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Ce soir j'étais parti pour retoucher l'un des textes que je venais de terminer, mais à la place y'a ce truc qui est sorti, quasi en automatique... Oui je sais, c'est pas très gai, mais on ne vit pas non plus une période très "youpi-tralala", alors j'ai juste laissé les mots venir d'eux-même.
Voilà donc la chose :

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Tête vide, cerveau vide.
Des bulles de rien s'envolant vers le gouffre inversé des cieux
Le grand bleu du néant prêt à nous avaler
De son grand sourire inexpressif

Les yeux vides, l'esprit amorphe
Rien ne colle, rien ne rentre, rien ne reste
Les perspectives tanguent dans une gîte nauséeuse
Dégueulons tous ensemble, ça masquera le silence oppressant

Les mots se vident de sens – bras dessus-dessous
Les substances et les volumes se perdent
Aspirés dans un entonnoir sans fin
Les couleurs se dépigmentent et les sons s'affadissent

L'air commence à manquer
L'horizon se rétrécit au rythme des décomptes nécrophages
On essaie de le combler de tout et n'importe quoi
Bric-à-brac de branques arrivant à saturation d'oisiveté

Une fois le futile du consommable épuisé, que reste-t-il ?
Quelle suite, quel embranchement ?
Et si nous étions déjà morts ?
Cadavres débiles s'accrochant aux vestiges de leurs débiles certitudes

Et puis merde, autant y aller franco jusqu'au bout
Brûler le cierge par les deux bouts en aspirant le retour de flamme
Nourrir l'âtre pourri dans une ultime célébration
Se cramer la rétine dans le flamboiement d'une ère inepte

Porter l'étendard de la médiocrité
À travers la combustion de notre suprématiste super-nova
Crever à petit feu en recrachant nos poumons glaireux
Et regarder les racines reprendre leurs droits

Se recroqueviller, la tête vide et l'esprit flou
Contempler la fin du game perdant-perdant, le souffle court
Squelette versus humus ; avantage au plus ancien
Fin de la partie, au suivant.

Ah oui effectivement c'est pas très gai ! On sent un soupçon de rage sous-jacente la dedans ... ceci dit, cela met en avant plein de choses amenées parce que certains vivent aujourd'hui. Bon texte en tout cas, avec tout de même un léger doute sur "le gouffre des cieux ", mais c'est le seul truc sur lequel j'ai tiqué. Bon courage à toi !

C'est pas gai mais j'aime beaucoup, ça me fait penser un peu à du Thiéfaine !
J'y retrouve les mêmes images parfois quasi-religieuses (le cierge par exemple) ou l'emploi du latin.

En tout cas j'ai vraiment apprécié, tout me parle dans ton texte !

Parlant ce petit texte qui touche. De la belle ouvrage.

Une gîte : pas sûre que ça existe au féminin. A vérifier.
De oisiveté : d'oisiveté.
Autant y franco : autant y aller franco ?

Merci à tous !

"Un soupçon de rage sous-jacente" ? Peut-être, mais parfois la rage (ou la colère) peut être saine et amener de très bonnes choses aussi. Hier j'avais juste le moral à plat, alors fallait laisser sortir tout ça, mais je te rassures : je ne hais personne et ne souhaite pas la fin de l'humanité (même si cette belle planète dont nous ne sommes que des locataires s'en porterait bien mieux).

Et content que ça vous ai plu Cath et Martin
Pour "gîte", il ne s'agissait du gîte "hébergement", mais du verbe "gîter", comme en pleine mer - peut-être as-tu compris la phrase différemment ainsi. Par contre, tout à fait d'accord pour tes autres remarques Cath : un "aller" s'est oublié en route en même temps que l'oisiveté lol
Quant au "gouffre des cieux" Endymion, c'était un effet de style, mais j'ai conscience qu'on est sur la limite du non-sens, merci de l'avoir souligné !

Rien à redire, pour ma part.

Je l'avais déjà lu le soir où tu l'as posté, sans prendre le temps de commenter car il était tard. Je l'ai relu à l'instant et cette nouvelle lecture confirme l'avis que j'en avais déjà eu la première fois : bien mené, on sent et ressent bien la colère sous-jacente effectivement (ce qui n'est pas un défaut, au contraire !) sans tomber dans l'excès pour autant (excès qui, lui, aurait été contre-productif).

Bref, un parfait dosage et une parfaite retranscription de ce que beaucoup doivent ressentirent actuellement.

Voilà un retour qui fait plaisir !

Je ne sais pas si d'autres ressentent la même chose, mais si ça parle à certains d'entre vous, alors ça me suffit amplement. Quant à la rage, je dirais plutôt de la frustration (même si elle n'est jamais loin), mais c'est vrai que ces temps-ci on a tous des raisons d'avoir une boule dans le ventre...

Ravi en tous cas que ça t'aies plu, camarade, merci pour ta lecture