L'humour de Dieu
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L'humour de Dieu
(Puisque cela semble en avoir amusé quelques uns, j'en remets une petite couche.)
-- Hep, Rémy ! Rémy, viens voir ! Je crois qu'on a un autre candidat.
-- Non, merde, ça va pas recommencer !
-- Chut, moins fort, tu vas nous faire repérer, chuchota le premier. Viens voir, vite !
Le ciel ne pâlissait pas encore des premières lueurs de l'aube que la "brigade des feuilles" narbonnaise était déjà à pied d'oeuvre. Le duo qui nous occupe venait de balayer sommairement son secteur habituel, autour du lycée "St-Paul", quand l'un d'eux, David, qui bullait à l'angle du bâtiment, avait appelé son collègue à mi-voix.
Celui-ci le rejoignit en soupirant et suivit la direction de son regard.
Une silhouette anonyme en costume gris s'approchait avec une lenteur hésitante.
-- Tu crois que c'en est un ? souffla Rémy. Il ressemble pas au skinhead de la dernière fois. On dirait un instit.
-- Et alors ? Himmler aussi ressemblait à un instit. Tiens, regarde, il y va ! Viens, on va se planquer derrière les cubis de tri sélectif pendant qu'il nous tourne le dos.
L'homme en gris regarda à droite et à gauche puis, prenant l'air détaché, traversa la rue absolument déserte à cette heure matinale pour gagner la petite place du "Souvenir Farnçais" qui se trouvait en face.
Non loin d'un panneau format "sucette publicitaire" reproduisant l'Appel du 18 Juin, s'élevait un simple bloc de granit gris où, dans la partie haute, on avait enchâssé une plaque en marbre portant ces mots gravés : "A la mémoire des déportés d'Oranienburg-Sachsenhausen".
L'homme en gris s'approcha de l'inscription et s'arrêta entre les deux spots lumineux encastrés dans le sol, devant la grosse chaîne symbolique qui ceinturait le monument.
Il parut se recueillir, puis, après avoir jeté un long regard périphérique afin de bien s'assurer que les parages étaient toujours déserts, il prit une profonde inspiration et se jeta à l'eau :
Il se mit au gare-à-vous en claquant des talons, lança le bras droit dans un impeccable salut nazi et cria : "Zig Heil ! Zig Heil ! Zig Heil !"
La suite ne prit pas dix secondes !
Le troisième "Zig Heil !" n'avait pas fini de retentir que tout le corps de l'homme semblait secoué par une décharge de 20 000 volts. Une bouillie grise lui jaillit par le nez, la bouche, les oreilles et les yeux... et, pof ! il explosa comme une bombe à eau, liquéfié jusqu'aux vêtements.
Ne restait plus qu'une flaque brune et rosâtre qui serpentait nonchalamment vers la grille d'évacuation des eaux pluviales...
Appuyé contre le container à détritus, David était plié en deux, agité par un éclat de rire irrépressible qui lui meurtrissait les côtes, sous l'oeil noir de son collègue.
-- Parce que toi, tu trouves ça marrant ! grinça Rémy. Je te dis qu'on va avoir des ennuis un de ces quatre avec cette affaire, ça, oui !
-- Attends, c'est quand même pas notre faute si les cons sont trop cons. On n'y est pour rien, nous, dans ce binz !
-- La première fois qu'on a vu ce truc de dingues, je dis pas... Mais si t'en avais pas causé à ton cousin Samuel qu'a rien trouvé de mieux que de balancer cette merde sur le Web, il y en a un peu moins qui se feraient piéger, tu crois pas ?
-- Pff ! tu n'es qu'un rabat-joie.
-- Sans rire, avec celui-là, ça fait combien ?... Quinze ?
-- Dix-huit, rectifia David. Bah ! tu ne comprendras jamais rien à l'humour de Dieu.
-- Quoi, quel Dieu ? Jéhovah ? Me prends pas pour un gland ! Je me suis renseigné : Oranienburg et Sachsenmachin, c'est même pas des camps de la shoah !
-- Justement, c'est ça, l'humour juif ! Allez, siffle plutôt Hervé qu'il vienne foutre un coup avec l'arroseuse. Pas la peine qu'il reste des traces quand les parents vont amener les gosses à l'école.
-- 'sûr, comme d'hab'. T'as du bol qu'il soit pas du genre à se poser des questions.
-- Pourquoi tu crois que c'est lui que j'appelle ? Au fait, tu sais où ils en sont avec ce projet de caméras de surveillance dans le quartier ?
-- Oh, c'est à l'eau, je crois. Plus de crédits.
-- Cool !
-- Hep, Rémy ! Rémy, viens voir ! Je crois qu'on a un autre candidat.
-- Non, merde, ça va pas recommencer !
-- Chut, moins fort, tu vas nous faire repérer, chuchota le premier. Viens voir, vite !
Le ciel ne pâlissait pas encore des premières lueurs de l'aube que la "brigade des feuilles" narbonnaise était déjà à pied d'oeuvre. Le duo qui nous occupe venait de balayer sommairement son secteur habituel, autour du lycée "St-Paul", quand l'un d'eux, David, qui bullait à l'angle du bâtiment, avait appelé son collègue à mi-voix.
Celui-ci le rejoignit en soupirant et suivit la direction de son regard.
Une silhouette anonyme en costume gris s'approchait avec une lenteur hésitante.
-- Tu crois que c'en est un ? souffla Rémy. Il ressemble pas au skinhead de la dernière fois. On dirait un instit.
-- Et alors ? Himmler aussi ressemblait à un instit. Tiens, regarde, il y va ! Viens, on va se planquer derrière les cubis de tri sélectif pendant qu'il nous tourne le dos.
L'homme en gris regarda à droite et à gauche puis, prenant l'air détaché, traversa la rue absolument déserte à cette heure matinale pour gagner la petite place du "Souvenir Farnçais" qui se trouvait en face.
Non loin d'un panneau format "sucette publicitaire" reproduisant l'Appel du 18 Juin, s'élevait un simple bloc de granit gris où, dans la partie haute, on avait enchâssé une plaque en marbre portant ces mots gravés : "A la mémoire des déportés d'Oranienburg-Sachsenhausen".
L'homme en gris s'approcha de l'inscription et s'arrêta entre les deux spots lumineux encastrés dans le sol, devant la grosse chaîne symbolique qui ceinturait le monument.
Il parut se recueillir, puis, après avoir jeté un long regard périphérique afin de bien s'assurer que les parages étaient toujours déserts, il prit une profonde inspiration et se jeta à l'eau :
Il se mit au gare-à-vous en claquant des talons, lança le bras droit dans un impeccable salut nazi et cria : "Zig Heil ! Zig Heil ! Zig Heil !"
La suite ne prit pas dix secondes !
Le troisième "Zig Heil !" n'avait pas fini de retentir que tout le corps de l'homme semblait secoué par une décharge de 20 000 volts. Une bouillie grise lui jaillit par le nez, la bouche, les oreilles et les yeux... et, pof ! il explosa comme une bombe à eau, liquéfié jusqu'aux vêtements.
Ne restait plus qu'une flaque brune et rosâtre qui serpentait nonchalamment vers la grille d'évacuation des eaux pluviales...
Appuyé contre le container à détritus, David était plié en deux, agité par un éclat de rire irrépressible qui lui meurtrissait les côtes, sous l'oeil noir de son collègue.
-- Parce que toi, tu trouves ça marrant ! grinça Rémy. Je te dis qu'on va avoir des ennuis un de ces quatre avec cette affaire, ça, oui !
-- Attends, c'est quand même pas notre faute si les cons sont trop cons. On n'y est pour rien, nous, dans ce binz !
-- La première fois qu'on a vu ce truc de dingues, je dis pas... Mais si t'en avais pas causé à ton cousin Samuel qu'a rien trouvé de mieux que de balancer cette merde sur le Web, il y en a un peu moins qui se feraient piéger, tu crois pas ?
-- Pff ! tu n'es qu'un rabat-joie.
-- Sans rire, avec celui-là, ça fait combien ?... Quinze ?
-- Dix-huit, rectifia David. Bah ! tu ne comprendras jamais rien à l'humour de Dieu.
-- Quoi, quel Dieu ? Jéhovah ? Me prends pas pour un gland ! Je me suis renseigné : Oranienburg et Sachsenmachin, c'est même pas des camps de la shoah !
-- Justement, c'est ça, l'humour juif ! Allez, siffle plutôt Hervé qu'il vienne foutre un coup avec l'arroseuse. Pas la peine qu'il reste des traces quand les parents vont amener les gosses à l'école.
-- 'sûr, comme d'hab'. T'as du bol qu'il soit pas du genre à se poser des questions.
-- Pourquoi tu crois que c'est lui que j'appelle ? Au fait, tu sais où ils en sont avec ce projet de caméras de surveillance dans le quartier ?
-- Oh, c'est à l'eau, je crois. Plus de crédits.
-- Cool !
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: L'humour de Dieu
Impeccable petite nouvelle. Toujours un format court mais où tout est dit, ce qui est un sacré défi.
Ce petit texte aurait pu participer au concours "légendes urbaines".
Ce petit texte aurait pu participer au concours "légendes urbaines".
Re: L'humour de Dieu
M'en parle pas, Catherine, j'y ai pensé après !
Quel oeuf !
Mais, t'inquiète, je trouverai bien autre chose.
Peut-être un peu plus consistant.
J'ai déjà une idée...
Quel oeuf !
Mais, t'inquiète, je trouverai bien autre chose.
Peut-être un peu plus consistant.
J'ai déjà une idée...
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: L'humour de Dieu
Au fait Jack ou Catherine, connaissez-vous ce tournoi ? Il manque une nouvelle pour que les duels commencent ... Vous pouvez essayer :
http://notre-nouveau-monde.blogspot.fr/2013/01/2eme-tournoi-des-nouvellistes-appel.html
http://notre-nouveau-monde.blogspot.fr/2013/01/2eme-tournoi-des-nouvellistes-appel.html
Françoise Grenier Droesch
Skype Woman...
Re: L'humour de Dieu
Ce thème se rapproche de mon récit "concours" à venir. Tu es un médium ?
Forum créé le 21 octobre 2011 par Zaroff et Paladin
Notre groupe Facebook
"Toute variété riemannienne peut être plongée de manière isométrique dans un espace euclidien."
Ou pas.
Re: L'humour de Dieu
N'est-ce Phil K. Dick qui pensait que tous les écrivains étaient inconsciemment plus ou moins télépathes ?
Qui sait, cela vaut peut-être aussi pour les écrivaillons d'occase ?
Qui sait, cela vaut peut-être aussi pour les écrivaillons d'occase ?
"Car il faut avant tout sortir, ne fût-ce qu'un instant, de la prison sans portes ni fenêtres."
Maurice MAETERLINCK
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Date d'inscription : 23/01/2013
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Localisation : Narbonne
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