Wendigo ( image 2)

Il avait toujours connu la faim. Depuis les premiers jours, elle lui déchirait le ventre. Il avait beau chasser, tuer et dévorer, rien ne semblait capable d’apaiser son appétit. Le museau plongé dans la neige, il cherchait une nouvelle proie, espérant trouver enfin ce qui le laisserait rassasié.

Un bruit assourdissant éclata, non loin. Quelque chose qu'il n'avait jamais entendu avant. Quelque chose de neuf. Quelque chose qui calmerait peut-être la faim. Il commença à courir, aussi rapidement qu'il le pouvait, fonçant en direction de la source de ce son si étrange et puissant. Peu de temps après son départ, des odeurs nouvelles parvinrent à ses narines. Une senteur acre d'abord, comme une brûlure. Et puis un parfum qu'il reconnaîtrait entre tous. Des proies.

De ses babines tombèrent de longs filets de bave, alors qu'il salivait à l'idée de se remplir le ventre. Après quelques minutes de course, il les aperçu. C'était des créatures étranges, qu'il n'avait jamais vu auparavant. Elles se tenaient sur leurs pattes arrières et utilisaient les autres pour porter d’étranges bâtons. Le plus curieux cependant était la couleur de leur fourrure : vive et claire, comme celle d'un feu qui vient de s'allumer, et se détachant parfaitement sur la neige qui les entoure.

Il ne comprenait pas pourquoi des proies voudraient être aussi visibles, mais il s'en moquait. Cela ne les rendait que plus faciles à chasser.Impossible de les perdre de vue. Sûr de sa force et de sa vitesse, il surgit devant les trois créatures et rugit. Ces dernières poussèrent de longs cris et l'une d'entre elle tendit son bâton devant elle. Il y eu un éclair assourdissant et, à nouveau, le bruit de tonnerre, bien plus fort qu'auparavant. Il ressenti une douleur au torse, comme si un animal l'avait mordu et, en baissant le regard, il vit son propre sang couler sur sa fourrure blanche.

La blessure ne l'arrêta pas. La douleur n'était rien face à la faim qui lui tiraillait les entrailles. Il parvient jusqu'à la première de ses proies et ferma ses mâchoires sur son crane. Il eut la satisfaction d'entendre un craquement avant de sentir le sang et la chair couler dans sa gorge. D'un mouvement de la tête, il projeta le cadavre sur le côté. Il pourrait le dévorer plus tard, il lui restait encore à tuer.

Les créatures restantes levèrent leur bâtons, semblant un bref instant reprendre le contrôle de leurs nerfs. Il y eu à nouveau l'éclair et le tonnerre et il put sentir deux autres morsures lui déchirer la chair. Aucune importance. Il atteignit sa seconde proie en quelques secondes, tendant la patte pour lui déchirer le ventre de ses griffes. Les entrailles s’échappèrent par la blessure, comme heureuses de ne plus être confinées dans leur sac de peau, tandis que leur propriétaire reculait lentement, dans l'espoir peut-être de fuir la mort qui était déjà sur lui. Il laissa dans la neige une traînée rouge, sang et intestins mêlés, avant de s'écrouler définitivement au sol.

Ne restait qu'une dernière proie avant qu'il ne puisse entamer son festin. Il planta ses pattes arrières dans le sol avant de plonger sur la créature, qui hurla de terreur et de douleur alors que les crocs se plantaient dans son ventre, arrachant la chair pour la dévorer lentement. D'un coup de mâchoire, il lui arracha le foie et le goba goulûment, extatique de sentir son estomac se remplir et la faim se calmer brièvement.

Mais il savait. Il savait qu'elle ne reviendrait que trop vite. Il savait qu'il lui faudrait alors se remettre en chasse.

Et trouver d'autres proies.