P'tit gland

J'étais, à la base, partie pour un pépin écrit au feeling, mais je me suis rendue compte au bout de quelques lignes, que je ne pourrais jamais rentrer dans le format. Donc voili voilou:



P'tit gland roule sur le sol, heurte quelques cailloux, puis s’arrête.
P'tit gland sent la pluie couler sur sa cupule.
P'tit gland enfonce ses racines dans la terre, toujours plus loin, et y puise sa force.
P'tit gland grandit, toujours plus haut, les yeux fixés vers le ciel qu'il veut atteindre.
P'tit gland, soudainement, est chatouillé par un écureuil. Il rigole, secouant son branchage dans le vent.

Alors il s’arrête, et regarde sous son feuillage.

Il voit ces hommes et ces femmes, ce village humain qui s'est établi dans son ombre.
Il sent les enfants grimper entre ses branches.
Il se fait graver le nom d'un couple dans son écorce.
Il assiste à toutes ces vies.
La naissance, l'enfance, l'amour, l'union, la mort.

Les générations se succèdent, les siècles aussi. P'tit gland est toujours là, veillant sagement sur ceux qu'il considère comme sa progéniture.

Quand...

Une douleur fulgurante...déchirante... Sa peau cède dans d'horribles craquements... Chaque coup de hache le brise, le coupe. Alors qu'avant, les siècles s'étaient écoulés de manière fulgurante devant ses yeux sylvestres... son calvaire lui semble éternel. De ses plaies, perlent des gouttelettes de sève... Sang ou larmes ? Peut-être les deux.
P'tit gland se sent partir. Un dernier regard, sur ses assassins, ceux qu'il considérait comme ses fils. Non, jamais, malgré le goût triste et amer de la trahison, jamais il ne pourra leur en vouloir ou les détester.

P'tit gland, dans ses dernières consciences avant la nuit éternelle, se souvient de sa vie. Il se souvient... avoir aimé.





Notes : La répétitions de « toujours plus » est voulue, comme celle de « jamais », et « se souvient », et « P'tit Gland » aussi.  J'espère que ça reste agréable à lire.

Moi, j'aime bien. Je sais pas trop quoi en dire, mais c'est une petite lecture agréable. Les répétitions ne m'ont pas gênée. Enfin si, peut-être celle de "P'tit gland", mais à la relecture déjà moins.

J'ai bien aimé, mais je suis pas fan de poésie, poème, etc. Du coup, j'ai pas grand chose à dire.
Encore que pour un texte poétique, ça se lit très bien, et se comprend facilement.

Merci. ^^

Cat' : Je me doutais que cette répétition pouvait faire un peu tiquer, mais j'ai tenté le coup, parce que c'était une manière d'exprimer, que dans ses jeunes années, P'tit gland était un peu nombriliste.

(Vu le titre, j'étais sûr que Catherine aimerait )

J'ai bien aimé aussi, ça se lit tout seul. Les répétitions ne m'ont pas dérangé, au contraire. Simple, clair et efficace comme texte.

Petite (et seule) coquille que j'ai repérée, sur la fin : "Chaque coups de hache".

(Vu le titre, j'étais sûr que Catherine aimerait )

Tout à fait. Et j'attendais le passage avec le jus de chêne, mais je n'ai eu que la sève. Bon, c'est déjà pas mal.

Ca m'a fait penser à la chanson "L'Arbre va tomber" de Cabrel.

Merci Murphy. Et je corrige tout de suite cette coquille.

Sangore: Ma mère m'a dit à peu près la même chose, mais avec une autre chanson je crois.

Tu aurais peut-être pu jouer sur la corde philosophique. Le bois est un matériau encore vivant longtemps après la coupe de l'arbre. Je verrais bien ton chêne s'endormir paisiblement une fois transformé en poutre maîtresse de maison chez ces humains qu'il aimait tant.
Mais ta version triste est bien jolie aussi.

Sinon il peut finir dans la cheminée. Du coup il vit moins longtemps et meurt dans d'atroces souffrances.

Joli petit texte poétique. Pour ma part la répétition de "p'tit gland" s'intègre parfaitement au texte. La fin est bien amenée et le déroulement du récit fait bien sentir les différentes étapes de la vie : l'enfance avec l'insouciance, l'âge adulte avec la responsabilité et l'amour protecteur, la vieillesse avec la sagesse. C'est bien rendu.
Bravo Purple

Yann: Non, le feu, c'est pour un autre texte sur lequel je travaille. D'ailleurs, dès que j'aurais fini cet autre texte, faites moi penser à enlever tous ce qui est bougie et briquet de mon bureau. Ca m'influence trop.

Merci Jack. Je voulais vraiment une fin triste, et qui pouvais faire écho à des relations humaines.

Merci Perro. ^^

J'ai bien aimé cette répétition de P'tit gland qui donne un côté comptine au début, très gentillet avant de noircir peu à peu.
La répétition de "fulgurante" m'a gênée, elle.
Coquilles : horrible craquement à mettre au pluriel, sève au singulier, trait d'union à p-ê. Et "ses dernières consciences" me paraît bizarre au pluriel.

L'idée est bonne et bien traitée, tu ne perdrais rien à en rajouter un peu pour forcer le contraste vie/mort, puisque de toute façon tu n'es plus tenue par la limite des pépins. Je m'attendais aussi, comme Jack, à une lueur d'espoir sur la fin : voir le bois utilisé comme proue de navire, par exemple, et permettre à ce chêne séculaire et immobile de voir enfin du pays et d'être libre. Mais c'est mon côté happy end qui parle ^^

Beau boulot !

Merci Raven. J'ai corrigé les coquilles, sauf pour les consciences, parce que je sais pas trop trop. Au singulier je trouve que c'est toute la phrase qui fait bizarre.

Et j'aime pas les happy end. x) Faut que je vérifie mais je crois que j'ai 0 textes qui possèdent une fin heureuse. Et même pour une histoire écrite pour l'école, en CM1, c'était pas une happy end. Sur 3 persos principaux, y en a qui crève, et (de mémoire) sa petite amie finit par le venger... Je suis anti-fin-heureuse.

M'en fous, puisque c'est comme ça, je m'en vais et je vais créer mon Écritoire du Soleil-avec-des-licornes-et-des-lolcats rien qu'à moi.
Je comprends ce que tu veux dire avec consciences au pluriel, j'ai essayé de trouver un autre terme qui rendrait ce que tu veux dire mais là, sans avoir pris mon p'tit déj (déj, pas gland), je suis hors-jeu.