Dévoreuse, roman complet (texte retiré)

Profitant de mes vacances, je trouvais enfin le temps de me plonger dans ce pavé de Didier Fédou. Transféré sur ma quinedeule, le format du récit me surprit par sa longueur et un doute me prit : Didier serait-il le Stephen King français ? L'atmosphère de l'intrigue confirma mes pensées : Dévoreuse est le double de CA, version franchouillarde avec une touche prononcée et affirmée d'héroïc-fantasy.

Avant de me confondre en compliments baveux, je vais commencer par les trucs qui chagrinent. Les éléments chronologiques ont tendance à se répéter à l'infini dans un même schéma (à la façon de James Herbert dans sa trilogie des Rats) : présentation des victimes, crimes, réflexions internes... Et on repart en boucle. Le texte est truffé de coquilles, de fautes mineures et il gagnerait à être raccourci, élagué ; notamment le prologue consacré à Gévaudan qui n'apporte pas grand chose. Ce prologue gagnerait à être supprimé pour mieux se recentrer sur le reste.

Passons aux choses positives. Avant tout, Didier Fédou est un formidable conteur. Il sait manier la plume avec dextérité et nous plonger dans un style facile et aisé. Et je ne comprendrais jamais qu'un tel auteur ne parvienne pas à fournir un pavé par an dans nos étalages comme un Chattam ou un Thilliez. Pourquoi ? Messieurs les éditeurs de la Haute, vous merdez grave dans vos investissements et pis c'est tout !

Revenons à nos moutons. Tournefeuille est le penchant français de Derry (le patronyme du patelin est d'ailleurs bizarre et semble enfantin sur l'atmosphère gore qui se dégage lors de certaines scènes). Comme CA, nous suivons l'épopée de quatre adultes sur trois époques distinctes : 1975, 1985 et 1995. A chaque décade, ils affrontent Dévoreuse, monstre velu aux yeux jaunes et prenant les apparences de vos terreurs enfouies : nécrophile, razorback, vampire, momie, violeur, araignée... Dévoreuse peut aussi prendre l'esprit et le contrôle d'un homme ou encore se transformer en camion sauvage et cruel. Dévoreuse est la somme de toutes les peurs et maux. Elle est l'essence du Mal.

Sous l'égide du Signe, le quatuor va combattre Dévoreuse dans un monde onirique et la cosmologie Hodgsonienne est fortement présente dans le final. On pense également aux influences Tolkiennes et à l'atmosphère d'un film de Shyamalan : La jeune fille de l'eau. Même si ce récit gagnerait à être resserré, je vous encourage à découvrir les aventures épiques de Roland l'écrivain, de Delphine l'actrice, de Michel le cuisinier et d'André le flic. A quand une suite avec leurs enfants ?

P.S : Didier, les noms de tes personnages centraux ne sont pas anodins : Roi, Roche, Ange et Or. Ce point particulier reste nébuleux dans l'esprit du lecteur. Pourquoi ces éléments ne sont-ils pas plus explicites dans l'épilogue ?