Le réveil

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Le réveil

Lorsque Paul se réveilla avec un mal de tête épouvantable, il s'aperçut de suite qu'il n'était pas chez lui, ni même dans un endroit qu'il ne pouvait connaître. Il eut du mal à ouvrir les yeux. Il était allongé à même le sol. Sale, froid et vieux. Il se leva malgré les vertiges qui l'envahissaient. Il se trouvait au milieu d'une immense salle qui ressemblait à un salon de château. Les dimensions gargantuesques de ce lieu l'impressionnèrent.

Paul tourna sur lui-même afin d'avoir un panorama de la pièce dans laquelle il se trouvait sans savoir comment il avait fait pour atterrir ici. La première chose qu'il vit fut une très grande table
rectangulaire. Dessus y étaient posés des bougeoirs qui avaient déjà servi, au vu de la cire qui avait dégouliné le long des bougies poussiéreuses. Sur la table, il y avait également des couverts disposés en face de chaque chaise, dix au total. Tout y était, fourchettes, couteaux, cuillers à soupe, cuillers à café, assiettes, verres, pichets de vin et carafes d’eau vides. Cependant, la
table était dépourvue de plats et de nourriture.

Le mal de tête se dissipa, Paul continua son inspection de la pièce. A la droite de la table, il vit une cheminée, éteinte, d'un aspect austère. Elle aurait très bien pu être la bouche de l'enfer. Le bois brûlé devenu cendres n'avait pas encore été nettoyé. Face à la cheminée, était posé un tapis en peau d'animal. Paul n'aurait su dire lequel tant les dimensions étaient extravagantes.

Le jeune homme leva les yeux, regarda les murs et remarqua que des bougeoirs muraux étaient fixés à intervalles réguliers, avec dans chaque espace, des tableaux de peinture en mauvais état, et qui tenaient par la seule force d'un crochet encore fonctionnel.
Un peu plus à droite, se trouvaient des fenêtres menant sur une terrasse. Certains des carreaux étaient brisés, laissant ainsi entrer un froid glacial et une odeur nauséabonde. Paul compara cette odeur à celle que l'on pouvait sentir lorsque des tombes d'un cimetière étaient profanées. Paul admit que ça puait la mort.

Il voulut faire quelques pas en direction des bougies pour les allumer, il avait encore son briquet dans la poche de son jean, il le sentait.

Heureusement que je n’ai pas arrêté de fumer, pensa-t-il.

Mais lorsqu’il voulut avancer un pied après l’autre, il ne put pas. Il était là, debout planté au milieu du salon, paralysé. Il sentit quelque chose qui passa devant lui, et puis derrière. C’était une
« présence », un quelque chose que l’on ne pouvait voir. Cette présence n’arrêtait pas de le frôler, de l’entourer. Paul essaya de toutes ses forces d’avancer, il le voulait vraiment mais rien, absolument rien ne se produisit, il était toujours au même endroit qu’à son réveil, toujours immobile.

Pourquoi suis-je là ? Combien de temps vais-je rester comme ça ?

A ces questions, Paul aurait tout le temps d’y chercher des réponses…