Parenthèse de passage

Quand ce temps qui m'échappe - impavide indécence -
M'aura volé le goût de jalouser l'été
(Las sans doute d'inscrire à mon front dépité
Les runiques sillons de ma déliquescence),

Adieu, la muse-soeur dont la subtile essence
Enjolivait mes os perclus d'inanité !
Sa cousine à l'oeil sombre, un soir, à mon côté,
Insinuera sans fleur sa falote présence.

Sur mes doigts engourdis posant sa blanche main,
Elle me retiendra le sens du mot "demain"...
Soumis, je la suivrai loin des lâches routines

Et, citant par mégarde un vestige d'avé,
Je lèguerai mon rire aux candeurs enfantines
Pour renouer le fil du rêve inachevé.

Superbe, vraiment.
Un mélange de Ronsard et de Du Bellay avec le romantisme du XIX° siècle !

Tu l'as écrit quand, celui-là ? Hier, avant-hier ?

Les runiques sillons de ta déliquescence, ils te vont bien

Et quel vocabulaire ! Il faut que tu rencontres Philippe Lemoine, un Narbonnais de chez toi. Je ne sais si le Languedoc vous unit, mais vous avez des tournures semblables ; à croire que les troubadours de la Montagne Noire vous possèdent par instant.

Doumé, le Parnasse, ce n'est déjà pas d'hier, mais la Pléiade ! tu me renvoies à la préhistoire.
C'est ton histoire de parenthèse qui m'a remis ce texte en mémoire.
Tu vas rire, je l'ai écrit en 84, mais j'étais déjà très vieux à cette époque. En fait, je crois que je suis né vieux. C'est maintenant que je commence à m'amuser.

Philippe Lemoine ? je suis allé faire un tour sur son blog voir ce qu'il écrivait, je n'ai pas été emballé au-delà. Beaucoup de facilité, c'est certain, mais peu de recherche dans les images. Du monologue rimé plus que de le poésie. Je pense qu'il y gagnerait davantage à soigner ses textes que son image de marque.
Mais ce n'est qu'une impression à chaud.

Peut-être Philippe s'est-il un peu trop " installé " et ce serait dommage car il a un vrai talent ; peut-être n'a-t-il pas assez de contradicteurs (dans le sens positif) ?

Nous avons tous plus ou moins tendance à nous endormir...