Les crabes

Tiens, une petite rosserie pour sourire. C'est mon premier sonnet publié en revue, alors forcément les références datent un peu ; j'espère qu'il est encore lisible.

Intelligentsia, que tu m'as adulé !
Des grands salons mondains j'avais fait la conquête ;
Partout on me voulait (ô suave requête !)
Pour dispenser mon fiel savamment modulé.

Une phrase cinglante, un mot acidulé,
Et tel talent montant s'allait faire la quête ;
J'exécutais d'un trait, sans procès, sans enquête,
Pour amuser les snobs au doux pas ondulé...

J'ai tout perdu d'un coup. Dédaigné "chez Régine",
Je frappe chez Chazot : monsieur souffre d'angine !
Je sonne chez Duras ? Madame n'est pas là.

Ce, parce qu'on trouva - Satan, je veux un pacte ! -
Dissimulé dessous ma stéréo compacte,
Entre Bach et Boulez, un disque de Sheila !

Sympathique petite caricature acerbe de ces gens qui font la pluie et le beau temps pour les "vedettes", mais qui oublient qu'ils sont aussi sur le fil.

Tu as tout compris : une version moderne et en 14 lignes iconoclastes des "illusions perdues" du père Balzac. Rien de bien neuf sous le soleil...

Je ne lis ce sonnet que maintenant. Comme toujours, j'adore ! Quel talent tu as pour croquer des « types » du quotidien et façonner en vers leur portrait...

Simple curiosité : dans quelle revue l'as-tu placé, ce poème ?