Timide
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FRançoise GRDR
Cancereugène
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Timide
Cela faisait des semaines qu'il guettait les allées et venues du café des moineaux. De temps en temps, il entrait, tête basse, commandait un café, et l'observait en cachette. Petite, fluette, sautillante, un regard brillant et joyeux. Son cœur cognait si fort que sa mâchoire se figeait. Il n'osait pas même la remercier lorsqu'elle le servait.
Seul un tête-à-tête pourrait débloquer ses inhibitions. Pour cela, il devait déterminer à quel moment la clientèle désertait les lieux. Dès lors il posait des congés, prenait des notes, des photos...
Ses efforts avaient porté leurs fruits. Un mardi après-midi. Une brasserie située à quelques centaines de mètres diffusait un match de football important, pas le café des moineaux. Résultat : brasserie pleine à craquer et café des moineaux déserté...
Il entra. Sa respiration s'interrompit. Un point d'airain venait d'écraser ses viscères. Elle se tenait derrière le comptoir, nettoyait des verres. Remuer les jambes fut alors une torture. Ses pieds adhéraient au sol. Serrant le poing, il parvint à se jeter sur l'un des tabourets. Y grimpa.
La mignonne lui lança à peine un regard. Tout en poursuivant ses coups de chiffon, elle lui demanda ce qu'il désirait. Décontenancé, il fit mine de ne pas comprendre. Elle renouvela sa demande, agacée. Terrorisé par une telle réaction, il balbutia une réponse. Elle s'éloigna dans la réserve sans dire un mot. Un soupir de soulagement et de rage s'échappa de sa poitrine. Bon sang ! Deux mots avaient suffi à ruiner toutes ses intentions : se montrer gentil, aimable, juste normal...
Elle revint avec une bouteille de Calvados hors d'âge. Oh ! Elle affirmait qu'elle lui ferait au même prix que l'ordinaire. Elle n'avait plus que ça. C'était de bon augure. Un alcool vif et puissant, voilà ce qui l'aiderait. Il bégaya de piteux remerciements et enfourna son verre dès qu'il fut rempli. Il s'étouffa, la gorge en feu... Du coin de l’œil, il remarqua qu'elle levait les yeux au ciel et secouait la tête avec exaspération. Elle le resservit.
Il s'appliqua à mieux boire, pour éviter le ridicule, et se laisser une chance, enfin, d'engager une conversation. Mais une douleur atroce explosa soudain dans ses entrailles. Le verre échappa à ses doigts, frappa le comptoir, et roula au sol. Son esprit chancela. Ses organes internes s'enflammèrent d'une manière atroce. Telle une lave en fusion, son repas du midi jaillit de sa bouche déformée par un rictus. Il vit avec horreur que du sang se mélangeait aux aliments. Sa vue se brouilla, et il s'effondra au sol, inerte.
Juliette appela la police, et expliqua avec emphase l'horrible accident qui venait d'avoir lieu. Dans sa déposition, elle leur précisera plus tard qu'il s'agissait de l'obsédé qui ne cessait de la suivre et de la prendre en photo. Ce maboul n'avait que ce qu'il méritait.
De toute façon, il n'aurait eu aucune chance, elle préférait les filles...
Seul un tête-à-tête pourrait débloquer ses inhibitions. Pour cela, il devait déterminer à quel moment la clientèle désertait les lieux. Dès lors il posait des congés, prenait des notes, des photos...
Ses efforts avaient porté leurs fruits. Un mardi après-midi. Une brasserie située à quelques centaines de mètres diffusait un match de football important, pas le café des moineaux. Résultat : brasserie pleine à craquer et café des moineaux déserté...
Il entra. Sa respiration s'interrompit. Un point d'airain venait d'écraser ses viscères. Elle se tenait derrière le comptoir, nettoyait des verres. Remuer les jambes fut alors une torture. Ses pieds adhéraient au sol. Serrant le poing, il parvint à se jeter sur l'un des tabourets. Y grimpa.
La mignonne lui lança à peine un regard. Tout en poursuivant ses coups de chiffon, elle lui demanda ce qu'il désirait. Décontenancé, il fit mine de ne pas comprendre. Elle renouvela sa demande, agacée. Terrorisé par une telle réaction, il balbutia une réponse. Elle s'éloigna dans la réserve sans dire un mot. Un soupir de soulagement et de rage s'échappa de sa poitrine. Bon sang ! Deux mots avaient suffi à ruiner toutes ses intentions : se montrer gentil, aimable, juste normal...
Elle revint avec une bouteille de Calvados hors d'âge. Oh ! Elle affirmait qu'elle lui ferait au même prix que l'ordinaire. Elle n'avait plus que ça. C'était de bon augure. Un alcool vif et puissant, voilà ce qui l'aiderait. Il bégaya de piteux remerciements et enfourna son verre dès qu'il fut rempli. Il s'étouffa, la gorge en feu... Du coin de l’œil, il remarqua qu'elle levait les yeux au ciel et secouait la tête avec exaspération. Elle le resservit.
Il s'appliqua à mieux boire, pour éviter le ridicule, et se laisser une chance, enfin, d'engager une conversation. Mais une douleur atroce explosa soudain dans ses entrailles. Le verre échappa à ses doigts, frappa le comptoir, et roula au sol. Son esprit chancela. Ses organes internes s'enflammèrent d'une manière atroce. Telle une lave en fusion, son repas du midi jaillit de sa bouche déformée par un rictus. Il vit avec horreur que du sang se mélangeait aux aliments. Sa vue se brouilla, et il s'effondra au sol, inerte.
Juliette appela la police, et expliqua avec emphase l'horrible accident qui venait d'avoir lieu. Dans sa déposition, elle leur précisera plus tard qu'il s'agissait de l'obsédé qui ne cessait de la suivre et de la prendre en photo. Ce maboul n'avait que ce qu'il méritait.
De toute façon, il n'aurait eu aucune chance, elle préférait les filles...
Re: Timide
Dis donc, tu en as de ces idées ! Celle-ci me convient parfaitement. La fin est inattendue et logique en fin de compte.
Encore bravo !
Encore bravo !
Dernière édition par FRançoise GRDR le Sam 28 Mai 2016 - 23:20, édité 1 fois
Françoise Grenier Droesch
Skype Woman...
Re: Timide
La chute est pas mal du tout, même si j'y avais pensé à un moment donné. Mais tu fais fort en arrivant à quand même nous surprendre avec un synopsis qui est pourtant déjà bien établi et qui ne laisse pas forcément une marge de manœuvre si énorme que ça.
Manque juste peut-être un peu de dialogue pour coller à la base du synopsis... Mais cette réinterprétation est néanmoins réussie et plutôt pertinente dans son approche.
Atelier validé en ce qui me concerne !
Manque juste peut-être un peu de dialogue pour coller à la base du synopsis... Mais cette réinterprétation est néanmoins réussie et plutôt pertinente dans son approche.
Atelier validé en ce qui me concerne !
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 41
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Timide
Justement, je voulais donner une version avec et sans dialogues.
En tout cas, merci pour vos commentaires. Les orages semblent m'avoir bien inspiré...
En tout cas, merci pour vos commentaires. Les orages semblent m'avoir bien inspiré...
Re: Timide
Pas mal du tout.
Une répétition de poing dans un paragraphe (avec un poing d'airain). Dommage que le côté "bar désert sans raison apparente" n'ait pas survécu à cette version.
Sinon, m'est avis qu'elle va être servie niveau fille, parce qu'elle va filer fissa en taule.
Une répétition de poing dans un paragraphe (avec un poing d'airain). Dommage que le côté "bar désert sans raison apparente" n'ait pas survécu à cette version.
Sinon, m'est avis qu'elle va être servie niveau fille, parce qu'elle va filer fissa en taule.
Dernière édition par K² le Mar 31 Mai 2016 - 18:58, édité 1 fois
Libérée, délivrée, ma femme peut à nouveau voir ses pieds...
K²- — Kmarade Carré — Rassembleur de points perdus
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Localisation : Montarroi
Re: Timide
J'ai oublié de préciser qu'elle était rouquine, la gamine !
Tu as raison, j'ai pris une liberté sur l'étrangeté du bar désert. Comme c'est un récit "réaliste", je devais trouver un prétexte pour que le bar soit sans clients.
Niveau intrigue, il faut avouer qu'une telle exécution est un peu douteux pour la police. J'imagine le procès, durant lequel elle affirmera avoir pris peur, ce type était louche, bizarre, un vrai obsédé, elle n'a pas réfléchi, elle a versé du désherbant dans le calva, elle avait si peur, et puis elle a 19 ans, et puis elle est rouquine et mignonne, et puis elle travaille bien, tout le monde l'apprécie, et puis, et puis... allez, 4 ans de prison, sortie possible au bout de deux...
Tu as raison, j'ai pris une liberté sur l'étrangeté du bar désert. Comme c'est un récit "réaliste", je devais trouver un prétexte pour que le bar soit sans clients.
Niveau intrigue, il faut avouer qu'une telle exécution est un peu douteux pour la police. J'imagine le procès, durant lequel elle affirmera avoir pris peur, ce type était louche, bizarre, un vrai obsédé, elle n'a pas réfléchi, elle a versé du désherbant dans le calva, elle avait si peur, et puis elle a 19 ans, et puis elle est rouquine et mignonne, et puis elle travaille bien, tout le monde l'apprécie, et puis, et puis... allez, 4 ans de prison, sortie possible au bout de deux...
Re: Timide
Tu m'as bien fait rigoler.
Au début, déjà, avec "café des Moineaux", je me suis dit ça sent la bluette. Et j'étais bien disposée à me laisser emporter par une vague de romantisme et de cour timide.
Puis quand le mec a commencé à prendre des photos, j'ai pensé "ah ouais, le grand malade quand même", mais bon je trouvais toujours ça touchant. Un peu dérangé mais touchant.
Du coup, quand j'ai vu que ta serveuse (que j'imaginais rousse, comme de bien entendu) le rembarrait direct sans lui laisser une chance, je l'ai pas aimée du tout. A ce moment-là, j'avais déjà oublié qu'elle était censée l'empoisonner. Donc, rien que pour ça, l'atelier est réussi.
Et la chute, excellente ! Et tellement évidente que j'aurais dû la voir venir, mais tu m'as embarquée.
Seul point négatif : elle ne lui dit pas que le verre est empoisonné. Pas évident, sans dialogue, mais la règle c'est la règle ^^
Au début, déjà, avec "café des Moineaux", je me suis dit ça sent la bluette. Et j'étais bien disposée à me laisser emporter par une vague de romantisme et de cour timide.
Puis quand le mec a commencé à prendre des photos, j'ai pensé "ah ouais, le grand malade quand même", mais bon je trouvais toujours ça touchant. Un peu dérangé mais touchant.
Du coup, quand j'ai vu que ta serveuse (que j'imaginais rousse, comme de bien entendu) le rembarrait direct sans lui laisser une chance, je l'ai pas aimée du tout. A ce moment-là, j'avais déjà oublié qu'elle était censée l'empoisonner. Donc, rien que pour ça, l'atelier est réussi.
Et la chute, excellente ! Et tellement évidente que j'aurais dû la voir venir, mais tu m'as embarquée.
Seul point négatif : elle ne lui dit pas que le verre est empoisonné. Pas évident, sans dialogue, mais la règle c'est la règle ^^
Quiconque lit la présente ligne s’engage à chanter Petit Papa Noël à l'envers chaque soir à minuit jusqu'au 25 décembre.
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
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Date d'inscription : 04/05/2015
Age : 47
Localisation : au fond à droite
Re: Timide
Le gaz lacrymogène c'est quand même mieux. Le pauvre...
J'aime bien ton idée en tout cas, j'ai rien à dire à part les deux petits écarts par rapport au scénario de base (qu'il sache pourquoi le bar est vide/la serveuse qui ne lui avoue pas à lui que son verre est empoisonné).
J'aime bien ton idée en tout cas, j'ai rien à dire à part les deux petits écarts par rapport au scénario de base (qu'il sache pourquoi le bar est vide/la serveuse qui ne lui avoue pas à lui que son verre est empoisonné).
"Je m'en bats les lucioles."
Re: Timide
Comme je ne trouve pas comment négocier cet atelier , tant pis, je vais lire les autres.
Sympa, un brin rapide (mais en même temps, c'est le principe des ateliers). Pas grand chose à dire de plus.
Sympa, un brin rapide (mais en même temps, c'est le principe des ateliers). Pas grand chose à dire de plus.
Inventrice du "rocueil", le mixte entre le roman et le recueil.
"J'ai lu. Je sais même pas quoi dire tellement je suis atterrée.
Et le pire c'est que j'ai aimé te lire." Raven sur "Yin et yang"
"Merci de m'avoir donné envie de vomir !" Nao76 sur "Yin et yang"
"Ton texte m'avait fait penser à un film allemand atroce que j'avais vu plus jeune : Nekromantik !" Polo sur "Trafic de cadavres"
Re: Timide
Je n'ai q'un mot à dire : INGÉNIEUX !:D:D:D
Il faut de la persévérance quelque soit ce que l'on veut.
Ella Sunshine- Apprenti égorgeur
- Messages : 94
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: Timide
Hey !
Elle à osé ! OMG, heureusement que je suis pas un harceleur pervers narcissique, sinon j'aurais peur.
Elle à osé ! OMG, heureusement que je suis pas un harceleur pervers narcissique, sinon j'aurais peur.
Adieu... et bon voyage Petit-Carmin.
Petit-Carmin- ---Double-Posteur Frénétique--- Disciple du Grand Dess(e)in
- Messages : 1141
Date d'inscription : 17/08/2018
Age : 36
Localisation : Entre deux parcelles d'un vignoble
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