DÉS-ORDRES
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: Concours N°19 : Un drôle d'objet
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DÉS-ORDRES
Me voilà. Pas très original à mon avis... Ce texte a 23 070 signes.
Le lien doit être bon (avec One Drive) mais il faut patienter un peu pour avoir la totalité des 6 pages
DES-ORDRES
En spoiler :
Le lien doit être bon (avec One Drive) mais il faut patienter un peu pour avoir la totalité des 6 pages
DES-ORDRES
En spoiler :
- DES-ORDRES:
- DÉS - ORDRES
Rob se réveilla la tête vide. Il eut quelques flashs : une salle aux murs blancs, une odeur de désinfectant. Serait-il à l’hôpital ? Pourquoi ? Il fut bien incapable de répondre à ces questions. Son regard se porta de gauche à droite. L’endroit ressemblait plus à une cellule qu’à une vraie chambre. Juste la place pour un lit sur lequel il était allongé, un mini lavabo et un coin penderie. Un rail de lumière qui courait sur trois murs l’obligea à cligner des paupières. En comparaison, le couloir qu’il distinguait à la place du quatrième mur et d’une porte lui parut bien sombre.
Quelque chose à son poignet droit attira son attention. Des picotements se firent sentir à intervalles réguliers. Il se souleva au bord de sa couchette, qui ne comportait ni draps ni couvertures. Une sorte de chemise ouverte dans le dos recouvrait son torse nu. Elle était assez longue pour cacher son intimité. D’une couleur bleu sale.
Une sorte de bijou étrange enserrait son poignet. Non, il n’avait jamais porté ce genre de chose. Peut-être une montre, un jour, il y a longtemps. Quand il en existait encore sur le marché des objets inertes. Depuis, ils étaient presque tous connectés et jetés à la moindre occasion. Des déchets monstrueux grignotaient l’espace des villes. Il pensait qu’un jour ils se rebelleraient et se retourneraient contre eux, les humains.
Rob se focalisa sur ce qui ressemblait à un bracelet. Entre sa peau et l’anneau de métal noir mat, il ne restait pas d’espace. Il s’était incrusté, et cela le gênait beaucoup. Il ne pourrait pas l’enlever. Un orbe brillant palpitait tel un cœur en son centre. Il réfractait la lumière à la manière d’un prisme. Que voulait dire ce délire ?
Il n’eut pas le temps de prolonger son observation car quelqu’un entra dans la petite pièce. Un individu massif qui se pencha au-dessus de lui. Il portait une blouse blanche, ce qui confirma son idée première de se trouver au sein d’une unité de soins. Des paroles lentes et appuyées lui parvinrent aux oreilles :
— Monsieur Rob Dumery, vous voilà prêt à sortir. Vous me suivrez dès que vous serez habillé.
L’inconnu lui désigna d’un geste la penderie.
— Je vous attends.
Rob tenait à savoir ce qu’il en était du bracelet. Il le présenta sous le nez du géant. La réponse le déçut :
— Le directeur va vous recevoir d’ici quelques minutes. Il vous expliquera si nécessaire. Dépêchez-vous de changer de tenue.
Le trentenaire s’exécuta, le cerveau en roue libre. Avait-il eu un accident ? Que faisait-il en ces lieux ?
*
Rob traîna des pieds derrière le mastodonte, qui ne s’était pas présenté. Il se sentait nauséeux. Et surtout inquiet de ne pas trouver de souvenirs précis concernant ce qui lui arrivait.
Debout au milieu d’une pièce immense, il dut attendre que le monsieur, assis derrière un bureau vieillot – d‘une matière similaire au bois qui n’existait plus depuis l’an 2030 –, daigna lui adresser la parole. Des yeux augmentés de lentilles grossissantes se levèrent vers lui.
— Approchez, jeune homme.
Le ton employé était autoritaire. Il lui tendit une tablette tactile.
— Signature ici, avec ce stylet.
Rob aimerait avoir une explication. Il tenta de demander :
— Je signe quoi exactement ? Et vous pouvez me dire pourquoi j’ai ce bracelet ?
Le directeur se frotta les mains lentement avant de répliquer :
— Vous allez vivre des aventures extraordinaires grâce à lui. La boule possède une partie de votre mémoire récente ; ceci afin de ne pas vous entraver à l’avenir. Je vous rappelle que vous avez accepté de faire partie d’un programme expérimental.
Ces révélations ne comblèrent pas vraiment son besoin de savoir. Au contraire. Il trembla en disant :
— Mais… cette chose me dérange… Je dois garder ça combien de temps ?
— Vous devrez vous y faire ! Si vous essayez de l’enlever, c’est à vos risques et périls. Ne le contrariez surtout pas.
Rob encaissa ces indications à contrecœur, bien que l’effet douche froide le rendît muet. Ses mâchoires ne voulurent pas se desserrer. Il allait devoir vivre chaque seconde avec cet objet non sollicité, même si on voulait lui faire croire qu’il avait accepté cette situation. Il se vit signer tel un automate.
Il comprit vaguement qu’il lui fallait récupérer des affaires à l’accueil. À droite en sortant, au bout du couloir, prendre l’ascenseur. Aller au rez-de-chaussée. Qu’il se débrouille ! Il dodelina de la tête et se dépêcha de quitter le monsieur derrière son bureau.
Le voilà sur un palier après avoir tourné comme indiqué. Il marchait depuis un moment sans rencontrer personne. Le couloir pouvait-il être si long que ça ? Son compagnon de métal émettait des sons stridents dès qu’il tentait de rebrousser chemin. Alors il continua à suivre la même direction. Pas de portes sur lesquelles il pourrait frapper et demander son chemin vers la sortie. Enfin il aperçut sur sa gauche un escalier qui descendait. Il voulut s’y engager, mais des picotements intenses le firent tressaillir, l’obligeant à s’arrêter, le souffle coupé. Il put reprendre sa respiration tandis que la pression douloureuse sur son poignet et tout son bras se relâchait. Il resta assis, hébété. Où était-il d’ailleurs ? Il ne le savait toujours pas. La boule, soudain détachée de son socle, tournoya devant lui en sifflant. Il supposa qu’il fallait se lever malgré le vertige et les crampes. Il ne devait pas beaucoup bouger au cours de son hospitalisation. Depuis combien de temps s’y trouvait-il ?
Rob reprit sa lente progression vers un improbable concierge. Des bips et des douleurs l’assaillaient chaque fois qu’une bifurcation se présentait. Elles cessaient dès qu’il choisissait la bonne voie.
Un type essoufflé, à la démarche saccadée, arriva vers lui et l’interpella :
— Dites, vous ! Magnez-vous ! Campement 1080. C’est là qu’on vous attend. Vous allez adorer. L’ascenseur est là devant vous. Vous êtes bigleux ou quoi ?
Le ton à la fois cavalier et moqueur le surprit.
En effet, ce qu’il cherchait depuis une éternité apparut comme par enchantement. Le type et lui s’y engouffrèrent. Peu de temps après, ils furent au rez-de-chaussée. Une voix douce le leur avait annoncé. Son chaperon le guida vers une loge. Il lui lança un sac polochon d’une taille moyenne muni d’une large bandoulière. Rob l’attrapa au vol et le plaça sur une de ses épaules. Il reçut l’ordre de prendre soin des affaires qu’on lui confiait.
*
Le trajet à bord d’une sorte de jeep en lévitation ne fut pas le plus pénible. Rob observait les immeubles et monuments en contrebas de la ville dont il ignorait le nom. Presque tous étaient recouverts d’immenses bâches argentées, offrant une vue uniforme. Un peu comme un empaquetage bâclé. L’impression de visiter une cité des morts le fit détourner la tête vers le chauffeur. Ce dernier avait un casque sur les oreilles. Lui poser des questions s’avérait impossible.
Le pire fut l’arrivée au milieu d’un terrain boueux. Les semelles de ses chaussures de ville collaient au sol. Elles s’extirpaient avec peine et beaucoup de chuintement. Un soldat haineux venant à sa rencontre le couvrit d’injures car il n’allait pas assez vite. À la fin de ce calvaire, il arriva au campement de transit. Un militaire se présenta à lui comme son futur chef à qui il devrait une obéissance aveugle. Il lui montra son coin sous une tente assez vaste pour contenir un bataillon. Elle accueillerait tous les matons transitant au camp de purification. Il ne serait pas le seul à venir manger, dormir et réprimer les traitres à la patrie. Le discours de ce « supérieur » lui retourna l’estomac. Qu’était-il supposé faire là ?
Rob eut la réponse plus tard. Rassemblement au son d’une sirène aux décibels insoutenables. S’il ne se précipitait pas à la seconde, l’alarme de son bracelet se mettait elle aussi à lui agresser les tympans. Certains de ses coéquipiers possédaient un casque. Il se demanda comment faire pour en avoir un. Il se voyait au milieu d’une zone de friches, sans magasin ni distraction. Le vide sidéral. Il attendit dans un froid glacial. Peut-être était-ce l’automne, ou l’hiver. Même revêtu d’une combinaison noire intégrale très épaisse, il grelottait. Se trouvait-il au pôle nord ?
Ensuite, il dut suivre le mouvement. Course jusqu’à des bâtiments en piteux état, paraissant abandonnés. Ereinté, les mollets douloureux, un point de côté et malgré tout réchauffé, Rob écouta les consignes sans trop comprendre ce qu’on attendait de lui.
« Quand elles arriveront, vous vous saisissez de la massue qui se trouve là ». Quelqu’un en costume bleu marine indiquait une caisse au centre de la pièce. La voix qui dictait les ordres résonnait contre les murs en pierre. « Attrapez le bâtard qui s’agrippe à elles et vous frappez la tête. » Il remarqua que le ciment sur lequel il marchait avait une couleur rougeâtre et un aspect répugnant. Une odeur infecte emplissait l’atmosphère. L’instructeur les laissa seuls. Peu de temps après, des cris stridents parvinrent aux oreilles de ceux dépourvus de protections auditives.
Dès qu’elles apparurent, tremblantes et apeurées, Rob sut qu’il se trouvait en enfer. Il n’avait qu’une envie, fuir aussi loin que possible. Ce moment de flottement ne fut pas du goût de ce qui lui servait de bracelet-chaperon. Il serra les dents lorsqu’une décharge transperça son bras, puis une douleur intense se diffusa le long de sa colonne vertébrale. Les autres s’occupaient de détruire les crânes avec une hargne terrible. Les mères hurlaient, mais ils continuaient de leur arracher des bras le petit être qui tétait encore au sein.
Des hommes en bleu, munis de sac poubelle, se chargeaient de ramasser les corps sans vie. En arrière-plan, une ombre d’une taille gigantesque se repaissait des cadavres. Était-ce une divinité qu’il fallait honorer ? Elle se tourna vers lui. Au milieu d’un faciès démentiel à la dentition impressionnante, deux globes oculaires vitreux se posaient sur lui avec insistance. Vision d’horreur ! Il ne put supporter ce spectacle et regarda ailleurs.
Tous pataugeaient sur un terrain glissant. Un autre groupe aspergeait le sol par intermittence à l’aide de longs tuyaux d’arrosage. Rob fixait ses bottes sans bouger malgré la persécution du bracelet. C’était une expérience, se répétait-il. Pour quel dessein ? Devait-elle prouver le degré d’ignominie possible d’un humain ? Rien de nouveau. S’agissait-il du dernier lieu à la mode où chaque participant pourrait détruire, étriper n’importe qui sans état d’âme ?
Ses pensées furent interrompues à cause de la capsule qui gravitait autour de son visage. Il voulut la chasser en tendant les bras vers elle. Celle-ci déchiqueta ses gants et lui égratigna la peau en passant à toute allure. Il voulut échapper aux vrombissements continus et avança droit devant lui, tête baissée. Butant sur les corps de nourrissons, il s’immobilisa face à une jeune personne qui le dévisageait d’une manière intense. Il la trouva très belle. Différente de ses voisines. Elle n’avait rien d’une sauvageonne au contraire des autres femmes. Son attitude digne lui fit un électrochoc. Abasourdi, il se figea. Il n’entendit plus les cris, planant au-dessus de l’agitation, porté par une sorte de rêve. Moment suspendu. Elle prononça son nom :
— Rob, toi aussi, ils t’ont pris… Je suis Eden.
Il ne put lui répondre car des bras le tiraient en arrière. Le vacarme revint. La torture infligée recommença. Non, il n’irait pas tuer des innocents. Les impulsions s’intensifièrent. Il résisterait et sauverait cette femme qui le connaissait. Rob oscillait entre sa volonté de vivre et celle de se laisser mourir. Son cœur allait lâcher tôt ou tard. Pour l’instant, il tenait bon. Pendant combien de temps encore ?
*
Avait-il réussi à dormir ? Il ne se souvenait pas. Réveil en fanfare une fois de plus. La sirène du camp hurlait, pourtant il n’arrivait pas à bouger de son lit de toile. Une migraine enflait sous son crâne. Que se passerait-il s’il ne se levait pas ? Il revoyait le carnage des enfants, les mères terrorisées et cette jeune personne, Eden ; ce qui le mit dans une rage folle. Se débarrasser de ce bracelet devenait urgent. Du fait de sa fureur, il réussit à s’asseoir, puis à se déplacer, scrutant son environnement à la recherche d’un ustensile capable de briser le métal. Il n’y en avait pas.
Les fréquences émises par ce satané bracelet changèrent de cible. Elles ne visaient plus son corps, mais son esprit. Des injonctions pénétrèrent son cerveau. Tue les toutes, ces garces ! Va rejoindre les Purificateurs ! Il luttait pour ne pas les entendre, puis se mit à courir en direction du lieu de massacre. Bien, prends la massue et frappe. Il se vit marcher résolument vers les mères, l’arme à la main. Son bébé serré contre elle, le visage déformé par la haine, l’une d’elles cracha sur lui. Il eut du mal à arracher le bambin. Au fond des iris d’un bleu limpide, il lut de l’incompréhension. Incapable de stopper ses gestes, il continua, toute volonté broyée. Tandis qu’il fracassait des crânes, son âme se fractura. Un dernier sursaut d’humanité lui fit retourner la massue sur son poignet. Elle rebondit, sans endommager les circuits placés au cœur du métal indestructible. Ses os craquèrent. Il ne put toucher la capsule qui anticipait les coups et le frappait en retour. Les autres liquidateurs se mirent à l’encercler. Rob espéra en finir. Qu’ils cognent jusqu’à ce que mort s’ensuive !
Bientôt, un silence anormal remplaça le chaos. Rob se sentit soulevé, emporté par plusieurs personnes. Son bracelet n’émettait plus.
*
Il ouvrit les yeux. Un lent mouvement de la tête lui fit entrevoir une salle médicalisée. Lui-même était installé sur une table d’opération. Des capteurs parcouraient son torse en tous sens. Le lieu lui rappelait vaguement quelque chose.
— Rob, tu m’entends ? Tu m’excuseras, j’ai dû désactiver le bracelet. Tu manifestais des signes alarmants de panique. Tremblements, sueur, tics faciaux, et ton pouls s’accélérait dangereusement. J’ai appliqué le protocole d’urgence. Ensuite réintégration de ta mémoire.
Rob émergeait par degré. Il chercha d’où venait la voix. Un homme se tenait debout sur sa droite. Son visage ne lui était pas inconnu. Le professeur Dan Sylvère. Son homologue et ami, chercheur en objets connectés appliqués aux humains. Il le secondait à chaque étape de son projet : celui de créer un moyen de révéler les désirs enfouis non connus de soi. Il s’agissait de descendre au fond de son inconscient afin de réaliser ses fantasmes, qu’ils soient ignobles ou réjouissants. Le bracelet faisait partie du plan « Réaliser ses Rêves » et il s’était porté volontaire pour l’expérimenter. Il répondit, tout à fait réveillé :
— Il y avait urgence en effet, merci ! Je crois que j’ai eu ce qu’on appelle un bad trip. C’était horrible ! Imagine que je devais massacrer à coups de massue des nourrissons. Il fallait les arracher du sein de leur mère. Une partie de mon subconscient devait vouloir ce carnage tandis que l’autre pas du tout. Au contraire, il est tombé amoureux d’une beauté. J’aimerais retrouver cette fille, qui connaissait mon nom, en plus ! Eden. C’est ainsi qu’elle s’est présentée à moi. Mon rêve insensé serait de la revoir, tu comprends ?
— Hum, oui, j’imagine bien ce que tu as pu ressentir. L’horreur et la grâce. Bizarre, tout de même. Je doute que tu puisses la retrouver facilement.
— Ça me revient, elle ressemble à l’actrice Eden Leight. Cette diva. Je me damnerais pour elle.
Dan resta bouche bée un moment, les yeux écarquillés. Il approuva, un sourire béat aux lèvres :
— Quoi ?! Je vois ce que tu veux dire. Jamais tu ne pourras l’approcher. Laisse tomber.
*
Eden Leight n’avait trouvé le sommeil que bien après minuit. Pourtant, elle était crevée. Recommencer des dizaines de fois la même scène avait failli entamer sa patience légendaire. Une prestation éprouvante, car elle tenait le rôle d’un personnage halluciné montant crescendo au bord de la folie.
Ses somnifères ne lui procurant pas l’effet escompté, elle s’était relevée plusieurs fois, en proie à une insomnie tenace. Quelques verres d’un alcool fort, ingurgités à la va-vite, eurent raison de sa veille forcée. Le lendemain, vers midi, elle devrait se rendre sur le tournage, prête à répondre aux lubies du metteur en scène. Sa beauté et son talent dépendaient de la qualité de son sommeil.
Eden se vit déambuler au milieu d’un décor lugubre. Une zone boueuse sur laquelle se profilaient des tentes militaires où paradaient des hommes en tenue bleu marine, bientôt rejoints par un groupe d’individus vociférant des injures. Ceux-ci portaient des combinaisons noires et se dirigeaient en hurlant vers elle. Vêtue d’une robe transparente, richement brodée de fils argentés, elle déparait dans ce lieu de cauchemar. D’autres filles à moitié déshabillées, presque en haillons, faisaient semblant d’allaiter leur bébé. Elles attendaient, assises sur un banc de pierre. Une dame aux sourcils épais et à l’air peu commode lui remit un nourrisson et l’obligea à rejoindre celles qui commençaient à s’affoler. Les minutes qui suivirent furent terribles. Ses copines de malheur durent affronter l’innommable. Les bébés extirpés de leur nid douillet pleuraient. Après les avoir soulevés par un membre, tête en bas et roués de coups, on les jetait par terre. Était-ce du cinéma ? Les femmes jouaient à merveille les victimes éplorées. Persuadée d’être devant une caméra, Eden gonfla sa poitrine, releva la tête et prit une pose enjouée. Un des massacreurs hésitait à frapper. Il paraissait à côté de la plaque. Quelque chose le tourmentait car il secouait les mains devant son visage. Il s’approcha d’elle, la fixant avec insistance. Leurs regards convergeaient. Comme dans un film, elle imagina une réplique. N’importe quoi. Pourquoi pas : « Rob, toi aussi ils t’ont pris. Je suis Eden. » Ça lui était venu sans réfléchir. Il avait une tête à s’appeler Rob de toute façon. L’homme fut transporté ailleurs. Ensuite une grande ombre glaçante plana au-dessus d’elle. Une impression désagréable la saisit. En levant la tête, elle distingua les contours d’une créature effrayante. Des ailes immenses battaient l’air d’une manière désordonnée. Sous son corps enveloppé de ténèbres, une paire de pattes maigres au bout desquels des griffes étincelaient. Cette sorte de dragon cherchait à l’attraper, elle en était persuadée. Comme si elle lui en voulait. La bête se cognait à une paroi invisible sans parvenir à franchir l’espace entre elles deux. Elle se mit à courir.
L’alarme de son portable la tira de ce rêve pénible. « Déjà l’heure ! » Elle se leva en vitesse, prit sa douche et se prépara du mieux possible. Des cernes sous les yeux l’obligèrent à se tartiner de fond de teint, tout en sachant qu’elle aurait droit à une séance interminable avec sa maquilleuse. Elle attendit son chauffeur en repensant à ce drôle de songe. Quelle signification lui donner ? Malgré tout, elle était secouée. Il lui fallait un réconfort. Pendant le trajet, elle appela son amie Rosine qui lui proposa de lui changer les idées. Elle avait des invitations pour une fête où tout le gratin des scientifiques et artistes connus se réunirait en l’honneur de l’anniversaire de l’un d’entre eux. Ce serait une surprise. Rendez-vous pris à 21 heures devant la cathédrale de lumière.
*
Le fête battait son plein. Une coupe de pétillant saveur champagne à la main, Eden se promenait parmi les convives en compagnie de son amie. Sur leur passage, les groupes de personnes se taisaient et les invitaient à se joindre à eux. Ce qui l’amusait beaucoup. Elle n’était pas dupe : sa blondeur et ses proportions parfaites attiraient les regards. Pas ses connaissances en histoire contemporaine. Rosine, quant à elle, possédait un sens de l’humour surprenant qui détendait le plus renfrogné des convives. Leur duo de charme et d’esprit fonctionnait à merveille.
La sono diffusait des tubes connus alternant rythmes rapides et plus lents. Les deux actrices se lâchaient d’autant plus que les boissons enivrantes coulaient à flot. Alors qu’elles entamaient une nouvelle chorégraphie originale, quelqu’un toucha le bras d’Eden. Surprise, elle stoppa son mouvement. Il lui demanda si elle voulait bien lui accorder une danse. Elle accepta sans trop savoir pourquoi. Le type n’avait rien d’un don juan. Plutôt quelconque. Vêtu d’un costume clair trop grand pour lui, il paraissait avoir avalé une armoire tellement il se crispait. Au fur et à mesure, il se détendit et elle le trouva plutôt joli garçon. Elle abandonna Rosine qui s’était rapprochée d’un bel inconnu qui la suivait depuis le début des festivités. Après plusieurs slows langoureux, son cavalier lui indiqua un coin à l’écart du tumulte. Attrapant quelques petits fours au passage et une coupe d’imitation champagne, ils s’installèrent sur une banquette moelleuse. Eden commença à réaliser que son galant était le sosie du Rob de son cauchemar. Il lui ressemblait, tout du moins. Elle avait trop bu, donc forcément elle devait halluciner. L’endroit baignait en une douce lumière d’ambiance et les sons y arrivaient atténués. Elle se sentait bien et attirée d’une manière inexplicable. Était-ce un coup de foudre ? Elle ne comprenait pas. Voilà qu’elle se jetait sur le premier venu. D’habitude elle jouait les divas et faisait languir ses galants. Pourquoi celui-là ? Il l’embrassa au creux de l’épaule et elle se laissa faire. Il lui susurra qu’il avait rêvé d’elle. Si elle voulait bien finir la soirée chez lui, ce serait un bonheur merveilleux. « Eden, vous me plaisez beaucoup. Si vous saviez comme je vous aime. »
*
Nus, les amoureux avaient passé une bonne partie de la nuit enlacés. La jeune femme remarqua un objet bizarre posé sur un guéridon. Une fois l’envie charnelle apaisée, elle interrogea son amant :
— Dis-moi… à quoi ça sert, ce truc ? On dirait un bracelet... Tu me le donnes ? Il est classe.
— Non, c’est un prototype. Je ne préfère pas.
Eden fit la moue et n’y pensa plus. Lorsque Rob fut endormi, elle se leva et prit le large anneau serti d’un joyau en forme de boule qui se mit à scintiller. La sensation du métal sur sa peau la surprit. On aurait dit que des aiguilles s’amarraient à sa chair. La suite la plongea au fond d’un maelstrom de visions apocalyptiques. La créature dragon se matérialisa devant elle. Sa gueule aux multiples dents se rapprocha de son visage. Elle hurla avant que la bête ne lui arrachât la tête. Du sang gicla sur les draps froissés et le corps de Rob. Il se réveilla en sursaut. Il vit un être hybride surgir du néant. À la fois animal et femme. Au buste magnifique d’Eden, mais aux membres déformés. Il portait le bracelet passeur de rêves sur ce qui devenait un clone de bras féminin. L’entité s’acharna sur lui. Avant de sombrer, il entendit :
— On ne dérange pas impunément Sigoorth l’affamée !
À présent, cette engeance démoniaque pourrait passer d’une dimension à l’autre afin de se nourrir d’humains. Se transformer en Eden ne lui poserait pas de problèmes. Multiplier les apparences serait un jeu d’enfant. Pour cela il lui fallait deux choses : l’objet précieux du professeur Rob et les têtes de ses futures victimes.
FIN
Re: DÉS-ORDRES
Mais mais mais... comment c'est possible que je ne le vois que maitenant? 4 jour après?
Tu as dû te sentir bien seule, croire qu'on t'avais oubliée, ou qu'on ne t'aimait plus. Que nenni!
Bon, je te lis ce soir....
Tu as dû te sentir bien seule, croire qu'on t'avais oubliée, ou qu'on ne t'aimait plus. Que nenni!
Bon, je te lis ce soir....
Re: DÉS-ORDRES
Bon, j'ai pas attendu
Le début m'a entrainé dans un monde et une ambiance assez gore qui se mettait bien en place, même si ce n'est pas mon genre de prédilection, jusque la scène sur la piste de dance...
Sur la fin aussi, l'avant dernier paragraphe ( la scène dans le lit) a bien rattrapé la sauce, il est bien construit et j'ai replongé dans le gore...
Quant à l'explication finale, je crois que tu aurais pu t'en passer. A voir avec les autres.
Le début m'a entrainé dans un monde et une ambiance assez gore qui se mettait bien en place, même si ce n'est pas mon genre de prédilection, jusque la scène sur la piste de dance...
- Spoiler:
- ... où la déclaration d'amour m'a perdu. Une pulsion physique, sexuelle, irrépressible, oui, ce serait passé dans le contexte, mais l'élan amoureux transi, je n'y ai pas cru. C'est peut être mon coté autiste
Sur la fin aussi, l'avant dernier paragraphe ( la scène dans le lit) a bien rattrapé la sauce, il est bien construit et j'ai replongé dans le gore...
- Spoiler:
- ... jusque la phrase "On ne dérange pas impunément Sigoorth l'affamée". Je ne sais pas, à mon oreille, ça sonnait faux, et puis qui est Sigoorth? Le qualificatif "l'affamée" évoque presque une farce. En quoi on l'a dérangée? Elle semblait bien contente d'être matérialisée par le bracelet. J'aurais bien imaginé une phrase du genre "Enfin libre!" comme le génie libéré de la lampe.
Quant à l'explication finale, je crois que tu aurais pu t'en passer. A voir avec les autres.
Dernière édition par Trantor le Dim 21 Nov 2021 - 11:46, édité 1 fois
Re: DÉS-ORDRES
4 jours ce n'est rien ! J'ai fait pire : 13 jours avant de commenter ton texte (je l'avais lu bien avant, mais je laisse souvent une marge de temps pour voir ce que j'en retiens).
Merci pour ta rapidité, malgré ce que tu dis
Pour en revenir à mon texte, il est spécial.
Merci pour ta rapidité, malgré ce que tu dis
Pour en revenir à mon texte, il est spécial.
- Spoiler:
- J'ai tenté de mélanger les genres, mais j'ai pas assez appuyé sur le fait que Rob avait eu le coup de foudre "grâce" au bracelet qui lui a fait entrevoir cette actrice et qu'il pouvait être fleur bleue ; ce qui arrive ensuite devient de ce fait encore plus terrible. Bon, j'ai raté mon effet !
Sigoorth a quand même été dérangée par l'intrusion de Rob dans sa dimension, on va dire. C'est maladroit, je m'en rends compte et ton idée de "enfin libre" colle mieux avec le dénouement.
Le dernier paragraphe me semblait utile quoique ici, non, puisque la plupart des lecteurs du forum, dont toi, comprend parfaitement où je veux en venir. C'est mon travers de vouloir expliquer trop...
Re: DÉS-ORDRES
Une petite lecture bien agréable pour ma part mais je crois que je suis quand même restée un peu à côté de ton texte. J'ai eu du mal a m'en imprégner, à l'exception des scènes gores. La première je l'ai même relue deux fois, croyant avoir mal compris.
J'ai pas grand chose à en dire de plus. L'histoire Rob/Eden est un poil forcée comme le dit Trantor, mais elle ne m'a pas choquée outre mesure (mon côté fleur bleue surement ^^).
Merci pour ce texte.
J'ai pas grand chose à en dire de plus. L'histoire Rob/Eden est un poil forcée comme le dit Trantor, mais elle ne m'a pas choquée outre mesure (mon côté fleur bleue surement ^^).
Merci pour ce texte.
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
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Re: DÉS-ORDRES
mince, je suis la seule à ne pas parvenir à ouvrir le lien ?
"Cet élément a peut-être été supprimé, il a expiré ou vous n’êtes pas autorisé à y accéder. Pour plus d’informations, contactez son propriétaire."
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Ratator- Apprenti égorgeur
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Age : 39
Re: DÉS-ORDRES
Non, moi non plus je n'ai pas pu accéder au document, je l'ai lu en spoiler.
Françoise, comme souvent, tes idées sont bonnes, mais l'écriture est à retravailler. Sans doute tu l'as écrit vite, mais ça donne des phrases trop sèches, trop extérieures. Comme Nao, au lieu de la voir l'histoire se dérouler, j'ai eu l'impression que tu me décrivais les événements. J'ai eu besoin moi aussi de relire.
Quelques ellipses gênent la compréhension :
Ce n'est qu'après qu'on comprend qui sont "elles" : des mères avec leurs enfants. Pour l'intensité émotionnelle de cette scène, on aurait aimé le savoir d'emblée ! Et je n'ai pas bien compris
Françoise, comme souvent, tes idées sont bonnes, mais l'écriture est à retravailler. Sans doute tu l'as écrit vite, mais ça donne des phrases trop sèches, trop extérieures. Comme Nao, au lieu de la voir l'histoire se dérouler, j'ai eu l'impression que tu me décrivais les événements. J'ai eu besoin moi aussi de relire.
Quelques ellipses gênent la compréhension :
« Quand elles arriveront, vous vous saisissez de la massue qui se trouve là »
(...)
Dès qu’elles apparurent, tremblantes et apeurées, Rob sut qu’il se trouvait en enfer. Il n’avait qu’une envie, fuir aussi loin que possible.
Ce n'est qu'après qu'on comprend qui sont "elles" : des mères avec leurs enfants. Pour l'intensité émotionnelle de cette scène, on aurait aimé le savoir d'emblée ! Et je n'ai pas bien compris
- Spoiler:
- qui est Sigoorth l'affamée, qui arrive un peu à la fin comme un cheveu sur la soupe ! D'où sort-elle ? Pourquoi est-elle dérangée ?
Re: DÉS-ORDRES
ah oui j'ai pas pensé que le texte serait aussi dispo en spoiler (je voulais pas le dérouler avant d'avoir lu).
En ce qui concerne l'univers j'aime bien la brutalité primaire qui se dégage de la première partie, disons que je la trouve palpable
moi qui ai du mal à développer mes idées, je pense que tu as dû te retrouver bridée par le nombre de caractères car l'histoire fourmille d'éléments sur lesquels on aimerait en savoir plus
Autre chose que j'ai aimé dans la construction, c'est l'alternance de point de vue.
Pour ma part, le dernier paragraphe n'était pas de trop,
En ce qui concerne l'univers j'aime bien la brutalité primaire qui se dégage de la première partie, disons que je la trouve palpable
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d'ailleurs, quand Rob essaie de casser son bracelet, j'ai même pensé qu'il finirait par se couper la main pour s'en débarrasser
moi qui ai du mal à développer mes idées, je pense que tu as dû te retrouver bridée par le nombre de caractères car l'histoire fourmille d'éléments sur lesquels on aimerait en savoir plus
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sur le pourquoi de ces expériences, sur Sigoorth et cet espèce de rituel rêvé, etc.
Autre chose que j'ai aimé dans la construction, c'est l'alternance de point de vue.
Pour ma part, le dernier paragraphe n'était pas de trop,
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je n'arrivais pas à savoir s'il s'agissait d'univers parallèle ou d'un genre d'inconscient collectif partagé par les rêves/cauchemars avant cette explication finale.
Ratator- Apprenti égorgeur
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Re: DÉS-ORDRES
@Nao : merci pour ton retour.
@Pala : désolé de ne pas avoir réussi à te faire vivre cette histoire de l'intérieur. Il est vrai que j'ai opté pour cette façon un peu sèche que tu n'as pas aimé. J'ai pensé que
@Ratator : merci pour ton point de vue un peu différent des autres. Mais il y a des questions non résolues, tu as raison et il m'aurait fallu plus de place.
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- Je n'ai pas donné assez d'indications, un peu exprès car au début il s'agit d'un songe spécial, sous couvert d'une expérience qui tourne mal... enfin... dont l'issue va permettre l'intrusion de ce monstre "Sigoorth" dans notre monde. J'ai donc opté pour une écriture peu fluide croyant bien faire.
@Pala : désolé de ne pas avoir réussi à te faire vivre cette histoire de l'intérieur. Il est vrai que j'ai opté pour cette façon un peu sèche que tu n'as pas aimé. J'ai pensé que
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- c'était la meilleure façon d'entrer à l'intérieur de ce cauchemar que le bracelet créait. Pourtant, j'ai pris mon temps pour écrire ^^ J'avoue que s'agissant de la créature qui apparaît à la fois dans le cauchemar de Rob et dans celui d'Eden, je ne me suis pas trop focalisée dessus. Sigoorth est son nom en fait ! Elle est dérangée par Rob qui (à cause du bracelet) a atterri dans son monde. Cette phrase est maladroite, je te le concède parce qu'ensuite, elle est bien contente de venir nous dévorer.
@Ratator : merci pour ton point de vue un peu différent des autres. Mais il y a des questions non résolues, tu as raison et il m'aurait fallu plus de place.
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- L'expérience est toute bête : vouloir explorer les rêves (les bons) afin de les voir se réaliser. Rob y est presque. Il a libéré un monstre assoiffé de sang, d'où Sigoorth qui est le nom de la créature vue dans les songes de Rob et d'Eden. Comme tu le soulignes, le dernier paragraphe donne tout de même un élément sur ce qui est en jeu : il s'agit d'une partie du cauchemar qui se réalise à cause du bracelet.
Re: DÉS-ORDRES
FRançoise GRDR a écrit:@Nao : merci pour ton retour.Bon, tant pis si tu n'as pas accroché.
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Je n'ai pas donné assez d'indications, un peu exprès car au début il s'agit d'un songe spécial, sous couvert d'une expérience qui tourne mal... enfin... dont l'issue va permettre l'intrusion de ce monstre "Sigoorth" dans notre monde. J'ai donc opté pour une écriture peu fluide croyant bien faire.
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Je pense que c'est cette écriture peu fluide qui fait que je suis restée un poil en dehors, cela dit j'en comprends l'intérêt. Je vais peut être tâcher de redonner une lecture a ton texte. Avec tes éclaircissements, je verrais peut être les choses autrement.
Je tiens quand même a nuancer un truc : même si je suis pas entrée dedans complétement, j'ai apprécié l'ambiance et la trame de ton texte, l'idée était bonne et tu l'as plutôt bien exploitée. Reste juste qu'il m'a peut être manquer quelque chose pour vraiment entrer dedans. Si je trouve quoi, je te dirais.
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
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Re: DÉS-ORDRES
En toute franchise, la SF n'est vraiment pas ma tasse de thé. Cependant, je dois dire que j'ai trouvé ton histoire très originale. Cela fourmille vraiment d'idées. Et si, à la première lecture, ce récit peut sembler un peu confus et partir dans tous les sens, je me dis, à la réflexion, que ce n'est pas une mauvaise chose : au moins, il y a de l'épaisseur. D'autant plus que ce genre de "science-fantasy" n'est pas si courant ; c'est donc rafraichissant.
Pour essayer de formuler une remarque constructive, je dirais que je ne suis pas certain que les deux premières séquences (le réveil suivi de l'habillage et le dialogue avec le directeur) soient absolument nécessaires. Est-ce que la nouvelle ne fonctionnerait pas aussi bien si Rob était soudain réveillé par un coup de pied du "soldat" et se trouvait déjà dans le champ ? Il découvrirait alors par lui-même le fonctionnement du bracelet et on attaquerait plus vite la phase "horrifique" de la nouvelle… (J'ai souvent tendance à prôner le principe "less is more", en particulier dans le cas d'un récit court.)
Ce n'est qu'une suggestion, bien sûr, mais la remarque de Ratator par rapport au nombre de caractères qui a pu te brider m'y a fait songer. C'est peut-être l'endroit où tu pourrais réduire un peu la voilure, pour avoir davantage le loisir de la re-déployer par ailleurs…
Cela permettrait aussi de réduire un peu le nombre de lieux que tu mobilises. Là, il y a l'espèce d'hôpital (chambre + bureau), le champ, le laboratoire, la salle de bal et la chambre. Cela fait beaucoup, pour une nouvelle : je pense que, pour ce genre de texte, un bon principe général est de veiller à ne pas multiplier inutilement les espaces. (Bon, je dis cela, mais j'ai fait exactement la même chose dans ma propre entrée pour ce concours… )
D'ailleurs, même sans forcément faire une grosse coupe, je pense qu'il y a un potentiel encore à explorer dans cette première partie du texte. Par exemple, tu pourrais accentuer l'angoisse durant la scène où Rob est perdu dans les couloirs, de manière à créer de la tension en vue de ce qui va suivre…
Bref, j'ai trouvé que c'était un texte riche et plein de potentiel, même s'il ne correspond pas forcément à mes gouts personnels.
Ah, encore une remarque : pour rebondir sur ce que Paladin disait par rapport aux phrases trop sèches, moi, c'est quelque chose qui ne m'a pas trop gêné dans la narration (le ton m'a paru un chouïa distant, mais c'est un style). Par contre, j'ai trouvé que les dialogues en pâtissaient. Cette tirade, en particulier, m'a paru maladroite et m'a un peu sorti de l'immersion du texte :
Pour essayer de formuler une remarque constructive, je dirais que je ne suis pas certain que les deux premières séquences (le réveil suivi de l'habillage et le dialogue avec le directeur) soient absolument nécessaires. Est-ce que la nouvelle ne fonctionnerait pas aussi bien si Rob était soudain réveillé par un coup de pied du "soldat" et se trouvait déjà dans le champ ? Il découvrirait alors par lui-même le fonctionnement du bracelet et on attaquerait plus vite la phase "horrifique" de la nouvelle… (J'ai souvent tendance à prôner le principe "less is more", en particulier dans le cas d'un récit court.)
Ce n'est qu'une suggestion, bien sûr, mais la remarque de Ratator par rapport au nombre de caractères qui a pu te brider m'y a fait songer. C'est peut-être l'endroit où tu pourrais réduire un peu la voilure, pour avoir davantage le loisir de la re-déployer par ailleurs…
Cela permettrait aussi de réduire un peu le nombre de lieux que tu mobilises. Là, il y a l'espèce d'hôpital (chambre + bureau), le champ, le laboratoire, la salle de bal et la chambre. Cela fait beaucoup, pour une nouvelle : je pense que, pour ce genre de texte, un bon principe général est de veiller à ne pas multiplier inutilement les espaces. (Bon, je dis cela, mais j'ai fait exactement la même chose dans ma propre entrée pour ce concours… )
D'ailleurs, même sans forcément faire une grosse coupe, je pense qu'il y a un potentiel encore à explorer dans cette première partie du texte. Par exemple, tu pourrais accentuer l'angoisse durant la scène où Rob est perdu dans les couloirs, de manière à créer de la tension en vue de ce qui va suivre…
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- Une autre suggestion que je te ferais, si tu as envie de retravailler ce texte, ce serait de changer le directeur en directrice et de modifier légèrement sa description et celle de Sigoorth l’affamée, pour leur donner une caractéristique commune : cela laisserait comprendre a posteriori que le monde dans lequel Rob a échoué n'est pas le produit de son rêve, mais qu'il appartient bien à cette créature. La faire exister sous un second avatar, qui serait le directeur et aurait donc "autorité" sur le lieu, permettrait à mon sens de clarifier le statut de ton antagoniste…
De plus, la phrase de révélation "On ne dérange pas impunément Sigoorth l’affamée !" apparaitrait peut-être moins brusque (comme Paladin, j'ai trouvé que cette révélation tombait un peu comme un cheveu dans la soupe).
Bref, j'ai trouvé que c'était un texte riche et plein de potentiel, même s'il ne correspond pas forcément à mes gouts personnels.
Ah, encore une remarque : pour rebondir sur ce que Paladin disait par rapport aux phrases trop sèches, moi, c'est quelque chose qui ne m'a pas trop gêné dans la narration (le ton m'a paru un chouïa distant, mais c'est un style). Par contre, j'ai trouvé que les dialogues en pâtissaient. Cette tirade, en particulier, m'a paru maladroite et m'a un peu sorti de l'immersion du texte :
Je me demande s'il n'aurait pas mieux valu passer par le discours indirect ("le front humide de sueur froide, il lui fit le récit de son bad trip, puis avoua qu'il aurait bien voulu retrouver cette fille"). Là, on a l'impression que tu as voulu être très synthétique pour ne pas faire doublon et lasser le lecteur, mais, dès lors, la tirade parait artificielle. J'ai peine à croire qu'il s'exprimerait de cette manière s'il sortait d'un cauchemar…— Il y avait urgence en effet, merci ! Je crois que j’ai eu ce qu’on appelle un bad trip. C’était horrible ! Imagine que je devais massacrer à coups de massue des nourrissons. Il fallait les arracher du sein de leur mère. Une partie de mon subconscient devait vouloir ce carnage tandis que l’autre pas du tout. Au contraire, il est tombé amoureux d’une beauté. J’aimerais retrouver cette fille, qui connaissait mon nom, en plus ! Eden. C’est ainsi qu’elle s’est présentée à moi. Mon rêve insensé serait de la revoir, tu comprends ?
Re: DÉS-ORDRES
Similien a écrit:Est-ce que la nouvelle ne fonctionnerait pas aussi bien si Rob était soudain réveillé par un coup de pied du "soldat" et se trouvait déjà dans le champ ? Il découvrirait alors par lui-même le fonctionnement du bracelet et on attaquerait plus vite la phase "horrifique" de la nouvelle… (J'ai souvent tendance à prôner le principe "less is more", en particulier dans le cas d'un récit court.)
C'est pas pour prendre "la défense" de Françoise, mais si elle l'avait écrit comme ça, j'aurais eu l'impression qu'elle avait plus ou moins calqué sur le réveuil de Tom Cruise dans "Edge of Tomorrow". Je pense pas que j'aurais été la seule, si ?
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Re: DÉS-ORDRES
Ah ah, ce film, j'y pensais justement en rédigeant mon commentaire.
À mes yeux, il n'y a aucun problème à piocher çà et là dans les recettes qui fonctionnent. Dans Edge of Tomorrow (qui, pour moi, est un des films d'action les plus sous-estimés et injustement méconnus des dernières années), cela marche de manière admirable : on s'interroge à peine sur ce qui s'est passé, on n'essaie pas de l'expliquer de suite. C'est comme ça, voilà tout. Du coup, je ne vois pas la comparaison comme un obstacle, mais au contraire comme un exemple réussi de "less is more", dont on peut s'inspirer à bon droit.
À mes yeux, il n'y a aucun problème à piocher çà et là dans les recettes qui fonctionnent. Dans Edge of Tomorrow (qui, pour moi, est un des films d'action les plus sous-estimés et injustement méconnus des dernières années), cela marche de manière admirable : on s'interroge à peine sur ce qui s'est passé, on n'essaie pas de l'expliquer de suite. C'est comme ça, voilà tout. Du coup, je ne vois pas la comparaison comme un obstacle, mais au contraire comme un exemple réussi de "less is more", dont on peut s'inspirer à bon droit.
Re: DÉS-ORDRES
Ce serait pas forcément un obstacle, et je te rejoins sur le fait de garder la recette si elle marche bien, mais là, dans le contexte de cette histoire, je pense que ça aurait pu comme parasiter ma lecture.
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
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Re: DÉS-ORDRES
J'ai plutôt bien accroché au début, malgré une écriture parfois un peu maladroite. Le bracelet est intrigant, ce qui arrive à Rob aussi. J'ai trouvé l'apparition de la créature bizarre, comme si ça ne collait pas (le mélange des genres est difficile), mais la partie violente étant intéressante, ce n'était pas bien grave.
Ensuite, j'ai décroché. Le réveil de Rob et l'argument scientifique, ça va, mais mon côté non fleur bleue n'a pas adhéré à la partie "je veux la retrouver". Pourtant, ça reste quand même intéressant. Éden qui rêve la même scène avec un tout autre point de vue est bien faite, mais la rencontre entre les deux ne fonctionne pas. Le côté coup de foudre ne s'insère vraiment pas dans l'ensemble. On perd l'intensité et le suspense, les questions. Puis, le retour de la créature est un peu trop abrupt.
Je pense que la matière est bonne et originale, mais les éléments ne se lient pas bien. Ça manque de "détails". En fait, c'est une histoire qui devrait s'étendre pour permettre à chaque élément de s'emboîter dans le tout.
Mais on te connaît, tu vas nous retravailler tout ça et en faire un très bon récit. Pour le moment, je dirais qu'il est intéressant.
Ensuite, j'ai décroché. Le réveil de Rob et l'argument scientifique, ça va, mais mon côté non fleur bleue n'a pas adhéré à la partie "je veux la retrouver". Pourtant, ça reste quand même intéressant. Éden qui rêve la même scène avec un tout autre point de vue est bien faite, mais la rencontre entre les deux ne fonctionne pas. Le côté coup de foudre ne s'insère vraiment pas dans l'ensemble. On perd l'intensité et le suspense, les questions. Puis, le retour de la créature est un peu trop abrupt.
Je pense que la matière est bonne et originale, mais les éléments ne se lient pas bien. Ça manque de "détails". En fait, c'est une histoire qui devrait s'étendre pour permettre à chaque élément de s'emboîter dans le tout.
Mais on te connaît, tu vas nous retravailler tout ça et en faire un très bon récit. Pour le moment, je dirais qu'il est intéressant.
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