Les inédits de Lester L. Gore (texte retiré)

lester l gore a écrit:
Je vais donc me motiver et tâcher de m'activer un peu...

A la bonne heure !

T.

Afin de célébrer comme il se doit ce haut de page porteur de promesses et d'enfoncer le clou plus profondément dans les paumes de notre "martyr", j'ai lu une autre de ses nouvelles:

Le grand tirage.

Drôle de tirage que celui-là : reste à savoir si « drôle » doit être en l’occurrence compris comme « singulier » ou « amusant ». Et pourquoi choisir, d’ailleurs ? Car sous un vernis de SF apocalytique aux enjeux cosmiques se dissimule finalement une fable morale au ton presque comique. Égratignant les jeux de hasard pour mieux s’en prendre à la nature inconsciente et égoïste des hommes, Lester L. Gore délivre ici une de ces charges acides dont il a le secret. Avec un humour féroce et une manière de dire l’épouvante dénuée de toute outrance, l’auteur nous amène au bord du gouffre, pour mieux nous permettre d’y contempler le spectacle pitoyable de notre coupable indifférence. Un texte d’une roublardise redoutable, dont le calibrage ramassé permet d’aller directement à l’essentiel, rappelant en cela que les écrivains les plus doués savent dire beaucoup en peu de mots.

Encore une analyse qui met l'eau à la bouche. Je lirai cette nouvelle dès que je trouverai un moment tranquille pour la savourer.
Léonox me détourne décidément du droit chemin.

T.

J'ai reculé ce moment autant que j'ai pu, mais là ce n'était plus possible.
J'ai donc lu ce matin le dernier texte inédit (pour l'instant) de Lester:

Les successeurs.

Encore un récit captivant, tout entier tendu vers sa chute cruelle et absurde. De la vraie SF « à l’ancienne », car Les successeurs n’est pas sans rappeler, comme Le grand tirage, l’approche de grands maîtres américains tels Matheson, Brown ou Bloch. A l'instar de ces auteurs de référence, Lester L. Gore prouve qu’il est aussi à l’aise dans le registre délicat de la SF cynique que dans le Fantastique pur. Et si j’écris « délicat », c’est qu’il y est très difficile de ne pas basculer dans l’outrance ou la parodie. Or non seulement nous avons affaire ici à un maître artificier sachant parfaitement doser ses charges et où les placer, mais aussi à un sacré équilibriste. Ou comment faire passer la pilule de considérations féroces grâce à un style direct et sans fioritures, mais jamais dénué d’humour. Une belle illustration de la (pas assez) célèbre maxime du Carnoplaste, selon laquelle le premier degré, c’est la subtilité.

Je vous remets le lien vers le blog de Monique Douillet http://www.recits-et-reflexions.com/, et en profite pour remercier une nouvelle fois l'auteur de ces excellents moments de lecture.

Lester est un auteur qui devrait, je peux me tromper, penser à faire un recueil.  

On y travaille, Zaroff... En tout cas, merci à Léonox pour ses billets superbement bien écrits.