LE SHAYNE

Hey, je vous ai préparé une petite histoire ! ))

J’erre dans une sombre ruelle en titubant, je suis bourré. Mes sens sont exacerbés et j’ai une terrible envie de baiser. Puis, je tombe nez à nez sur un bar, dont j’ignorais l’existence jusque-là.
Mes parteies me grattent, je bande. Mon envie est amplifiée par la coke que je me suis aspirée, sur le capot d’une merco. Je prends mon gramme, me retourne et vois en double, une Opel Astra. Parfait. Aussitôt dit, aussitôt sniffé. Je vais mieux, mais l'envie soudaine de boire efface ma première. Je rentre dans ce bar miteux.
L’esprit du comptoir est si puissant que je ne prends même pas la peine de m'attarder sur la déco. De toute manière, je sais qu’elle est à chier. Au comptoir, je prends mon gramme, le tâtonne du bout des doigts. Ça gère, j’ai de quoi passer une bonne nuit blanche. Sans hésiter, j’y plonge mon doigt, histoire de motiver un peu plus mes pulsions d'alcoolique. Une voix m’interpelle. Je tourne la tête aussi vite qu’un oiseau. Une femme. Elle est si bonne que j'en reste bouche bée. Elle me regarde fixement avec ses yeux clairs et me demande :

— Elle est bonne ta coke ?
Je lui renvoie sa question, en déclina ma tête :
— Et toi, il est bon ton sky ?
Elle se met à glousser et remplit un verre en me proposant :
— Une trace contre un verre, d’accord ?
Je la regarde hébété et lui lance :
— Ton cul pour la soirée, d’accord ?

Elle détourne son regard un instant..., me regarde à nouveau et me sourit. À ce moment, Quelle salope. Je guette autour de moi, personne, tant mieux. Car s’il faut la baiser sur le bar, je prends. Je vide mon sachet et aspire la moitié. Elle fait glisser le verre sur le bar. Je l’enquille d’un seul trait. Elle s’approche de moi. A voir comment elle se remue, je sens que c’est dans la poche. Ce soir c’est free night.
Elle tend sa main pour caresser mon visage, je vois enfin le sien. Il respire le sexe, rien d’autre. Je renifle. Une bonne goutte longe ma gorge, exaltant. Après s’être tapée une ligne, elle se penche vers moi, me fait signe d‘approcher. J’avance pour l’embrasser, elle m’esquive, me mord le lobe, en me susurrant des mots excitants. Quand soudain, je suis pris d'un vertige et une crise d’angoisse m’envahit. Mon corps se contracte, je tremble. Grosse panique..., je tombe.
Elle s’accroupit et me souffle à l'oreille :
— Ça, c’est d’la bonne coke !
Je savais que cette drogue allait me tuer, mais pas de cette manière, pétasse.

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"Après s'être bien moqué d'elle, l'homme est mort. Quelques jours après, le bar a fermé. Le corps est retrouvé par la police, mais l'affaire est classée sans suite."

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Huit mois plus tard :

Alors que je marche dans les rues bourgeoises de Bordeaux, j’aperçois un homme attendre à un arrêt de tramway. Je galbe ma poitrine pour accentuer mon décolleté et j’avance. Le son de mes escarpins attire son attention. Je passe la main dans mon cabas et prends une cigarette.

— Bonsoir, auriez-vous du feu, à tout hasard ?

L’homme me l'allume. Timide. Il me plaît, cela fera l’affaire pour la soirée. Je fume en faisant quelques pas, il fait froid. Il m’interpelle, enfin.

— Excusez-moi, vous êtes seule ?

Je laisse un blanc et lui réponds.

— On peut dire ça comme ça.

Il semble hésiter et me relance :

— Je connais un bar non loin d’ici, je vous invite ?

Je souris en coin, écrase ma cigarette et lui réponds :

— Allez, pourquoi pas, je ne refuse jamais un verre et puis il froid ce soir.

Pendant notre marche, le silence est roi, j'apprécie. Un lounge. Une fois assis, l’homme commande :

— Deux sauternes, je vous prie mademoiselle.

Il est très silencieux, peut-être qu’il sort d’une rupture. Je lui sors :

— Comment s’appelle-t-elle ?

Il détourne son regard du mien et ne dit mot. Puis la serveuse revient et nous serre. Verre en main, je lui lance :

— À la liberté !

Je l'observe attentive et en conclus : c'est étrange parce que lui, il me plaît. Il s’absente un instant. Je sens au fond moi-même un élément perturbant, cet inconnu tiraille ma morale, je doute. Au comptoir sur l'écran TV, un flash info annonce : le sérial-killer Overdose est toujours en cavale, deux nouveaux corps ont été retrouvés cette semaine à Paris. Il semble opérer entre 23h00 et 1h30 du matin, messieurs soyez prudent !

Cette info me zèle et mes doutes disparaissent. Quand il revient, il termine son pot en me disant qu’il va y aller. Il part. Au loin, je le vois s’effondrer au sol, quand tout à coup, mes incertitudes reviennent à la charge, je me sens bizarre, un vide s'empare de moi et je m'effondre à mon tour, en larme. C’est la première fois que je culpabilise pour un homme…, c’est ainsi que ma conscience me dicte tout autre chose.

Plus tard, la serveuse, pose sa main sur mon épaule en me disant :

— Je vous comprends..., les hommes sont si difficiles et parfois cruels.

Je sèche mes larmes, elle me propose son numéro, je le refuse avec un large sourire en répliquant :

— Je vous offre un verre ?
Fin

Ça y est : youhou !