Métamorphose

Douze notes ont chu sur le vieux jour qui fuit.
Les sillonneurs d'asphalte ont rangé leur monture ;
La chauve-souris court l'erratique aventure,
Rasant la tuile bleue où l'oeil vert d'un chat luit.

Mais, au treizième coup, jaillit l'autre minuit !
L'horizon s'embrasant comme une devanture
Noue à l'écrin de nuit sa magique ceinture :
Une lune inconnue entame son circuit.

Ruisselante d'émail, d'onyx et d'émeraude,
Elle chasse à traits d'or la grisaille en maraude,
Nappe les toits de nacre et le pavé d'argent ;

Et, buvant aux rayons du Graal luminaire,
Le poète, l'enfant, la belle ou l'indigent,
Chaque âme ouvre son aile au vaste Imaginaire.

("Sonnet de lumière" ? je ne sais. Mais c'est ce que j'ai qui se rapproche le plus de l'idée que je m'en fais.)

Le premier vers est un peu hasardeux :
Douze notes ont chu sur le vieux jour qui fuit.

Mais les quatre derniers sont splendides, et spécialement cette image :
Nappe les toits de nacre et le pavé d'argent.

Mais c'est toujours la nuit pour toi, Jack. Et pourquoi pas une composition où le soleil resplendit ? Tu dois bien en avoir quelque part dans tes tiroirs ?

"Ariane, ma soeur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ?"
"Comme je descendais les fleuves impassibles..."

Respecter les liaisons, c'est respecter la langue. Libre aux radios et à la télé de massacrer le langage parlé, leur école n'est pas la mienne. Une sale habitude reste une sale habitude. Les intits de mon enfance leur faisaient la chasse, ceux d'aujourd'hui semblent avoir (semblent avoir !) baissé les bras... triste époque.

Pour ce qui est du soleil, ta remarque est très (presque trop) juste. Je l'aime bien quand il se lève et quand il se couche, mais entre les deux, je le supporte, sans plus. Ce n'est pas lui qui me gêne, plutôt l'agitation qu'il engendre. Le jour, on doit vivre pour et avec les autres, la nuit, on peut vivre un peu pour soi. Et puis, c'est bien "l'écritoire de ombres" ici, non ?

Ne pas aimer le soleil et habiter Narbonne, c'est un peu comme si tu n'aimais pas la guerre et que tu habites Marseille. Allo quoi !

Jack-the-rimeur a écrit:"Ariane, ma soeur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ?"
"Comme je descendais les fleuves impassibles..."

Respecter les liaisons, c'est respecter la langue. Libre aux radios et à la télé de massacrer le langage parlé, leur école n'est pas la mienne. Une sale habitude reste une sale habitude. Les intits de mon enfance leur faisaient la chasse, ceux d'aujourd'hui semblent avoir (semblent avoir !) baissé les bras... triste époque.

Pour ce qui est du soleil, ta remarque est très (presque trop) juste. Je l'aime bien quand il se lève et quand il se couche, mais entre les deux, je le supporte, sans plus. Ce n'est pas lui qui me gêne, plutôt l'agitation qu'il engendre. Le jour, on doit vivre pour et avec les autres, la nuit, on peut vivre un peu pour soi. Et puis, c'est bien "l'écritoire de ombres" ici, non ?

Disons que pour : Douze notes ont chu sur le vieux jour qui fuit.
La liaison se fait, ok, mais le son est un peu bizarre à l'oreille : Douze notes'ont chu , ça fait beaucoup de zeu, tu ne trouves pas ?

Sinon, pour l'écritoire des ombres, t'as raison.

Oui mais non, attendez. On ne fait pas la liaison entre le sujet et le verbe. Ne me dites pas que vous prononcez: "Les enfants zont joué dans le jardin." Donc dans ton vers, Jack, il y a simplement hiatus.

Et le prochain qui nous poste une image de cette nouille farcie de vide, je lui lance une malédiction!

Naëlle a écrit:

Et le prochain qui nous poste une image de cette nouille farcie de vide, je lui lance une malédiction!

Je pense que c'est la perfection au féminin. Gros attributs, pas chiante, sympa, s'habille vite et léger...

Pardon, je m'étais absenté une minute.
- Doumé, très juste. Le premier vers est trop "chuintant". Pas à refiler à quelqu'un qui aurait un cheveu sur la langue.
- Le soleil, Zaroff, la moitié de l'année il nous vaut des invasions massives et polluantes de moustiques et de touristes, des hordes de camping-cars et des calcineurs de pinèdes. Il ne nous reste que la garrigue et la tramontane, et un peu la mer la nuit.
- Naëlle, tu as raison, on ne dit pas "les enfants zont joué", mais "les zenfants zont joué".
Et rappelle-moi qui est ce "on" qui ne fait pas les liaisons. Et puis, un hiatus, c'est la rencontre de deux voyelles sonores, rien à faire ici. Dégainer vite, c'est bien, mais mieux vaut vérifier ses munitions avant. (Je sens que je vais encore charger, là !)

Jack-the-rimeur a écrit:
- Le soleil, Zaroff, la moitié de l'année il nous vaut des invasions massives et polluantes de moustiques et de touristes, des hordes de camping-cars et des calcineurs de pinèdes. Il ne nous reste que la garrigue et la tramontane, et un peu la mer la nuit.

A la limite, vaut mieux habiter chez Françoise. Par contre, faut aimer l'eau dans son salon.

Jack-the-rimeur a écrit:- Naëlle, tu as raison, on ne dit pas "les enfants zont joué", mais "les zenfants zont joué".
Et rappelle-moi qui est ce "on" qui ne fait pas les liaisons. Et puis, un hiatus, c'est la rencontre de deux voyelles sonores, rien à faire ici. Dégainer vite, c'est bien, mais mieux vaut vérifier ses munitions avant. (Je sens que je vais encore charger, là !)

Ok, je dégaine les liens, alors: voici la règle des liaisons. À moins que je sois miro, la liaison sujet-verbe n'est pas dans la liste des liaisons obligatoires ni facultatives. La seule liaison qui s'en rapproche est celle entre le pronom et le verbe, mais ce n'est pas le cas de ton vers.

Donc si je suis bien la règle, on ne prononce pas [notezonchu] (notes ont chu) mais, en même temps, le s est bien là, donc on ne peut pas non plus prononcer [notonchu] (notes ont chu) (ou alors c'est une licence poétique ou je ne sais quoi, et là ok, j'étais pas au courant. C'est quand même pas très logique.). En plus, le vers n'aurait que 11 syllabes.

Étant donné que c'est un e muet, on peut peut-être pas parler d'hiatus (je reconnais que, avant de poster mon message, j'ai seulement vérifié que le mot s'appliquait bien à deux voyelles, je suis pas allée chercher plus loin), mais en tout cas on n'en est pas loin.

Il y a peut-être en poésie une règle pour ce détail. Mais c'est pas moi la pro en poésie, ici, c'est toi. Moi, je me fie à ce que je connais de la langue française en général, et il me semble que j'ai un assez bon bagage de ce côté-là. Donc si j'ai dit une bêtise ou si je me suis exprimée d'une manière un peu trop péremptoire, toutes mes excuses, mais tu aurais pu me l'expliquer posément, au lieu de formuler les choses comme tu l'as fait et d'ajouter ensuite une parenthèse censée nous faire avaler la couleuvre que tu viens de nous lancer.

Naëlle, pardon si je t'ai froissée. Je n'oublie pas que si je suis là, c'est grâce à toi et tu es bien la dernière ici avec qui je souhaiterais me fâcher. Et, si ça doit te faire plaisir, je suis même prêt à te laisser me traiter de "nouille farcie de vide" - mais rien que toi, hein !
Pour en revenir aux liaisons sujet-verbe, j'ai bien épluché ton lien et il est vrai qu'elles ne figurent pas parmi les obligatoires. Le problème est qu'elle ne figurent nulle part, pas plus dans les facultatives que les interdites ou les déconseillées... nulle part.
De là à en tirer des conclusions définitives, tu me permettras de trouver le raccourci discutable. J'ai simplement le sentiment que, s'adressant à des spécialistes aguerris, les auteurs n'ont pas jugé nécessaire de revenir sur des principes de base supposés acquis.
Un principe usuel dont je me souviens est le suivant :
Après un substantif dont le "E" muet final forme syllabe (comme "syllabe", d'ailleurs), la marque sonore du pluriel n'a pas à être escamotée :
- ni devant un adjectif commençant par une voyelle (terres arides, femmes ingrates, hommes égarés, etc),
- ni devant un verbe :
"Quand nous chanterons le temps des cerises,
Les belles auront la folie en tête." (J-B Clément)
"Les astres émaillaient le ciel profond et sombre." (Hugo, Booz endormi)
"Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé." (Verlaine, Colloque sentimental).
Certes, mes "nouilles" datent un peu mais elles ne remontent quand même pas à Villon. Et je ne crois pas non plus qu'elles soient "farcies de vide", c'est simplement que les rythmes réguliers de la poésie classique mettent en relief le caractère en théorie incontournable de ces liaisons.
Je dis "en théorie" car je suis bien conscient que les modernes zappent allègrement en ce domaine. L'ennui, c'est que j'ai l'oreille ainsi faite et il est clair que le fossé culturel ne peut aller qu'en s'élargissant.
Alors, oui, peut-être est-il temps que je songe à prendre ma retraite.

P-S : tu avais raison pour "les enfan(ts) ont joué". Comme pour "ils sont allé(s) au zoo", la liaison est plus moche que l'hiatus.
Et reste passionnée, ça te va bien. Amitiés.

Aaaah mais y a un malentendu, là! La nouille farcie de vide, c'est Nabilla, la fille en image du post de Doumé! Même très énervée, je me permettrais pas d'insulter d'autres membres de cette manière!

Bon, donc, reprenons:

De là à en tirer des conclusions définitives, tu me permettras de trouver le raccourci discutable.

La base de ma réflexion sur la liaison, c'est le souvenir d'un cours de grammaire à la fac: sur un des nombreux polycopiés qu'on devait se farcir, je me souviens d'avoir lu que la liaison ne se faisait pas entre le sujet et le verbe. J'ai préféré sortir un lien parce que c'était plus pratique; j'aurais mis des heures à retrouver le petit bout de cours qui en parlait (et sérieusement, j'ai des dizaines de poly pour ce cours), sans que ça te donne la preuve irréfutable que j'avais raison parce que moi seule pouvais attester de la chose (les profs ne citent pas toujours leurs sources).
Mais ça, ça concerne le français en général, pas la poésie.

Après un substantif dont le "E" muet final forme syllabe (comme "syllabe", d'ailleurs), la marque sonore du pluriel n'a pas à être escamotée :
- ni devant un adjectif commençant par une voyelle (terres arides, femmes ingrates, hommes égarés, etc),
- ni devant un verbe :
"Quand nous chanterons le temps des cerises,
Les belles auront la folie en tête." (J-B Clément)
"Les astres émaillaient le ciel profond et sombre." (Hugo, Booz endormi)
"Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé." (Verlaine, Colloque sentimental).

Pour le premier tiret, pas de souci, je suis d'accord. La liaison se fait non seulement en poésie mais en plus dans la vie de tous les jours. Pour le second, je suis bien obligée de m'incliner vu que les maîtres l'utilisent, mais je trouve quand même ça ultra moche.

Bon! On se fait un bisou et on n'en parle plus?

Nabilla ? quelle borne je fais !
C'est un truc à Zaroff, mais comme le post de Doumé s'est glissé entre lui et ta réponse, le rapprochement m'est passé complètement au-dessus de la tête et j'ai lié (encore une liaison mal-t-à propos !) ta remarque incisive aux lignes qui précédaient. Et, évidemment, je l'ai trouvée un tantinet excessive... d'accord, saumâtre.
Et même dans la réponse de Zaroff à tes propos, j'ai cru qu'il se moquait gentiment de toi - pardon -, pas qu'il causait de la potiche cathodique.
Pas brillant de ma part, tout ça. Je me ficherais des gifles !
Tiens, pour la paix, je vais aller lire ton récit d'épouvante. (C'était prévu, tu penses bien !)
Et pardonne encore à un pauvre cacochyme bigleux. Bises.

Jack-the-rimeur a écrit:Et même dans la réponse de Zaroff à tes propos, j'ai cru qu'il se moquait gentiment de toi - pardon -, pas qu'il causait de la potiche cathodique.

Ah mais, tu as bien cru! Il se moque effectivement de moi (incorrigible, celui-là!).

Nabilla devrait être un exemple pour toutes les femmes. Mais, je le dis souvent à mon épouse : avec les films X en 3D, les assiettes jetables, la bouffe micro-ondable, les fringues indéfroissables et les lave-vaisselle... l'avenir de la femme est fortement compromis ! Faites attention mesdames. Heureusement que l'homme est bon, généreux et tolérant. Vous êtes sur un fil élimé.