Peinture à l'huile
+6
Murphy Myers
Tak
mormir
Cancereugène
Catherine Robert
Géraldine BM
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Peinture à l'huile
Petite tentative... pas très longue mais bon... je tente !
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Ton regard soyeux suit le trait à peine esquissé sur la toile. Tes sourcils se rejoignent et ton front se plisse, soucieux. L'expression de ta bouche sensuelle manifeste une absolue concentration, mais exclut toute tendresse. Puis tes traits se figent comme un musicien dans l'attente du premier geste du chef d'orchestre.
Alors, ta main se crispe sur le pinceau. Tu manifestes une impatience secrète pour cette couleur incertaine qui émerge de ta palette. Le mélange ne te satisfait pas. Te voilà qui concocte quelques préparations subtiles. Les tubes de peinture à l’huile exhalent un parfum entêtant qu'exacerbe celui de la térébenthine.
Ta chemise, maculée de tâches et traces diverses, établit la carte de tes errements entre terre de sienne, cyan et magenta. Sur le canevas se devine des formes inachevées que tu habilles de lumière ou d’obscurité. Ici tu affirmes une courbe, là tu explores un relief et tailles les aspérités d’un flanc de montagne que tu noies dans un dégradé de bleus glacés, chaleureux ou tendres. Tu sèmes quelques parcelles écarlates, des éclats orangés et un soleil couchant naît sous tes doigts affairés.
Des heures durant, figé devant ton chevalet, un tumulte créateur anime ton esprit et occulte tout ce qui n’est pas la main, le pinceau, les couleurs. Et ton univers s’exprime sans limite sur ce simple carré immaculé qui s’offre comme une terre vierge à ensemencer. Tu te transformes en Dieu vivant et tout puissant.
Parfois, ta fièvre s’apaise et ta blouse maculée échoue sur le dossier d’une vieille chaise bancale. Alors, tu ouvres grand la porte de ton atelier poussiéreux. Le jardin t’offre sa vision, un bout de création, produit de mère-nature et non de ton pinceau. Et tu t’extasies de la sublime variété des teintes, du raffinement d’une corolle. La toile d’araignée te projette dans un abîme de réflexion. Que vois-tu en elle ? Le piège mortel où se débat ce papillon d’un jour ou bien la finesse raffinée de cette incroyable trame ?
Te rejoindre, prendre place à tes côtés dans ce silence serein qui t’ouvre ces chemins mystérieux où niche ta créativité. Et te voilà soudain, qui te redresses, grattes tes joues hirsutes et lâches :
- Qu’est-ce qu’on mange ?
- Allume le « barbeuk » pour les grillades ! Je te sers l’apéro !
Alors, ta main se crispe sur le pinceau. Tu manifestes une impatience secrète pour cette couleur incertaine qui émerge de ta palette. Le mélange ne te satisfait pas. Te voilà qui concocte quelques préparations subtiles. Les tubes de peinture à l’huile exhalent un parfum entêtant qu'exacerbe celui de la térébenthine.
Ta chemise, maculée de tâches et traces diverses, établit la carte de tes errements entre terre de sienne, cyan et magenta. Sur le canevas se devine des formes inachevées que tu habilles de lumière ou d’obscurité. Ici tu affirmes une courbe, là tu explores un relief et tailles les aspérités d’un flanc de montagne que tu noies dans un dégradé de bleus glacés, chaleureux ou tendres. Tu sèmes quelques parcelles écarlates, des éclats orangés et un soleil couchant naît sous tes doigts affairés.
Des heures durant, figé devant ton chevalet, un tumulte créateur anime ton esprit et occulte tout ce qui n’est pas la main, le pinceau, les couleurs. Et ton univers s’exprime sans limite sur ce simple carré immaculé qui s’offre comme une terre vierge à ensemencer. Tu te transformes en Dieu vivant et tout puissant.
Parfois, ta fièvre s’apaise et ta blouse maculée échoue sur le dossier d’une vieille chaise bancale. Alors, tu ouvres grand la porte de ton atelier poussiéreux. Le jardin t’offre sa vision, un bout de création, produit de mère-nature et non de ton pinceau. Et tu t’extasies de la sublime variété des teintes, du raffinement d’une corolle. La toile d’araignée te projette dans un abîme de réflexion. Que vois-tu en elle ? Le piège mortel où se débat ce papillon d’un jour ou bien la finesse raffinée de cette incroyable trame ?
Te rejoindre, prendre place à tes côtés dans ce silence serein qui t’ouvre ces chemins mystérieux où niche ta créativité. Et te voilà soudain, qui te redresses, grattes tes joues hirsutes et lâches :
- Qu’est-ce qu’on mange ?
- Allume le « barbeuk » pour les grillades ! Je te sers l’apéro !
Dernière édition par Géraldine BM le Mer 18 Mai 2016 - 21:15, édité 1 fois
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
Bin, c'est réussi. Au niveau de l'exercice, mais aussi niveau de cette petite tranche de vie poétique. Je ne m'attendais pas à la fin, elle m'a un peu déroutée, mais finalement, je la trouve à sa place. C'est comme un rêve et on sort toujours d'un rêve pour rejoindre la réalité.
Inventrice du "rocueil", le mixte entre le roman et le recueil.
"J'ai lu. Je sais même pas quoi dire tellement je suis atterrée.
Et le pire c'est que j'ai aimé te lire." Raven sur "Yin et yang"
"Merci de m'avoir donné envie de vomir !" Nao76 sur "Yin et yang"
"Ton texte m'avait fait penser à un film allemand atroce que j'avais vu plus jeune : Nekromantik !" Polo sur "Trafic de cadavres"
Re: Peinture à l'huile
C'est aussi pour me moquer de moi, j'ai un côté "grandiloquant" que je soigne activement, alors le coup du barbeuk... pis après tout la bouffe et la picole c'est sympa aussi !
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
Je confirme, malgré tout, le final reste abrupt !
J'ai trouvé le début assez poétique, ensuite ça sombre dans le nébuleux. J'avoue, je me suis un peu perdu au milieu de toutes ces images.
Cela dit, l'exercice est réussi !
J'ai trouvé le début assez poétique, ensuite ça sombre dans le nébuleux. J'avoue, je me suis un peu perdu au milieu de toutes ces images.
Cela dit, l'exercice est réussi !
Re: Peinture à l'huile
Merci pour la lecture Cancereugène
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
Ben dis donc, c'est très bon ! Des images évocatrices, pleines de poésie. Le "tu" permet au lecteur de rester extérieur et d'observer à la fois la scène et ses propres réactions. La fin est savoureuse - pas seulement le barbeuk
En tous cas, moi j'ai aimé cette tranche de vie ! Merci à toi
En tous cas, moi j'ai aimé cette tranche de vie ! Merci à toi
CONFUCIUS : lorsque l’on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ça n’est pas forcément le pot qui est vide.
mormir- — Arpenteur des mondes — Disciple de l'arbre noir
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Age : 59
Localisation : Près de Chartres
Re: Peinture à l'huile
Pareil, exercice réussi, malgré cette fin un peu abrupte (mais la rupture de ton est rigolote à sa façon).
Mais en ce qui concerne les consignes, pas de soucis et ton texte se boit comme du petit lait. J'aime bien tes descriptions et ces paysages qui semblent prendre sous la main du créateur/peintre.
Juste deux petits trucs que j'ai noté :
"Et ton univers infini s’exprime sans limite" : le "infini" ne me semble pas indispensable, surtout avec le "sans limite" derrière qui fait redondant pour le coup.
"produit de mère-nature et pas de ton pinceau." : Le "pas" me gêne ici, j'aurais plus mis "et non de ton pinceau".
Oui, pinaillage parce que pinailler il faut, mais sinon c'est un bien joli texte, qui cadre très bien avec l'atelier.
Mais en ce qui concerne les consignes, pas de soucis et ton texte se boit comme du petit lait. J'aime bien tes descriptions et ces paysages qui semblent prendre sous la main du créateur/peintre.
Juste deux petits trucs que j'ai noté :
"Et ton univers infini s’exprime sans limite" : le "infini" ne me semble pas indispensable, surtout avec le "sans limite" derrière qui fait redondant pour le coup.
"produit de mère-nature et pas de ton pinceau." : Le "pas" me gêne ici, j'aurais plus mis "et non de ton pinceau".
Oui, pinaillage parce que pinailler il faut, mais sinon c'est un bien joli texte, qui cadre très bien avec l'atelier.
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 41
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Peinture à l'huile
Merci Mormir et Tak pour la lecture et l'appréciation.
Pas de pinaillage Tak, je les trouve judicieuses tes remarques et je m'en vais de ce pas alléger ma prose.
Pas de pinaillage Tak, je les trouve judicieuses tes remarques et je m'en vais de ce pas alléger ma prose.
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
Je pinaille à mon tour, des mois plus tard, avec la "finesse raffinée" qui sonne comme un pléonasme à mes yeux.
A part ça, j'ai trouvé les images très bonnes. C'est vrai que les phrases sont parfois complexes et longues, mais ce n'est pas non plus impénétrable comme style.
J'aime l'idée de la fin. Casser toute l'ambiance comme ça, c'est bien vu. Mais il a manqué le fameux "petit quelque chose" pour moi. Pour que je sois vraiment à fond dans l'ambiance, et que je ressente vraiment cette fin comme une cassure nette. C'est déjà le cas en l'état, mais je pense que ça pourrait être encore plus "impactant".
L'atelier est réussi en tout cas et c'est très bien écrit ; même si ce style "recherché" est de moins en moins populaire de nos jours, moi j'y adhère toujours !
A part ça, j'ai trouvé les images très bonnes. C'est vrai que les phrases sont parfois complexes et longues, mais ce n'est pas non plus impénétrable comme style.
J'aime l'idée de la fin. Casser toute l'ambiance comme ça, c'est bien vu. Mais il a manqué le fameux "petit quelque chose" pour moi. Pour que je sois vraiment à fond dans l'ambiance, et que je ressente vraiment cette fin comme une cassure nette. C'est déjà le cas en l'état, mais je pense que ça pourrait être encore plus "impactant".
L'atelier est réussi en tout cas et c'est très bien écrit ; même si ce style "recherché" est de moins en moins populaire de nos jours, moi j'y adhère toujours !
20 minutes avant la tombe - Confession d'un mort - Les rêveurs de Somnore - La nuit derrière la porte - La dame aux yeux vides
"Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher." Baudelaire, Chacun sa chimère
Re: Peinture à l'huile
Oh je l'avais oublié ce texte (honte à moi) il faudra que je me penche sur ce petit délire pour revoir les détails signalés.
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
Il est très bien ce petit texte. Tu as su ménager tes effets et j'ai bien accroché aux descriptions pour une fois (je n'en suis pas fan). La fin m'a un peu laissé désabusée... Peut-être la revoir en moins abrupte.
Françoise Grenier Droesch
Skype Woman...
Re: Peinture à l'huile
C'est ton petit côté fleur bleu Françoise, j'ai le même mais cette fois je l'avais mis au placard
Faites gaffe : je dévore, j'égorge, j'éventre... et accessoirement, les jours de déprime, je mâchouille !
Re: Peinture à l'huile
J'ai bien apprécié le texte aussi, la fin notamment me parait totalement à sa place. Tu situes la création comme un voyage hors du monde, une expérience intérieure, un état qui par définition ne peut durer éternellement. Quand il se termine c'est le retour à la réalité, cela peut parfois être violent ce que le décalage met bien en exergue.
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Peinture à l'huile
J'aime beaucoup ce texte, peut être un peu trop d'images mais la fin est top, une fin ... Bidochonné haha !! On peu avoir le tableau maintenant ? C'est pas tout de le décrire, il faut aussi le réaliser hihi
Thorenko- Apprenti égorgeur
- Messages : 38
Date d'inscription : 31/01/2017
Age : 54
Re: Peinture à l'huile
Au tout début, j'avais un peu peur du "tu fais ci, tu prends ça, tes, ta ton, etc" Puis les structures changent radicalement et j'ai trouvé l'ensemble du texte superbe ! D'autant plus avec ces touches poétique et métaphorique
"Et la souffrance enfanta l'inspiration..."
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