le sol) et non pas immédiat.

Une piste serait de ne pas amener la résolution du conflit dès cette dispute au soir du retour chez la mère : à ce moment, l'héroïne essaierait "d'éteindre" sa mère comme une bougie et n'y arriverait pas ; elle ressortirait du repas avec un sentiment de colère et d'humiliation, irait se faire vomir et puis, la nuit venue, se relèverait et préparerait un moyen de défense. (Elle ferait un dessin de sa mère façon poupée vaudou et se percerait le doigt pour y faire couler du sang, répèterait "maman-est-méchante-maman-est-méchante-" comme un mantra… Ce genre de chose permettrait de médiatiser le sortilège, de faire découler son déclenchement d'une préparation antérieure). Je conçois que, d'un point de vue dramaturgique, ce serait peut-être moins efficace (encore que, cela dépend de la manière de l'écrire) mais, d'un point de vue logique, je crois que ce serait préférable.

Enfin, bref. Les systèmes de magie en littérature, c'est une de mes marottes. Mais je comprends bien que cela revêt peu d'importance pour le lecteur lambda…

Sinon, une remarque sur la forme : personnellement, je me suis senti bien plus entrainé par le récit à partir de la page 3, lorsque les dialogues apparaissent. Je trouve le début, avec les longs paragraphes, un peu plus "morne" (même si c'est fort bien écrit). Je conçois bien qu'il est nécessaire de faire de l'exposition, mais il y aurait peut-être moyen de réduire la longueur de cette introduction. Peut-être en utilisant un début in medias res ?

Un texte qui se lit bien et que la narration à la première personne rend d’autant plus vivant. Les problèmes très concrets de l’adolescence offrent un cadre réaliste à cette histoire de mages et ces deux facettes s’harmonisent de façon crédible.
Au rang des bémols :
- le langage de l’héroÏne. Sur lequel j’ai souvent tiqué, avec l’impression d’entendre un personnage  nettement plus âgé ( «Aussi loin que je me souvienne » « sans préavis » « le poids du monde s’abattant soudain sur ses épaules » « éclairer d’un jour nouveau »

Il est vrai que les enfants nous surprennent parfois avec des expressions inattendue, retenues de leurs lectures ou d’ailleurs.
Le langage enfantin en littérature, problème délicat : chaque lecteur en a sa propre conception.

« pipi à  la culotte. » par contre me semble relever du langage bébé

- les règles de la transmission du pouvoir magique justifiant le sort de la mère et qui m’ont paru alambiquées.
- la fin un peu rapide
Malgré ces quelques réserves, un bon texte qui se suit avec plaisir.

Merci Murphy et Cancereugene pour vos retours que je découvre seulement maintenant. Pour moi aussi Folcoche a été un personnage haï sans compter les comparaisons que j’ai pu faire avec ma propre mère dans certains de ses aspects. La question du père je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’il faudrait repenser totalement cet aspect de la nouvelle. La seule chose à en retenir c’est qu’il s’asit d’un père absent. Totalement autobiographique le truc finalement.

Merci Similien pour ce long retour. C’est à cause de posts comme le tien que je trouve que les miens sont insignifiants et sans intérêt. Et ne viens pas me dire « tu n’as qu’à faire pareil, je m’en sens bien incapable. » Pour en revenir au contenu, je lis souvent des histoires où la magie est présente et effectivement il y a un temps d’apprentissage plus ou moins long et finalement je m’aperçois que tu me fais exactement les mêmes reproches que ceux que j’avais pu faire après le dernier épisode star wars. Bref, erreur de débutant, je plaide coupable et je pense que tu as mis le doigt sur ce qui ne fonctionnait pas dans l’histoire. Certes l’histoire du père et des raisons plutôt alambiquées de son absence n’arrangent rien mais ce n’était pas la plus grosse pierre d’achoppement. Et certes les détails du fonctionnement de la magie ne retient forcément l’attention du lecteur lambda mais cela laisse néanmoins un sentiment de crédibilité ( ou pas) qui fait que l’histoire captive le lecteur ou non.

Merci Tobermory pour ta lecture et ton retour. En ce qui concerne le langage de la gamine. Pour moi, elle en est au stade ou elle apprend à utiliser les expressions des adultes pour les faire fonctionner dans leur contexte. Néanmoins peut-être y’en a-t-il trop. En revanche, la mère a subi un réel traumatisme de ne pas devenir mage d’où son attitude ensuite pour tout ce qui y touche.