Incarnat
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Incarnat
Incarnat
Dans sa soierie de pourpré
Atours d'ombres aimantes
Aux griffures sanglantes
Elle s'est couchée
La lune, ravie, se délecte
De leurs baisers
De leurs caresses affolées
À sa gorge ses lèvres humectent
Glace et flamme s'entremêlent sous leurs peaux
Le cœur cogne, sauvage
Au son de leur breuvage
Délice des damoiseaux
La pluie et l'orage s'embrassent
Et, de leurs reins qui oscillent
À leurs esprits vacillent
Les plaisirs s'entrelacent
Les soupirs s'égarent
Complainte de la nuit
En son sein meurtri
La chaleur sensuelle au creux du brocart
Les silhouettes exultent
Et de sa bouche de rose clair
Il enfonce ses crocs dans sa chair
Animant un rituel occulte
À sa veine il dérobe quelques perles rubis
Qui ruissellent à ses lèvres charmeuses
D'un nectar à la sève crémeuse
De son âme le plus beau fruit
Elle gémit, la douleur se complaisant
Dans la saveur de son amant
Au parfum de safran
Sa vertu les consumant
Les cieux tambourinent
Pendant qu'il dérobe sa vie
Dans une danse qui la ravit
De ses sens s'acheminent
Leurs ébats s'envolent dans le chaos
À sa gorge il y puise
L'incarnat de sa belle exquise
Tandis qu'elle laboure son dos
Et dans une transe mystique
Leurs cœurs et leurs âmes tourbillonnent,
Dans un paradis érotique les abandonnent
Au son de Dulcimers angéliques
La beauté ténébreuse est repue
Serre sa mie contre son sein
Y dépose quelques baisers abyssins
Sur son désarroi dissolu
La belle dort
Sa vie encore dans ses veines
Un sourire sur son visage couché sur la futaine
Rêvant de promesses par-delà la mort.
Invité- Invité
Re: Incarnat
Je trouve ce poème très réussi, et m'étonne un peu qu'il n'ait pas encore été commenté. Sa lecture m'a évoqué certains des textes les plus « charnels » de Hugues Rebell (j'espère que tu ne m'en voudras pas de comparer ton œuvre avec celle d'un écrivain aujourd'hui fort décrié ; je n'y mets aucune malice) par le thème choisi, le vers libre et certaines sonorités.
Ce quatrain, tout spécialement, sonne joliment à mes oreilles :
J'ai apprécié la richesse du vocabulaire et la maîtrise de ton écriture. En revanche, certaines rimes m'ont un peu déçu (j'ai l'habitude de lire de la poésie de ce point de vue très classique), notamment dans ce quatrain :
D'une part, tu en fais une très belle avec « sein » et « abyssins » mais, d'autre part, tu associes « repue » et « dissolu » — une rime féminine avec une masculine — ce qui brise l'harmonie (mais peut-être est-ce voulu car j'en remarque d'autres du même genre tout au long du poème). J'ai trouvé cela un peu maladroit au vu du niveau du reste de ton texte ; mais le vers libre est, ma foi, l'une des formes avec lesquelles l'on peut prendre ce genre de libertés. Alors pourquoi pas...
Bref : ce sont les premiers mots que je lis de ta plume, et j'aime bien. Bonne continuation !
Ce quatrain, tout spécialement, sonne joliment à mes oreilles :
La pluie et l'orage s'embrassent
Et, de leurs reins qui oscillent
À leurs esprits vacillent
Les plaisirs s'entrelacent
Et, de leurs reins qui oscillent
À leurs esprits vacillent
Les plaisirs s'entrelacent
J'ai apprécié la richesse du vocabulaire et la maîtrise de ton écriture. En revanche, certaines rimes m'ont un peu déçu (j'ai l'habitude de lire de la poésie de ce point de vue très classique), notamment dans ce quatrain :
La beauté ténébreuse est repue
Serre sa mie contre son sein
Y dépose quelques baisers abyssins
Sur son désarroi dissolu
Serre sa mie contre son sein
Y dépose quelques baisers abyssins
Sur son désarroi dissolu
D'une part, tu en fais une très belle avec « sein » et « abyssins » mais, d'autre part, tu associes « repue » et « dissolu » — une rime féminine avec une masculine — ce qui brise l'harmonie (mais peut-être est-ce voulu car j'en remarque d'autres du même genre tout au long du poème). J'ai trouvé cela un peu maladroit au vu du niveau du reste de ton texte ; mais le vers libre est, ma foi, l'une des formes avec lesquelles l'on peut prendre ce genre de libertés. Alors pourquoi pas...
Bref : ce sont les premiers mots que je lis de ta plume, et j'aime bien. Bonne continuation !
Re: Incarnat
Il y a du rythme, de la couleur, une illustration évocatrice et vivante, un décor d'ambiance soigné et adroitement mêlé à la passion de ces ébats. Les touches de vampirisme qui soulignent sans insister sont particulièrement bienvenues.
Peut-être un quatrain faible et inutile, celui avec les 4 rimes en "ant" : "Elle gémit... ...les consumant."
Sinon, un bel effort de recherche et un joli travail.
Peut-être un quatrain faible et inutile, celui avec les 4 rimes en "ant" : "Elle gémit... ...les consumant."
Sinon, un bel effort de recherche et un joli travail.
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Incarnat
J'écris toujours sans me brider. Sans suivre le moindre code et suis ravie que ça plaise. Incarnat fait parti de mon recueil de poèmes Requiem.
Invité- Invité
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