Le tableau des geignards
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: N°2 : D'après images
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Re: Le tableau des geignards
J'suis pas d'accord Para. Si tu lis du Auguste Le Breton, il parvient à attraper le lecteur malgré un argot très élaboré. Mais il a sa patte.
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"Toute variété riemannienne peut être plongée de manière isométrique dans un espace euclidien."
Ou pas.
Re: Le tableau des geignards
Oui, mais faut replacer ça dans le contexte de l'époque. Mais d'arriver aujourd'hui avec un style argotique est un peu ridicule et puis tu te condamnes un cercle très restreint de lecteurs.
Paracelse- Éventreur titulaire
- Messages : 468
Date d'inscription : 19/10/2012
Age : 50
Re: Le tableau des geignards
Paracelse a écrit:Oui, mais faut replacer ça dans le contexte de l'époque. Mais d'arriver aujourd'hui avec un style argotique est un peu ridicule et puis tu te condamnes un cercle très restreint de lecteurs.
Faux ! Je me répète encore et encore : un auteur talentueux fera passer n'importe quel style lorsque le lecteur est conquis.
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Re: Le tableau des geignards
Je ne pense pas. Même Frédéric Dard ne vend presque plus d'après sa fille. Des romanciers comme Alphonse Boudard ne sont presque plus lus. Le langage populaire d'un René Fallet ou d'un Audiard survit mieux, mais l'argot vieillit très mal et à un aspect grotesque avec le temps. Je m'en suis aperçu à force d'en utiliser. C’était à chaque fois les mêmes remarques.
Chez Dard par exemple, c'est le langage populaire qui tient encore la route, mais son argot donne une impression un peu risible.
Pour Auguste Le Breton, c'est pareil. Au bout d'un moment, c'est indigeste (mis en contexte par rapport à notre époque).
Les clilles se farcissaient du champ' comme s'il en pleuvait. Y avait de tout parmi eux : des truands, des industriels, même une tablée de pedzouilles. Ces derniers n'étaient pas à la bourre pour la valse des bouchons. Y s'appuyaient leur piquette d'un seul trait, à croire qu'y s'croyaient dans leur cambrousse, au cul de leurs tonneaux de cidre. Leurs frimes étaient rougeaudes, leurs carreaux luisants. Leurs fringues reniflaient bien un brin l'étable, mais les entraîneuses ne s'arrêtaient pas à ces concetées. Plus souvent. Ces bouzeux vous possédaient de ces porte-biftons saucissonnés de caoutchouc ! Au comptoir, perchées sur des tabourets, deux nanas se laissaient pincer les noix par des corniauds en goguette. L'une d'elles jeta un coup de saveur sur une équipe de mirontons qui venaient de soulever la tenture bleue de l'entrée et murmura à sa pote :
« Te détranche pas, Lily, La Mondaine ... »
Pour que les caves qui les serraient de trop près n'entravent pas, elle ajouta en verlen :
«Qu'est-ce qu'ils viennent tréfou les draupers à cette heure-ci ? Pourvu qu'ils fassent pas une flera. Ça serait le quetbou ; j'ai pas encore gnéga une nethu»
Tout un roman comme ça devient lourd à la longue. Ça a fait son temps. Ce n'est pas la même époque. Un auteur qui narre ainsi aujourd'hui ne sera pas publié. Même si c'est un polar dans les années 50 ou 60, on lui demandera au mieux d'y aller mollo dans le langage argotique.
Chez Dard par exemple, c'est le langage populaire qui tient encore la route, mais son argot donne une impression un peu risible.
Pour Auguste Le Breton, c'est pareil. Au bout d'un moment, c'est indigeste (mis en contexte par rapport à notre époque).
Les clilles se farcissaient du champ' comme s'il en pleuvait. Y avait de tout parmi eux : des truands, des industriels, même une tablée de pedzouilles. Ces derniers n'étaient pas à la bourre pour la valse des bouchons. Y s'appuyaient leur piquette d'un seul trait, à croire qu'y s'croyaient dans leur cambrousse, au cul de leurs tonneaux de cidre. Leurs frimes étaient rougeaudes, leurs carreaux luisants. Leurs fringues reniflaient bien un brin l'étable, mais les entraîneuses ne s'arrêtaient pas à ces concetées. Plus souvent. Ces bouzeux vous possédaient de ces porte-biftons saucissonnés de caoutchouc ! Au comptoir, perchées sur des tabourets, deux nanas se laissaient pincer les noix par des corniauds en goguette. L'une d'elles jeta un coup de saveur sur une équipe de mirontons qui venaient de soulever la tenture bleue de l'entrée et murmura à sa pote :
« Te détranche pas, Lily, La Mondaine ... »
Pour que les caves qui les serraient de trop près n'entravent pas, elle ajouta en verlen :
«Qu'est-ce qu'ils viennent tréfou les draupers à cette heure-ci ? Pourvu qu'ils fassent pas une flera. Ça serait le quetbou ; j'ai pas encore gnéga une nethu»
Tout un roman comme ça devient lourd à la longue. Ça a fait son temps. Ce n'est pas la même époque. Un auteur qui narre ainsi aujourd'hui ne sera pas publié. Même si c'est un polar dans les années 50 ou 60, on lui demandera au mieux d'y aller mollo dans le langage argotique.
Paracelse- Éventreur titulaire
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Date d'inscription : 19/10/2012
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Re: Le tableau des geignards
Tu as sans doute raison. Je me drape dans ma culture d'un autre temps et je ne m'aperçois pas forcément des changements majeurs de la littérature actuelle. Mais les vents tournent. Un jour, peut-être, l'argot de Simonin reviendra à la mode ? Je l'espère en tout cas.
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Re: Le tableau des geignards
L'ambiance et le contexte des années 30 sont sympas, ça fait cliché mais dans le bon sens. L'histoire est bonne (même si ce n'est pas très original) et le rythme y est.
Par contre j'ai eu beaucoup plus de mal avec le style. Pour le coup, c'est original, mais en ce qui me concerne ça ne fonctionne pas. Les descriptions et la narration ne m'ont pas accroché. D'un côté, c'est trop cérébral, presque surjoué :
"Une tour cajolée de guirlandes de lierre et dominée par un dôme octogonal concave ..."
"Elle se brisa en un bruit de carillon cristallin, à l’apex des aigus,
alors que les graves des bois réduisaient la distance à fond de train."
"Sans compter que la vitesse de course chamboulait les aptitudes perceptives du cerveau face à l’environnement"
D'un autre côté, c'est très (trop) terre-à-terre, grossier. Dans les dialogues, ce n'est pas gênant, au contraire, mais dans la narration ça fait bizarre, surtout après des métaphores et tournures ampoulées.
Quand tu enchaînes "Son coeur abjura sa vie à tout jamais" et "Paulo n’en branlait pas une", c'est plutôt bancal (c'est peut-être voulu).
Le personnage de Paulo, même si on comprend qu'il se réfugie dans des réflexions existentielles et philosophiques pour échapper à ses traumatismes, est un peu indigeste. A mon goût, tu cites trop de choses, on n'a pas besoin de tout ça pour savoir que c'est un incompris qui est plus intelligent que les autres et qu'il garde ça pour lui. Par exemple, quand il pense à la formule du pentobarbital, le C11H18N2O3 est de trop.
Je passe sur les coquilles, concordances et autres formes hasardeuses (le "il trouvit" pique les yeux quand-même), je pense bien qu'avec une semaine de plus tu les aurais supprimées.
Au final donc, plutôt une bonne histoire dans l'idée, mais avec un style très personnel qui ne m'a pas emballé.
Par contre j'ai eu beaucoup plus de mal avec le style. Pour le coup, c'est original, mais en ce qui me concerne ça ne fonctionne pas. Les descriptions et la narration ne m'ont pas accroché. D'un côté, c'est trop cérébral, presque surjoué :
"Une tour cajolée de guirlandes de lierre et dominée par un dôme octogonal concave ..."
"Elle se brisa en un bruit de carillon cristallin, à l’apex des aigus,
alors que les graves des bois réduisaient la distance à fond de train."
"Sans compter que la vitesse de course chamboulait les aptitudes perceptives du cerveau face à l’environnement"
D'un autre côté, c'est très (trop) terre-à-terre, grossier. Dans les dialogues, ce n'est pas gênant, au contraire, mais dans la narration ça fait bizarre, surtout après des métaphores et tournures ampoulées.
Quand tu enchaînes "Son coeur abjura sa vie à tout jamais" et "Paulo n’en branlait pas une", c'est plutôt bancal (c'est peut-être voulu).
Le personnage de Paulo, même si on comprend qu'il se réfugie dans des réflexions existentielles et philosophiques pour échapper à ses traumatismes, est un peu indigeste. A mon goût, tu cites trop de choses, on n'a pas besoin de tout ça pour savoir que c'est un incompris qui est plus intelligent que les autres et qu'il garde ça pour lui. Par exemple, quand il pense à la formule du pentobarbital, le C11H18N2O3 est de trop.
Je passe sur les coquilles, concordances et autres formes hasardeuses (le "il trouvit" pique les yeux quand-même), je pense bien qu'avec une semaine de plus tu les aurais supprimées.
Au final donc, plutôt une bonne histoire dans l'idée, mais avec un style très personnel qui ne m'a pas emballé.
Ludwig- Premier médaillé de l'Écritoire
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