Le Lai du Forgeron
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: Concours N°12 : ATHEMATHIQUE
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Re: Le Lai du Forgeron
Paladin, je n'arrive pas à obtenir ton fichier. Je vois qu'il en avait été de m^me pour Perroccina et que tu as donné une indication en spoiler, mais elle a été supprimée depuis.
Tobermory- Écritoirien émasculé
- Messages : 397
Date d'inscription : 08/07/2015
Age : 72
Localisation : Montpellier
Re: Le Lai du Forgeron
??? Non, j'ai posté le texte en spoller pour ceux qui n'arrivaient pas à ouvrir le fichier,, mais il est toujours là ! Tiens, je te le remets ici :
- Spoiler:
- Prologue – Nuit
Pourquoi m’avez-vous réveillée, alors que les ténèbres règnent encore ? À la lueur des torches, j’aperçois vos visages graves, qui forment un cercle autour de moi. Je n’en reconnais aucun. Que me voulez-vous ?
Comment ! Vous me demandez de vous raconter l’histoire du Maître Forgeron, du Prince des nains ? Les scaldes ne vous l’ont-ils pas déjà chantée maintes fois ? C’est à eux seuls qu’Odin accorde l’ivresse sacrée. Ils ont le don de transporter l’auditoire par la musique de leurs mots, et de transmettre d’âme à âme les images de leurs récits. Certes, la magie des sagas compte plus que la réalité des faits, mais qu’importe ? Les légendes des dieux et des héros sont plus exemples que discours, comme autant d’étoiles allumées pour guider les hommes dans la nuit. Oui, la nuit où nous nous trouvons est bien obscure, elle aussi…Au-delà de votre cercle, je ne peux rien distinguer.
Mais c’est la véritable histoire que vous souhaitez entendre.
Bien, je vais vous la conter.
1 – Or
Dans un lieu nommé Ulfdalir, la Vallée du Loup, aux limites d’une sombre forêt, vivait un jeune homme...Il n’était pas esclave, mais sa condition n’était guère au dessus du gibier qu’il chassait. Il ne connaissait du monde que sa cabane et les pistes sous les arbres, les traces de l’animal sur l’herbe gelée, et son odeur qu’amenait le vent. Au bout de la traque était la joie sauvage d’enfoncer son épieu dans des entrailles chaudes, en évitant les derniers coups de dents ou de griffes. Il ne s’aventurait pas trop loin dans la forêt, on disait que des trolls y habitaient, bien qu’il n’en ait jamais vu.
L’hiver avait emporté ses parents, comme ses frères et sœurs avant eux. Mais après les longs mois sous le joug des géants de glace, revenait le règne de l’aimable Frey : pour un temps trop court, trois ou quatre lunaisons, la terre redevenait féconde et l’air doux. Que poursuivait donc le jeune chasseur, ce matin là ? Peu importe, très vite il ne s’en préoccupa plus…
Le char de Sòl était encore bas et ses raies perçaient la noirceur des sapins, lorsqu’il vit descendre les trois cygnes, tout près. De tous les oiseaux qui revenaient du Sud, aucun n’était d’une telle blancheur, ni ne portait d’éclats dorés à ses pattes. Aussi, il ne fut pas surpris, en arrivant aux abords d’un lac, d’y trouver trois jeunes femmes aux teints de neige, aux chevelures de soleil. Bien que l’eau fut encore glacée, elles y jouaient en s’éclaboussant, éclataient de rire en frappant la surface avec leurs pieds nus, et les robes légères collaient à leurs corps. L’or brillait à leurs doigts et leurs poignets.
Caché derrière un arbre, il resta à les contempler. Comme dans les histoires que lui avait racontées son père, il aperçut trois manteaux de plumes qui gisaient sur le sol. Il savait ce qu’il devait faire. Du bout de son épieu, il attrapa un des plumages et le dissimula sous ses propres habits. Puis il sortit de sa cachette.
Les rires stoppèrent net et les jeunes filles se précipitèrent sur leurs parures. Tout se passa si vite ! L’instant d’après deux cygnes blancs montaient vers le ciel, tandis qu’une des demoiselles restait figées sur la rive, ses yeux bleus pleins de colère.
« Tu es bien audacieux, mais ton audace égale ta bêtise ! Rends-moi ce que tu m’as pris !
— Viens avec moi.
— Tu as de la chance que par ces temps de paix je ne porte pas d’arme ! Je ne suis pas une simple femme-cygne des royaumes elfiques ! Je me nomme Hervor-la-Toute-Sage, et je suis valkyrie, une vierge guerrière de la suite d’Odin !
— Je me nomme Völund, et je sais par la tradition que tu seras à moi tant que tu n’auras pas retrouvé tes habits de plumes. »
Il avait raison ! Et Hervor, malgré son attitude hautaine, ne put que le suivre jusqu’à sa cabane.
Et l’amour naquit entre eux.
Déchue de sa virginité elle l’était aussi de l’escorte d’Odin. Elle se demandait pourtant qui de ses sœurs ou d’elle avait la meilleure part. Car le cœur d’une valkyrie n’est destiné à être ravi ni par les hommes, ni par les dieux, pas plus que par les nains ou les géants. Elles sont entièrement consacrées au champ de bataille où elles choisissent ceux tombés l’épée à la main, avant de les servir à la salle du banquet.
L’amitié des héros est-elle plus enviable que la tendresse au quotidien, et la cotte de mailles plus douce au corps que les caresses de l’aimé ? Elle en venait à préférer, tout en rougissant du sacrilège, servir à son époux la mauvaise bière qu’il brassait que de remplir la coupe d’hydromel aux guerriers du Valhalla.
Elle, la fille du ciel, instruisit de sa science le fils de la terre. Parcourant avec lui la forêt, et le faisait s’arrêter en lui disant :
«— Écoute les oiseaux ! Ils voient les choses de bien plus haut que toi ! Apprend à déchiffrer leur trilles et tu comprendras les messages qu’ils passent d’un bout à l’autre des terres, tu seras au courant des dangers avant qu’ils n’adviennent… »
Devant les grands arbres elle disait :
« —Touche leur troncs, et sent la force qui monte des profondeurs du sol. Tu percevras bientôt Nidavellir, le monde des nains, et le bruit de leurs forges. En collant l’oreille contre l’écorce tu entendras les morts depuis Heleim : ils te diront ce qu’ils ont emportés avec eux dans la tombe, et ce qui est ignoré des vivants. »
Quand le vent soufflait:
« — Tends l’oreille et écoute la clameur des dieux, le fracas du marteau de Thor, le galop de Sleipnir, le cheval d’Odin et les cliquetis des armes de mes sœurs qui parcourent le ciel
Devant les ruisseaux :
« Ils viennent des montagnes, qui sont les os du géant Ymir, et connaissent les secrets des origines… »
Elle lui apprit les runes, celles que l’on grave sur sa porte pour protéger la maison, celles sur les armes qui donnent la victoire. Celles de guérison, sur les écorces que l’on mélange aux onguents… Et lui, le jeune sauvage, mi-homme mi-bête, apprit grâce à elle à regarder le monde dans la lumière d’Asgard.
Pendant sept hivers, leur bonheur fut sans voile, mais au huitième la tristesse gagna Hervor :
« — Je croyais être devenue une femme, que je porterais nos enfants et que ton amour comblerait ma vie. Mais Frigg n’a pas accordé à notre union d’être féconde, et comme le feu d’un volcan endormi depuis sept ans, j’ai senti la valkyrie resurgir en moi. J’ai voulu la rejeter, mais peut-on endiguer l’eau brûlante quand elle jaillit de sous la glace ? En vérité je suis en exil à Midgard, le royaume des hommes.
« Même si je ne peux plus chevaucher dans les batailles, j’ai besoin de voler à nouveau entre les mondes, de revoir la beauté d’Asgard…Je vais retrouver ma parure de cygne, on ne peut pas plus retenir une Valkyrie que le soleil ou le vent !
Avant qu’il ait pu protester elle retira un anneau d’or qu’elle portait au doigt :
« — Prends-le ! Quand je serai partie tu iras voir les nains de Nidavellir : cet anneau te liera à eux, et ils feront de toi un homme riche et puissant en Midgard. Je ne t’oublierai pas. Malheureusement les Nornes, qui tissent les fils de nos vies, ont emmêlés les nôtres pour un temps, mais pas pour toujours ! »
Souvent les hommes, en voulant échapper au destin, ne font que le précipiter. Ainsi Völund craignit tellement que sa femme ne trouve le manteau de plumes caché dans la maison qu’il alla l’enfouir dehors, dans un arbre creux. Hervor, qui connaissait le langage des arbres, n’eut alors aucun mal à le récupérer.
A l’aube d’un triste jour, il ne la trouva plus à ses cotés, sous la peau d’ours. Il sortit en courant, juste à temps pour voir un cygne immaculé prendre son vol. L’oiseau, poussant des cris plaintifs, tourna autour d’un gros rocher. L’anneau d’or se mit à briller, y éclairant une ouverture. Des marches taillées dans le roc s’enfonçaient sous terre.
Le cygne s’éleva et se fondit dans les nuages. Au doigt de Völund, l’anneau était maintenant en argent.
Vous aussi vous connaissez la science des runes ! Vous en avez tracé tout autour de moi. J’entends aussi un chant de magie qui s’élève dans le noir. Vous voulez m’ensorceler ? Avez-vous donc si peu confiance en moi ?
2 – Argent
Qu’avait-il à faire désormais de sa cabane, où Hervor ne l’attendait plus, et du jour qui se levait, puisqu’il serait sans elle ? Tournant le dos au soleil il s’engagea dans l’escalier. Qu’il descende chez les nains ou chez les morts, peu lui importait et que la terre se referme sur lui ! Rapidement plus aucune lumière ne lui parvint du dehors, mais l’anneau d’argent brillait plus fort qu’une pleine lune, au point qu’il pouvait détailler le boyau qu’il parcourait, et les signes inconnus tracés sur ses parois…Combien de temps marcha-t-il, comme dans un rêve ? Le froid de l’hiver avait fait place à la chaleur, et il dut se défaire de ses fourrures. Torse nu, il déboucha dans une large grotte, barrée d’une muraille.
Devant lui deux grandes portes se dressaient, de bois solide couvert de feuilles d’or, incrustées de gemmes. Sur les bas reliefs, de petits êtres barbus combattaient des dragons et des géants, creusaient des galeries et forgeaient de multiples objets. Des meurtrières s’ouvraient dans le mur et Völund savait qu’il était observé. Les deux battants s’ouvrirent en grinçant. Derrière l’attendaient les nains des bas reliefs : leur tailles était celle d’enfants, leur visages celui de vieillards et leur musculatures celles de puissants guerriers. Teint mat, barbes et cheveux noirs hirsutes, vêtus de peaux de bêtes, ils brandissaient des épées.
« — Suis-nous ! »
Ils le conduisirent à travers des rues pavées éclairées de grands feux. Depuis l’ombre des maisons de pierre de petites silhouettes le regardaient passer, et partout résonnait le son régulier du marteau sur l’enclume. Dans une sombre salle, un Roi nain était assis. Son trône était d’or, brasillant à la lueur des flammes. Il parla d’une voix grave et sereine.
« — Le bijou que tu portes, rejeton de Midgard, a été forgé ici, pour une fille d’Odin. Il enserrait parfaitement son doigt fin, mais par sa magie il s’est adapté au tien. Cela prouve qu’elle te l’a donné. Si tu l’avais volé ou acheté à son voleur, jamais tu n’aurais pu le passer. »
Le souverain se leva et tendit une corne de bière à Volünd.
« — Quand les Valkyries nous adressent un homme, c’est pour qu’il apprenne notre art. C’est un bien grand honneur qui fut rarement accordé à ta race. Mais il faut que tu acceptes de vivre un temps à Nidavellir. Sache qu’ici nous fuyons le soleil, le feu de la terre est notre ami. Au lieu du vent des forêts et des mers nous avons le souffle brûlant de la forge. Ton espèce se complait parmi les plantes et les arbres et nous parmi leurs racines.
— Mon soleil se nommait Hervor-la-Toute-Sage. Sans elle je n’ai plus ni air ni lumière, et je suis comme un arbre sans racines…Acceptez-moi parmi vous ! »
Völund s’agenouilla devant le Roi – il le dépassait encore un peu – et, en signe d’allégeance, prit entre ses mains le sceptre en forme de marteau qu’il lui tendait.
« — Relève-toi, apprenti ! » dit le souverain.
Il saisit une torche et lui fit emprunter un nouvel escalier étroit.
« — Nous ne sommes pas les ennemis des dieux. Mais nous ne leurs sommes pas soumis non plus ! Les dieux sont beaux, ils boivent l’hydromel et se livrent aux plaisirs… Nous, nous sommes un peuple libre, notre force est dans notre travail et l’entraide qui nous unit …Les dieux moquent de notre aspect contrefait, mais c’est de nous qu’ils tirent ce qui les rend puissants ! »
Une immense grotte s’ouvrit devant eux, baignée d’une lumière rouge dansante. L’air était rempli de l’odeur du métal chaud et du bruit des martellements. Partout des nains, ne portant qu’un pagne et un tablier de cuir, attisaient les feux avec des soufflets plus grands qu’eux, s’affairaient devant les enclumes et établis. La vapeur jaillissait des cuves d’eau où était plongé l’acier porté au rouge. Assis à l’écart, d’autres enchâssaient des pierres précieuses dans des garnitures d’or.
« — Ici furent fabriqués la lance d’Odin et le marteau de Thor. Nous fûmes les seuls à pouvoir confectionner un lien pour entraver le loup Fenrir, qui menaçait Asgard même ! Et la plus belle des déesses, Freyja en personne, paya d’une nuit d’amour chacun des quatre nains qui avaient forgé son collier ! Quand tu auras acquis notre métier, tu seras de fait plus puissant que les dieux… même si ne dois jamais leur faire sentir! »
Völund passa de longues années chez les nains. Ils lui enseignèrent leurs techniques métallurgiques et magiques, inconnues des artisans humains. Il apprit à rendre l’épée plus dure que la pierre et la cotte de maille plus solide qu’une plaque d’acier. Il sut filer l’or comme la laine et capturer le scintillement des flammes dans les gemmes, rendre invincible le guerrier qu’il armait et irrésistible la femme qu’il parait. Il fut initié à la création de mystérieux casques d’invisibilité et de boucliers qui frappaient d’effroi l’adversaire.
Élève doué, il était devenu maître forgeron quand il décida de retourner à la surface. À peine s’était-il installé en ville, pour exercer son nouveau métier, que la légende s’étendit : en terre de Suède vivait un forgeron aux pouvoirs fabuleux. Certains le disaient dieu, d’autres nain ou elfe. Du pays des Goths vint le trouver Beowulf, qui obtint de lui son armure, et du Saint Empire les envoyés de Charlemagne, pour qui il forgea Joyeuse, son épée.
Völund était riche, et vivait dans une belle maison qui jouxtait sa forge. Il n’était plus le jeune chasseur des bois, mais un homme déjà mûr, au corps robuste et aux mains agiles, alliant la sagesse d’Asgard à celle de Nidavellir. Toutes les femmes rêvaient de lui mais il n’oubliait pas Hervor. Au printemps il contemplait les vols de cygnes, et pensait à la cabane d’Ulfdalir, à la peau d’ours qu’il partageait là-bas, avec sa compagne. Ce fut justement un printemps que le Roi Nithut envahit la ville.
Dans son sommeil le forgeron fut enchaîné, et transporté par les hommes du félon, en charrette, puis en barque, jusqu’à sa citadelle, sur l’île de Saevarstath.
« — Völund, prince des elfes ou des nains, pardonne-moi mon procédé, mais tu auras ici ce que tu désires, les repas les plus fins, la caresse des vierges, en échange je ne demanderai que de mettre ton art à ma disposition !
— Je suis prince chez les nains, tu l’as bien dit ! Et le peuple nain n’est pas un peuple d’esclaves. Il ne travaille que pour ceux qu’il choisit !
— Les Nornes ne demandent à personne dans quel sens elles doivent tisser son destin ! J’ai bien peur que tu sois un Prince déchu …Tu possèdes encore l’art, et les dieux savent que je t’admire ! Mais je possède la puissance des hommes et des chevaux, et tu ne peux rien contre ! »
Nithut détailla la main de son prisonnier et éclata de rire.
« — Toi qui manipules tant de richesses, le seul anneau que tu portes est de fer ! »
Vos runes, c’est avec du sang que vous les avez tracées ? Est-ce celui d’un homme ou d’un animal ? J’espère que vous êtes des magiciens expérimentés! En tout cas vous connaissez le pouvoir occulte du liquide vital… Mais prenez garde aux puissances obscures qu’il peut aussi invoquer !
3 – Fer
J’ai déjà dit que Völund était devenu sage. Il savait que dans sa situation la révolte serait inutile et folle. Mieux valait pour le moment faire ce que Nithut demandait et chercher le moyen de lui échapper. Nithut n’avait rien d’un roi noble : il faisait plier par les armes ceux qu’il n’avait pu corrompre par les richesses. Ainsi s’étendaient ses conquêtes et sa puissance. Il avait deux fils qui lui servaient de lieutenants et une fille très belle du nom de Bothvild. Elle était pour lui la prunelle de ses yeux. Elle souhaitait s’initier aux arts de la guerre, mais son père avait d’autres projets pour elle : il la marierait à celui qui serait son meilleur allié dans sa soif de pouvoir. Parmi les merveilles forgées par Völund, il choisit la meilleure épée, distribua les autres à ses fils et couvrit Bothvild avec les bijoux.
Völund était retenu dans la citadelle : depuis les murs du château il apercevait le continent, non loin, mais il ne pouvait l’atteindre à la nage, et ses amis les nains ne pouvaient lui venir en aide sur son île. Il avait une forge à sa disposition et tout ce qui lui était nécessaire. Sans relâche il fabriquait des armes pour celui qui le gardait prisonnier, mais sans user de ses secrets magiques. On ne voyait guère s’émousser le fil des lames, ni s’ébrécher l’acier. Légères comme des bâtons, elles brisaient les boucliers sous leurs chocs. Mais en elles aucune inscription runique, aucun chant de pouvoir n’avait été murmuré au moment de la fusion du métal. Aucune racine ni pierre aux vertus mystérieuses n’étaient inclues dans leurs manches. Ce n’était que l’œuvre d’un habile artisan. Pour Bothvild il créa colliers et ceintures et même une reproduction de son anneau, mais comme au moment où Hervor le lui avait offert, il le fit en or très pur. Pour lui néanmoins, la copie plus précieuse ne le serait jamais autant que l’original. Même si celui-ci était désormais de fer vulgaire, c’était toujours celui qu’avait porté la bien-aimée.
Hors Nithut se trouvait en difficulté dans sa tentative de conquête d’une province. Son avancée était stoppée et malgré la qualité de leurs armes, ses soldats ne pouvaient vaincre la résistance farouche des habitants qui refusaient l’oppresseur. Il vint voir son prisonnier.
On dit que les nains savent façonner des épées qui se meuvent toutes seules quand on les brandit dans la bataille, et qu’elles sont plus habiles au combat que le meilleur des guerriers. Je veux que tu en fabriques trois pour commencer : pour moi et mes deux fils. Je constaterai alors leur efficacité, et j’aviserai de qui dans mon armée j’en équiperai. Je ne veux pas non plus finir assassiné par un officier que des armes magiques auraient rendu trop puissant.
— Je reconnais là ta vaillance, Nithut ! Les nains détestent fabriquer ces choses là, et en général refusent de le faire. Cela va à l’encontre de tout code d’honneur et donne la victoire au lâche. C’est la fin de l’héroïsme et du courage, c’est la victoire de la ruse sur la valeur, de Loki sur Odin !
— Pour l’instant, tu as tout ce que tu veux sauf la liberté, mais je peux te faire torturer jusqu’à ce que tu cèdes, ce serait l’occasion de montrer ta propre vaillance ! »
Völund travailla trois nuits, interrompant son travail à certaines heures pour se livrer à des rituels sinistres, invoquer des noms qu’il n’aurait jamais voulu prononcer, et graver des signes qu’il aurait préféré ne jamais tracer. Lorsque le Roi et ses deux fils se présentèrent, les trois épées attendaient sur son établi. Elles étaient presque prêtes.
« Voilà, dit Völund, il ne manque plus qu’une chose : elles doivent recevoir du sang humain, un tout petit peu pour commencer. Elles y prendront alors goût et iront en chercher toutes seules : les fiers guerriers que vous êtes n’auront qu’à les tenir et les laisser vous conduire à la victoire. Mais la victoire est bien illusoire quand le sang appelle le sang.
— Il faut donc leur donner un peu de sang ? Répondit Nithut en ricanant. Allez mes fils, donnons à boire à nos lames runiques ! »
Les trois épées s’abattirent sur les jambes du forgeron et tranchèrent ses tendons. Völund gisait sur le sol en hurlant, incapable de se remettre debout.
« — Cela aussi je le regrette, mais nous partons au combat et je ne pouvais te laisser libre de t’enfuir en profitant de mon absence…Même sur cette île, trop proche de la rive, tu pourrais par ruse ou par magie me fausser compagnie, et j’ai trop besoin de toi ! Que les dieux t’aient en leur garde, prince des nains ! Nous nous reverrons bientôt… J’espère que tu auras alors retrouvé partiellement la capacité de marcher !
La douleur terrassa Völund pendant deux jours. D’abord il se confectionna des bandages en déchirant ses vêtements, puis réussit à s’appliquer ses onguents et des runes de guérison. Bientôt il put faire quelques pas, grimaçant à chacun d’eux, en s’appuyant sur des bâtons. La souffrance s’estompait quand il laissait ses jambes au repos, mais il ne pouvait presque pas se déplacer.
Bothvild vint le voir.
« — On raconte que tu as été l’époux d’une valkyrie, mais sans doute ce ne sont là que légendes…
— Non, sur Odin je te jure, Hervor-la-Toute-Sage a été sept ans ma compagne.
— Alors, si cela est vrai, peut être pourras- tu me comprendre : mon père et mes frères sont partis à la guerre. Moi, on me réserve pour le mariage. Mais mon désir n’est pas là ! Je me sens une âme de guerrière, j’ai appris le maniement de l’épée à pied, et tout en lançant mon cheval au galop. J’aimerais que tu me fasses un équipement de combat, avec lequel j’aurais fière allure. J’irai alors prouver ma valeur sur les champs de batailles et mon père devra revenir sur sa décision .
— Je peux t’offrir bien mieux ! Amène-moi des plumes de cygnes ou d’oies, car ces deux oiseaux sont liés aux dieux d’Asgard. Et je te confectionnerai une parure semblable à celle des Valkyries, qui sèmera la terreur chez tes ennemis.
— Des plumes d’oies, les cuisiniers de mon père m’en fourniront. Je te couvrirai de cadeaux si tu m’aides.
— Nous discuterons alors du prix… »
Dés le lendemain la jeune guerrière lui amena un ballot de plumes blanches.
« —Sais-tu ce que les nains ont demandé à Freyja pour payer son collier ? Je suis lié au peuple nain et tu es aussi belle que Freyja…
Et Bothvild céda à Völund, par intérêt mais aussi parce que le forgeron l’avait séduite avec son mélange de force et de sagesse. Sans doute se disait-elle en outre que sa virginité perdue, son père pourrait moins facilement la marier. Il pouvait par contre décider de la tuer, de l’enfermer ou de la bannir…Elle en acceptait le risque. En vérité elle était la plus courageuse de sa famille.
Völund travailla trois nouvelles nuits, pour réaliser la plus surprenante de ses œuvres. Pour cela il dut utiliser des ingrédients que seul un nain ou un initié à leur art peut réunir : le souffle des elfes, le reflet des étoiles, le chant des arbres…Peut être ne s’agissait-il là que de symboles, peut- être tout résidait-il dans des mots de puissance ou dans un mécanisme inconnu des hommes. Alors que se levait le troisième jour, il passa autour de son corps le harnais qui retenait deux grandes ailes blanches. Les ailes battirent alors, arrachant de la terre celui qu’on avait rendu infirme pour empêcher la fuite. Après des jours de nuages le soleil rayonnait ce matin-là, et le maître forgeron s’éleva vers lui, avec un rire de triomphe. Il eut un instant de remords en voyant en bas Bothvild qui hurlait son désespoir, puis il prit la direction des terres.
De l’Ouest, une armée progressait lentement. À sa tête, le roi Nithut menait son cheval et ne semblait rien voir. Il ne parut même pas surpris quand il vit Völund le survoler. Derrière le roi, deux chevaux portaient les civières où gisaient les corps de ses deux fils, les entrailles ouvertes.
« — Völund! Je suis trop abattu pour chercher seulement à te tuer, et je n’ai plus l’espoir d’en être capable. Tu es donc lié aux pires sortilèges de Loki et des elfes noirs. Je ne te demanderai même pas comment tu peux voler, tel un oiseau de malheur…Dis moi juste pourquoi tes épées magiques nous ont fait nous entretuer, mes fils et moi…Je m’en suis tiré avec de nombreuses blessures, et sans doute parce que j’étais le plus fort, j’ai survécu ! Mais sans que nous puissions les arrêter, elles nous ont jetés les uns sur les autres, et mes fils… »
La phrase mourut dans sa gorge.
Il avait arrêté sa monture. Le monarque autrefois si orgueilleux se tenait coi, la barbe hirsute, sa tenue de guerre crottée.
— Je te répondrais, dit Völund, si tu jures de ne pas te venger sur mon enfant ni sur sa mère
— J’ignorais que tu avais un enfant et je ne connais pas sa mère…Ils m’importent peu et je ne tenterai rien contre eux, sur les cadavres de mes fils je le jure !
— Ceci est de ta faute, Nithut, et je t’avais prévenu ! Tu n’aurais surtout pas dû donner de mon sang aux épées, car le sang de celui que tu as asservi et mutilé a rendu leurs lames avides du tien ! Et la soif de sang de l’épée a été celle de la vengeance… »
Il descendit encore un peu vers le malheureux Roi.
— Il te reste ta fille, mais elle n’est pas intacte non plus… Oh, rassure-toi, elle se porte bien ! Elle a saigné, mais ce n’était qu’un petit peu… si elle ne saigne pas les mois qui viennent, réjouis-toi, car c’est que ta descendance sera mêlée à celle de Völund le Maître-Forgeron, Prince des Nains ! Et n’oublie pas ta promesse de ne toucher ni à l’enfant ni à sa mère ! »
Savourant la cruauté de sa vengeance, Völund reprit de la hauteur et disparut aux yeux de tous…
Il avait déjà quitté Midgard une fois, vers le bas, pour se rendre à Nidavellir. Et voila qu’il le quittait une fois de plus, par le haut. La terre des hommes était bien loin au dessous. Il évoluait dans un vide éclatant, lorsqu’il s’aperçut que sa bague était redevenue d’argent et que des rayons dorés s’en échappaient d’un coté. Il prit alors la direction de ces rayons : la lumière augmentait lorsqu’il qu’il allait dans ce sens, mais diminuait s’il s’en éloignait. Lui qui connaissait le pouvoir des bijoux des nains, il comprit ce qui se passait.
L’anneau retournait à sa première propriétaire. Bientôt il se mit à flamber de mille feux.
Vos torches sont maintenant fichées au sol, m’entourant d’un cercle de feu. C’est vrai, je possède encore une grande puissance, mais je n’ai pas l’intention de m’en servir contre vous !
4 – Feu
Völund n’eut aucun mal à reconnaître ce qui se dressait devant lui, en plein milieu du ciel. Tous les peuples du Nord jusqu’à la grande Germanie en avaient entendu parler. Il s’agissait d’un immense frêne, au tronc plus large qu’une montagne. On ne pouvait en voir ni la base qui plongeait très bas sous les nuages, ni le sommet, qui montait à des hauteurs vertigineuses. Ses branches semblaient chacune contenir des royaumes entiers.
C’était Ydgrasil, l’axe des mondes. Une de ses racines rejoignait les pays des dieux, une autre celui des géants, une troisième le royaume des morts. Entre elles, les trois Nornes tissaient le destin. Odin s’y pendit neuf jours et neufs nuits, transpercé par sa lance, afin de recevoir la connaissance.
L’anneau tirait Völund en avant, vers une des gigantesques branches d’Ydgrasil. Il se retrouva bientôt au dessus d’une verte plaine, qui ne ressemblait en rien aux paysages qu’il connaissait : le climat avait l’air tempéré, des arbres fruitiers y poussaient, quelques vaches et un troupeau de porc s’y égayaient. Une maison de pierre taillée se dressait au centre.
Ses ailes ne fonctionnaient plus correctement, les plumes s’en détachaient ; peut-être leur en avait-il trop demandé. Il réussit à se poser, assez violemment, non loin de la maison. Une femme en sortit. Refaisait-il ce rêve qui le poursuivait depuis tant d’années ? Hervor se précipita vers lui. Elle n’avait pas changé d’un trait, depuis ce matin de printemps dans la forêt, et semblait n’avoir pas connu plus de vingt étés.
Que dire de leurs retrouvailles ?
Il avait gardé secrètement une foi absurde: l’idée qu’un jour, il rejoindrait sa femme. Contre toute raison, la conviction en était restée dans son cœur. Et aujourd’hui qu’Hervor se tenait devant lui, il aurait eu tant à lui dire, mais aucun mot ne venait. Ce fut elle qui parla :
« — Je ne pouvais plus vivre chez toi mais je ne t’ai jamais perdu de vue, lui dit-elle. Tu te souviens de ce que je t’avais appris ? Quand tu étais chez les nains, je me penchais sur les arbres et je sentais ta présence dans le monde d’en bas. Quand tu étais en ville, tous les jours les oiseaux qui survolaient ta forge me ramenaient des tes nouvelles. Et quand tu étais prisonnier à Saevarstath, tes plaintes m’arrivaient par le vent de la mer. »
L’anneau était de nouveau d’or massif. Il le lui tendit :
« — Ce bijou que tu m’as donné en me quittant m’a permis d’acquérir la richesse et le savoir faire, et m’a ramené vers toi. Je te le rends, maintenant que je t’ai retrouvée. Cependant, le jour où je t’ai rencontrée, même si tu avais bien plus vécu que moi, nous avions le même aspect. Aujourd’hui j’ai l’air d’être ton père !
— Ne t’en fais pas. Demain j’irai voir Idun, celle qui garde les pommes de l’éternelle jeunesse, afin que comme nous tu en profites. »
Seulement, Idun refusa que ce mortel y goûte. Les Nornes s’y opposaient, et ni humain ni valkyrie ni dieu ne peut contester les arrêts des Nornes, Odin lui-même y est soumis. Hervor dut accepter donc que son époux vieillisse. Elle l’installa chez elle et soigna ses blessures : bientôt il remarcha, malgré un léger boitement. Une nouvelle période de bonheur commença. Dans la Dans la jeunesse de Völund ils ne partageaient qu’une paillasse couverte d’une peau d’ours. Désormais, de plumes et de soie était leur lit, avec des montants de bois sculptés aux motifs de dragons et de cygnes. Des rideaux de velours tombaient du baldaquin.
Les hivers dans leur refuge étaient doux et ils allumaient de grands feux dans la cheminée, où ils faisaient rôtir poissons et viandes, buvant le cidre et la bière. L’été c’était par plaisir que Völund chassait dans le pays d’Ydgrasil, riche en gibier. Il y avait aussi une forge dans la maison des époux, et c’était par plaisir encore qu’il fabriquait des armes et des bijoux que demandaient les dieux eux-mêmes. La vie était facile et l’amour leur faisait oublier que le temps toujours fuit.
Car Völund vieillissait. Dans l’or roux de ses cheveux, l’argent gagnait de plus en plus de terrain et son visage se plissait comme l’écorce. La claudication qu’il avait gardée de sa mutilation s’accentuait, il était moins hardi à la chasse.
Un matin, bien avant l’aube, le corps toujours aussi souple d’Hervor frémit contre celui ridé de son mari. Elle avait rêvé de soleil voilé, d’oiseaux noirs qui tombaient du ciel et de se retrouver seule dans la nuit. Les rêves d’une valkyrie ne sont pas ceux des humains. Elles comprennent avec une lucidité implacable les messages nocturnes. Au lever du soleil, elle annonça à Völund qu’elle devait partir plusieurs jours, prétextant avoir à traiter avec les nains. En réalité elle ne prit pas la direction de Nidavellir, elle allait bien plus bas.
Elle lança son cheval jusqu’aux fondations d’Ydgrasil, passant à proximité de la fontaine de Mimir dont l’eau donne la sagesse, et celle d’Urdar, où trônent les Nornes, pour suivre la racine qui mène à Helheim. Elle galopa longtemps sur un chemin qui descendait sans cesse, plongé dans la nuit. La seule lumière venait de son anneau. Si celui-ci, lorsqu’il était d’argent, avait éclairé Völund d’une lueur lunaire, il produisait maintenant un rayonnement doré autour d’elle. Elle put ainsi s’apercevoir qu’elle traversait quelquefois des ravins désolés, d’autres fois de grands arbres noirs se dressaient de chaque côté d’un étroit sentier. Elle passa dans une vallée au milieu de montagnes d’ossements où se mêlaient carcasses humaines, crânes de géants et squelettes de nains, longea de grands lacs aux eaux ténébreuses et agitées par les ondulations de serpents et dragons plus anciens que les dieux. Par deux fois elle crut entrevoir des choses pires encore, avant de rentrer dans un brouillard baigné d’une lumière pâle.
De là s’étend le pont d’or qui conduit aux portes de Helheim. À la tête du pont se tenait une silhouette couverte de longs voiles noirs, un bouclier et une lance dans ses mains. Le vent froid découvrait régulièrement par endroits son visage ou son corps parfaits.
« — Rares sont les vivants qui arrivent jusqu’ici, dit la gardienne. Plus rares encore ceux qui viennent d’Asgard. Odin est venu, Hermod est venu. Même eux n’ont pas pu arracher à Hel ses proies, pas plus que ce scalde du Sud qui voulu ramener sa femme, autrefois ! Toi qui conduisais les morts au Valhalla, es-tu venue en rechercher un ici ?
— Non, Modgud. Je veux juste empêcher celui que j’aime d’y descendre, si c’est possible. »
La bourrasque souleva encore le voile de Modgud, révélant son visage immensément triste.
« — Va, ma sœur, va jusqu’au bout de ta quête… »
De l’autre coté se dressaient les limites de Helheim, formidables murailles de pierre noires flanquées de tours, mais personne n’était visible sur le chemin de ronde ou les meurtrières. Des présences tourbillonnèrent dans la brume, murmurant à l’oreille d’Hervor. « Donne-nous du sang, un peu de vie pour nous incarner un instant encore, et nous t’aiderons… » Mais la lumière de l’anneau les maintint à distance.
Presque invisible dans le brouillard, un cygne blanc s’envola, franchit les murailles et dans la cité des morts reprit sa forme féminine. Hervor avança dans de vastes couloirs vides et sombres, envahis de mousse verdâtre et noire. Des portes s’ouvraient sur la nuit, et par moment des figures pâles s’en détachaient.
« — Valkyrie, emmène-moi au Valhalla ! »
Elle ignora le fantôme à la poitrine ouverte…Elle savait bien que certains se mutilent sur lit de mort, espérant faire croire qu’ils sont tombés au combat… À un embranchement, son anneau brilla plus fort et elle suivit la direction indiquée. Une des chambres était éclairée ! Elle y entra.
Certes, celui qui se tenait là n’irradiait plus autant que de son vivant. Sa lumière était diaphane, mais encore dorée et tellement agréable dans cet univers nocturne. Assis sur une banquette ornée de coussins cramoisis, au milieu d’un mobilier de bois précieux et d’or, il frappait toujours par sa grande beauté, avec son épaisse chevelure blonde et sa barbe fournie. Mais sa grâce paraissait mélancolique, son visage amaigri. La femme à ses cotés gardait l’aspect d’une jeune fille ravissante, même si sa pâleur avait quelque chose de maladif. Hervor s’inclina.
« — Salut à toi, Balder ! Même ici tu restes le plus beau des dieux et le plus aimé ! Salut à toi Nanna, son épouse !
— Assieds-toi, Hervor, répondit Balder. Nous savons pourquoi tu es venue jusqu’ici. Hélas, Völund est attendu dans deux semaines du monde des hommes. Les nains du Helheim se préparent à recevoir leur Prince, à qui ils réservent une place d’honneur. »
La Valkyrie baissa la tête, accablée.
« — On dit que la place la plus humble au soleil est préférable à une place d’honneur au Helheim ! Je ne peux accepter cet arrêt.
— On ne peut aller contre les décrets qui gouvernent les mondes, Hervor, et dont nul ne nul ne connait la mystérieuse origine. Les dieux ont organisé l’univers à partir du cadavre démembré du géant Ymir, la mort y était ainsi présente au départ ! Eux-mêmes sont mortels : moi qui étais le dieu jeune, le plus insouciant de tous, j’ai dû descendre ici. La plupart des habitants d’Asgard périront un jour, comme la prophétie du Ragnarök l’annonce. Le loup Fenrir ne sera pas éternellement enchaîné et un jour dévorera Odin. Thor mourra en combattant le serpent qui entoure Midgard. Les vies et les morts s’entremêlent dans la tapisserie du Destin, et chaque fil est solidaire de l’ensemble.
— Je demanderai audience à Hel. Völund m’a arrachée à la troupe de mes sœurs mais je reste fille d’Odin, ce qui donne certains privilèges ! Et peut-être pourrais-je emmener mon époux au Walhalla…
— Völund ne peut aller au Walhalla. Seuls les morts à la guerre le peuvent. Et souviens-toi de tout ce qui a été fait pour éviter ma mort, lorsqu’elle fut annoncée comme imminente : Frigg avait fait jurer à toutes choses de ne jamais me nuire. Mais seul un arbuste insignifiant fut négligé, et c’est de lui que fut taillée la lance qui me transperça. Souviens-toi aussi de la tentative de me faire revenir à la vie : Hel avait accordé que si toutes choses me pleuraient, elle me relâcherait. Mais Loki fit échouer cette dernière possibilité. Crois-tu que ce que les dieux n’ont pu faire pour un des leurs, tu le pourras pour un homme ?
— Il n’y a donc aucun moyen…Je suis venue ici en vain ! »
Balder la raccompagna à la porte.
« — Je ne peux que te donner ma bénédiction. Tu es Hervor-la-Toute-Sage. Il te reste à trouver la sagesse dernière, celle de dire oui au Destin, et de là, la paix. »
Nanna prit la parole elle aussi, en tenant la main de son époux :
« — Pense à notre couple. Balder était un dieu, j’étais une humaine. Mais ni Asgard, ni Midgard, ni Helheim n’ont pu nous séparer… »
Hervor quitta le royaume des ombres, écartant d’elle les esprits qui tentaient de boire ses larmes, pour absorber encore un peu de vie. Modgud la regarda passer sans rien dire, mais le voile sur ses yeux se mouilla.
Völund s’éteignit, après lui avoir dit :
« — Je t’ai arrachée à ta condition de valkyrie pour que tu deviennes une femme. Mais la valkyrie a pris le dessus, et tu as dû me quitter. Je t’ai retrouvée, et aujourd’hui c’est moi qui dois partir à cause de ma condition d’homme. Mais je ne regrette rien de ma vie, pour toutes les années que j’ai passées près de toi… »
Elle ramena son corps dans la ville où il avait exercé son métier. La nouvelle de sa mort s’était répandue et les habitants dressèrent un grand bucher funéraire. Près de la dépouille les nains virent poser son marteau. Des guerriers y mirent des armes qu’il avait forgées. Une femme, l’épée au côté, encore très belle dans sa maturité, s’approcha, accompagnée d’un jeune guerrier. Elle y déposa un bijou.
« —Il m’a séduite et trahie, et pourtant je ne peux lui en vouloir…
— Bothvild, la faute en revenait à ton père, dit Hervor. À celui que l’on plonge dans le désespoir, et il est légitime d’en sortir par tous les moyens possibles ! Tu es devenue ce que tu voulais, une combattante. Et le fils que tu as eu de Völund sera un grand héros ! »
La valkyrie passa une dernière fois sa bague en or au doigt de son époux en murmurant ce que lui avait dit Nanna :
« — Ni Asgard, ni Midgard, ni Helheim ne pourront nous séparer… »
Elle alluma le bûcher.
Lorsque les flammes atteignirent le corps, on vit un cygne d’un blanc presque lumineux s’élever, tournant autour de la colonne de fumée. Il resserra ses cercles, puis brusquement, se laissa tomber en piqué et disparut dans le brasier.
Épilogue – Nuit
Voilà. Je vous ai conté la véritable histoire de Völund le forgeron. Je la connais par ce que j’ai vécu, et par ce qu’il m’a confié, toutes ces années où il a partagé ma vie. Moi, Hervor-la-Toute-Sage, la valkyrie, qui fut sa compagne, moi qui suis aujourd’hui Hervor la morte.
Par votre magie, vous m’avez un instant tiré du royaume de Hel. Mais les ténèbres qui règnent sur votre monde en ces heures sont froides comme une couche solitaire. Maintenant que j’ai satisfait à votre curiosité, laissez-moi replonger dans la nuit bienheureuse, où je suis pour toujours unie à lui…
Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens qui nous empêche d'en inventer un?
Lewis Carroll
Re: Le Lai du Forgeron
Merci, ça marche, c'est copié.
Tobermory- Écritoirien émasculé
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Re: Le Lai du Forgeron
Voilà, c'est lu !
- Spoiler:
- La valkyrie, l’anneau, les nains, j’ai pensé à Siegfried et aux légendes scandinaves, que je connais surtout par la série « Contes et légendes » dans laquelle j’ai abondamment puisé enfant et ado ( cf l’illustration de mon avatar, « Le chat vampire » dans les « Contes et légendes du Japon »). Mes souvenirs sont assez vagues, mais il me semble, Paladin, que tu as largement brodé, ce qui est tout à l’honneur de ton imagination. Ton texte est très dense, avec beaucoup de péripéties beaucoup de noms propres à assimiler, et j’ai un peu décroché dans les dernières pages. C’est très bien écrit (quelques grosses coquilles toutefois, surtout dans la première moitié) et surtout tu as bien restitué le ton héroïque et la grandeur tragique de ces légendes, bravo pour la performance ! Si j’ai moyennement accroché, c’est moins à cause du terme en lui-même que parce qu’adorant les contes, ma préférence va moins à ces histoires héroïques qu’à d’autres plus proches de la vie des hommes comme par exemple les contes africains ( ma référence de jeunesse en la matière : René Guillot). Il n’en reste pas moins que ce texte est un superbe travail.
Le prologue a son utilité pour montrer que ce récit constitue la véritable histoire et qu’il se démarque de tous ceux déjà racontés. Par contre il me semble que le texte serait plus percutant sans l’épilogue.
Tobermory- Écritoirien émasculé
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Re: Le Lai du Forgeron
Merci Tobermory !
Oui, j'ai pas mal brodé, en partant d'une traduction de la saga originale (Mais moi aussi j'étais un grand fan des "Contes et légendes" de Fernand Nathan, quoi que je ne m'en soit pas inspiré ici. N’empêche que j'ai au moins une centaine de volumes de cette collection) . Pour l'origine de l'histoire, je n'ai guère eu le choix, puisque je l'ai écrite au départ pour un AT sur le légendaire scandinave et germanique !
Je suis content que tu trouve que j'ai "bien restitué le ton héroïque et la grandeur tragique de ces légendes", c'était mon but
Oui, j'ai pas mal brodé, en partant d'une traduction de la saga originale (Mais moi aussi j'étais un grand fan des "Contes et légendes" de Fernand Nathan, quoi que je ne m'en soit pas inspiré ici. N’empêche que j'ai au moins une centaine de volumes de cette collection) . Pour l'origine de l'histoire, je n'ai guère eu le choix, puisque je l'ai écrite au départ pour un AT sur le légendaire scandinave et germanique !
Je suis content que tu trouve que j'ai "bien restitué le ton héroïque et la grandeur tragique de ces légendes", c'était mon but
Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens qui nous empêche d'en inventer un?
Lewis Carroll
Re: Le Lai du Forgeron
Je me souviens qu’on en avait déjà discuté à propos de mon image d’avatar, un conte japonais dont a été tiré un film d’horreur, « Kuro Neko », le chat noir https://youtu.be/PmNhYzQMQtU
Les Contes et légendes, J’en ai sans doute lu moins que toi, mais quand m^me quelques dizaines. Certains s’intitulaient « contes et récits tirés de… » ( L’Iliade et l’odyssée, Dante, Shakespeare, Corneille etc) Quand on avait lu tout ça, on avait déjà une bonne teinture de culture littéraire !
Les Contes et légendes, J’en ai sans doute lu moins que toi, mais quand m^me quelques dizaines. Certains s’intitulaient « contes et récits tirés de… » ( L’Iliade et l’odyssée, Dante, Shakespeare, Corneille etc) Quand on avait lu tout ça, on avait déjà une bonne teinture de culture littéraire !
Tobermory- Écritoirien émasculé
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Re: Le Lai du Forgeron
C'est vrai !
Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens qui nous empêche d'en inventer un?
Lewis Carroll
Re: Le Lai du Forgeron
Hello, Sire Paladin !
Juste pour la précision, j'irais dans le même sens que l'auteur : ce texte n'appartient pas réellement au genre "fantasy", mais plutôt aux récits et contes mythologiques. La distinction est importante dans le sens où la finalité et l'approche ne sont absolument pas les mêmes. Alors oui, il y a des nains, des guerriers, des armes magiques, mais pour ma part, je n'apparente pas du tout ce genre de récits à ce que l'on appelle communément la Fantasy (et son lot de clichés).
Ceci étant dit, intéressons-nous au texte à proprement dit.
Et pour être honnête, je ne sais trop comment prendre ton texte, pala : ne connaissant pas le "récit initial", je ne sais pas s'il s'agit d'une simple réappropriation de ta part, en mettant en avant les points qui te parlent le plus ou bien si tu as "réinventé" ce texte entièrement, en le mettant à ta sauce. Mais bon, tu me diras ça change pas grand-chose au final. Si je dois juger sur ce que j'ai lu, j'ai en tous cas pris beaucoup de plaisir à te lire. La plume est fluide et limpide, tout en empruntant au style archaïque et poétique des légendes et je trouve cette approche très réussie : je me suis tout simplement laissé porté par le flot des mots et leur rythme, tout comme les jolies images portés par ceux-ci.
Pour le reste, j'ai bien aimé le destin de ce personnage, qui bien que d'essence humaine, tient sa force aussi bien de la magie naine que du savoir d'Asgard. Comme dans tout conte ou récit mythologique qui se respecte, ce destin ne peut se conclure que de façon tragique, mais j'aime l'idée que malgré tout, il finit par rejoindre son aimée dans le monde des morts (celle-ci ayant donc renoncé à son immortalité pour amour, comme il se doit).
C'est à la fois très classique, mais également fort bien mis en scène.
Pour les points négatifs, je dirais qu'en effet les parties narrées à la 1e personne en guise de transition ne sont pas indispensables et peuvent même par moments nous faire sortir du récit. J'ai repéré également quelques répétitions coquilleuses (du style "le sort le sort"), notamment vers la fin de la P7 il me semble, mais elles sont heureusement peu nombreuses.
En tous cas, cela ne m'a pas empêché de passer un bon moment et je dirais même que sur la forme c'est l'un des textes les plus solides de ce concours (en ce qui me concerne, du moins).
En bref : une très belle proposition, qui parle beaucoup en outre à l'amateur de légendes et de mythologie que je suis. Très joli travail, Pala !
Juste pour la précision, j'irais dans le même sens que l'auteur : ce texte n'appartient pas réellement au genre "fantasy", mais plutôt aux récits et contes mythologiques. La distinction est importante dans le sens où la finalité et l'approche ne sont absolument pas les mêmes. Alors oui, il y a des nains, des guerriers, des armes magiques, mais pour ma part, je n'apparente pas du tout ce genre de récits à ce que l'on appelle communément la Fantasy (et son lot de clichés).
Ceci étant dit, intéressons-nous au texte à proprement dit.
Et pour être honnête, je ne sais trop comment prendre ton texte, pala : ne connaissant pas le "récit initial", je ne sais pas s'il s'agit d'une simple réappropriation de ta part, en mettant en avant les points qui te parlent le plus ou bien si tu as "réinventé" ce texte entièrement, en le mettant à ta sauce. Mais bon, tu me diras ça change pas grand-chose au final. Si je dois juger sur ce que j'ai lu, j'ai en tous cas pris beaucoup de plaisir à te lire. La plume est fluide et limpide, tout en empruntant au style archaïque et poétique des légendes et je trouve cette approche très réussie : je me suis tout simplement laissé porté par le flot des mots et leur rythme, tout comme les jolies images portés par ceux-ci.
Pour le reste, j'ai bien aimé le destin de ce personnage, qui bien que d'essence humaine, tient sa force aussi bien de la magie naine que du savoir d'Asgard. Comme dans tout conte ou récit mythologique qui se respecte, ce destin ne peut se conclure que de façon tragique, mais j'aime l'idée que malgré tout, il finit par rejoindre son aimée dans le monde des morts (celle-ci ayant donc renoncé à son immortalité pour amour, comme il se doit).
C'est à la fois très classique, mais également fort bien mis en scène.
- Spoiler:
- Outre la conclusion, j'ai particulièrement apprécié les péripéties du personnage au pays des nains et le passage au royaume des morts, porteur de jolis tableaux mortifères et évocateurs.
Pour les points négatifs, je dirais qu'en effet les parties narrées à la 1e personne en guise de transition ne sont pas indispensables et peuvent même par moments nous faire sortir du récit. J'ai repéré également quelques répétitions coquilleuses (du style "le sort le sort"), notamment vers la fin de la P7 il me semble, mais elles sont heureusement peu nombreuses.
En tous cas, cela ne m'a pas empêché de passer un bon moment et je dirais même que sur la forme c'est l'un des textes les plus solides de ce concours (en ce qui me concerne, du moins).
En bref : une très belle proposition, qui parle beaucoup en outre à l'amateur de légendes et de mythologie que je suis. Très joli travail, Pala !
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
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Re: Le Lai du Forgeron
Ma dernière lecture : j'étais pas emballée par la longueur initiale, mais tu as su me faire oublier cet a priori très vite. Comme tu le sais, j'adore les mythes et légendes, les mythologies etc. Donc, malgré cette thématique que j'aime, j'étais réticente à l'idée de lire une resucée de trucs archi-connus. Mais ce texte a tout balayé sur son passage : je me suis retrouvée embringuée dans l'histoire, j'y ai retrouvé le mode de narration adéquat, et je pense que même pour des personnes ne connaissant pas la mythologie nordique, il reste parfaitement accessible sans qu'il soit besoin de notes de bas de page ou d'explications qui cassent le rythme. Bref, pour moi, c'est simplement le texte qui m'a le plus plu et le plus parlé. Et tenue du début à la fin sans faillir. Même malgré les coquilles
Je connaissais le principe du vol de la peau (selkies) (d'ailleurs, dans La Renarde de la rivière Koya, il n'y a pas aussi ce principe de vol de la fourrure ? J'ai un doute), est-ce que tu as brodé dessus ou est-ce que ça fait aussi partie des légendes scandinaves, le vol des ailes ?
Et j'ai apprécié aussi le découpage par époques or/argent/fer (typiquement nordique, cette référence aux métaux, donc très bien trouvée et qui confère un découpage naturel au texte) et les retours au narrateur, qui se révèle être une narratrice.
Une seule remarque : pourquoi Ydgrasil ? Je ne l'ai jamais vu écrit comme ça (Vs Yggdrasil), une erreur ou cette orth. alternative existe vraiment ?
Je connaissais le principe du vol de la peau (selkies) (d'ailleurs, dans La Renarde de la rivière Koya, il n'y a pas aussi ce principe de vol de la fourrure ? J'ai un doute), est-ce que tu as brodé dessus ou est-ce que ça fait aussi partie des légendes scandinaves, le vol des ailes ?
Et j'ai apprécié aussi le découpage par époques or/argent/fer (typiquement nordique, cette référence aux métaux, donc très bien trouvée et qui confère un découpage naturel au texte) et les retours au narrateur, qui se révèle être une narratrice.
Une seule remarque : pourquoi Ydgrasil ? Je ne l'ai jamais vu écrit comme ça (Vs Yggdrasil), une erreur ou cette orth. alternative existe vraiment ?
Quiconque lit la présente ligne s’engage à chanter Petit Papa Noël à l'envers chaque soir à minuit jusqu'au 25 décembre.
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
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Re: Le Lai du Forgeron
Merci à vous deux !
Tak, tu peux lire la version originale du mythe Ici, il y a pas mal de diffénces...
Tu as raison, il ne s’agit pas là de fantasy mais d'une mise en scène d'un mythe, plus dans l'esprit des anthologies d'Argemmios pour lequel je l'avais écrit.
Raven : ça fait bien longtemps que j'ai écrit cette histoire, mais je viens de vérifier, en effet, c'est Yggdrasil... Erreur ou forme alternative, je ne sais pas...
Non, il n'y a rien de tel dans La Renarde de la Rivière Konya. Par contre, le vol de la parure de cygne est bien dans la légende : https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%B6lund .
Il y a un équivalent en Ecosse avec les femmes-phoques, dont on peut aussi voler la peau quand elles les enlève. Dans l'histoire originelle, Volünd a deux frères qui épousent aux aussi les deux autres Walkyries, j'ai préféré ne garder qu'un personnage et une femme.
Je suis enchanté que cela vous plaise !
Tak, tu peux lire la version originale du mythe Ici, il y a pas mal de diffénces...
Tu as raison, il ne s’agit pas là de fantasy mais d'une mise en scène d'un mythe, plus dans l'esprit des anthologies d'Argemmios pour lequel je l'avais écrit.
Raven : ça fait bien longtemps que j'ai écrit cette histoire, mais je viens de vérifier, en effet, c'est Yggdrasil... Erreur ou forme alternative, je ne sais pas...
Raven a écrit:Je connaissais le principe du vol de la peau (selkies) (d'ailleurs, dans La Renarde de la rivière Koya, il n'y a pas aussi ce principe de vol de la fourrure ? J'ai un doute), est-ce que tu as brodé dessus ou est-ce que ça fait aussi partie des légendes scandinaves, le vol des ailes ?
Non, il n'y a rien de tel dans La Renarde de la Rivière Konya. Par contre, le vol de la parure de cygne est bien dans la légende : https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%B6lund .
Il y a un équivalent en Ecosse avec les femmes-phoques, dont on peut aussi voler la peau quand elles les enlève. Dans l'histoire originelle, Volünd a deux frères qui épousent aux aussi les deux autres Walkyries, j'ai préféré ne garder qu'un personnage et une femme.
Je suis enchanté que cela vous plaise !
Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens qui nous empêche d'en inventer un?
Lewis Carroll
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