La réflexion
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours hors-série :: Concours HS N°9 : Miroir (s)
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La réflexion
Salut à toutes et tous,
Avec ce sujet, le risque de produire un texte convenu est grand ! Pas évident :/
3750 signes
Au plaisir de vous lire
Pascal
Avec ce sujet, le risque de produire un texte convenu est grand ! Pas évident :/
3750 signes
Au plaisir de vous lire
Pascal
- La réflexion:
Chez moi, je m’étais facilement débarrassée de tous les miroirs. J’en avais un qui faisait ma taille dans la salle de bain, un de poche dans ma trousse de maquillage, et une coiffeuse dans la chambre. Dans la rue, c’était une autre affaire. Je ne m'étais pas rendue compte de la quantité de surfaces réfléchissantes qui me cernaient. Les vitrines des magasins, les parois des abribus, les bow-windows des maisons en briques, les carrosseries des voitures et les tours modernes, qui étaient de véritables cathédrales de verre. Ainsi, en levant la tête, je risquais de me voir démultipliée. Ma figure réfléchie mille fois, accompagnée d’horreurs pullulantes. Non, ce n’était pas supportable. Je préférais garder la tête baissée, mes yeux trainant sur les pavés irréguliers, au risque de me faire renverser. J’évitais même les flaques huileuses ou je les fendais de mes talons hauts afin de brouiller toute image nette.
Naturellement, je sortais peu de chez moi. Le moins possible. Mais ce jour-là, je devais absolument voir ma sœur. Après tout, elle était la responsable ; celle à l’origine de ce mal incompréhensible. En la confrontant, j’avais un mince espoir de guérir. Je savais en tout cas que si je ne tentais rien, je perdrais la raison. Ce n’était qu’une question de jours, d’heures peut-être…
Alors, j’enfilai mon imperméable et me rendis à Saint-Gilles. Le rideau de pluie atténuait quelque peu la menace des miroirs. Il rendait toutes les réflexions plus troubles, estompait les contours des formes tant redoutées. C’est sans doute la raison pour laquelle je baissais ma garde. Un gigantesque autobus freina à l’instant où je voulus traverser la chaussée et je fis face à ma propre silhouette dans une vitre. Prise d’effroi, je contemplai mon visage pâle, les traits tirés, sur lesquels je pouvais lire l’innommable. Au-dessus de mes cheveux rêches et trempés, l’horrible nuée formait une spirale. Des yeux pourvus de dents jaunes, des bouches au creux d’autres bouches, des nez au milieu des fronts qui pendaient comme des crochets de boucher. Les choses hideuses battaient des ailes. Elles voletaient et s’entre-dévoraient.
Pour m’arracher à cette vision, je m’effondrai et rampai dans le torrent de la chaussée. Je fermai les yeux, goûtant à l’eau de pluie qui inondait mon visage. Je mis un certain temps à me calmer et à me relever. Il était impossible de s’habituer à un tel spectacle, digne des pires cauchemars de Jérôme Bosch. Je me promis de ne plus commettre une telle erreur et reprit mon chemin.
J’atteignis enfin la prison de Saint-Gilles. Ici, au moins, le règlement intérieur prohibait tous les miroirs. Les gardes s’étonnèrent de mon allure. Ils me proposèrent des vêtements de rechange, car les miens n’étaient plus que des loques à la couleur marron. Je refusai poliment, parce que je brûlais d’impatience de revoir ma sœur.
On me fit patienter au milieu d’une salle vide, avec pour seuls mobiliers quelques tables et des chaises. Il n’y avait aucune fenêtre, ni surface réfléchissante. Une grosse ampoule jetait une lueur crue sur le sol verdâtre.
Quand ma sœur jumelle apparut, je m’étais attendue à la voir accompagnée de l’abominable nuée. À ma grande surprise, il n’en était rien. Elle s’approcha lentement, prit place à table, exactement en face de moi. Il s’agissait de ma première visite depuis le prononcé de la peine. Coupable du meurtre de son nourrisson, elle avait écopé d’une vingtaine d’années de réclusion. Je m’apprêtais à briser un long silence quand j’aperçus ma réflexion dans ses yeux.
Le plafond se mit à grouiller de choses ventrues et globuleuses. L’ampoule faiblit, clignota, et avant de plonger dans les ténèbres, je vis les milliers de bouches informes, d’yeux voraces et de sourires carnassiers fendre sur ma sœur et moi.
Dernière édition par Malossep le Dim 4 Juil 2021 - 12:13, édité 1 fois
Malossep- Bourreau intérimaire
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Date d'inscription : 28/03/2017
Age : 38
Re: La réflexion
Et bien, tu as réussi à éviter les thèmes trop convenus sur ce sujet !
Je vais me répéter, mais j'admire toujours la facilité avec laquelle, en quelques mots, sur des textes très courts, tu poses une ambiance et un background. Ici on est dans un univers de cauchemar façon Lovecraft. En fait, il faudrait que j'arrête ces comparaisons, c'est pas du Lovecraft, c'est du Pascal Malosse, et c'est très bien comme ça, mais on sent quand même l'influence de HPL, alors qu'ailleurs chez toi ce sera celle de Kafka ou Owen. Je vois presque ces visions d'horreur à la Bosch (encore une référence, mais là, elle est de toi ) qui poursuivent la narratrice dans les surfaces réfléchissantes.
Un seul petit truc me fait tiquer.
En tout cas je suis toujours fan de tes histoires, surtout moi qui ai du mal avec le format court (moins de 20 000 sec, je maitrise mal) tu es aussi bon sur le très court que sur le plus long ! Et j'espère que cette histoire fera partie d'un futur recueil, celui sur les pays pluvieux, peut-être ?
Je vais me répéter, mais j'admire toujours la facilité avec laquelle, en quelques mots, sur des textes très courts, tu poses une ambiance et un background. Ici on est dans un univers de cauchemar façon Lovecraft. En fait, il faudrait que j'arrête ces comparaisons, c'est pas du Lovecraft, c'est du Pascal Malosse, et c'est très bien comme ça, mais on sent quand même l'influence de HPL, alors qu'ailleurs chez toi ce sera celle de Kafka ou Owen. Je vois presque ces visions d'horreur à la Bosch (encore une référence, mais là, elle est de toi ) qui poursuivent la narratrice dans les surfaces réfléchissantes.
Un seul petit truc me fait tiquer.
- Spoiler:
- Tu dis :Mais ce jour-là, je devais absolument voir ma sœur. Après tout, elle était la responsable ; celle à l’origine de ce mal incompréhensible. En la confrontant, j’avais un mince espoir de guérir.
Et je dois dire que je ne vois pas le lien entre la sœur infanticide de la narratrice et le fait que ce soit cette dernière qui soit persécutée par ces visions. Comme tu étais quand même loin des 5000 signes, tu aurais pu rajouter une ou deux phrases qui donne un début d'explication, sans forcement en dire trop, bien sûr. Tu peux laisser toute une partie dans le mystère et la suggestion, mais il me manque le rapport entre ces éléments.
En tout cas je suis toujours fan de tes histoires, surtout moi qui ai du mal avec le format court (moins de 20 000 sec, je maitrise mal) tu es aussi bon sur le très court que sur le plus long ! Et j'espère que cette histoire fera partie d'un futur recueil, celui sur les pays pluvieux, peut-être ?
Re: La réflexion
Merci Henri,
Pour répondre au petit truc (ceux qui n'ont pas lu, ne cliquez pas !)
Pour répondre au petit truc (ceux qui n'ont pas lu, ne cliquez pas !)
- La clé:
- tout est dans l'adjectif "jumelle" plus loin, la réflexion ultime, plus forte que le miroir. Le fait de ne plus pouvoir supporter sa propre image après un crime, même extérieur à soi. Il y a le thème classique du double aussi.. Enfin, le but c'est que chacun ait sa propre interprétation, et je déteste fermer Peut-être une phrase en plus en effet..
Malossep- Bourreau intérimaire
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Age : 38
Re: La réflexion
- Spoiler:
- Figure-toi que j'avais zappé le mot "jumelle" qui apparaît vers la fin. En effet, ça ouvre certaines perspectives, et la gémellité est sans doute une façon de se voir en miroir. Peut-être, si tu reprend ce texte, devrais-tu appuyer un peu sur cette gémellité. Enfin bien sûr, à toi de voir !
Re: La réflexion
Un ambiance angoissante qui glisse vers l'horreur, en si peu de mots, c'est du beau travail.
Rien à dire sur le style, la construction, le vocabulaire si ce n'est que tout est juste à sa place.
Du beau boulot!
Chapeau bas!
Rien à dire sur le style, la construction, le vocabulaire si ce n'est que tout est juste à sa place.
Du beau boulot!
Chapeau bas!
Re: La réflexion
Merci Jean-Marc ! Je ferai quand même quelques petits ajustements
Malossep- Bourreau intérimaire
- Messages : 183
Date d'inscription : 28/03/2017
Age : 38
Re: La réflexion
Salut Malossep,
Étant pratiquement en vacances, j'entreprends de lire les textes du concours. Je suis d'accord avec Paladin en ce qui concerne ta capacité à nous rendre des textes impeccables et, plus encore, dotés d'une atmosphère toujours parfaitement rendue. Mais - car il y a un mais -, en dépit de toutes tes qualités formelles, j'avoue aussi ne pas avoir réussi à accrocher à ton récit, et tu m'en vois désolé. Si je devais analyser les raisons qui m'ont empêchées de rentrer pleinement dans l'histoire que tu proposes, je dirais qu'il y a deux choses qui m'ont perturbé. La première est liée à un élément soulevé par Paladin (encore !) qui parle de l'influence de HPL. Je ne sais pas si il est vraiment question "d'influence" au sens propre, mais il est clair cependant que je retrouve dans ton texte quelque-chose qui me fait toujours tiquer à la lecture de Lovecraft. Au-delà du côté essentiellement descriptif des écrits de Lovecraft, il y a le côté paradoxal de la narration. Dans les nouvelles et les écrits de cet auteur, nous sommes confrontés le plus souvent à une narration à la première personne. Les narrateurs sont confrontés à l'indicible ce qui a souvent pour effet de les faire sombrer dans la folie... Et pourtant ces mêmes narrateurs continuent d'employer un vocabulaire et une syntaxe parfaitement construits. Il y a un peu de cela dans ta narration. Comment est-il possible de vivre des événements aussi atroces tout en usant d'une langue aussi parfaite et détaillée ? N'aurait-il pas été plus judicieux d'utiliser une narration à la troisième personne ou, à défaut, de garder une narration à la première personne mais moins littéraire ? La seconde raison qui explique mon sentiment mitigé réside quant à elle dans le côté tout à la fois attendu et abscons de l'histoire. Attendu, parce que tu déroules un fil narratif qui n'est pas fait pour nous surprendre. Ce n'est pas un problème en soi, du moins pas à mes yeux : le voyage étant souvent plus intéressant que la destination. Mais c'est là, justement, qu'intervient le côté abscons de ton récit. Le pourquoi. Les raisons expliquant le rejet des "mirroirs" de ta narratrice ne sont qu'esquissées, évoquées à la marge. On me dira souvent qu'un texte, a fortiori lorsqu'il lorgne du côté du fantastique, n'a pas à expliquer la survenance de ce fantastique. Soit. Mais justement, j'aurais préféré ne rien savoir de la raison des événements touchant la narratrice que de les voir esquissées comme elles le sont. Ne rien dire, est parfois préférable à une tentative de rationalisation en ce que cela pousse parfois le lecteur à "La réflexion" justement. Je veux dire par là qu'en suggérant les raisons à la marge comme tu le fais, tu coupes toute possibilité de discussion en nous orientant sur une voie que tu ne prends pourtant pas la peine de creuser. C'est d'autant plus rageant à mes yeux que la raison évoquée ne me semble pas capable à elle seule d'expliquer ce qu'il se passe dans ton texte et que ta nouvelle utilise un angle d'attaque pour le moins intéressant quant au thème.
J'espère que tu ne prendras pas ombrage de mes critiques. Je me dis que non.
Étant pratiquement en vacances, j'entreprends de lire les textes du concours. Je suis d'accord avec Paladin en ce qui concerne ta capacité à nous rendre des textes impeccables et, plus encore, dotés d'une atmosphère toujours parfaitement rendue. Mais - car il y a un mais -, en dépit de toutes tes qualités formelles, j'avoue aussi ne pas avoir réussi à accrocher à ton récit, et tu m'en vois désolé. Si je devais analyser les raisons qui m'ont empêchées de rentrer pleinement dans l'histoire que tu proposes, je dirais qu'il y a deux choses qui m'ont perturbé. La première est liée à un élément soulevé par Paladin (encore !) qui parle de l'influence de HPL. Je ne sais pas si il est vraiment question "d'influence" au sens propre, mais il est clair cependant que je retrouve dans ton texte quelque-chose qui me fait toujours tiquer à la lecture de Lovecraft. Au-delà du côté essentiellement descriptif des écrits de Lovecraft, il y a le côté paradoxal de la narration. Dans les nouvelles et les écrits de cet auteur, nous sommes confrontés le plus souvent à une narration à la première personne. Les narrateurs sont confrontés à l'indicible ce qui a souvent pour effet de les faire sombrer dans la folie... Et pourtant ces mêmes narrateurs continuent d'employer un vocabulaire et une syntaxe parfaitement construits. Il y a un peu de cela dans ta narration. Comment est-il possible de vivre des événements aussi atroces tout en usant d'une langue aussi parfaite et détaillée ? N'aurait-il pas été plus judicieux d'utiliser une narration à la troisième personne ou, à défaut, de garder une narration à la première personne mais moins littéraire ? La seconde raison qui explique mon sentiment mitigé réside quant à elle dans le côté tout à la fois attendu et abscons de l'histoire. Attendu, parce que tu déroules un fil narratif qui n'est pas fait pour nous surprendre. Ce n'est pas un problème en soi, du moins pas à mes yeux : le voyage étant souvent plus intéressant que la destination. Mais c'est là, justement, qu'intervient le côté abscons de ton récit. Le pourquoi. Les raisons expliquant le rejet des "mirroirs" de ta narratrice ne sont qu'esquissées, évoquées à la marge. On me dira souvent qu'un texte, a fortiori lorsqu'il lorgne du côté du fantastique, n'a pas à expliquer la survenance de ce fantastique. Soit. Mais justement, j'aurais préféré ne rien savoir de la raison des événements touchant la narratrice que de les voir esquissées comme elles le sont. Ne rien dire, est parfois préférable à une tentative de rationalisation en ce que cela pousse parfois le lecteur à "La réflexion" justement. Je veux dire par là qu'en suggérant les raisons à la marge comme tu le fais, tu coupes toute possibilité de discussion en nous orientant sur une voie que tu ne prends pourtant pas la peine de creuser. C'est d'autant plus rageant à mes yeux que la raison évoquée ne me semble pas capable à elle seule d'expliquer ce qu'il se passe dans ton texte et que ta nouvelle utilise un angle d'attaque pour le moins intéressant quant au thème.
J'espère que tu ne prendras pas ombrage de mes critiques. Je me dis que non.
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 49
Re: La réflexion
Pas du tout ! Je raffole des critiques constructives, ça me permet de réfléchir à mon travail, de progresser
-Au sujet de la première personne et du style. Quand le texte est très court, j'ai tendance à choisir "je", pour plonger directement dans l'histoire. Je connais beaucoup de lecteurs qui n'aiment pas ça. J'écris alternativement à la 1ere et à la 3e... à la 1ere, c'est comme des rôles que j'endosse, un travail d'acteur et de projection. Concernant le style, j'ai écrit ce texte en 1H30 chrono. En forgeant, on développe une certaine façon d'écrire, des tics de langage. En fait, je n'arrive pas à écrire autrement. Même si ce n'est pas toujours pertinent, je continue de creuser en ce sens. J'accepte l'artificialité du récit, car je cherche avant tout une beauté inattendue, et c'est un ressenti très subjectif, impossible à partager avec tout le monde.
-Chaque texte est une expérience mentale plus ou moins réussie. En démarrant, je ne savais pas que la narratrice allait rencontrer sa jumelle, sa "réflexion". Un peu comme les surréalistes, je suis par moments en "écriture automatique", je me laisse guider par mes intuitions. Même dans mes romans, certains chapitres sont en roue libre, et je dois avoir une structure solide autour pour ne pas m'égarer. Ce premier jet et vos retours me permettent de revenir dessus par la suite et d'améliorer cette "expérience".
Bref, si ça ne te plait pas, je comprends tout à fait, en général, ça passe ou ça casse. Merci encore pour le retour
-Au sujet de la première personne et du style. Quand le texte est très court, j'ai tendance à choisir "je", pour plonger directement dans l'histoire. Je connais beaucoup de lecteurs qui n'aiment pas ça. J'écris alternativement à la 1ere et à la 3e... à la 1ere, c'est comme des rôles que j'endosse, un travail d'acteur et de projection. Concernant le style, j'ai écrit ce texte en 1H30 chrono. En forgeant, on développe une certaine façon d'écrire, des tics de langage. En fait, je n'arrive pas à écrire autrement. Même si ce n'est pas toujours pertinent, je continue de creuser en ce sens. J'accepte l'artificialité du récit, car je cherche avant tout une beauté inattendue, et c'est un ressenti très subjectif, impossible à partager avec tout le monde.
-Chaque texte est une expérience mentale plus ou moins réussie. En démarrant, je ne savais pas que la narratrice allait rencontrer sa jumelle, sa "réflexion". Un peu comme les surréalistes, je suis par moments en "écriture automatique", je me laisse guider par mes intuitions. Même dans mes romans, certains chapitres sont en roue libre, et je dois avoir une structure solide autour pour ne pas m'égarer. Ce premier jet et vos retours me permettent de revenir dessus par la suite et d'améliorer cette "expérience".
Bref, si ça ne te plait pas, je comprends tout à fait, en général, ça passe ou ça casse. Merci encore pour le retour
Malossep- Bourreau intérimaire
- Messages : 183
Date d'inscription : 28/03/2017
Age : 38
Re: La réflexion
Du bien bel ouvrage, je dois dire ! J’aurais aimé en savoir plus, moi aussi, sur ces manifestations. Au point que j’ai repris la lecture du premier paragraphe pour vérifier si j’avais loupé un détail. Pour autant, cela n’a pas gâché le plaisir de ma lecture. (J’adore ce genre d’ambiances lovecraftiennes.)
Sacripan- Écritoirien émasculé
- Messages : 353
Date d'inscription : 03/10/2020
Age : 43
Re: La réflexion
Merci Sacripan ! je ne me rendais pas compte que c'était lovecraftien, à part un certain adjectif (que j'ai modifié dans une version ultérieure)
Malossep- Bourreau intérimaire
- Messages : 183
Date d'inscription : 28/03/2017
Age : 38
Re: La réflexion
Voici ma petite bafouille d'humble lectrice.
J'aime l'ambiance et ta capacité à donner juste assez de détails pour que je me vois dans l'histoire. Je visualisais assez bien les scènes, donc chapeau !
Comme soulevé par les compagnons au dessus, effectivement, je reste également sur ma faim quant au pourquoi, bien qu'il y ait ce début d'explication avec le terme manqué par Paladin.
Cependant, j'aurais aimé en savoir un chouilla plus.
La description rapide de ce qu'elle voit m'a aussi un tantinet dérangée. Je l'ai trouvée un peu rapide, et pour le coup, c'est ce que j'ai le moins "visualisé" pour ma part.
Ceci n'engageant que moi, évidemment !
J'aime l'ambiance et ta capacité à donner juste assez de détails pour que je me vois dans l'histoire. Je visualisais assez bien les scènes, donc chapeau !
Comme soulevé par les compagnons au dessus, effectivement, je reste également sur ma faim quant au pourquoi, bien qu'il y ait ce début d'explication avec le terme manqué par Paladin.
Cependant, j'aurais aimé en savoir un chouilla plus.
La description rapide de ce qu'elle voit m'a aussi un tantinet dérangée. Je l'ai trouvée un peu rapide, et pour le coup, c'est ce que j'ai le moins "visualisé" pour ma part.
Ceci n'engageant que moi, évidemment !
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 701
Date d'inscription : 26/08/2017
Age : 36
Localisation : Quelque part dans le disque monde
Re: La réflexion
Merci Nao, je note.. peut-être monter à 5K
Malossep- Bourreau intérimaire
- Messages : 183
Date d'inscription : 28/03/2017
Age : 38
Re: La réflexion
Ce qui m'a fait penser à Lovecraft dans ce texte, ce n'est pas tant l'histoire, qui n'est pas lovecraftienne elle-même, mais plutôt la description de ce genre :
Et, petite digression pour Silence : il y a dans le style de Lovecraft pas mal de faiblesses sur certains points : ses personnages ne sont en général que des silhouettes, sans dimension psychologique, sa narration est très extérieure, il abuse des épithètes (ses fameux "innommable" "indicible" etc.), en effet le comportement des persos manque de cohérence (ils s'évanouissent ou deviennent fous, mais la syntaxe reste bien construite)... Mais pourtant, il en a bien peu, sinon aucun qui ait pu comme lui communiquer l'impression d'horreur cosmique, de terreur "innommable" justement, et même ses accumulations d'épithètes contribuent à sa puissance d'évocation. Et c'est ça qu'il faut surtout retenir de lui, au-delà de ses maladresses.
La preuve étant que ceux qui veulent imiter son style ne peuvent fournir que des trucs très médiocres. Et même parmi les plus grands, ceux qui étaient en contact avec lui, comme Robert Bloch ou Howard, je trouve que lorsqu'ils veulent "faire du Lovecraft", ils sont moins bons que quand leurs écrits plus personnels.
Des yeux pourvus de dents jaunes, des bouches au creux d’autres bouches, des nez au milieu des fronts qui pendaient comme des crochets de boucher. Les choses hideuses battaient des ailes. Elles voletaient et s’entre-dévoraient.
Et, petite digression pour Silence : il y a dans le style de Lovecraft pas mal de faiblesses sur certains points : ses personnages ne sont en général que des silhouettes, sans dimension psychologique, sa narration est très extérieure, il abuse des épithètes (ses fameux "innommable" "indicible" etc.), en effet le comportement des persos manque de cohérence (ils s'évanouissent ou deviennent fous, mais la syntaxe reste bien construite)... Mais pourtant, il en a bien peu, sinon aucun qui ait pu comme lui communiquer l'impression d'horreur cosmique, de terreur "innommable" justement, et même ses accumulations d'épithètes contribuent à sa puissance d'évocation. Et c'est ça qu'il faut surtout retenir de lui, au-delà de ses maladresses.
La preuve étant que ceux qui veulent imiter son style ne peuvent fournir que des trucs très médiocres. Et même parmi les plus grands, ceux qui étaient en contact avec lui, comme Robert Bloch ou Howard, je trouve que lorsqu'ils veulent "faire du Lovecraft", ils sont moins bons que quand leurs écrits plus personnels.
Re: La réflexion
En ce qui concerne Lovecraft, c'est généralement le style quelque peu boursouflé de certaines de ses nouvelles de jeunesse que ses détracteurs pointent du doigt. Les textes écrits à partir de 1926 ne sont pas desservis par de tels défauts, surtout quand on les lit en version originale.
Les nouvelles "lovecraftiennes" de Bloch ne sont pas ses meilleures. Ce n'est qu'après avoir tué papa Lovecraft (ce qu'il fit dans un premier temps en écrivant "The Shambler from the Stars") qu'il trouva sa voie, c'est-à-dire une horreur ancrée dans le quotidien (cf. Psychose).
Quant à Howard, sa philosophie de vie était aux antipodes de celle de Lovecraft. Il suffit de comparer la psychologie de ses personnages à celle des narrateurs de Lovecraft pour comprendre que les deux univers sont difficilement compatibles.
Malossep : désolé d'intervenir ici alors que je n'ai pas encore commenté ton intéressante participation. Cette fois, je ne me livrerai à ce petit exercice que lorsque tous les textes seront en ligne.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
- Messages : 2383
Date d'inscription : 02/10/2013
Age : 56
Localisation : Sud-Est
Re: La réflexion
Hello Paladin. Je l'ai lu hier une fois. Trop fatigué, je me suis dit que j'avais dû louper quelque chose.
Quant à la fin, je la trouve tout aussi cruelle, comme si le moment de l'explication était enfin arrivé et là, rideau ! Fin ! Remballez les clarinettes et rentrez chez vous ! Je n'ai rien contre les fins ouvertes à interprétation, mais là, pour moi, l'histoire devrait être rallongée et donner un minimum d'éléments sur le pourquoi du comment. En plus, il te restait effectivement de la marge pour le faire, c'est d'autant plus regrettable. Quant à la plume en elle-même, pas grand-chose à dire si ce n'est éventuellement un "C'était elle la responsable" que j'aurais bien vu à la place de "Elle était responsable", moins percutant. Un goût de manque-un-truc, un autre de reviens-y.
- Spoiler:
- Et là, j'ai le même sentiment au sortir du lit. Pas tout bien compris. Deux sœurs, l'une en liberté dont le reflet est insupportable car monstrueux, et l'autre jumelle en prison pour infanticide. D'une, pourquoi ce reflet monstrueux ? J'en déduis que cette vision est apparue au moment du meurtre du bébé puisque la "soeur est responsable", mais si tel est le cas, je ne cerne qu'à moitié le symbolisme de l'image. Hideux, horrifique, d'accord, comme l'acte de la soeur, mais pourquoi cet aspect-là en particulier ? Je trouve qu'il manque cruellement un lien : par exemple, le monstre dévore des tétines, ou un cri de nourrisson qui provient de la bouche, ou alors j'ai vraiment raté un truc.
Quant à la fin, je la trouve tout aussi cruelle, comme si le moment de l'explication était enfin arrivé et là, rideau ! Fin ! Remballez les clarinettes et rentrez chez vous ! Je n'ai rien contre les fins ouvertes à interprétation, mais là, pour moi, l'histoire devrait être rallongée et donner un minimum d'éléments sur le pourquoi du comment. En plus, il te restait effectivement de la marge pour le faire, c'est d'autant plus regrettable. Quant à la plume en elle-même, pas grand-chose à dire si ce n'est éventuellement un "C'était elle la responsable" que j'aurais bien vu à la place de "Elle était responsable", moins percutant. Un goût de manque-un-truc, un autre de reviens-y.
Dernière édition par Phanthom le Jeu 15 Juil 2021 - 9:01, édité 1 fois
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