Hold-up

C’était un jeudi, en fin d’après-midi. Après l’école, Lucas et sa mère allèrent faire des petites courses dans le magasin à côté de la cité où ils habitaient.
Quelques secondes après leur entrée dans le supermarché, des voix graves et fortes attirèrent leur attention.
- Que personne ne bouge ! Ceci est un hold-up !
Toute la clientèle, d’abord surprise, resta pétrifiée sous le choc à la vue des armes dans les mains des bandits masqués par des cagoules.

Seules les caissières pouvaient bouger sous le contrôle des individus pour leur remettre les caisses contenant la recette du jour.

Un homme, âgé d’une cinquantaine d’année, tenta de raisonner les braqueurs.
- Allons les jeunes, que faîtes-vous ? Vous ne pensez pas que c’est idiot ce que vous faîtes ? Soyez raisonnables.
Les bandits armés, déjà stressés par la situation dans laquelle ils s’étaient fourrés, s’excitèrent davantage. L’un d’eux, celui qui s’occupait de récolter le magot, ordonna à l’un de ses complices de faire feu.
- Tire !!! Tire bordel !!! TIRE !!! Tue-les !!! TUE-LES TOUS !!!

Lucas était à côté de sa mère qui le fit passer derrière elle, aussi discrètement que possible. Puis il réussit à se cacher derrière une palette de bouteilles, et observa ce qui se passait sous ses yeux. Malgré la peur qui s’était emparé de lui, il ne pouvait détacher son regard de la scène se déroulant devant lui.

Les cris du jeune excité continuèrent. Les personnes présentes étaient paralysées. Une telle fureur dans la voix leur glaça le sang.

Le braqueur armé regarda son collègue puis les clients. Son regard se tourna à nouveau vers son ami, puis vers leurs otages.
Il tremblait, hésitait.
Qu’allait-il faire ?
Allait-il tirer sur la foule ?
Allait-il leur laisser la vie sauve ?

Un des individus masqué leur signala qu’ils avaient tout l’argent du magasin et qu’il était temps de partir. Il dut insister pour se faire entendre de ses amis et pour qu’ils daignent l’écouter.

Les cinq malfaiteurs sortirent en courant, armes et sacs contenant le butin de l’hold-up à la main, prirent leur voiture et la firent démarrer, partant à vive allure, les pneus crissant sur le bitume.

Tout le monde était sain et sauf. Lucas sortit de sa cachette et alla vers sa mère pour se blottir contre elle. Mais avant de parvenir à elle, celle-ci tomba soudainement.
- MAAAAMAAAAN !!! hurla-t-il.
Il se jeta sur elle pleurant toutes les larmes de son corps.
- Morte, elle est morte pensa le garçon.
Une dame vint immédiatement le voir.
- Ne t’inquiète pas mon petit, ta maman s’est évanouie. Elle n’a pas été blessée. Ce n’est pas grave, sois rassuré. Elle va reprendre connaissance.

Depuis ce jour, Lucas ne peut pas remettre un pied dans un des magasins de cette chaîne.


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2725 signes.

Un petit incident qui m'est arrivé quand j'avais 11 ans. Je ne savais pas qu'un jour il me servirait pour un concours d'écriture. Un mal pour un bien.

Salut Garraty,
Je trouve le thème du braquage excellent. J'avais envisagé un moment d'écrire un truc là-dessus. Le problème à mon gout tient au fait que c'est aussi un sujet extrêmement exigeant et qui, à mon sens, correspond mieux à un format long (sauf erreur je n'ai pas encore vu de thriller qui prenne ce thème pour centre du récit, mais je peux me tromper… Je me trompe même certainement). Enfin bref, tout ça pour dire que j'ai trouvé le sujet très bon mais le traitement de ce sujet plus compliqué. Personnellement j'aurais peut-être ôté les dialogues. La narration est par ailleurs un peu poussive parfois (notamment tu écris à un moment "il la firent démarrer… Il aurait été plus judicieux d'écrire, ils démarrèrent). Enfin, tu aurais du choisir pour ce genre de sujet, un point de vue. Celui de l'enfant aurait été intéressant bien sûr mais je pense que le point de vue du braqueur peut être excellent (après tout lui aussi peut ressentir de l'angoisse non ?). C'est la principale critique que je ferais à ton texte Garraty: il lui manque un point de vue.
Bref, super sujet mais difficile de le traiter en 3000 s.e.c.
J'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de cette critique, j'ai été quoi qu'il en soit très content de te lire, sache le.

Te tenir rigueur de ta critique ? Absolument pas !
Au contraire, si je ne souhaitais pas d'avis, je ne l'aurai pas soumis.

Et pour te répondre dans le fond, je trouve que tu as raison. J'ai écrit ce récit comme un observateur donc j'ai perdu le ressenti des personnages. C'est dommage.

Très heureux que tu m'aies lu.

Très heureux de t'avoir lu !

Le thème est bien choisi, l'angoisse bien présente et retranscrite. Il y a juste manqué un petit plus - peut-être le manque de point de vue interne comme a suggéré Silence - pour que cette histoire me soit mémorable. Ou alors un élément qui fasse la différence entre cette scène et les images de hold-up qu'on voit en pagaille dans les films et séries. Mais, comme pour d'autres histoires de ce concours, c'est pas évident en si peu de mots et tu t'en sors très bien avec les contraintes de cette "compétition".

C'était bien vue d'ailleurs de parler de l'angoisse avec une affaire de braquage. J'y aurais pas pensé, c'est plutôt original.

Murphy Y a écrit:l'angoisse bien présente et retranscrite

Ouf ! Je pensais être à côté de la plaque.

S'il n'y a ne serait-ce qu'un tout petit peu d'angoisse, je m'estime heureux.

Merci pour ton commentaire, Murphy.

J'aime beaucoup l'angle d'attaque que tu as choisi pour traiter du thème.  A la fois pertinent et original.

Ce qui me séduit moins c'est la dernière phrase, je la trouve un peu "plate" , la tension retombe d'un coup,  comme un soufflé. Et elle affadit le texte.
Il faut dire que j'ai cru un moment que Lucas était devenu braqueur à son tour ( victime du cercle vicieux : traumatisme, perte de repère,  délinquance..) et qu'il se remémorait son passé  avant d'enfiler sa cagoule pour la première fois ( je sais,  j'ai trop d'imagination).

D'après ce que je comprends  tu voulais raconter la naissance d'une phobie.
Peut-être que cela fonctionnerait mieux si c'était un flashback.
Par exemple tu racontes la scène du hold-up au présent  ( cela permettrait peut-être aussi d'éviter cette distance) et puis pour la dernière phrase un  truc du genre :
"Lucas, Lucas tu m'écoutes
- désolé j'étais perdu dans mes pensées
- On y va ?
- Allons ailleurs  chérie, je ne me sens pas très à l'aise dans ce genre  supermarché"

Tu vois l'idée ? Dans ce cas là tu pourrait carrément couper après "les larmes de son corps" Le traumatisme suggéré serait plus grand.

Désolée de mettre mon nez dans ton texte comme  ça mais il m'inspire beaucoup !

L'angle d'attaque est original mais je suis un peu déçue par l'évolution du récit. Comme l'a dit Ulysse, la dernière phrase fait retomber la tension. De plus, le format n'est pas vraiment adapté, le texte est trop court pour être immersif. J'ai aussi trouvé les dialogues pas toujours très crédibles.
Au niveau de l'écriture, il y a quelques maladresses. Parfois, selon mon avis, tu as tendance a faire des répétitions : dire plusieurs fois la même chose mais de différentes façons. Tu pourrais supprimer certaines expressions non nécessaires au récit je pense.
Par exemple :

Toute la clientèle, d’abord surprise, resta pétrifiée sous le choc à la vue des armes dans les mains des bandits masqués par des cagoules.

Puis il réussit à se cacher derrière une palette de bouteilles, et observa ce qui se passait sous ses yeux. Malgré la peur qui s’était emparé de lui, il ne pouvait détacher son regard de la scène se déroulant devant lui.

Un des individus masqué leur signala qu’ils avaient tout l’argent du magasin et qu’il était temps de partir. Il dut insister pour se faire entendre de ses amis et pour qu’ils daignent l’écouter.

Ce n'est qu'un avis bien entendu. Il peut paraitre assez négatif, mais en vérité ton récit a du potentiel et avec un développement un peu plus approfondi, ça peut donner quelque chose de vraiment très bien. J'ai beaucoup aimé ta façon d'aborder le thème.

Merci à vous de m'avoir lu, et d'avoir commenté mon texte.

Je suis plutôt d'accord à vous.
J'ai fait la bêtise de l'écrire et de le poster sans prendre le temps de le laisser un peu mijoter et de le corriger.

L'angoisse est en effet bien présente, mais comme le dit Grenier, "trop sage et appliquée pour être réellement immersive", je partage tout à fait cet avis.

On imagine ce que ressent cet enfant, mais justement, on ne le ressent pas. Je pense qu'il aurait peut-être fallu raconter l'histoire de son point de vue, depuis le départ, à travers ses yeux d'enfant,plutôt que de le faire intervenir à la moitié du récit.

Il faudrait aussi revoir le ton et les expressions qui ne sonnent pas très naturel, comme le fait remarquer Amaranth.

C'est vraiment une très bonne idée, pas assez exploitée du point de vue de Lucas (surtout si toi-même a déjà vécu cette situation, j'aurai pour le coup aimé savoir comment tu as ressenti cette violence... parfois on est "sidéré" et l'on ne ressent rien, aussi). C'est vrai qu'il manque un zeste de relecture mais l'ensemble se tient et j'ai tout de même eu "peur" que ces types passent à l'action et déclenchent un massacre (je l'aurai souhaité dans le cadre de la fiction  
* Je me suis fait griller par Pal   *

Même ressenti que mes prédécesseurs. Une bonne idée de départ qui aurait mérité un développement plus percutant. L'angoisse du gamin aurait pu être mieux rendue.

"Ceci est un hold-up !" m'a de plus remis en tête la chanson de Gainsbourg, ce qui m'a inconsciemment fait sourire et a diminué la tension que tu avais tenté de mettre en place (remarque personnelle et sans intérêt mais qui montre à quel point notre ressenti est subjectif).

En tout cas, j'ai été content de lire une histoire écrite par notre spécialiste du King.

Rien de plus à ajouter, sinon que cela sonne si "vrai" que l'angoisse est vraiment là. Le style de ta narration n'est presque pas "romancé" et c'est celui du petit garçon que tu étais, non de l'adulte qui l'a posté ici.
C'est améliorable du point de vue du français et je partage l'avis d'Ulysse sur la fin, mais ça vaut le déplacement !

Blahom a écrit:En tout cas, j'ai été content de lire une histoire écrite par notre spécialiste du King.

Merci bien. Tu trouveras ici 2 autres nouvelles : http://www.nouvelles.unlecteur.fr/ (si le coeur t'en dit)


Merci pour vos commentaires, remarques et conseils.
J'ai encore pas mal de boulot mais je m'accroche.

Dans tous les cas, je suis très heureux d'être en plein dans le thème du concours.
Peut-être que ça me permettra de ne pas être le dernier de la liste.