Les nobols

Le côté délirant de la nouvelle m'a bien plu.

J'ai bien aimé la progression présente dans l'histoire, avec les premiers aperçus d'expériences où les nobols ont une durée de vie limitée, puis commencent à se déplacer, et enfin à communiquer... Ca laisse augurer d'une perte de contrôle à un moment donné par l'être humain et c'est assez bien amené. Tu aurais peut-être justement pu aller un peu plus loin dans ce sens, dans la progression des nobols et leurs velléités d'indépendance. La fin du coup aurait pu être plus aboutie.

La forme est très originale elle aussi, le tableau au début est saisissant et nous plonge bien dans le truc, c'est une bonne idée. Le seul inconvénient est qu'à un moment donné, ça donne un côté un peu "saucissonné" à l'histoire: le passage sur les enfants monstrueux constitue une sorte de mini-chapitre et ça m'a un peu perdu (mais pas longtemps hein...). Je pense que l'histoire racontée sous forme de journal intime/comte rendu d'expérience est une très bonne idée à condition d'être un peu plus cadrée.

Merci Ludwig de ta lecture et de ton avis précis. A l'époque, on m'avait aussi reproché cette digression sur THOR et FRIDA très loin du propos central de ma nouvelle. Un côté trop raccorché à la hâte pour montrer l'inhumnaité de ces gens-là. Je pense que tu as raison, dans l'escalade de la progression des nobols qui échappent aux humains. Peut-être une sortie plus folle, plus délirante et surtout plus en harmonie avec mon texte.

J'ai lu "Les nobols"

Question : pourquoi "nobol" ? Est-ce un terme inventé de toutes pièces ou y aurait-il un sens ou un calembour qui nous aurait échappé ? A moins que ma lecture ait été un poil dilettante...

L'idée de départ est excellente. Après tout, les légumes sont organiques au même titre que les humains ou les animaux donc c'est un parti pris qui se tient.
La façon de traiter le sujet est glaçante, un regard scientifique dénué de sentiment qui apporte l'originalité du récit, une mécanique austère et clinique.
Le thème pourrait très bien être réel et c'est ce qui peut vous remplacer la moelle épinière par un jet d'azote liquide.

Spoiler:

Joli moment, en tout cas, avec des envolées tenant plus de la folie que du pragmatisme.
Le compte-rendu froid et implacable d'une imagination totalement débridée.
Sur ce coup-là, étrangement, ces termes ne sont pas antagonistes...

Merci Pagan de ta lecture et de ton commentaire.

Concernant le mot "nobol", il existe et désigne bien une variété de betteraves ! Quand je l'ai découvert, j'étais très satisfait car ce mot fait très science-fictionnesque, un peu marrant, un peu inquiètant.

Come tous, tu reléves cette fin "ratée", trop en suspens, pas assez explicite. Je suis bien conscient qu'elle est la faiblesse majeure de ce récit.

Je viens d'en finir la lecture également.
L'écriture type "rapport" et la froideur qu'elle dégage apportent une crédibilité assez effrayante en effet.
Ça glace le sang. Non seulement à cause de l'avancée inquiétante de la science, mais surtout à cause de ce sentiment de supériorité qui persiste à habiter l'homme, et de sa propension à créer des monstruosités au nom de cette science. L'étique n'existe plus...
Maintenant, comme les copains, je suis aussi un peu sur ma faim. Prise de pouvoir des légumes, ou au contraire prise de conscience de l'humain?

Votre salade de betteraves, vous la voulez avec ou sans sauce...?

Dagobert a écrit:Come tous, tu reléves cette fin "ratée", trop en suspens, pas assez explicite. Je suis bien conscient qu'elle est la faiblesse majeure de ce récit.

Ratée, ratée, n'exagérons rien !
Disons que je trouve une porte grande ouverte au final alors que j'avais passé des semaines à chercher un passe-partout pour avoir le plaisir de l'ouvrir moi-même, cette putain de lourde !
C'est un peu imagé mais ça résume pas mal ma frustration...

Merci de ta lecture, Sandra. Merci d'avoir relevé ce que je voulais y mettre. Une froideur quasi-administrative cachant d'horribles vérités.

Je viens de la relire aussi et je m'étonne moi-même d'y découvrir des choses dont je n'avais pas perçu la portée. Vos commentaires les éclairtent autrement et pour tout vous dire, c'est extrêmement réjouissant.

Un grand merci à tous car cela va m'aider pour mes futurs écrits ou si l'inspiration continue à me fuir, pour apporter de nouveaux développements à cette histoire, ou à une autre.

En relisant cette histoire, Dago, je l'ai encore plus aimé que la première fois où je l'avais pourtant déjà bien aimée (Non mais je parle bien de ton histoire ! )

Le style descriptif qui est souvent un point faible chez toi colle parfaitement ici au coté "scientifique déshumanisé" du thème. Ca pourrait être la première forme d'un roman SF/thriller à la X-files, mais en même temps la nouvelle en elle-même est excellente.

Sur le Manoir je te disais que la fin avait besoin d'être plus développée sur les différentes utilisations des nobols pour espionner...Peut être pourrais tu en rajouter un peu mais finalement, en relisant, cette courte nouvelle qui suggère des développements futurs sans trop en dire me semble trés bien sous cette forme!

J'en aime aussi l'humour comme dans les questions des nobols et le coté terrifiant des expériences et des résultats optenus, c'est pourquoi je ne pense, pas plus à l'époque qu'aujourd'hui, qu'il faille supprimer Thor et Frida qui font aussi partie du background

C'est une histoire comme j'aurais aimé en écrire!

Comme Paladin, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de supprimer le passage sur Thor et Frida, je l'ai trouvé intéressant et je ne crois pas qu'il soit de nature à rompre le fil de la lecture. En revanche, ce passage implique une question assez importante et pas loin de soulever un paradoxe. La secrétaire dont j'ai oublié le nom semble se poser moins de questions concernant les expériences sur Thor et Frida (deux sujets humains) ou en tout cas éprouver un moindre cas de conscience qu'en ce qui touche les expériences sur les nobols... C'est ce que je me suis dit en lisant ton texte. Je ne sais pas si je suis limpide mais dans ma tête ça l'est. C'est peut-être un point à retravailler...

@Paladin : mille mercis pour ce deuxième avis très encourageant et élogieux. Comme je suis toujours jaloux des hsitoires que tu écris, cela me fait une maigre compensation.

@Silence : Reçu 5/5 comme dirait notre Pagan.Oui, je comprends ce que tu veux dire. Le fait que M (la sécretaire, juste nommée comme cela) soit traumatisée pas plus par des légumes vivants que par l'expérimentation sur les humains est discutable. Je comprends même si dans mon esprit; M est justement le visage d'une oppresion tranquille, un rouage d'une machine de mort complexe et que son "mécanisme" aussi ératique soit-il continue de fonctionner. Le trouble et le malaise reste le même qu'il s'agisse de légumes vivants, de cobayes humains....

C'est comme cela que toute chose se passe ; on se fait à l'horreur de certaines situations (comme celle de ces pauvres mômes) mais on retourne des foules avec de l'étrange (comme des légumes vivants)... Ce paradoxe ne m'a pas dérangée, au contraire, il est assez représentatif de l'être humain, je pense.

Tout le monde n'est pas choqué par les mêmes choses et certaines situations peuvent nous paraître scandaleuses alors que d'autres du même genre nous laissent indifférents! C'est pourquoi moi non plus, comme Sandra, je ne vois pas de paradoxe !

J'entends bien... cependant et pour reprendre la réponse de Dago, s'il s'agit de faire de M la représentation d'une machine administrative et autocratique alors l'observation demeure... Cette machine est supposée ne pas avoir de sentiments, dont acte!, mais si elle n'a pas de sentiments alors pourquoi en éprouver au sujet des nobols ? En disant cela on ouvre une seconde porte susceptible d'entrainer une seconde discussion : soit M n'a pas de sentiments parce qu'elle est la représentation de la machine administrative (cela me fait bizarre en tant que juriste administrativiste d'écrire cela, croyez-moi) auquel cas point de sentiments en effet, ni envers les humains ni (a fortiori) envers les nobols; soit on admet que M est aussi une personne, possède donc une conscience, et alors il est légitime qu'elle soit plus choquée par le sort réservé aux humains qu'aux betteraves (je crois que cette phrase est encore plus étrange une fois écrite que dans ma tête) sauf alors à pousser la description psychologique ou morale de M et à nous faire comprendre pourquoi elle ressent cela (ce qui ne serait pas une bonne option à mon goût et nous ferait tomber dans des explications psychologisantes ie., assommantes...) Après je ne dis pas que les personnes doivent raisonner toutes de la même manière, je dis seulement que des priorités légitimes se dessinent globalement entre les individus... Et que parfois, surtout dans une nouvelle, s'il est bon de savoir éviter les clichés et les globalisations (ce que fait très bien Dagobert dans cette histoire), il est également bon de savoir se saisir de constructions archétypales lorsqu'elles aident aux représentations éprouvées ou susceptibles d'être éprouvées par le lecteur et au fil de la narration...

@Silence : c'est vrai que ce cas de conscience mérite d'être soulevé car la plupart des gens éprouverait, je pense, plus de compassion ( toute superficielle mais bon, quand on sait le sort réservé aux animaux dans notre société !!! ) pour les victimes humaines que pour les légumes ...

Voila...! Merci Françoise, tu le dis beaucoup mieux que moi...