Saloperie de bus !
+3
Tak
FRançoise GRDR
Perroccina
7 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Saloperie de bus !
Pourquoi ça s'appelle comme ça ? Merci word, ce sont juste les premiers mots de la nouvelle et comme je n'avais aucune idée de titre celui-là en vaut un autre.
Pour ceux qui ne l'ont pas lu un extrait de ma présentation d'auteur, et pour les autres un aide-mémoire car je suppose que vous n'avez pas que ça en tête.
Puisque petit fichier merdouille, après tout, le texte n'est pas long, je le mets sous spoiler
Bonne lecture
Pour ceux qui ne l'ont pas lu un extrait de ma présentation d'auteur, et pour les autres un aide-mémoire car je suppose que vous n'avez pas que ça en tête.
- A lire après la nouvelle:
- Damned ! je pensais avoir la présentation dans l'ordi du boulot mais non. De mémoire je terminais la dite présentation par " et qui sait ? Peut-être Edith Perro se réincarnera-t-elle en Harley, mais ça c'est une autre histoire."
Puisque petit fichier merdouille, après tout, le texte n'est pas long, je le mets sous spoiler
- Saleté de bus !:
— Saleté de bus ! Encore en avance !
Je cours pour attraper mon transport et traverse sans regarder.
Un coup de frein désespéré, un bruit sourd. Une vive douleur sur le côté droit avant que je ne m’envole puis que la roue d’une voiture ne me passe sur le ventre. Je ne sens plus rien.
Le temps s’étire et se contracte entre angoisse et perte de connaissance.
Un homme se penche sur moi et me parle. Je ne dois pas dormir pourtant je suis si fatiguée, je n’ai même plus la force de répondre à ses questions. Un masque me délivre un air frais et me revigore un peu. Quelques secondes (minutes ?) passent encore.
Les voix deviennent anxieuses alors que je me sens brutalement mieux. J’ai l’impression que je pourrais me lever si je le décidais. Tout le monde s’active autour de moi, je pense soudain que je vais manquer mon bus.
Je me lève, il est passé, je ne le vois même plus. Il doit déjà être loin. J’hésite entre attendre le suivant ou faire le trajet à pied. Après tout, un peu d’exercice ne me fera pas de mal. J’ajuste les sangles de mon sac et prends le rythme d’un petit footing. Une sorte de sentiment d’urgence m’envahit : je dois rentrer à la maison. J’allonge ma foulée. C’est extraordinaire comme je me sens en forme, j’ai l’impression d’avoir retrouvé mes vingt ans.
J’arrive à une intersection que je traverse avec circonspection, inutile de se mettre en danger à nouveau. J’ai vraiment eu de la chance de m’en sortir indemne tout à l’heure. Je reprends mon parcours avec le même entrain et sans aucun essoufflement, à ce rythme je vais arriver en même temps que le bus. Il faut dire que je ne suis pas soumise aux arrêts et au trafic toujours dense à cette heure.
Me voici à la maison, comme à l’accoutumée j’entre par le garage. Mon regard, l’entièreté de mon attention sont happés : elle est magnifique et elle me donne toujours autant envie, ses chromes parfaitement astiqués luisent dans la lumière de cette fin d’après-midi, ses formes rondes et massives lui donnent un petit air classique (ce n’est pas pour rien que le modèle est nommé Héritage), la carrosserie noire et beige lui confère une classe sans pareille. Je l’aime. J’aime sentir sa puissance entre mes jambes, faire corps avec elle comme si elle était une pure extension de ma volonté. Là, je n’ai qu’à mettre le contact pour savourer l’inimitable patato si caractéristique des Harley. Nous pourrions partir, se faire un col et rouler, simplement pour rouler. S’épouser à chaque virage, chaque lacet, chaque reprise, vibrer à chaque accélération, chaque dépassement, devenir ivres de plaisir et de liberté : se sentir vivantes tout simplement.
Je caresse ses formes en rêvant à notre dernière balade. Prise d’une pulsion subite je m’installe sur la selle. La sensation d’urgence cesse immédiatement et je me sens à ma place, enfin.
Il fait nuit désormais, j’ai dû m’assoupir, sans doute un contrecoup de l’accident. Je suis toujours assise sur ma moto et n’éprouve aucune envie d’en descendre. Mon mari entre dans le garage, il est en pleurs. Que se passe-t-il ? J’ai envie de le réconforter et de le prendre dans mes bras mais aucun son ne passe mes lèvres et je ne sais plus lever les bras. Il passe à côté de moi comme si je n’étais pas là et sort de la maison. Quand il revient un moment plus tard, il m’électrise en caressant ma machine, les larmes mouillent de nouveau ses yeux. Je ne parviens toujours pas à parler ni à le prendre dans mes bras. Il s’assied sur la selle et je sens ses jambes serrer mon réservoir, il met le contact et nous partons pour une balade en amoureux. Je n’ai jamais senti ainsi le grain de l’asphalte sous mes roues. Mon moteur répond avec souplesse à chacune des sollicitations sur l’accélérateur. Comme à son habitude mon mari fait frotter les marchepieds dans les ronds-points, ça chatouille un peu. Quel bonheur de sentir son poids sur ma selle ! Sa façon de me piloter exploite à la perfection mes dix-sept-cent centimètres cubes. Avec lui je veux dévorer les kilomètres jusqu’au bout de la route et même au-delà.
Épouse-moi encore mon amour.
Bonne lecture
Dernière édition par Perroccina le Ven 7 Déc 2018 - 16:15, édité 1 fois
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Saloperie de bus !
Encore un problème avec petit fichier ! Je ne peux pas télécharger le document…
Françoise Grenier Droesch
Skype Woman...
Re: Saloperie de bus !
Bon j'ai supprimé petit fichier
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Saloperie de bus !
Ben alors, personne n'avait encore lu ce petit texte ? Qu'à cela ne tienne : Tak le déterreur de cadavres est dans la place !
Eh ben il est très chouette ton petit texte, Perro !
Sans prétentions, certes, mais efficace et agréable à lire. On retrouve l'un de tes thèmes de prédilection, mâtiné d'une petite touche fantastique des plus plaisantes. La plume est bien tournée et le verbe fluide, je n'ai repéré aucune coquille, du coup ça glisse tout seul. Ceci dit, c'est un peu trop court à mon goût : à peine une petite mise en bouche, ça aurait plus mérité sa place dans les ateliers que dans cette section.
Mais comme tu te fais rare par ici, je vais faire ma fine bouche non plus. Au plaisir de te relire, Perro
P.S: J'ai dû rater un épisode, car je n'ai vu aucun élément de présentation ici ou ailleurs, mais peut-être en as-tu parlé sur un autre sujet ayant échappé à ma vigilance... (ce qui est fort possible, vu que je n'ai pas été très assidu ces derniers mois).
Eh ben il est très chouette ton petit texte, Perro !
Sans prétentions, certes, mais efficace et agréable à lire. On retrouve l'un de tes thèmes de prédilection, mâtiné d'une petite touche fantastique des plus plaisantes. La plume est bien tournée et le verbe fluide, je n'ai repéré aucune coquille, du coup ça glisse tout seul. Ceci dit, c'est un peu trop court à mon goût : à peine une petite mise en bouche, ça aurait plus mérité sa place dans les ateliers que dans cette section.
Mais comme tu te fais rare par ici, je vais faire ma fine bouche non plus. Au plaisir de te relire, Perro
P.S: J'ai dû rater un épisode, car je n'ai vu aucun élément de présentation ici ou ailleurs, mais peut-être en as-tu parlé sur un autre sujet ayant échappé à ma vigilance... (ce qui est fort possible, vu que je n'ai pas été très assidu ces derniers mois).
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 41
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Saloperie de bus !
Merci Tak de ta lecture, je viens juste de découvrir maintenant ton commentaire et je suis bien heureuse que cela t'ai plu.
La présentation dont je parle est celle de la page 227 de l'excellent livre "Ombres".
Si le texte est court c'est d'une part parce que j'ai bien l'impression que je suis plus performante dans ce format, d'autre part c'était simplement un clin d'oeil et j'avoue je l'ai ecrit durant une réunion. Ben quoi ? J'aime pas perdre mon temps, c'est tout.
La présentation dont je parle est celle de la page 227 de l'excellent livre "Ombres".
Si le texte est court c'est d'une part parce que j'ai bien l'impression que je suis plus performante dans ce format, d'autre part c'était simplement un clin d'oeil et j'avoue je l'ai ecrit durant une réunion. Ben quoi ? J'aime pas perdre mon temps, c'est tout.
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Saloperie de bus !
Merci à Tak d'avoir exhumé cette petite histoire de réincarnation motorisée troussée avec amour et humour par notre délicieuse Perro.
- Spoiler:
- N'empêche, j'aurais aimé entendre grincer les ressorts de la bécane quand le veuf, moins d'une semaine après cette virée-souvenir, a refourgué la Harley sur Vendez votre véhicule.com !
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: Saloperie de bus !
Merci Jack. Pas sentimental pour deux sous avec les objets le bonhomme... à force on s'habitue.
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Saloperie de bus !
Ah le gros défaut de ce texte est sa brièveté. Pour le reste ce fut une lecture très agréable. J'ai beaucoup apprécié tes descriptions de la machine et sa proximité avec madame… C'est vrai que les sensations que procurent les meules mériteraient de longues pages dithyrambiques. Merci.
Re: Saloperie de bus !
C'est exactement ce que je pensais hier... merci de ta lecture
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Petit-Carmin- ---Double-Posteur Frénétique--- Disciple du Grand Dess(e)in
- Messages : 1141
Date d'inscription : 17/08/2018
Age : 36
Localisation : Entre deux parcelles d'un vignoble
Re: Saloperie de bus !
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Saloperie de bus !
BBrrrrrrrrrrrroummmmmmm, Brrrrrrrroummm ! Pank, pank !
Merveilleuse MECANIQUE !
Merveilleuse MECANIQUE !
Adieu... et bon voyage Petit-Carmin.
Petit-Carmin- ---Double-Posteur Frénétique--- Disciple du Grand Dess(e)in
- Messages : 1141
Date d'inscription : 17/08/2018
Age : 36
Localisation : Entre deux parcelles d'un vignoble
Re: Saloperie de bus !
Malheureusement les nouvelles ne font plus le joli bruit des anciennes. Putains de normes européennes... que seule la France applique.
"Ils nous pissent dessus et ils ne nous font même pas croire qu'il pleut." Dr Augustine, Avatar
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Petit-Carmin- ---Double-Posteur Frénétique--- Disciple du Grand Dess(e)in
- Messages : 1141
Date d'inscription : 17/08/2018
Age : 36
Localisation : Entre deux parcelles d'un vignoble
Re: Saloperie de bus !
Je continue de déterrer quelques textes. En espérant que tu repasseras par ici, Perro ; je réalise que ça fait un moment qu'on a plus de nouvelles !
Un texte plutôt plaisant, en ce qui me concerne.
Juste un bémol sur la phrase suivante :
"Me voici à la maison, comme à l’accoutumée j’entre par le garage. Mon regard, l’entièreté de mon attention sont happés : elle est magnifique et elle me donne toujours autant envie, ses chromes parfaitement astiqués luisent " => Je trouve la transition un peu bizarre. Même si on situe vite de quoi on parle, nommer l'objet d'entrée de jeu me paraîtrait plus logique et rendrait le tout plus fluide.
Un texte plutôt plaisant, en ce qui me concerne.
- Spoiler:
- On sent vite la chute arriver, peut-être qu'en retirant l'info de la roue qui lui passe sur le ventre, elle serait un peu moins évidente. Cela dit, le but était peut-être que la mort du personnage soit évidente, justement. Dans tous les cas, même en sachant où on va, ça se lit avec plaisir, aidé par le style concis et la taille courte du texte. Le dernier arc amène un aspect poétique bien dosé et bienvenu. Je pense que c'est cet aspect que je garderai surtout en mémoire, avec cette dernière vision d'une réincarnation vraiment originale et d'une balade bien particulière.
Juste un bémol sur la phrase suivante :
"Me voici à la maison, comme à l’accoutumée j’entre par le garage. Mon regard, l’entièreté de mon attention sont happés : elle est magnifique et elle me donne toujours autant envie, ses chromes parfaitement astiqués luisent " => Je trouve la transition un peu bizarre. Même si on situe vite de quoi on parle, nommer l'objet d'entrée de jeu me paraîtrait plus logique et rendrait le tout plus fluide.
20 minutes avant la tombe - Confession d'un mort - Les rêveurs de Somnore - La nuit derrière la porte - La dame aux yeux vides
"Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher." Baudelaire, Chacun sa chimère
Page 1 sur 2 • 1, 2
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum