relation réel / inventé

J'essai de continuer d'écrire le morceau présenté l'autre jour... ma question est simple et pourtant complexe je trouve :

Peut - on s'inpirer d'un lieu existant (la ville de Lyon dans mon cas) et y ajouter ou enlever des choses ? concrètement, y ajouter par exemple une filière dans une faculté, alors que cette filière n'est pas présente à lyon dans la réalité ?

puisqu'on invente déjà des personnages, peut-on inventer des infra strucutres, rues, restaurants ... ?

Je suppose que oui: j'écris actuellement dans un Rouen des années 80 imaginaire bien que très documenté et inspiré de mon propre quartier de l'époque où j'étais enfant. Le théâtre de mon roman est une maison avec des tombes en friches dans son jardin qui, bien sûr n'existe pas en réalité et je vais sans doute inventer un nom de rue imaginaire bien qu'inspiré du quartier où je la place et de son histoire.
Pour une unité de recherche ou une école doctorale, c'est un peu plus simple: il n'est pas irréaliste qu'il en soit créée une par un groupe des profs et de grands étudiants même si en réalité, elle n'existe pas. Je connaissais bien l'exemple d'un gars assez charismatique pour obtenir à lui seul la création d'un DESS sciences du jeu... Du reste, et si c'est une unité de recherche privée, tout le monde peut en créer une, ou presque.

Mais j'avoue que c'est une question que je me pose souvent: peut-on vraiment citer de vraies collectivités ou de vraies enseignes dans ses fictions au risque de froisser quelques sensibilités. On se souviendra de la pathétique affaire qui a opposé les patrons du Marché Saint-Pierre à l'auteur de polar Lalie Walker: ils se sont sentis concernés par ses personnages alors qu'elle n'avait jamais entendu parler d'eux ni leurs histoires avec d'anciens employés (avérées pour le coup^^). Heureusement, ils ont perdu et ont été ridiculisés par la cour.

Pour un autre projet de polar se passant dans le Limousin et dont j'ai parlé aussi ici, j'ai évité de placer l'action à Saint-Junian même (une petite ville charmante au demeurant), j'ai inventé une petite bourgade fictive que j'ai en revanche placé sur la carte ainsi que quelques lieux dits utiles à l'enquête de mes héros.

Je pense que les représentants des collectivités concernées par les fictions romanesques peuvent avoir diverses réaction: soi ils apprécient la pub, soi ils sont franchement hostiles, soi ils s'en fichent complètement ce qui me semble être le cas le plus probable.

En écriture, la règle est simple : tu peux tout te permettre du moment que cela serve l'intrigue et que l'ensemble soit cohérent.

Bonjour Smimounz,
Je viens de lire ta question. Elle est intéressante. On pourrait y répondre par une autre question: pourquoi ne le pourrais-tu pas?
Du reste les cas sont nombreux en littérature où l'auteur soit à inventé des éléments d'une ville qu'il connaissait déjà, soit à évoqué une ville dans laquelle il n'était jamais allé. Un exemple récent, celui de Marien Defalvar pour son ouvrage 'Du temps qu'on existait' que je n'ai pas lu. Je te parle de ce livre dans la mesure où le jeune auteur (16 ans je crois) parle de la ville de Lyon alors qu'il n'y a jamais mis les pieds. Par ailleurs, pourquoi se poser une telle question ? Pour ma part, je n'ai jamais croisé de tueur en série, ni même jamais vu de cadavre mutilé ou de personne morte assassinée (je ne suis pas étudiant en médecine... En fait je ne suis plus étudiant du tout) et cela ne m'empêche pas d'en mettre partout dans mes textes... Tout n'est qu'une question d'imagination... De rythme... et de crédibilité. Or, une chose crédible n'est pas nécessairement une chose vraie ou réelle... Passionnante question, vraiment... Et puis aussi vivement la suite de ton texte !

Je suis un ancien universitaire (historien) assez pointilleux: pour mon histoire à Rouen, j'essaye de placer ma maison dans un quartier où il y aurait pu y avoir un hospice et de vieux cimetières. Du coup, je me suis documenté sur l'histoire des cimetières rouennais et la possibilité qu'il y ait des tombes dans un jardin privatif, heureusement, mes recherches ont abouti plus vite que prévu.
Disons qu'il faut éviter les incohérences trop évidentes (genre un aéroport international à Rouen, bien qu'il doive en exister un petit pour les lignes intérieures), à moins d'écrire dans un monde un peu futuriste ou parallèle.

Pour Simetierre, Stephen King place l'histoire dans une bourgade nommée Ludlow qui est imaginaire mais elle est tellement typique du Maine qu'on ne voit pas le souci et il a les mains libres. Il fait allusion à Bangor dont on voit les supermarchés à l'orée du bois maudit...
Dans "Etats primitifs" Alec Covin décrit de vrais endroits de New-York mais bien sûr, avec des personnages fictifs, une fondation d'art fictive etc.

Quand je suivais des ateliers d'écriture, les formateurs disaient: "Peut importe qu'une chose soit vraie, l'important est que le lecteur y croie!" Comme le dit Zaroff, il faut surtout qu'il y ait une cohérence.

Inventer une rue ou un restaurant ne me semble poser aucun problème: dans une grande ville comme Lyon on peut trés bien imaginer ce genre de détails, il ne faut pas s'arrêter à ça, sinon à la limite tu ne peux même plus écrire de fiction! Dans le fond, les personnages sont la plupart du temps imaginaires, alors pourquoi pas une rue ou un bar? Une filière universitaire pourquoi pas non plus, il suffit si tu as des remords de préciser au début en note de l'auteur que "Cette filière est une invention"

Et sinon, la facilité est de parler d'une ville imaginaire (Comme Castle Rock ou Arkam), mais inspirée de Lyon!

merci beaucoup de vos conseils, j'ai décidé de faire comme si la filière existait. En réalité cela sert surtout au lecteur à cerner le personnage et ses aspirations, les études de mon héroïnes ne seront pas directement liées à l'intrigue, c'est simplement son parcours et un lieu de rencontre...

Bref merci à tous !