Petits pastiches verlainiens
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Petits pastiches verlainiens
Comme on s'est pas mal pris la tête aujourd'hui, grâce à Doumé - rassure-toi, ça ne fait de mal à personne, bien au contraire), je vous propose deux parodies de Verlaine en guise de récréation.
Pour Catherine (parce qu'il y a une grosse faute de prosodie et qu'elle ne va pas manquer de m'y mettre le nez dedans), et sur l'air de "Mon rêve familier" :
Ma cuite familière (Poivrot Lélian)
Je bois souvent ce nectar doux et pénétrant
D'une amphore oubliée, où j'induis ma pipette,
Et qui m'est, chaque fois, comme un coup d'escopette
(Ou serait-ce un tromblon ?) et toujours me surprend.
Car elle me surprend, et son vin transparent,
Dans la rigole, hélas, me fait faire trempette,
Et je rigole, et je m'endors, un rien pompette,
Et seul l'agent me sait réveiller, en jurant.
Est-ce soir ou matin, ou midi ? - Je l'ignore.
Mon nom ? Je me souviens qu'il est sec et sonore
Tel le ton du séide au propos enragé.
Ma cervelle est pareille aux vieux trains de banlieue,
Et, pour ma voix, jadis paisible et grave, j'ai
L'inflexion des chats dont on tire la queue.
------------
Pour Laetitia, ce souvenir d'école sur l'air de "Chanson d'automne" :
Cantine d'internat
Tous les jeudis,
En bigoudis,
La matrone
Nous fait son plat :
Le chocolat
Minestrone !
Epouvantés
Et blêmes dès
Que point l'heure,
Nos clairs regards
Sombrent, hagards,
Et l'on pleure.
Un relent sourd,
Visqueux et lourd,
Sous les portes
Tandis qu'au fond,
Les rats s'en vont
En cohortes !
(Ben, quoi ? on peut rigoler.)
Pour Catherine (parce qu'il y a une grosse faute de prosodie et qu'elle ne va pas manquer de m'y mettre le nez dedans), et sur l'air de "Mon rêve familier" :
Ma cuite familière (Poivrot Lélian)
Je bois souvent ce nectar doux et pénétrant
D'une amphore oubliée, où j'induis ma pipette,
Et qui m'est, chaque fois, comme un coup d'escopette
(Ou serait-ce un tromblon ?) et toujours me surprend.
Car elle me surprend, et son vin transparent,
Dans la rigole, hélas, me fait faire trempette,
Et je rigole, et je m'endors, un rien pompette,
Et seul l'agent me sait réveiller, en jurant.
Est-ce soir ou matin, ou midi ? - Je l'ignore.
Mon nom ? Je me souviens qu'il est sec et sonore
Tel le ton du séide au propos enragé.
Ma cervelle est pareille aux vieux trains de banlieue,
Et, pour ma voix, jadis paisible et grave, j'ai
L'inflexion des chats dont on tire la queue.
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Pour Laetitia, ce souvenir d'école sur l'air de "Chanson d'automne" :
Cantine d'internat
Tous les jeudis,
En bigoudis,
La matrone
Nous fait son plat :
Le chocolat
Minestrone !
Epouvantés
Et blêmes dès
Que point l'heure,
Nos clairs regards
Sombrent, hagards,
Et l'on pleure.
Un relent sourd,
Visqueux et lourd,
Sous les portes
Tandis qu'au fond,
Les rats s'en vont
En cohortes !
(Ben, quoi ? on peut rigoler.)
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Petits pastiches verlainiens
J'ai pas vu la faute de prosodie ! Bon, j'ai pas cherché non plus !
La seule chose qui m'a un peu fait tiquer, c'est le "fait faire" du deuxième vers deuxième quatrain du premier poème.
La seule chose qui m'a un peu fait tiquer, c'est le "fait faire" du deuxième vers deuxième quatrain du premier poème.
Re: Petits pastiches verlainiens
J'aime beaucoup le sonnet, vif et enlevé. Pour la faute de prosodie je miserais sur la "rime" enragé/j'ai ; ou la césure du 1er vers ? Dans l'ensemble, tu as pris des libertés avec les strictes règles classiques, à ce qu'il semble. Pour chicaner : "me fait faire" sonne moyen.
Le second poème est amusant, rafraîchissant ; ça fait du bien après les poèmes "obscurs".
Le second poème est amusant, rafraîchissant ; ça fait du bien après les poèmes "obscurs".
Max- Écritoirien émérite
- Messages : 779
Date d'inscription : 19/11/2012
Age : 36
Re: Petits pastiches verlainiens
Zaroff a dit : "Du Prévert qui aurait copulé avec Céline" : Brr ! ça fait peur, ça ! A moins que tu parles de Céline Dion ? Mais, même dans ce cas-là, à mon avis, vaudrait mieux noyer les petits, non ?
Pas mal, Catherine, mais mention à Max : il n'y a pas de césure dans le premier vers (en plein milieu de "nec/tar")
"Fait faire" est affreux. "m'envoie faire" eut été l'idéal mais impossible d'élider ce fichu "e" muet. Alors, j'ai cédé à la facilité... j'ai honte.
"J'ai" et "enragé", bien vu aussi. Certains puristes maniaques vont même jusqu'à faire le distinguo entre "autre" et "apôtre", "femme" et "infâme" ou "battre" et "albâtre", mais j'ai arrêté de me prendre la tête avec ça le jour où j'ai réalisé que, si les sonorités finales de "enfin" et "parfum" étaient clairement distinctes dans le parler du midi, elles étaient parfaitement identiques dans celui des régions du nord. Codifier une langue, c'est nécessaire, mais il faut aussi qu'elle puisse vivre. Rappelez-vous "les z'haricots", c'est la rue qui a fini par triompher des grammairiens.
Pas mal, Catherine, mais mention à Max : il n'y a pas de césure dans le premier vers (en plein milieu de "nec/tar")
"Fait faire" est affreux. "m'envoie faire" eut été l'idéal mais impossible d'élider ce fichu "e" muet. Alors, j'ai cédé à la facilité... j'ai honte.
"J'ai" et "enragé", bien vu aussi. Certains puristes maniaques vont même jusqu'à faire le distinguo entre "autre" et "apôtre", "femme" et "infâme" ou "battre" et "albâtre", mais j'ai arrêté de me prendre la tête avec ça le jour où j'ai réalisé que, si les sonorités finales de "enfin" et "parfum" étaient clairement distinctes dans le parler du midi, elles étaient parfaitement identiques dans celui des régions du nord. Codifier une langue, c'est nécessaire, mais il faut aussi qu'elle puisse vivre. Rappelez-vous "les z'haricots", c'est la rue qui a fini par triompher des grammairiens.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
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