kairos

Bonjour,

nouveau sur ce forum, je vous propose une première nouvelle de sf (que j'avais présentée au prix Alain Le Bussy, malheureusement sans succès).

http://myreader.toile-libre.org/kairos.pdf

Bonjour Kern,

Je viens de lire rapidement ta nouvelle. Je dois avouer ne pas avoir accroché du tout, le seul et unique plaisir-intérêt que j'y ait trouvé étant de me rappeler la SF des années 1950-60, avec ses multiples planètes exotiques. J'ai aussi eu une pensée pour la saga des princes démons de Jack Vance, pour l'aspect "vengeance".

Dans les défauts, un peu en vrac, voici ceux que j'ai relevés :
- l'écriture n'est pas naturelle : phrases longues, trop d'adjectifs, des mots mal choisis pour faire plus fouillé (exemple : "Il enfourna sa veste la plus chaude et discrète" au lieu de "enfila"). C'est en général le signe d'un style pas encore maîtrisé, mais en devenir donc prometteur.
- l'histoire tient en fait en très peu de volume : ta nouvelle fait 10 pages et je suis totalement certain qu'elle serait plus percutante à 5... Toutes ces explications sur le monde et son fonctionnement, ses tenants et aboutissants, ont-elles vraiment un intérêt pour l'histoire ? Moi je ne trouve pas. Il faut choisir : soit il s'agit d'un texte décrivant une vengeance dans un monde futuriste, soit il s'agit d'une leçon politico-socialo-galactique. Les 2 ensemble me semblent un de trop... Par ailleurs l'histoire n'offre pas la moindre surprise, l'objet étant annoncé a priori et le déroulé d'un meurtre à l'autre étant très linéaire.
- ton héros n'est pas du tout accrocheur. A aucun moment je n'ai senti d'empathie avec lui. Tu décris ses actes et ses sentiments, mais tu ne les montres pas.
- enfin j'ai vu au passage un certain nombre de fautes résiduelles. Si nous en faisons tous, il vaut mieux qu'elles aient disparu lors de la présentation à un concours.

En synthèse, ce texte me semble avoir les qualités et défauts d'une écriture "jeune" : plein d'idées intéressantes, mais trop pour un seul texte de cette taille ; et une écriture plus forcée que percutante.

Mais ce n'est que mon avis et je laisse d'autres lecteurs apporter le leur.

J'espère que tu ne m'en voudras pas. Ici on s'exprime directement et franchement.

Salut kern,

Je suis désolé, mais ma lecture va s'inscrire dans la ligne de celle de Mormir.

Bien que j'ai bien apprécié le monde que tu as tenté de faire vivre, j'ai trouvé ta façon de faire maladroite et répétitive. Tu n'étais certes pas obligé d'aller aussi loin dans l'explication des mécanismes de cette civilisation, mais j'ai trouvé ça néanmoins intéressant. J'aime moi-même beaucoup créer des univers fantastiques.
Par contre, ta façon de traiter les sentiments de ton personnage très lourde. J'ai eu l'impression de lire un rapport psychiatrique. Je n'ai pas non plus adhéré au petit laïus moraliste sur le pardon, mais ça c'est sans doute plus idéologique qu'autre chose. J'aime bien tirer des leçons de mes lectures, mais pas qu'elles me les donnent de façon aussi ostentatoire.

Sinon, côté action, articuler dix pages sur autour de trois moments d'activité réelle, c'est un peu peu. Il aurait peut-être fallu que tu dilues plus tes explications et descriptions dans l'action et en rajouter. D'ailleurs, à mon avis ton survol de la forêt n'apporte rien à l'intrigue, ni à l'ambiance. ( on ne met pas les pieds dans la forêt ensuite, et le personnage principal n'en tire rien) Il aurait été intéressant de nous faire suivre les réflexions de ton personnage et l'impact de ce qu'il voyait et faisait sur ses pensées, plutôt que de nommer les processus psychiques à l'oeuvre.

Du point de vue style d'écriture : tu utilises des formules, mots et expression parfois trop ampoulées, et souvent mal maîtrisées. Un langage un peu plus simple n'en sera pas moins littéraire. ça sera plus facile à lire et plus agréable. ça manque de fluidité.
Par exemple, je n'ai pas compris ce que tu voulais dire par lois de l'entropie, parce que pour moi, c'est de la thermodynamique et pas de l'économie (ou de la théorie de l'information : http://www.cnrtl.fr/definition/entropie
Tu as aussi quelques petits soucis avec les flashbacks et la hiérarchie de conjugaison. Conserve le plus que parfait quand tu racontes un événement antérieur à l'action présente. Parfois cette impression de flou est augmentée par un emploi maladroit de mots tels que alors, désormais, etc...

Sur le fond, j'ai quelques remarques :
L'Androïde apprend sur le tas ? contrairement aux enfants ? Trente ans de formation, pour devenir ouvrier, c'est un peu long.
Les androïdes sont comme des citoyens, mais n'ont pas de droits ?
Quand est arrivée la crise ? Les phénomènes de déliquescence décrits paraissent longs.
Pareil pour la chronologie de la mort de Marna, combien de temps s'est écoulé et comment le héros l'a-t-il passé ?

Mon avis final rejoint celui de Mormir. C'est un texte à retravailler si tu veux qu'il rende bien, mais quoi que tu en fasses, il y a une bonne marge de progression et tes textes futurs seront certainement meilleurs. Courage !

Mormir et K2,

merci beaucoup de ces commentaires. J'espérais des critiques constructives et pertinentes et vous me les avez apportées. Je n'avais pas forcément conscience de l'ampleur des approximations, erreurs et lourdeurs de mon texte. Il est vrai qu'auparavant j'écrivais des nouvelles nettement plus courtes (10000 signes max) et je n'ai peut-être pas encore assimilé les principes qui régissent la structure de nouvelles plus longues. J'ai sans doute voulu mettre un peu trop d'idées et de pistes de réflexion, mon dessein étant à l'origine de tenter de décrire l'évolution mentale d'un androïde placé face à une injustice dans une société elle-même injuste. J'aurai dû me concentrer sur l'histoire et moins sur l'état psychologique du personnage, ainsi que sur les aspects sociologiques de la société que j'ai essayée d'esquisser.

J'en prends bonne note, vos conseils vont m'aider à progresser, j'ai conscience que de toute façon il faut que j'épure beaucoup mon écriture.

En revanche, concernant la loi d'entropie, je suis assez sûr de moi, c'est un concept, au-delà de la thermodynamique, utilisé en biologie (Freud le mentionne également) qui désigne un mécanisme qui fait tendre tout système complexe vers le désordre, la désorganisation, le retour à son état primaire, uniforme, le plus simple. Cela me paraît adapté au contexte que j'ai tenté de décrire.

Merci en tout cas à vous 2 de ces remarques précieuses.

Mais de rien !

Je suis désolé si, par ailleurs, ma critique peut avoir l'air très à charge, mais c'est que j'ai toujours plus tendance à m'appesantir sur les défauts qui traînent que sur les qualités.

J'aimerais insister sur un point. Il est en effet intéressant de suivre l'évolution d'un personnage, en particulier psychologique. Mais à mon avis tu as eu un problème de méthode pour le faire. Je pense qu'il aurait fallu que tu présente bien ton personnage, son état d'esprit revanchard et son sentiment profond d'injustice pendant toute la première partie, mais qu'il aurait fallu pour cela utiliser le point de vue interne de ton héros. ( avec pourquoi pas la description de sensation inédites liées à la tristesse et la colère. L'androïde doit être conscient de ce qu'il est et n'est pas, donc de l'anomalie de ses sentiments, d'où le trouble engendré)
Tous les aspects sociologiques que tu décris sont en lien avec ton héros, il suffit de changer de point de vue pour les décrire, de confronter ton héros et ses réflexions à ce monde en perdition.
Ta trame en elle-même, ta quête de vengeance, est assez simple. Elle appartient surtout au contexte qui te permet de mettre en scène ton personnage. Le passage à l'acte lui-même n'aurait même pas vraiment besoin d'avoir lieu.

Je suis d'accord, le travail à fournir est important, mais j'aime bien ton idée de départ.

Merci K2.

Sans doute une écriture à la première personne, comme dans mon autre nouvelle (L'oeil et le compas), aurait-elle été plus appropriée... Je réfléchis entre retravailler cette nouvelle ou passer simplement à autre chose.

L'intérêt de ton récit tient dans le fait que ton personnage est  un androïde éprouvant une large palette de  sentiments humains. On pourrait/devrait laisser tout le reste de côté et se focaliser là-dessus.
Tu insistes trop sur le monde, l'aspect politique, économique etc.
L'histoire est très linéaire pas de rebondissements et le décor prend trop de place. Relègue le à l'arrière-plan.  Essaie une construction par flash-back pour nous faire découvrir la vie de l'androïde ( sortie d'usine ?, rencontre avec sa femme...) On doit comprendre exactement comment ils ont été pensés/conçus  pour saisir  en quoi ton personnage est semblable aux autres androïdes et surtout en quoi il est différent.

Néanmoins je crois que ton récit manque de cohérence, je ne comprends pas trop l'intérêt pour les humains de  créer des androïdes avec des sensibilités humaines  même limitées ( autoriser la vie de couple etc..). Dans quel but ?
D'autres questions : Pourquoi 30 ans d'incubation ?
Pourquoi les créer à l'image des humains. Pourquoi les rendre sexués ?
Si c'est pour avoir une main d'œuvre pas chère, pourquoi leur insuffler une pseudo psyché humaine ?
Il peut bien sûr y avoir un intérêt : la motivation  ou l'implication dans le travail est meilleure quand on peut jouer sur des ressort affectifs, ou alors un androïde se laisse mourir s'il n'a pas un peu de souffle vital qui l'anime.
Ce ne sont que des idées en passant...mais je pense que c'est bien de creuser un peu dans cette direction.

Comme dans ton autre récit, le style est trop chargé.
quelques exemples pour t'aider à simplifier, on croit souvent que certains mots sont indispensables et quand on les enlève on s'aperçoit que l'idée est toujours là, voire même plus nette :

Spoiler:

Edit : Je viens de voir ta réponse à k2. Je trouve dommage de passer à autre chose, l'idée est intéressante. Il suffit de trouve le bon angle.

Merci Ulysse, 

ta réponse me confirme dans l'idée d'alléger mon écriture et de supprimer les adverbes et mots superflus, tes exemples l'illustrent bien.

Des androïdes "naissant" à trente ans, cela rejoignait l'idée d'une immaturité affective et d'un développement psychologique différent des humains. Les rendre sexués, peut-être pour ne pas les priver de ce qui constitue l'homme et ses jouissances, et de les rendre ainsi plus dociles...

Plus ou moins consciemment je pense que le film blade runner (l'un de mes films cultes ; j'ai moins "accroché" au livre) a eu une influence sur mon récit... Je prends note de tes remarques, peut-être en effet cela vaut-il la peine de retravailler ce texte, dans le cas contraire il me restera un goût d'inachevé...

J'ai trouvé ton texte pas mal, même s'il y a des défauts, comme des phrases trop longues que j'ai parfois du relire pour les comprendre.
Au niveau de l'idée, je trouve que sans être très originale (l'androïde qui devient en quelque sorte humain) tu t'en sers bien et la progression est bien dosée. L'univers détaillé permet d'y entrer même si parfois ça en devient un peu trop descriptif.

Merci beaucoup de ce commentaire @catherine robert, et d'abord de ta lecture. Tes remarques me confirment dans l'idée d'épurer mon écriture, par des phrases plus courtes et un style moins ampoulé. Mes prochaines nouvelles vont tenter de se rapprocher de cela.