Vanités
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Zaroff
Doumé
Jack-the-rimeur
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Vanités
(En écho déprimé à la Babel de Doumé)
Sous l'astre sépia que ronge la pénombre,
Je suis le marche-vent d'un pays oublieux
Où les rêves de l'homme et les songes des dieux
Se meurent dans la Ville aux visages sans nombre.
Elle fut tour à tour Jérimadeth la sombre,
Ys, Thulé, Shangri-La figée en camaïeux,
Eldorado la pourpre et Babel d'outre-cieux,
Allumant la folie à l'éclat de son ombre.
A présent, rois-démons, mages ou princes blancs
Glissent, le front glacé, diaphanes et lents,
Murmurant les hauts faits que veille leur mémoire...
Mais la mienne est meurtrie et je ne chante plus :
Déjà, mes derniers vers arrachés du grimoire
Se défont au néant des éons révolus.
(C'est pas vrai, c'est pas les derniers. Le docteur m'a donné des vitamines.)
Sous l'astre sépia que ronge la pénombre,
Je suis le marche-vent d'un pays oublieux
Où les rêves de l'homme et les songes des dieux
Se meurent dans la Ville aux visages sans nombre.
Elle fut tour à tour Jérimadeth la sombre,
Ys, Thulé, Shangri-La figée en camaïeux,
Eldorado la pourpre et Babel d'outre-cieux,
Allumant la folie à l'éclat de son ombre.
A présent, rois-démons, mages ou princes blancs
Glissent, le front glacé, diaphanes et lents,
Murmurant les hauts faits que veille leur mémoire...
Mais la mienne est meurtrie et je ne chante plus :
Déjà, mes derniers vers arrachés du grimoire
Se défont au néant des éons révolus.
(C'est pas vrai, c'est pas les derniers. Le docteur m'a donné des vitamines.)
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: Vanités
Heureusement, cher Jack.
Tu as de ces expressions :
Je suis le marche-vent d'un pays oublieux
Pure poésie !
Tu as de ces expressions :
Je suis le marche-vent d'un pays oublieux
Pure poésie !
Quand tout le monde pense la même chose, c'est que plus personne ne pense...
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 63
Localisation : Fréjus
Re: Vanités
Il est fortiche ce jack !
Forum créé le 21 octobre 2011 par Zaroff et Paladin
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"Toute variété riemannienne peut être plongée de manière isométrique dans un espace euclidien."
Ou pas.
Re: Vanités
Et bien, je n'ai jamais été déçu par tes poèmes, mais celui-ci est pour moi supérieur en tout point à tous les autres que j'ai déjà lu de toi. Sans doute le thème qui me parle bien, ou plutôt la vision que tu en donnes, ou encore toutes ces tournures de phrases que je trouve sublimes. Il y a toujours certains vers qui m'accrochent, que je voudrais pouvoir mémoriser, quand je lis un poème ; cette fois, c'est quasiment tous les vers qui l'ont fait.
Bref, je n'ai aucune connaissances en poésie mais je peux dire que subjectivement, ces strophes sont parfaites à mes yeux.
Bref, je n'ai aucune connaissances en poésie mais je peux dire que subjectivement, ces strophes sont parfaites à mes yeux.
20 minutes avant la tombe - Confession d'un mort - Les rêveurs de Somnore - La nuit derrière la porte - La dame aux yeux vides
"Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher." Baudelaire, Chacun sa chimère
Re: Vanités
Wow ! En effet, celui-ci est une perle. C'est exactement le genre de choses que j'aimerais savoir écrire.
Ton sonnet, il m'évoque un extrait de Robert Howard, que je dois avoir noté dans un cahier, quelque part. Je chercherai tout à l'heure après. Tes vers valent bien sa prose, en tout cas. Mes félicitations !
Ton sonnet, il m'évoque un extrait de Robert Howard, que je dois avoir noté dans un cahier, quelque part. Je chercherai tout à l'heure après. Tes vers valent bien sa prose, en tout cas. Mes félicitations !
Re: Vanités
Il est beau ! C'est très imagé, très bien écrit.
Je trouve rarement quelque chose à dire et encore moins sur un poème, mais quand il n'y a rien à dire de plus que "bravo", pourquoi essayer... et bin, parce que je suis bavarde pardi !
Je trouve rarement quelque chose à dire et encore moins sur un poème, mais quand il n'y a rien à dire de plus que "bravo", pourquoi essayer... et bin, parce que je suis bavarde pardi !
Inventrice du "rocueil", le mixte entre le roman et le recueil.
"J'ai lu. Je sais même pas quoi dire tellement je suis atterrée.
Et le pire c'est que j'ai aimé te lire." Raven sur "Yin et yang"
"Merci de m'avoir donné envie de vomir !" Nao76 sur "Yin et yang"
"Ton texte m'avait fait penser à un film allemand atroce que j'avais vu plus jeune : Nekromantik !" Polo sur "Trafic de cadavres"
Re: Vanités
Jack-the-rimeur a écrit:Elle fut tour à tour Jérimadeth la sombre,
Ys, Thulé, Shangri-La figée en camaïeux,
Eldorado la pourpre et Babel d'outre-cieux,
Allumant la folie à l'éclat de son ombre.
J'ai retrouvé l'extrait de Howard auquel ce quatrain m'a fait penser et que j'évoque plus haut. Il y parle d'une déesse mais le mécanisme est le même.
Robert E. Howard, Les Guerriers du Valhalla a écrit:Elle a été Ishtar pour Les Assyriens, et Ashtoreth pour les Phéniciens ; elle fut Mylitta et Belit pour les Babyloniens, Derketo pour les Philistins. En vérité, et elle fut Isis d'Égypte et Astarté de Carthage ; et elle a été Freya pour les Saxons, et Aphrodite pour les Grecs... Vénus pour les Romains. Les races l'ont appelée de noms différents et l'ont adorée de différentes manières, mais elle est une et toujours la même, et les feux de ses autels de sont pas éteints.
Re: Vanités
Génial ! Merci, Similien. J'ai à peu près tout ce qui est paru d'Howard en français mais je serais bien en peine de dire d'où tu as tiré ce passage, mais pas de doute, c'est sa patte.
Et tu as raison, la démarche est similaire : donner du relief à une figure mythique (cité ou divinité) en rapprochant ses multiples facettes. Un effet de perspectives.
Il y a des thèmes récurrents d'une civilisation à l'autre (dieux reptiles, armes enchantées, objets de pouvoir, héros surhumains) qui portent la marque d'un inconscient collectif remontant à la nuit des temps, une identité commune à toutes les ethnies et qu'on peut toujours déceler sous la diversité des cultures.
Si les civilisations évoluent, l'homme fondamental change peu. La question est : où se situe le point de rupture ? Plus très loin, je le crains.
Et tu as raison, la démarche est similaire : donner du relief à une figure mythique (cité ou divinité) en rapprochant ses multiples facettes. Un effet de perspectives.
Il y a des thèmes récurrents d'une civilisation à l'autre (dieux reptiles, armes enchantées, objets de pouvoir, héros surhumains) qui portent la marque d'un inconscient collectif remontant à la nuit des temps, une identité commune à toutes les ethnies et qu'on peut toujours déceler sous la diversité des cultures.
Si les civilisations évoluent, l'homme fondamental change peu. La question est : où se situe le point de rupture ? Plus très loin, je le crains.
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: Vanités
Cet extrait est tiré d'une petite anthologie intitulée Le Pacte noir 2, qui comprend plusieurs nouvelles soit fantastiques (dont une qui intègre le Mythe de Cthulhu) soit de fantasy. Malheureusement, la traduction me semble assez médiocre. Mais c'est par elle que j'ai découvert cet auteur.
Ce type de « syncrétisme religieux » me paraît assez courant dans les textes pseudo-historiques de Howard (quoique je suis très loin de les avoir tous lus). C'était une idée en vogue, de son temps, me semble-t-il. C'est en tout cas quelque chose que j'aime, chez lui.
Ce type de « syncrétisme religieux » me paraît assez courant dans les textes pseudo-historiques de Howard (quoique je suis très loin de les avoir tous lus). C'était une idée en vogue, de son temps, me semble-t-il. C'est en tout cas quelque chose que j'aime, chez lui.
Re: Vanités
Je ne peux que m'émerveiller une fois de plus devant tant de talents à mélanger les mots pour inventer des scènes mémorables !!!
Françoise Grenier Droesch
Skype Woman...
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