La princesse au petit pois [ancien atelier]

Il était une fois un prince qui voulait épouser une princesse (comme c’est original). Mais il en voulait une vraie, hein ?! Par de l’ersatz de princesse made in China qui déteint sur les mains dès qu’on la touche ou qui perd ses cheveux au premier brossage, non. Une vraie de vraie qu’on vous dit.
Il voyagea donc tout autour du monde (il avait vraiment que ça à foutre) pour dégoter l’heureuse élue. Mais Môssieur le prince n’était jamais satisfait, il trouvait toujours un truc qui clochait (un vrai chieur) et par-dessus tout, ce suspicieux chronique se demandait toujours si c’étaient vraiment des vraies princesses pur-jus. Un cas intéressant pour n’importe quel analyste.

On lui présenta tout d’abord Blanche Neige. La rencontre fut catastrophique car la bécasse lui avoua tout de go que son passe-temps favori (en dehors d’adorer faire le ménage chez sept célibataires) était de chanter toute la journée avec ses petits amis de la forêt.
Le prince sut immédiatement que cette candidate allait le saouler vite, très vite. Car cette ancienne participante de la Star Academy chantait vraiment comme une crécelle. Il fila donc comme une flèche à la recherche d’une autre prétendante (et il ne lui remit pas sa rose).

Il rencontra ainsi Jasmine. Au premier abord, il ne trouva rien à redire. Le fait qu’elle se trimballe le nombril à l’air et que son moyen de locomotion nécessite des boules de naphtaline ne le perturba pas tant que ça. Rien d’insurmontable. La situation se corsa lorsqu’elle l’invita au palais pour boire un thé à la menthe et se goinfrer de loukoums. Alors qu’il portait la boisson hypercalorique à ses lèvres, un fauve entra, tout crocs et griffes dehors et s’interposa entre lui et la belle. Jasmine lui avoua vivre avec Rajah, le tigre, lui indiquant que jamais elle ne pourrait se passer de lui. S’en fut trop pour le prince qui n’aimait pas les bêtes et souffrait d’allergie chronique aux poils de félins.

Les présentations avec Ariel tournèrent court. Le prince souffrait du mal de mer et à peine à bord de la barcasse qu’il l’emmenait vers la belle, il fut verdâtre et nourrit les poissons avec son petit-déjeuner. Dès qu’il fit la connaissance de la sirène, il fut couvert de plaques rouges. Son intolérance aux fruits de mer lui donna une crise d’urticaire foudroyante et il fila à la nage pour s’éloigner le plus vite possible de cette morue.

La suivante fut Belle. Sans commentaires. Sa passion pour une rose fanée sous cloche la rangea immédiatement dans la catégorie foldingue et le Prince ne descendit même pas de cheval. C’est vous dire…

Monsieur Jamais-Content trouvait toujours des défauts aux prétendantes, réels ou imaginaires, si bien qu’il fut bon pour rebrousser chemin, les mains vides, ronchon et toujours célibataire. D’un autre côté, quelle princesse voudrait d’un guignolo pareil… Enfin !
Il était rentré depuis peu de son speed-dating mondial au château familial. Il faisait un temps de chien, genre grosse tempête avec cataractes de flotte, tonnerre, éclairs et tout le tremblement. Il s’emmerdait grave dans sa chambre à jouer avec ses GI Joe lorsqu’on sonna à la porte. Sa maman (la reine mère donc) alla ouvrir.

Une nana trempée, pleine de gadoue et glacée comme un Magnum chocolat se présenta en demandant l’asile pour la nuit, vu que l’auberge de jeunesse était fermée pour cause d’insalubrité. La chemise plaquée sur son push-up 100 bonnet D, elle cracha que, malgré son air de pouilleuse, ben elle était une vraie princesse et aussi une ancienne mannequin pour Olida (et personne ne se demande ce qu’elle fichait là, toute seule, n’est-ce pas). Bref, la vieille pie qui avait l’esprit tordu se dit « ben on va voir ça ma grande, gniark, gniark ! ».
Pendant que la princesse des SDF se réchauffait avec un bon bol de Viandox, la reine, vicieuse comme une vérole, s’en alla préparer la chambre. Elle vira toute la literie, posa un petit pois bien dur (ouais, pas un cuit vapeur de chez Bonduelle, sinon aucun intérêt) et remit tout le bardas en place, mais pas un seul matelas, non, non. La fêlée du bocal piqua tous les matelas de toutes les piaules et les entassa jusqu’au plafond. D’un pratique, j’vous jure. Elle dut aller chercher un escabeau, parce que pour se mettre au lit, walou. On peut dire que la reine s’était bien pris la tête sur la question, quand même !
Elle invita enfin la soi-disant princesse à aller se mettre la viande dans le torchon et cette cruche, avec ses deux neurones, ne se posa pas de question devant le mille-feuilles ainsi disposé.

Le lendemain matin, avec un sourire de faux-cul sur la face, la reine lui demanda si elle avait fait un gros dodo.
La fille, qui était quand même invitée dans un relais-château, n’eut même pas la classe de mentir un peu pour ne pas vexer ses hôtes. La reine se ramassa une litanie de : « Allo ? Nan mais allo, quoi ? C’est une reine et elle a pas de matelas confortable, quoi ? Mais c’est la honte, quoi ! J’ai pas pu dormir, quoi ! Mate-ça, j’ai des bleus tout partout ! Nanméoh ! »
Ah oui, la princesse se prénommait Nabila. Ça peut aider certains à comprendre.
La reine se frotta les mains. Elle avait trouvé la parfaite candidate pour son crétin de fils, le genre gourdasse capable de s’étrangler avec un bretzel, ce qui éviterait à la belle-mère d’avoir à empoisonner des pommes, le cas échéant.
Elle fit donc les présentations. Le prince, trop content, se jeta sur sa promise pour l’embrasser et lui faire des papouilles. Mais la princesse le repoussa en braillant : « Nan mais quoi ? Ca va pas de me serrer comme ça ! J’ai des bleus partout, tu me fais maleuuuuuhhhhhhh ! ».

Moralité : les vraies princesses ne sont rien que des grosses chochottes.