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La légende de Tonklar'Kash / 1

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La légende  de Tonklar'Kash / 1 Empty La légende de Tonklar'Kash / 1

Message par Jack-the-rimeur Dim 3 Fév 2013 - 23:20

Il était une fois... (Non, non, ce n'est pas un conte de fée - je le sais, j'y étais.) Bon, je reprends :
Donc, il était une fois un monde parallèle que ses habitants appelaient Mtuglaë. C'était un univers étrange et fascinant, baigné par la clarté de deux étoiles jumelles : la plus massive était un astre immense à la sobre luminescence orangée, autour duquel tournait son éclatant petit frère, un soleil qui rutilait d'un vert émeraude éblouissant sur l'écran noir de l'espace profond.

Dans ce curieux système, il n'existait que trois planètes à l'orbite complexe et capricieuse. La première n'était qu'une formidable masse aqueuse et transparente, peuplée d'une myriade de cristaux géants. Pour un voyageur stellaire, elle serait apparue comme une une gigantesque bille de verre multicolore, un kaléidoscope mouvant de teintes féeriques dont les reflets miroitaient à travers l'infini.

La deuxième planète, par contre, avait tout de l'enfer. Sa surface se craquelait, se reformait, se déchirait sans cesse. Des continents entiers sombraient et renaissaient chaque instant dans le bouillonnement magmatique de cette monstrueuse sphère incandescente. Une croûte avait à peine eu le temps de se solidifier qu'elle disparaissait déjà dans les explosions titanesques, les roches en fusion et les geysers de lave. Et pourtant...
Et pourtant, ce creuset démoniaque était parvenu à enfanter quelque chose qui ressemblait à de la vie : une abomination brumeuse et sinistre, née de réactions chimiques ou nucléaires incompréhensibles, et qui, depuis des millénaires, livraient aux petits êtres de Mtuglaë une guerre abjecte et implacable.

Mtuglaë était le troisième monde, une oasis dans l'éternité, un joyau feutré de douceur et d'harmonie à la beauté ensorcelante. Imaginez une végétation mauve et moirée sous la verte et orange lumière du soleil double. Imaginez des fleurs musicales, aux larges corolles soyeuses, hautes comme un homme de la Terre et se balançant au rythme d'une brise parfumée. Imaginez des montagnes aux rochers de cristal, des cascades et des rivières d'un bleu soutenu parsemé d'éclats d'or, et peuplées de poissons lumineux, des forêts murmurantes où vivraient, plus graciles que des faons, des animaux translucides aux grands yeux perpétuellement étonnés...
Et imaginez aussi des lutins au regard vif et intelligent, des gnomes guère plus hauts que ça mais nullement difforme dans leur univers. Et tout un peuple ainsi, réparti en quatre cités inouïes : Khoaren aux mille statues, Alliaghic aux dômes de nacre, Siantraël aux tours de jade et aux jardins fous, et la plus ahurissante des quatre : Jorydann, l'arbre-cité. Essayez de vous représenter un chêne roux de quinze cents mètres de hauteur, dont chaque feuille porterait une maison de pierrerie et dont chaque branche serait creusée de sentiers bordés de mousse. Ainsi était Jorydann.

Hélas, malgré toutes ces merveilles paradisiaques, les petits êtres de Mtuglaë n'en connaissaient pas moins l'angoisse et la peur. Et cette peur venait de l'espace. Lors de chaque conjonction planétaire, quand la lumière d'un des soleils était focalisée par le premier monde transparent, les monstrueuses brumes de la planète magmatique se laissaient emporter dans le vide, entraînées par le rayonnement décuplé, pour fondre sur Mtuglaë où elles s'insinuaient dans l'esprit de centaines de gnomes impuissants qui sombraient aussitôt dans une démence meurtrière épouvantable, un déchaînement de sang et d'horreur, un enfer qui ne pouvait prendre fin que par la mise à mort du dernier malheureux possédé au terme d'atroces et déchirantes traques.
Il n'y avait aucune autre solution. Enfermés, ils s'auto-mutilaient, s'arrachaient de longs lambeaux de chairs qu'ils dévoraient avec de répugnants gloussements. Entravés, ils refusaient toute alimentation et ce n'était qu'insoutenables hurlements jusqu'à ce qu'ils meurent de soif et d'épuisement.
Une fois déjà, quand leur espèce était encore jeune, les gnomes avaient failli être anéantis par ces brumes immondes, qu'ils appelaient des wangs, et nombreux avaient été les petits êtres qui avaient dû payer de leur sang la fragile survie de leurs congénères. Bien que paradoxalement plus fréquentes que dans le nôtre, les conjonctions planétaires étaient heureusement rares dans ce système excentrique, mais cela ne changeait rien au fait que, chaque fois, s'ensuivait une boucherie abominable qui laissaient les survivants pantelants d'effroi et brisés de chagrin.

Et voilà que l'horreur allait revenir, plus terrifiante que jamais. Depuis douze générations, le cours des astres avait été favorable aux gnomes, mais il apparaissait à présent que ce n'était que pour mieux assurer l'extinction définitive du petit peuple.
Les calculs des astronomes, les visions des devins et les prophéties des oracles de la forêt se rejoignaient tous sur un même et sinistre point : avant la fin de la troisième révolution à venir, une nouvelle conjonction se réaliserait, mais une conjonction hors normes : un alignement cosmique sans précédent qui allait réunir les trois planètes et, non plus un, mais les deux soleils simultanément ! Une seule droite fatidique traversant les cinq astres majeurs du système à la fois, nulle part dans les chroniques anciennes, les annales, ni même dans les légendes les plus éculées, on ne trouvait ne serait-ce qu'une allusion à un évènement aussi prodigieux. Prodigieux, mais effroyable, car cela signifiait que la lumière filtrée et concentrée par la première planète serait plus puissante qu'elle ne l'avait jamais été. Cela signifiait que n'importe quel wang pourrait se laisser emporter par elle à travers le vide spatial, ce qui, jusqu'alors, n'avait été permis qu'à ceux d'entre eux qui pouvaient s'élever suffisamment haut dans l'atmosphère épaisse du monde maudit.
Enfin, cela signifiait la mort de Mtuglaë.

L'assemblée des conseillers des quatre cités se réunit dans l'urgence, mais avec solennité, dans l'hémicycle traditionnel, sculpté dans la première branche maîtresse de Jorydann. Ils discutèrent lontemps, et encore, et encore plus longtemps. Mais plus ils discutaient, plus leur impuissance devenait douloureusement palpable et visible, et plus leur condamnation à tous apparaissait tragiquement inéluctable. Au fil des heures, les têtes s'inclinèrent, les coeurs se firent gros et, tout doucement, l'espoir s'éloigna, s'éloigna...
Quand, soudain, un très vieux conseiller de Siantraël, chez qui un fugitif éclair de lucidité venait sans doute de traverser un état de somnolence chronique, avança d'une voix chevrotante, un nom proscrit et quasi-oublié de tous :
"Le Chenu ! Tokhat'Myhal le Chenu ! Lui seul peut nous sauver !"


(à suivre...)
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Message par Doumé Mer 6 Fév 2013 - 8:47

Les descriptions sont magnifiques et poétiques à souhait. Le style limpide donne envie d'aller plus loin.

Un seul écueil, que tu évites dans les poèmes, difficile à contrer pour la majorité des auteurs : l'excès de l'emploi des auxiliaires qui alourdissent énormément la fluidité du texte. On peut souvent les remplacer par des tournures à l'imparfait (ou d'autres temps).

Ta verve n'abuse pas des adverbes, peut-être un peu des adjectifs, mais rarement. j'irai lire la suite Very Happy
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