Corpus Christi

Blahom a écrit:Murphy : " je vais toujours à reculons quand je vois un texte qui traite de religions."
Pourtant, certains des romans les plus emblématiques de la littérature fantastique de ces 60 dernières années - romans souvent adaptés avec succès au cinéma - traitent de thèmes religieux, L'Exorciste, Rosemary's Baby...
On peut aussi citer des films comme The Omen et l'excellent Frailty du regretté Bill Paxton.
M'enfin, l'essentiel c'est que tu n'aies pas trouvé l'expérience trop indigeste...

Justement, tous ces exemples (L'exorciste et Omen surtout) sont des œuvres qui ne m'ont jamais accrochées (je parle des films seulement, n'ayant jamais eu l'envie de lire les livres). Et c'est loin d'être les seules œuvres adulées par tous auxquelles je n'accroche pas, pas faute de vouloir les aimer pourtant.
Rosemary baby est peut-être le seul contre-exemple : sans être fan (l'avoir vu une fois me suffit), je n'ai pas détesté. Je ne connais pas Frailty par contre.

Après, ça n'en rend ton texte que plus méritant encore, dans un sens.

Un très bon texte Blahom ! Etant de confession catholique, le sujet me touche et m'interpelle. En ce sens d'ailleurs, et vu le thème du concours, le titre de la nouvelle en révèle déjà beaucoup trop, je dirais, mais c'est pas grave

La présentation du début, et tout le traitement de l'histoire, sont passionnants, loin de ce qu'on lit habituellement. La fin paraît évidente, effarante et terrible. Plus que ça, elle montre l'écart qu'il peut y avoir entre ce qu'on croit et ce qu'on fait, et la façon dont on considère ce à quoi on croit.

L'idée est sympa et osée !

Merci pour ce commentaire élogieux, Paulux. L'histoire étant quelque peu "délicate", j'apprécie le fait que tu aies parfaitement saisi le point où je voulais en venir.

L’idée de la chute est géniale et je pense compréhensible par tout le monde. Je ne suis pas croyant, mais j’ai quand même compris tout de suite grâce en particulier au cœur transpercé. Jusqu’à l’instant, je me demandais par quel mystère ( mais la religion n’est pas à un mystère près) une ingestion massive d’hosties pouvait arriver à ce résultat. Finalement je pense avoir compris : N’oublions pas que dans la religion catholique, l’hostie consacrée qui devient la chair du Christ, ça n’est pas juste un symbole, elle est censée devenir vraiment chair. Donc le communiant ordinaire avale un bout de chair minime, qui n’a pas de mal à être digéré. Par contre avec une grande quantité, il est logique qu’on en arrive à la situation du texte. Il serait bon que les prêtres, voire François, mettent les fidèles en garde contre le danger de tels excès.

Pour le reste, le style est simple mais clair et élégant. Sans doute est-on un peu trop dans le tell ce qui fait que la révélation finale est moins horrible qu’elle aurait pu l’être.

Dernière remarque : à deux lignes d’intervalle, pour éviter de répéter « Hostie »,tu utilises « oblate », gâteau rond et plat, puis « oublie », autre gâteau de même forme. Je trouve que cette accumulation de différents synonymes (ou presque ) est un peu trop artificielle.

NB :réduit à l’essentiel, ton texte ferait un excellent Pépin, genre « Soucieux de communier le mieux possible, il avait ingurgité toutes les hosties du ciboire. Il mourut d’indigestion. Dans son estomac on trouva etc »

Merci à toi, Tobermory.
Pour en revenir à cette accumulation de synonymes, il faut surtout y voir l'influence de Joris-Karl Huysmans, l'un de mes écrivains préférés.

Je me suis laissé prendre par le récit, essentiellement raconté, plutôt que démontré, mais honnêtement, pour un texte court, je n'y vois pas d'inconvénient. Les personnages sont bien décrits, mis en valeur, leurs personnalités également. Je ne vois pas de gros défaut à ce texte, si ce n'est d'être un peu étriqué par le format exigé par le concours. C'est le lot de beaucoup de textes. Celui-ci parvient malgré tout à rester cohérent, et à proposer un dénouement digne de son sujet, et même un peu dégueu sur les bords.
Bref, j'ai beaucoup aimé.

Oui, le format oblige à aller droit au but et à ne se préoccuper que de l'essentiel. Je ne demandais pourtant pas la lune : 1000 caractères de plus (grand maximum) m'auraient permis d'aller au bout de mon délire. Le résultat final ne me paraît cependant pas déshonorant et je suis ravi d'apprendre que tu as "beaucoup aimé".
Merci Cancereugène.

L'idée est originale et on sent un travail documentaire derrière. Bref, ça fonctionne bien. Je n'ai pas été emballé à 100 % mais ton récit possède une certaine valeur.

"L'idée est originale" : lorsqu'on a une idée de ce genre, on est toujours angoissé à la pensée qu'une autre personne l'ait déjà eue. Franchement, le principe sur lequel repose le récit me paraît tellement logique et évident que j'ai du mal à croire que d'autres n'y aient pas pensé avant.  
"on sent un travail documentaire derrière" : c'est sans doute flatteur mais tel n'est pas le cas. L'idée s'est brutalement imposée à moi alors que je me rasais. Ces choses-là sont comme les coups de téléphone : elles se manifestent toujours lorsque je me trouve dans la salle de bain. D'où l'obligation de noter la chose sur un bout de papier pour ne pas l'oublier.
Pour le reste, l'essentiel est que ça fonctionne (au moins à 66,6 %).
Merci à toi.

J'ai beaucoup aimé, je trouve que c'est un des textes les mieux dosés par rapport au format de ce concours. La religion a tendance à me filer des boutons, mais tu instilles une ambiance qui interpelle et capture. Je ne me suis pas ennuyée une fois. J'ai bien aimé les personnages des deux enfants et surtout la manière dont Seraphin parvient à pervertir la foi de la gamine, sans recourir à du mensonge mais juste en lui révélant ce qu'il y a de glauque dans ses croyances. Pour la fin, il m'a quand même manqué la clé

Spoiler:

, mais une fois cela compris, j'ai trouvé cette fin très astucieuse. J'ai vraiment apprécié ma lecture, c'est un très bon texte, Blahom.

Rien à ajouter à ce qui a déjà été dit : perso, bien qu'athée et exécrant toute forme de récupération religieuse (ce que ton texte évite facilement, malgré son thème), j'ai vraiment été pris par cette idée de foi pervertie. On peut aussi revenir sur une idée de jeux d'enfants loin d'être innocents et la plume m'a semblé parfaitement calibrée pour ce genre de formats.
Du coup, rien à dire : c'est parfaitement maitrisé, dans le fond comme dans le forme et j'ai passé un très bon moment.

Merci donc pour cette très belle proposition, Blahom

Amaranth : "Je ne me suis pas ennuyée une fois. "
Disons que vu la brièveté du texte, le contraire aurait été particulièrement embarrassant...  

Tak "On peut aussi revenir sur une idée de jeux d'enfants loin d'être innocents"...
J'aime les histoires qui traitent de cela, en particulier Le Tour d'écrou de James.

Merci à vous.

Original ! J'ai apprécié l'idée, plutôt bien rendue, même si les personnages m'ont semblé un peu trop "simples". Merci à toi.

C'est moi qui te remercie d'avoir trouvé le temps de commenter ce texte (ainsi que ceux des autres participants).
Je crains que le format ne permettait pas de peaufiner en détail la caractérisation proprement dite. Cela aurait risqué de reléguer la narration au second plan. Or, celle-ci me paraissait primordiale.

Ah, intéressante approche du thème. Quand on pense au corps, ce n’est pas l’aspect religieux qui vient en premier à l’esprit. J’aime beaucoup l’accent mis sur le côté cannibale, c’est peut-être une vision pervertie de la communion mais c’est un point qui m’a toujours laissée perplexe. En deux pages, tu rends bien cette ambiguïté du rite. L’ambiance est délicieusement désuète, les allusions bien insérées (tu pourrais même pousser jusqu’à insérer une pomme/un fruit dans le récit pour accentuer le parallèle Ancien Testament/Nouveau Testament), et tu finis même sur un petit côté gore sans avoir l’air d’y toucher. J’adore la réflexion du père qui ramène le lecteur à des considérations plus terre à terre, ça apporte un agréable contraste avec le reste, plus solennel dans le ton et le vocabulaire. Le pire c’est qu’au final le miracle de la transsubstantiation opère, dans tout ce qu’il a d’aberrant et de logique à la fois. J’aime beaucoup ces textes qui jouent (et se jouent des...) sur les aspects « magiques » des religions : les textes sacrés - comme les mythes fondateurs - sont une source inépuisable d’inspiration et des passages obligés pour appréhender la littérature en général, sans quoi on passe à côté de tout un pan interprétatif. Ma seule critique serait dans le titre qui en dévoile déjà trop, pourtant il est bon, et je n’ai pas d’autre idée à te proposer.
Une lecture très plaisante et un bon point pour l’originalité du traitement du thème. Pour l’instant, mon préféré, mais je n’en ai lu que 7.