Tartares
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Tartares
Hey, je sais que je passe pas très souvent, mais ça va bientôt changer.
J'ai sorti ça l'autre nuit, j'en suis pas vraiment ravi mais ça va finir à la benne si je m'en occupe pas.
Elle roule sur le côté, entraînant la couette vers elle.
Dans les cendres glacées de nos ébats je fixe le plafond. Plus une caresse, plus un baiser, pas même un regard mi-clos ; l’amour est consommé, maintenant il se digère.
Nous étions deux à flamber, quelques heures plus tôt, mais je suis seul à présent, à me consumer, à faner comme une braise esseulée.
J’en ai fumé, des nuits au bord du lit, sur son balcon ou bien dans sa cuisine. Des heures à regarder les rêveurs et les amants invisibles dont les lumières parsèment la ville assoupie. Comme les autels d'un bonheur qui me serait interdit.
Elle flotte dans un monde qui m'échappe tandis que je sombre dans celui-ci qui me lasse.
Je ne vois que son dos ; la marée noire est montée par les fenêtres pour emporter son visage. Mais aussi sa voix, ses doigts et la douceur qu’elle me témoignait.
Trouble est la nuit, et telles sont mes pensées. Que ne donnerais-je pas pour voguer ou même pour m'échouer, je voudrais me damner.
J’en ai cuvé, des nuits sur sa terrasse, sur le perron ou bien dans son divan. Des siècles à me noyer, à suffoquer dans ces eaux sombres et vides.
Comme un forçat aux fers, au fin fond d'une épave.
J'hésite à prodiguer une caresse timide qui sonne comme une aumône. Mais je me ravise quand elle exhale dans son sommeil.
Les mots d'amour qu'elle me susurrait ont été balayés par la brise régulière qui accompagne son voyage silencieux.
Que lui souffle Morphée qu'il refuse de me dire ? Je me tourne et me renverse entre les draps, balloté par un aquilon glacial.
J'en ai pleuré, des nuits près de ses bras, proche de son être mais bien loin de son âtre. Des millénaires à soupirer ce je que ne peux exprimer.
Comme un pendu qui voudrait s'exclamer…
Quel est mon crime ?
De quelle colère cosmique suis-je donc la cible ?
Jamais l'amour n'est assez plein pour combler mes fêlures.
Nuit après nuit, j'arpente ces donjons dont je me constitue prisonnier par passion, je déambule dans l'absolu. J'évolue dans la fumée, les volutes et le funèbre ; je me consume encore un peu.
Je me ferais voyageur de chaque nouvelle aube, aussi avare de promesses soit-elle. Et pour chaque matin qui me crachera au visage, je me ferais Sisyphe de la romance ou bien Prométhée du cœur de ces belles.
Tant qu’il y aura des âmes à séduire, je trouverais des dieux à défier.
J'ai sorti ça l'autre nuit, j'en suis pas vraiment ravi mais ça va finir à la benne si je m'en occupe pas.
Elle roule sur le côté, entraînant la couette vers elle.
Dans les cendres glacées de nos ébats je fixe le plafond. Plus une caresse, plus un baiser, pas même un regard mi-clos ; l’amour est consommé, maintenant il se digère.
Nous étions deux à flamber, quelques heures plus tôt, mais je suis seul à présent, à me consumer, à faner comme une braise esseulée.
J’en ai fumé, des nuits au bord du lit, sur son balcon ou bien dans sa cuisine. Des heures à regarder les rêveurs et les amants invisibles dont les lumières parsèment la ville assoupie. Comme les autels d'un bonheur qui me serait interdit.
Elle flotte dans un monde qui m'échappe tandis que je sombre dans celui-ci qui me lasse.
Je ne vois que son dos ; la marée noire est montée par les fenêtres pour emporter son visage. Mais aussi sa voix, ses doigts et la douceur qu’elle me témoignait.
Trouble est la nuit, et telles sont mes pensées. Que ne donnerais-je pas pour voguer ou même pour m'échouer, je voudrais me damner.
J’en ai cuvé, des nuits sur sa terrasse, sur le perron ou bien dans son divan. Des siècles à me noyer, à suffoquer dans ces eaux sombres et vides.
Comme un forçat aux fers, au fin fond d'une épave.
J'hésite à prodiguer une caresse timide qui sonne comme une aumône. Mais je me ravise quand elle exhale dans son sommeil.
Les mots d'amour qu'elle me susurrait ont été balayés par la brise régulière qui accompagne son voyage silencieux.
Que lui souffle Morphée qu'il refuse de me dire ? Je me tourne et me renverse entre les draps, balloté par un aquilon glacial.
J'en ai pleuré, des nuits près de ses bras, proche de son être mais bien loin de son âtre. Des millénaires à soupirer ce je que ne peux exprimer.
Comme un pendu qui voudrait s'exclamer…
Quel est mon crime ?
De quelle colère cosmique suis-je donc la cible ?
Jamais l'amour n'est assez plein pour combler mes fêlures.
Nuit après nuit, j'arpente ces donjons dont je me constitue prisonnier par passion, je déambule dans l'absolu. J'évolue dans la fumée, les volutes et le funèbre ; je me consume encore un peu.
Je me ferais voyageur de chaque nouvelle aube, aussi avare de promesses soit-elle. Et pour chaque matin qui me crachera au visage, je me ferais Sisyphe de la romance ou bien Prométhée du cœur de ces belles.
Tant qu’il y aura des âmes à séduire, je trouverais des dieux à défier.
Dernière édition par Martin- le Dim 7 Mar 2021 - 15:52, édité 1 fois
Whatever happens, happens...
Martin-- Écritoirien émasculé
- Messages : 368
Date d'inscription : 12/11/2015
Age : 27
Localisation : Toulouse (la ville rôse, ouais)
Re: Tartares
Comme toujours j'aime beaucoup ce que tu écris, Martin, et si je ne devais te faire qu'un seul compliment, je te dirai que tu es authentique.
C'est vraiment un très beau texte.
Mnémosyne- Hydre Alter-native
Disciple de la douzaine d'Eux - Messages : 1835
Date d'inscription : 14/01/2020
Age : 40
Re: Tartares
En effet, très beau. Je ne suis pas assez porté poésie pour apporter quelque chose de constructif à ce que tu écris, Martin, mais sache que tes mots trouvent une résonnance en ma sensibilité - qui est pourtant très limitée, tu peux me croire !
Bravo pour tes écrits, en général...
Bravo pour tes écrits, en général...
Re: Tartares
Cancer a écrit:ma sensibilité - qui est pourtant très limitée, tu peux me croire !
Ah bon ? Ce n'est pas l'impression que tu me donnes pourtant... mais c'est toi qui sais !
Mnémosyne- Hydre Alter-native
Disciple de la douzaine d'Eux - Messages : 1835
Date d'inscription : 14/01/2020
Age : 40
Re: Tartares
Ho merci beaucoup tous les deux ! Ça me touche vachement !
J'avoue que c'est un texte qui sort un peu du fin fond de mes tripes.
J'avoue que c'est un texte qui sort un peu du fin fond de mes tripes.
Whatever happens, happens...
Martin-- Écritoirien émasculé
- Messages : 368
Date d'inscription : 12/11/2015
Age : 27
Localisation : Toulouse (la ville rôse, ouais)
Re: Tartares
Je rejoins les commentaires précédents. Difficile de dire quelque chose de constructif car je connais peu la poésie, mais ce texte fonctionne à la perfection pour moi. Les phrases sonnent juste, les images et jeux sur les mots et les sons semblent couler de source. Bref, un en mot, c'est excellent !
20 minutes avant la tombe - Confession d'un mort - Les rêveurs de Somnore - La nuit derrière la porte - La dame aux yeux vides
"Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher." Baudelaire, Chacun sa chimère
Re: Tartares
Encore un texte des plus réussis, Martin !
Bon, ça ne devrait plus m'étonner depuis le temps, mais à chaque fois que je te lis je retrouve cette prose un brin désabusée entre l'amertume/impossibilité de trouver la satisfaction et l'espoir de lendemains plus cléments. L'amour, et le bonheur qui en découle c'est quoi en fait ? La plénitude du physique et d'entrer momentanément en phase avec l'objet de nos convoitises ou la tranquillité de savoir que tout ça nous est réellement acquis et que nous n'avons besoin de rien d'autre ? En tant qu'éternel insatisfait, je m'y retrouve complètement.
Mais au-delà des thématiques qui me parlent, je dois dire que c'est très propre sur la forme et que ça se lit tout seul.
J'aimerais trouver le petit point négatif pour contrebalancer toutes ces belles impressions que ton texte m'a laissé, mais je ne le trouve pas... alors je me contenterais de dire : nice job, sir !
Au plaisir de te relire, Martin, l'éternel poète vagabond de l'Ecritoire
Bon, ça ne devrait plus m'étonner depuis le temps, mais à chaque fois que je te lis je retrouve cette prose un brin désabusée entre l'amertume/impossibilité de trouver la satisfaction et l'espoir de lendemains plus cléments. L'amour, et le bonheur qui en découle c'est quoi en fait ? La plénitude du physique et d'entrer momentanément en phase avec l'objet de nos convoitises ou la tranquillité de savoir que tout ça nous est réellement acquis et que nous n'avons besoin de rien d'autre ? En tant qu'éternel insatisfait, je m'y retrouve complètement.
Mais au-delà des thématiques qui me parlent, je dois dire que c'est très propre sur la forme et que ça se lit tout seul.
J'aimerais trouver le petit point négatif pour contrebalancer toutes ces belles impressions que ton texte m'a laissé, mais je ne le trouve pas... alors je me contenterais de dire : nice job, sir !
Au plaisir de te relire, Martin, l'éternel poète vagabond de l'Ecritoire
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 41
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Tartares
Je t'assure Tak, que tu n'as aucune idée du petit sourire qui me traverse à chaque fois que j'aipperçois ton pseudonyme dans les réponses de mes textes.
Merci pour tous tes commentaires bienveillants et tes compliments, ça me fait toujours aussi plaisir !
EDIT : J'ai trouvé un titre et j'ai peaufiné la fin !
Merci pour tous tes commentaires bienveillants et tes compliments, ça me fait toujours aussi plaisir !
EDIT : J'ai trouvé un titre et j'ai peaufiné la fin !
Whatever happens, happens...
Martin-- Écritoirien émasculé
- Messages : 368
Date d'inscription : 12/11/2015
Age : 27
Localisation : Toulouse (la ville rôse, ouais)
Re: Tartares
Eh bien, ça me fait plaisir, mais le mérite t'en reviens avant tout ! Si tu n'écrivais pas d'aussi bonnes proses, je n'aurais pas grand-chose à en dire
Et très chouette cette nouvelle fin ainsi que le titre, qui colle effectivement assez bien à la matière (à mon avis, il a dû te venir justement en retravaillant ces dernières lignes, mais c'est plutôt raccord).
Et très chouette cette nouvelle fin ainsi que le titre, qui colle effectivement assez bien à la matière (à mon avis, il a dû te venir justement en retravaillant ces dernières lignes, mais c'est plutôt raccord).
"En vivant comme en mourant, nous alimentons le feu."
Clive Barker, Sacrements.
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 41
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Tartares
Peut-être, mais en tout cas c'est toujours un petit plaisir supplémentaire que d'avoir ton retour.
Exactement, j'ai même envie d'toffer un petit encore mais ça semblerait trop chargé...
Quoiqu'il en soit j'ai fini par soumettre ce texte à un AT (celui-ci pour être exact
Tak a écrit:Et très chouette cette nouvelle fin ainsi que le titre, qui colle effectivement assez bien à la matière (à mon avis, il a dû te venir justement en retravaillant ces dernières lignes, mais c'est plutôt raccord).
Exactement, j'ai même envie d'toffer un petit encore mais ça semblerait trop chargé...
Quoiqu'il en soit j'ai fini par soumettre ce texte à un AT (celui-ci pour être exact
- Spoiler:
Whatever happens, happens...
Martin-- Écritoirien émasculé
- Messages : 368
Date d'inscription : 12/11/2015
Age : 27
Localisation : Toulouse (la ville rôse, ouais)
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